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le blanc de plomb ou la cérufe j 8c il ÿ avoit longtemps
qu’on défiroit un blanc qui n’eût pas le grand
inconvénient de jaunir avec le temps par les vapeurs
phlogiftiques, qui fe trouvent toujours en
plus ou moindre quantité dans l’air, & qui ne fût
pas nuifible à la fanté. M. de Morveau ayant
obfervé que le foie de foufre précipite la diffolu-
tion de zinc en blanc , & que le principe inflammable
du foie de foufre, ni aucune autre vapeur
phogiflique ne colore la chaux de zinc, ileut l’idée
ingénieufe de fubftituer la chaux de zinc à la cérufe
, par où il a rendu un très-grand fervice à
la peinture & aux différens arts qui empruntent
fon fecours,
M. Courtois à Dijon le prépare fuivant le procédé
çommuniqué à l’académie de cette ville par
par M. de Morveau. Vpici ce qu’il dit .fur les
propriétés de ce blanc , dans une annonce
qui fe trouve dans le tableau raifonné de rhiftoire J
littéraire du dix-huitième fièçle, décembre 1782,
p. 146.
Ce blanc a la propriété d’être Inaltérable, même
par les vapeurs phlogiftiques les plus fortes, qui
noircifîent fur le champ le blanc de crçms & tous
les blancs tirés du plomb ; il n’a aucune des qualités
malfaifantes des chaux de plomb : on fait
que celle de aine peut être prife intérieurement.
Le blanc de aine fe mêle parfaitement à toutes
les couleurs, il s’emploie également à l’huile & à la
détrempe, On a remarqué qu'il avoir l’avantage
de prendre moins d’huile & de fécher moins rapidement
que les blancs de plomb.
On peut préparer ce blanc de différentes manières.
Un des procédés les plus fimples, c’eft
de précipiter une diffolution de vitriol de zinc ou
de vitriol blanc avec de l’alkali aéré ; mais comme
le vitriol de zinc du commerce eft impur, il faut
faire cuire fa diffolution avant de l’employer, dans
un vaiffeau de cuivre, avec du zinc réduit en gre-
paille ou en poudre : par là on décompofe les fels
métalliques que peut contenir le zinc, & qui pour-
rotent altérer la couleur, tel que le vitriol de fer
& de cuivre, dont il contient ordinairement une
certaine quantité,
La meilleure manière de pulvérifer le zinc, c’eft
d* lé fondre à un feu modéré, de le verfer dans
un mortier de fer chauffé, & de broyer le zinc
avec beaucoup de célérité, C ’eft la méthode qu’emploie
le célèbre Venzel,
Après avoir fait bouillir pendant quelque temps du
vitriol blanc avec une fufiifante quantité d’eau & du
zinc réduit en poudre, on paffe la liqueur par un
filtre & on la précipite avec une diffolution d’al-
]cali fixe végétal, qu’on y ajoute peu à peu juf-
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qu’à ce qu’il ne fe précipite plus rien. On fait
bouillir pendant quelques inflans le mélange pour
qu’il ne refte point de zinc diffous à l’aide de l’air
fixe. On jette le tout fur un filtre. On édulcore
& on flèche le précipité, & la liqueur qui a paffé
fournit par évaporation & par cryftallifation du
tartre vitriolé.
7 1 onces de vitriol de zinc donnent avec
75 onces d’alkali fixe aéré fondu, ou avec
85 à 90 onces de potafle de commerce,
36 onces de précipité ou blanc de zinc fec,
contenant 20 onces de zinc,
5 d’air fixe &
11 d’eau
1 36 B . .
& la liqueur fournit 54 onces de tartre vitriolé,
en faifant abftra&ion des déchets qu’il y a toujours
dans de pareilles opérations.
Comme l’alkali fixe eft toujours à un certain
prix, je propoferois qu’on fît bouillir la diffolu-
tion de vitriol de zinc avec du fel commun., en
prenant une partie de fel commun fur deux de
vitriol, & qu’au lieu de faire la précipitation de
l’alkali fixe on la fit avec de la craie pulvérifée.
Il en faudroit environ 32 à 33 onces pour précipiter
tout le zinc. Pour que le précipité ne fût
pas chargé de félénite , il faudroit délayer avec
beaucoup d’eau la diffolution de zinc avant delà
précipiter , 81 laver le précipité avec de l’eau bouil»
lante. La liqueur qui furnageroit le précipité,
donneroit par évaporation & par cryftallifation
environ deux fois autant de fel de Glauber qu’on
auroit employé de fel commun.
Observations fur ie fine, propofé dans la peinture intérieure
des appartemens , au lieu des blancs de plomb
6* de cérufe ; par M. Vincent de Montpetit.
Depuis long-temps on fait que la peinture i
l’huile dans l’intérieur des appartemens, caufe des
maladies fouvent funeftes, entr’autres celle connue
fous le nom de colique des peintres, dont
la principale caufe exifte dans les miafmes émanés
du plomb & de fes différentes compofitions; on
a reconnu fur-tout que les blancs qui en font extraits,
mêlés avec de l’huile, donnent des vapeurs
mortelles, non-feulement aux ouvriers qui les manipulent
, mais même a ceux qui habitent des lieux
çlos oii cette peinture eft nouvellement employée,
Il étoit donc intéreffant de chercher à fubftituer
aux blancs de plomb des matières moins déléterres;
celui de zinc a mérité la préférence autant -par »
blancheur que par fon inaltérabilité ; les expériences
qui ont été répétées à ce fujet, ont été mifes fous
les yeux de l’académie royale d’architeâure, dont
l ’approbation authentique doit exciter l’attentioff
& la confiante du public en faveur de ce nouveau
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blanc, d’autant mieux qu’il eft très-ptouvé qu’il
ne peut, dans aucun cas, donner aucune vapeur
nuifible à la fanté.
