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Le n°. 1 ( lave'pure ) présenta un Verre noir,
opaque & médiocrement fondu.
Le n?. 2 ( 7 lave, § cendres, | quartz blanc )
nous donna un verre laiteux, couleur de café,
du plus grand brillant, & reffemblant à de la belle
porcelaine. L’opacité du verre fut -due fans doute
à la grande- abondance de la terre des cendres,
qni n’a voit pas éprouvé un feu allez violent pour
être complètement fondue ou parfaitement divifée.
Quant à la couleur, c’étoit fans doute le noir
très-foncé de la lave , éclairci par le vert affc-z
clair que fourniffentles cendres : du relie, cette
expérience auroit befoin d’être répétée , pour s’assurer
de la confiance du réfultat , & , dans ce
cas, pour juger d’une manière plus fûre à quelle
circonftance feroit due la couleur affez rare en
verrerie , que nous obtînmes. .
Le n?. 3 ( 7 lave, { labié) fut médiocrement
fondu : le verre étoit noir ; il paroiffoit bleu, con-
fidéré en malle ; mais' obferve ep écailles très-
minces , fa couleur étoit d’un jaune vert.
La compofition du n?. 4 (~ granit volcanique,
l cendres ) fondit très-bien : le verre étoit d’un
beau noir jaune , du plus grand éclat, & auroit
été très-propre à faire des bouteilles.
Le n?. 5 ( y, -foude,, fable, f f cendres )
fournit un verre jaune noir, parfemé de veinés
opiques, blanc d’émail bleuâtre. Ou pourroit tirer
quelque parti de ce mélange, travaillé à plus grand-
feu : il n’eft pas douteux que les veines opaques
ne fulfent dues au peu d’aélivité de la chauffe.
On voit en effet que , pendant le travail du'verre
à bouteilles, lorfque le four devient froid , le verre
perd fa tranfparence & devient chapeau, & l’on
trouve quelquefois, dans le commerce, des bouteilles
qui préfentent des veines abfolument fem-
blables à celles que nous avons obfervées dans
notre expérience. La même compolition mife auparavant
en épreuve par M. R e y , propriétaire
de la verrerie du Boufquet, près de Lodève, lui
avoit donné un verre vert clair ; mais il aVoit
fondu à pot découvert , & notre petit creufet
étoit, comme nous l’avons annoncé ; garni d’un
couvercle./Ne pourroit-on pas attribuer^ la différence
de nos réfultats à cette variété de circonstances
? Notre couvercle fimplement pofé fur le
p o t, ne joignoit pas affez pour empêcher qu’il ne
•s’introduisît des . vapeurs du charbon, dans l’intérieur
du creuset; mais ils ’oppofoit à leur prompte
dilïipation , au-îieu qu’à pot découvert , les vapeurs
féchoient, pour ainfi dire , la furface de la
maffe vitreufe , mais n’y féjournoiejnt pas. N’y
auroit-il pas quelque probabilité que la couleur
très-fombre de notre verre, étoit due du moins
en partie à l'influence des fumées du combuf-
tible?
, V E R
Le h°. 6 ( 7 lave, 7 marc de fondé, 7 fable )
donna un beau verre jaune vert, bien fondu, transparent
, ü’un beau poli, & excellent pour faire
des bouteilles.
Le nQ. 7 ( fable de rivière pur ) fondit très-bien,1
& nous offrit un très-beau, verre à bouteilles.
L’on doit conclure, non-feulement des travaux
que nous avons cités de divers artifles, mais encore
de nos propres expériences , que la fufibilité
de la lave eft bien démontréequ’elle fond feule,
& qu’avec un feujfufiifant elle entraîne une portion
de fable dans la fulion. Sous cet afpeél elle peut,
dans les contrées où on s’en procure aifément,
fuppléer à la foude aux autres1 fondans, & produire
du moins une grands économie en reftrei-
gnant l’emploi de ces fubftances. M. Chaptal étoit
donc fondé à l ’annoncer de même dans ton premier
mémoire fur cet objet, & nous ne l’avons pas
moins été à mettre , dans l’article précédent, les
produits volcaniques au nombre des fondans ufités
en verrerie.
fritte.
