
dont l’un de vîngt-fix pouces de diamètre , donne
fur deux pots , .& l’autre, de dix pouces ou un
pieds d’ouverture , fert à cueillir dans le troifième
pot. On peut voir cette difpofition dans la figure
i pl. IV ( îom. V , des gravures grande verrerie
en plats) qui exprime la coupe horizontale d’un
four à la hauteur des ouvreaux.
Nous n’entendons pas , ce que défigne le nom
dé pôts des fels de gras, fous lequel ôn indique
les pots by e ( même figure )"dans l’explication de
ladite figure, à moins qu’on n’ait voulu indiquer
par là , que l’on’place, au milieu de chaque fiége,
un pot de fonte, dans lequel la fufion s’exécute,
& d’où l’on trejette le verre affiné dans les pots
de travail. En nous permettant cette obfervation,
nous bifferons fubfifter la même expreflion dans
l’explication des planches , en cas que, fans nous
être connue, elle fût confacrée par l’ufage dans
ces fortes de manufaâures.
Six pouces au-deffous des fiéges, font des fou-
piraux de fix pouces de diamètre placés , un fous I
chaque pot, & qui, traverfant les parois du four ,
communiquent de la halle, au foyer du fourneau :
ils font defiinés à faire office de fouffler par J’ac-
Ceflion de l’air extérieur. On les voit en plan
géométral ( pl. III ancienne encyclopédie tom. X
grande verrerie en plats.) En b , b , b , b , b , b;
en coupe verticale , en e e ; ( fig. i pl. V & fig. 2 pî.
V I ) & leur orifice dans l’intérieur du fourneau
eft exprimé en d , d , d , ( fig. 1 pl. VI ).
Le four de fufion que nous décrivons, eff comme
celui des verreries en verre noir, garni de quatre
arches pour la récuiflion des pots , & de deux
arches cendrières pour fritter les matières. La vue
des figures achèvera d’éclaircir la conftruétion de
cette forte de fours.
Nous avons cru inutile d’expliquer le nom des
diverfes parties du four, & de nous occuper des
moyens de conftryélion. Les defcriptions précédentes
doivent avoir familiarifé le lecteur , avec
une nomenclature allez {impie, & on ne manquera
pas de procédés pour conffrüire, en con-
fuîtant l’article glaces coulées, & ce que nous
avons expofé ci-devant, en traitant de la fabrication
des bouteilles. On puifera dans les mêmes
fources toutes i.es lumières néceffaires pour la
conftruélion des pots.
La couronne eff communément couverte d’une
fécondé calotte , & celle-ci d’un maflif (v o y e z
les figures ) & le four chauffant en bois , on forme
l’âtre avec une pierre de grais dur. Nous nous
croyons fondés à confeiller aux artiffes de biffer
la couronne nue, & de préférer pour le bas du
four des tuiles épaiffes d’argile compofée en meilleur
grais : nous avons expofé, dans l’article
glaces coulées, les raifons qui déterminent notre
opinion à ces deux égards,
Il ferolt praticable de chauffer en charbon, 1©
four à verre à vitres en plats, mais l’ufage de cette
fabrication, qui, comme nous l’avons dit, ne
s’étend pas au delà des limites d’une feule contrée
, eft jufqu’à préfent de chauffer en bois. Le bois
eff façonné en billettes ou pivettes, & le tifage
s’exécute comme celui du four à glaces. Le bois
eff de même dépofé & mis à fécher, fur une
roue audeflùs du four. La tonelleeft fermée d’une
maçonnerie ou glaye dans' laquelle on pratiqua
deux ouvertures ; le trou füpérieur fert à Tintro-
duétion du bois, & l’inferieur, outre qu’il, anime
le feu par l’acceflion de l’air extérieur, fert encore
à rabler & à débraifer. Cette glaye eft abfolument
femblable à celle du four à glaces, avec la feule
différence, que dans c e l le d , le trou inférieur eft
divifé en deux, par le chio, au lieu que dans
celle du four à vitres, en boudiné , l’ouverture inférieure
eft confervée entière ; on fe réferve feulement
de la laiflèr abfolument ouverte, ou de la
On fuit pour attremper & recuire tant les fours
que les creufets., les mêmes procédés que nous
avons déjà expôfés dans l’article glaces coulées ; mais
la manière dont on place les pots dans le four,
après leur recuiflon, eft une des plus pénibles
que l’on connoiffe en aucune autre forte de verrerie.
Nous la préfenterons avec le plus grand
détail, comme un exemple frappant, des fatigues,
des dangers même, que les arts mécaniques entraînent
quelquefois , du genre de confiance & d e courage
qu’ils exigent ,& que les ouvriersaccordentàun
appât bien peu féduifant ; & nous délirons que la
comparaifon avec des moyens plus faciles , détache
les artiffes d’une manoeuvre faite pour incommoder
les hommes les plus vigoureux.
L’opération de tirer de l’arche le pot recuit &
de le porter au four, eff exprimée ( pl, XVII
tome V. des gravures, verrerie à vitres en plats).