C’eft donc faire un préfent à la fociété, en pro-
pcfanr l’ufage du blanc de zinc ; malheureufement
cet ufage ne peut être général , parce que pour
le moment cette matière ne fe fabrique que dans
le laboratoire de chimie de l’académie de Dijon,
conféquemment ne peut être à bon marché, parce
que la première matière fe tire de l’étranger ; fi
l’on examinoit les mines de France comme celles
de Saint-Bel en Lyonnois, de Pompean en Bretagne
& autres, dans lefquelles le zinc fe trouve
en abondance , & qu’aulieu de le négliger, on en
fît l’exploitation pour en tirer le blanc, ce feroit
m moyen de le vendre à meilteur compte & don-
retau commerce une nouvelle branche qui retien-
droit dans le royaume une partie des fommes qu’on
envoie à l’étranger pour les matières extraites du
plomb.
Il feroit donc intéreffant, autant pour l’humanité
que pour le commerce, d’établir une mannfaéhire
qui pût réunir tous les moyens convenables
pour faire jouir les différentes claffes du public,
des avantages que préfente l’emploi du blanc de
zinc; car pour l’inftant il ne peut convenir qu’aux
ge/is aifés. Le prix de quatre francs la livre fera
toujours un obftade à ia jouiffance générale ; il
e't cependant des appartemens dont l’intérieur
doit être néceffairement peint à l’huile, comme
dans les vaifleaux , les réz-de-chauffée , les habitations
expofées à l’humidité & autres où l’on délire
une peinture durable.
Rapport des commiffaïres de ? académie <Tatchite&ure.
Les commiffaïres nommés par l’académie royale
d’archite&ure, en fa féance du 13 mars 1786,
ayant examiné un mémoire de M. de Montpetit,
fur les avantages qu’il y auroit à fubftituer le blanc
de zinc à celui de plomb, foit dans.la peinture
en tableaux j foit dans celle des bâtimens, ont
fait le rapport fuivant#
On connoît affez les funeftés effets des différentes
préparations du plomb, en ufage dans l’une &
dans l’autre peinture. Il femble que rien ne de-
vroit favorifet l’emploi d’une fubfiance qui rend
les appartemens nuifibles à la fanté durant un
efpace de temps très-Confidérable, & dont les
effets quoique lents & fouvent attribués à d’autres
eau fes, n’en font pas moins réels 8c terribles lorsqu’ils
attaquent des perfonnes d’une conftitution
foible & délicate J mais on veut dater l’oeil agréablement
& fe procurer cef avantage au moindre
prix pofiible. C’eft-là ce qui fera peut-être encore
long-temps adopter de préférence l’ufage du plomb,
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malgré l’évidence des dangers qui en font les
fuites néceffaires.
On eft redevable au zélé & aux lumières de M,
Morveau, des expériences inréreffantes & multipliées
fur le blanc de zinc# Elles ont été faites à
l’académie de Dijon, & répétées depuis à Pari*.
On peut conclure de ces expériences, dont les
réfultats ont été mis fous les yeux de la compagnie
, que le blanc de zinc a fur celui de plomb
deux avantages infiniment précieux.
Le premier, c’eft qu’il ne contient aucune fufc-
ftance dont les émanations puiffent être nuifibles
à la fanté# Le fécond, que ce blanc confervera
toujours fon. éclat & fa blancheur, parce que les
expériences faites en l’Cxpofant à la vapeur du
foie de foufre, ont démontré qu’il ne peut être
altéré par les matières fufceptibles de donner des
vapeurs phlogiftiquées.
A la vérité, il cède en blancheur au blanc de
plomb de première qualité, mais à cet égard même
cet avantage n’eft pas de grande cOrudétation ,
puifque le blanc de plomb le plus beau eft toujours
fufceptible de fe réduire & de prendre une feinte
noirâtre par le contaél avec tout ce qui confient
le principe inflammable, & que d’ailleurs ce même
blanc de plomb de première qualité coûte cinq à fix
francs la livre. Il faut encore faire entrer en ligne
de compte que le blanc de zinc ayant beaucoup
moins de pefanteur fpéciftque & ne coûtant que
quatre francs la livre., couvre au moins un tiers
de plus en furface* On voit donc qu’à raifon de
fon inaltérabilité, il y aura toujours un avantage
réel h l’employer dans l’art de la peinture même
au prix a&ucl.
Nous ne pouvons pas nous dîffimuler que la
différence du prix de blanc de plomb & de zinc
pour la peinture en bâtiment ,• ne porte le prix
d’une meme, furface dans le rappott de un à trois *
8c que ce rapport ne foit encore moins défavorable
à l’égard du blanc de cérufe ; mais comme
il faut cbferver que l’on gagne en blancheur , 8c
que cette même, différence, en grande partie, ne
tiefit qu’au prix a&uel du blanc de zinc. U y a
tout lieu d’efpérer que ce prix baiffera confidéra-
blemenf s’il fe forme quelqu’établiffemenfen grand 5
établifferrient qui ne peut être qùe très-utile &
très-agréable à ceux qui Connoiffent le prix de la
fanté, 8c combien on doit défrrer de voir diminuer
le nombre des caufes qui tendent à l’altérer.
De plus, on doit raifonnablement attendre que
de nouvelles combina ifons de ce blanc avec d’ autres
fubfiance s , pourraient en dfn finuer le piix dè -
à-préfent pour la peinture e s bâtiment, pourvu
que ces mélanges fe fafferu avec les afrentiofts
convenables les précautions que M# De mont*