Les arches cendrières fervent non-feulement à
calciner en particulier chique matière, mais encore
à fritter les compolitions. On jette la compofition
fur le pavé de l’arche, & à mefiafe qu’elle s’y
échauffe, on la remue, foit avec un >rcible, l’oit
avec une pelle de fer, dont le manche a dix-pieds
de long, dite de fon ufage ,• pelle à remuer la fritte
ou à recuire les cendres : on en expofe.ainfi toures
les parties également, &_fuccelïiventent à l’aétion
de la flamme;
, Enfourner,
La compolition bien frittée ell prife dans là pell®
à enfourner, & portée dans chaque pot par l’ouvreau
correfpondaht. Cette fon&ion ell ordinairement
remplie par les tifeur s, aidés & dirigés par
le fondeur ou maître tifeur, qui joint à la furveil-
lance fur les tifeurs, le foin de faire les cornpofilions
, de les préparer, de veiller à la conduite du
four , de fuivre la fonte du verre jufqu’à l’affinage.
Il ell aidé , pour les compolitions, par a« ou deux
tamifeurs : leur nom défigne affez leur emploi; ils
tamifent dans des tamis de fil de fer ou de laiton,
les fable, cendres, charrées & autres matières; ils
lavent aulîl le fable & le font fécher. Les ejlra-
quelles ou pelles à enfourner., font proportionnées
à la grandeur des ouvreaux ; elles.ope neuf pouces
de large., fur un pied de long & quatre pouces
de profondeur. S i , pendant l’enfournement, un
pot vient à fe caffer, on fe hâre d’enlever fon
contenu avec des poches ou cuillers, ou , dans certaines
manufactures, poêles : on tranfvafe ce verre
dans les autres creufets s’il y relie encore de la
place,
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1 ce & à défaut on le tire hors du four. Cette
ünpra’ion forcée eft commune à tous les genres de
verrerie. Pour porter, foit la pelle à enfourner,
foit les poches, avec commodité ,, l'ouvrier peut
couvrir fes mains de mitaines, faites de phlfieurs
doubles de groffe toile , & paffer le bras fur lequel
il nofe le manche déjà chaud de fon outil, dans des
braflars, qui ne font autre chofe que deux vieux
chapeaux mis l’un dans l’autre, dont on a enleve
le fond.
Lorfque le verre ell jugé fin, on fe difpofe à.
travailler, on balaye les places , c’eft-à-dire ,
qu’on nertuye, le mieux qu’il ell poflible, la halle,
fur-tout aux environs du four.
Travail,
Quoique le four contienne fix pots, il n’y a
cependant que quatre maîtres ouvriers, deux de
chaque côté du four, qui fabriquent en bouteilles
chacun une potée j de verre, c’eft-à-dire, quils
ont chacun leur pot, & ils travaillent celui du
milieu en commun ; ils font aidés chacun par un
garçon, compagnon o,u ferviteur, & par un gamin.
A mefure que nous entrerons dans le détail des
opérations de. la fabrication des bouteilles, nous
aurons occafion de faire connoitre les fondions
de ces fortes d’ouvriers. '
G mmeen chauffant en charbon de terre, on
ne tifepas pendant le travail, il eft néceflàire que
le tifeur alors de tournée pourvoie à ce que le
four ne fe retroidiffe pas trop ; pâ fiant fon rable
dans le tifar, il diliribue également iur la grille,
la braifeou le charbon qui cil déjà dans le four;
enfuite il jette faccèlfivemenr quelques peïiées de
charbon par chaque tifonnier, jufqu,à ce que le
foyer foit rempli à-peu - près, aux deux cinquièmes,,
dans toute fa longueur ; il le lâiffe dans cet état
pendant environ un quart d’heure, pour attendre
que tout le charbon aie pris feu , alors il recommence
la même manoeuvre, jufqu’à ce que le
foyer foit plein aux trois quarts de fa hauteur.
C’eff ce qu’on appelle faire la braife.