On abbat le creufet, comme on le voit ( fig. 1 )
fur le pavé de lbrche ; deux hommes qui prenent
le nom de porteurs, le dos tourné vers l’arche, pré-
fentent leurs épaules pour point d’appui, aux outils
maniés par les tifeurs, 'é i , comme l’aâion dçs
leviers eft d’autant plus puiffante', que le point
d’appui eft plus près du fardau à foulever, il
s’enfuit que les porteurs fè placent très-près de
la gueule de l’arche ; auffi leurs vêtemens font il
defiinés à les défendre, le plus qu’il eft poffïble,
de l’adion du feu. Ils font couverts de deux far»
raus de voiturier, l’un & l’autre mouillés ; entre
les deux farraus, on place un lit très-épais de
paille auffi mouillée , & de terre glaife récemment
pétrie ; leur,tête eft défendue par un double chapeau
affez ample pour couvrir les épaules & pour
pouvoir être rabattu fur la face. Un lit d e , paille
mouillée & de glaife établi entre deux, çmrçtient
l’humidité des chapeaux qu’on a eu foin de
mouiller avant l’opération. Lorfque le pot eft
abattu , les épaules des porteurs, a , a , font encore
les points d’appui, fur lefquels pofent les leviers
qu’on place au fond du pot, non feulement pour
le foulever, mais encore pour en faire le tranf-
port jufques dans le four ; les deux premiers porteurs
a , a , ( fig. a ) font aidés dans leurs efforts ,
par deux autres porteurs b , b ; ceux a , a , fe
trouvent nèceffairement fi près du pot rouge de
feu que leur dos font à peu près dans l’orifice
du creufet , & c’eft dans cette fituation que,
marchant à reculons, & ne contribuant à l’opération
, dont ils ne font pas les témoins , que de la
manière la plus mécanique & la plus indépendante
de toute intelligence , ils font conduits à la tonnelle
débouchée, dans laquelle on peut dire à la lettre
qu’ils font prefque introduits, après le pot ,puif-
qu’ils n’abandonnent le creufet, que lorfqu’ü eft
pofé entre les fiéges.
A cet inftant de l’opération -, on place devant
la glaye un fort piquet de bois, d , ( pl. XVIII.
fig. r.) faifant la.fourche, pour fervir de point
d’appui à la grande pince e , dont Ta&ion redreffe
d’abord le pot fur fon fond , tandis qu’il eft favo-
rifé, & maintenu dans la fituation verticale par
un crochet £ placé à l’ouvreau. La meme pince
porte le jable du pot fur le bord du fiége, &
continuant à l ’y pouffer vers la paroi du four,
pendant que le crochet f l’y attire, le creufet fe
trouve parfaitement fiégé, c’eft a dire, établi entièrement
fur le fiége. Les préliminaires de 1 opération
, ainfi que fes fuites font les mêmes que dans
les fours à glaces.
Matières.
Les matières employées à la fabrication dont
nous nous occupons, font les foudes employées
en nature & le fable; on y ajoute encore une
certaine quantité de charée. Les foudes dont on
fe fert, font communément celles du pays , que
l’on fe procure avec facilité : on peut les aflimi-
ler pour la qualité, aux meilleurs foudes de Provence
& de Languedoc, autres que le falicorne;
telles, font le varech & les foudes deFecamp.
Fritte.
Quant à la manière de compofer & de fritter
les compofitions , on jette dans les arches cendrières
, la foude en morceaux , avec la quantité
de fable & de charée que l’expérience a prouvé
pouvoir y être admife ; on'échappera en grande
partie au tatonement, en faifant ufagè des principes
établis dans notre article précédent. Dès que
les pierres de foude fentent l’aélion du feu , les
fels qu’elles contiennent entrent en fufion , & les
pierres s’affaiffent, 6c fe détruifent ; alors on remue
la matière fréquemment avec un rable , ou avec
une palette & on continue la même manoeuvre
jufqu’à ce que les diverfes fubftances foient bien
mêlées , & que l’on juge la compofition bien
frittée. On la prend toute rouge dans les arches cen-
drieres, & on l’enfourne de fuite dans les pots.
On fent aifément combien cette pratique eft
vicieufe , & combien la calcination doit être imparfaite
; il eft certain que la méthode de fritter les
matières réduites en pouflière , & mélangées , telle
que nous l’avons indiquée dans l’article glaces
coulées, eft beaucoup plus favorable ; il eft difficile
que les parties intérieures des morceaux de foude
foient fuffifamment atteintes par la chaleur , au
lieu que les parties tenues des diverfes fubstances
pulvérifées font promptement & également rou-
gies par le feu, &par conféquént, complètement
calcinées. La manoeuvre du rable , qui expofe
fucceffivement, à l’aélion de la flamme, toutes
les parties dé la compofition , aide encore puif-
famment à la perfe&ion de la fritte.
Compofition..
Quant aux tlofes des compofitions, on peut les
déduire aifément des principes que nous avons
propofés dans l’article précédent, en fuppofant
la connoiffance déjà acquife de la qualité des fon-.
dans ■, nons nous contenterons de préfenter ici
deux compofitions de verre à vitres, faites avec
le varech ou avec la foude de Fécamp, fubl-
tances affez communes en Normandie, & nous
y en joindrons deux autres , dans lefquelles on
employé comme fondant, la foude d’Irlande ou
celle d’Angleterre; on fe procure aifément l’une
& l’autre par la voie de la navigation.
Première compofition.
6co livres Soude de Varech.
700 Sable.
272 Cendres.
3 Azur.
1575 livres.
Seconde compofition.
600 livres Soude de Fécamp.
744 Sable.
272 Cendres.
3 Azur.
1619 livres.
Troifième compofition.
600 livres Soude d’Angleterre,
744 Sable.
372 Cendres.
< 3 Azur,
1619 livres.