Pendant que le tifeur fait la braite , les gai'-
çons, chacun à fon ouvreau , vérifient 1 état des
cannes, s’il en ell de neuves, ou de récemment
raccommodées, ils les font rougir, prefque à blanc,
à l’ouvreau, fur-tout du côte des mords, &. les
plongeant fubitement dans l’eau, les feories fe
foulèvent,& en les ratifiant avec la palette, elles
fe détachent ; ils cueillent enfuite un peu cfe verre
fur le bout de la canne , & le fouillant, ils ,s affûtent
par là que la canne ne prend pas v en t, &
ils empêchent que le verre n’entre dans la canne
& ne la bouche en s’y refroidiffant- Si les cannes
ont déjà le rvi, on les fait de même chauffer ; lorf-
qu’elles font chaudes , on les débouche, c’eft-à-
drts& Métiers, Tome V lll.
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dire, on ôte avec les pincettes le bouchon de verre
qui peut être relié dans la canne pendant le précédent
travail; on prend du verre au bout de la
canne , & on le fouille. Si la canne ell courbe, on
profite de l’ aillant auquel elle eft chaude, pour
la redreflèr. Cette manoeuvre préparatoire des garçons
eft dite drejfcr les cannes ; les cannes d reliées
font dépofées à mefure dans la cajfette, efpèce de
cailïe adaptée à chaque place , conflruite en bois,
en pierre ou en brique, dans laquelle on mettes
cannes à refroidir pendant le travail, & on recueille
les morceaux de verre qui fe détachent
de la canne après la fabrication des bouteilles , &
qu’on connoit fous le nom de meules, ou mors de
canne.
Le gamin prépare cependant la taraifon s’il en
ell beloin ; la..taraifon ell une tuile dVgile faite
en forme de d if que ou de couronne dont on r.2?etiffe
l'ouvreau ; quand on veut faire de plus petites
pièces : le garçon prend la taraifon avec un fer-
ret, & la place devant l'ouvreau. Enfuite chaque
garçon écréme fon pot, (voyez l’opération de l’é-
erêmage dans l’article glaces eouléesf 11 peut, comme
les ouvriers en glaces, fe Crvir du po.ntil ou
à défaut il employé le ferret à écrémer, qui n’eft
autre chofe, qu’un ferret un peu plus long que
les autres, au bout duquel on prend un coup de
verre, qu’on applatit Iur le marbre, & dont on
parcourt, après l’avoir laide un peu refroidir, la
iùrface du verre , pour enlever tous les corps
étrangers qui y feroient tombés.
Le gamin met alors une canne chauffer à l’ouvreau
: lorfqu’elle eft affez chaude , il prend le
premier coup de ve^re, retire la canne , & laiffe un
peu réfroidir le verre, ayant attention de tourner
la canneavec plus ou moins de rapidité, de peur que
le verre, cédant à fa fluidité & à fon poids, n abandonne
la canne , & ne coule fur la place; il cueille
de même & avec de femblables précautions quatre,
cinq, fix fois, jufqu’à ce qu’il ait ralTemblé allez
de verre autour de la canne pour faire la parai-
fon. Si le gamin n'a pas encore affez d’expérience,
le. garçon cueille le verre lui même. Si c’eût le
gamin qui a cueilli , le garçon reçoit, de lui la
canne , 6c fait la paraifon. Lorfque pendant le tra- »
v a il, la canne s’échauffe au point d’incommoder
celui qui la tient, on en rafraichic le milieu , en
la plaçant au-defîus d’un baquet difpofé au bout
I de la place , & l’ar.rofant avec de l’eau.
Le garçon marbre le cueillage , & fouffle dans
la canne : lorfque le verre commence à s’enfler,
il prend le nom de bojfe ou de pojle. Le marbre eft
placé à l’extrémité de la place ; il eft pofé fur un
fupport qui l’élève, & le met à la portée de l’ouvrier,
<x il elt incliné vers les fouffieurs (pl. 2
• & 3. Tom. V des gravures). On pofe la partie
du cueillage , qui eft vers la main , fur le tran*
N n a