paffe cependant chaud à travers le houblon, on
pourra de même conduire dans les Ventilateurs,
beaucoup d’air chaud puifé dans une étuve, &
pouffer cet a;r fur les chofes qu’on aura befoin
de fécher.
5 J*al obfervé le degré de chaleur d’une étuve où
1 on fait fécher le "houblon, par le moyen d’un
thermomètre de Farenheits, dont le terme de la
glace étoit à trente-deux degrés, la chaleur.du
lang à quatre-vingt-feize, & la chaleur de l’eau .
bouillante à deux cent douze. Ce thermomètre
avoit trois cents de. ces degrés. J’ai trouvé la chaleur
du foleil vers le midi, & fur la fin du mois
d'aoûty de cent deux degrés, enexpofant le thermomètre
contre une muraille. Mais comme le terme
de la glace eft un point fix e, je commencerai
à compter les degrés de ce .point, en retranchant
les trente-deux degrés oui font au-deflbus, & par
lefquels commencent les degrés du thermomètre.
Alors la chaleur du fang fera monter le thermomètre
à foixante-quatre degrés au-deffus du terme
de la glace ; celle du foleil en plein m id ià {(fixante
dix , & celle de l’eau bouillante à cent quatre-
vingt.
Le 9 Jeptembre, après avoir éventé pendant deux
heures avec les Ventilateurs, du houblon dans une
étuve, j’ai trouvé la chaleur au fond du houblon, près
des toiles de crin fur lefquelles il étoit étendu , & entre
les barreaux ou lattes qui foutiennent ces toiles de
crin, à cent vingt degrés, c’eft-à-dire, égale aux
deux tiers de la chaleur de l’eau bouillante. Au
milieu de la couche de houblon, la chaleur étoit
de foixante-feize degrés; vers lafurface, de foixan-
te ; & fept pieds au-deffus du houblon, de foixante- •
trois degrés,. l’air étant ordinairement deux ou
trois degrés plus chaud à cette hauteur, que vers'
la furface du houblon.
Cette chaleur de foixante-trois degrés , qui eft
à peu près égale à celle du fang, étoit très-incommode
, & on n’aurok pu la foutenir long-temps.
Elle étoit beaucoup moins fupportable que la chaleur
fèche du foleil , ci-deffus mentionnée,, qui
étoit cependant de foixante-dix degrés. L’incommodité
que caufoit ce moindre degré de chaleur
humide, venoit de ce que non-feulement la ref-
pirationne fe faifoit pas librement dans un .air chargé
de vapeurs, mais encore'de ce que ces vapeurs
humides relâchoient la furface du corps. On
remarque ordinairement la même différence
entre un air froid & humide & un air froid &
fec. Le premier, quoiqu’il foit moins froid, incommode
plus qu’un air fec beaucoup plus froid.
Mais la chaleur qu’on avoit portée à cent vingt
degrés , dans un efpace de temps aufîi court que
celui de deux heures , étoit trop grande , fur-tout 1
pour du houblon qui étoit mouillé; aùfti ne fe trou- j
va-t-il pas d’une belle couleur. [
Le io feptembret lorfqu’on fit deffécher parfaitement
cent vingt boiffeaux de cette plante avec
le fecours des Ventilateurs, au bout de deux heures
& demie, la chaleur étoit, auprès des toiles
de c r in , de cent dix-huit degrés ; au milieu de
la couche de houblon, de foixante-dix degrés , & de
foixante-deux vers la furface : demi-heure a> iè>
c’eft-à-dire, au bout de trois heures d'éruve, il
chaleur, au fond du houblon, étoit diminuée de
fix degrés; de forte qu’elle n’étoit plus qu’à cent
- douze : au bout de cinq heures, elle étoit montée
en cet endroit, à cent dix-fept, & à quatre-vingts
degrés vers la furface du houblon.
La déification étant parfaite , ce qui arriva au
bout de huit heures, la chaleur , auprès des toiles
de crin , étoit baillée- jufqu’à quatre-vingt-huit de-
[ grés, & cependant le poêle étoit très-chaud, &
plus rouge qu’il n’avoit été jufqu’alors pendant
toute l’opération. Puis donc que les vapeurs denfes
•répandues parmi le houblon , acquièrent un degré
de chaleur plus grand que celui dont je viens
de faire mention, & cela même dans le temps
que le poêle eft moins chaud, ii s’enfuit* qu’il faut
avoir une attention extraordinaire & beaucoup
d’habileté , lorfque ces vapeurs font humides.
C ’eft là le cas où il femble que les Ventilateurs
feroient principalement fort utiles pour entraîner
plus vite ces vapeurs humides, & pour eti diminuer
ainfi non-feulement la quantité , mais pour
empêcher encore que le houblon ne refte longtemps
expofé à leur impreffion. Ils ont outre cela
un avantage confidérable , qui eft que, par leur
moyen, le houblon fèche en bien moins de temps :
d’où il s’enfuit qu’ il en coûtera moins de charbon,
& qu’il faudra moins d’étuyes dans les endroits où
il y en a plufieurs.
En comparant en divers temps les différens degrés
de .chaleur auxquels le houblon *fe trouvoit
expofé, foit qu’il fût éventé ou non, j’ai remarqué
que celui qui étoit évent! , pouvoit en temps
égaux, fupporter un degré de chaleur beaucoup
plus confidérable, dès le moment qu’on l’avoit
étendu dans l’étuve , que celui qui ne l’étoit point.
Par le fecours d’un pareil thermomètre, on peut
faire plufieurs obfervations utiles , par rapport
aux différens degrés de chaleur, qu’il convient de
donner au houblon qui eft mouillé & à celui qui
ne l’eft pas, dans les différens temps de l’exficca-
tion.
Je viens de,donner la description des Ventilateurs
qui defivent être mis en jeu par la main
d’homme, parce qu’il fe peut trouver des cas où ils
feront utiles dans les étuvgs à houblon ou à drêche,
pour entraîner les vapeurs les plus épaiffés, fur-tout
dans un temps humide, où il fera fort avantageux de
les faire travailler pendant quelques heures ; mais il
feroittrop pénible & trop coûteux d’avoir des hommes
deftinés à ce travail, pendant tout le temps de
l’exficcation. On a donc propofé d’avoir quatre
Ventilateurs placés de champ & d’une manière fixe,
fur une de leurs extrémités , fous une loge au
derrière de la maifon où le trouvoient les quatre
étuves.dont j’ai parlé ci-deffus; de donner à chaque
V entilateur, dix ou douze pieds "de haut fur
fix de large, & dix-fept pouces & demi d’épais,
afin que le diaphragme pût avoir un efpace de feizè
pouces pour fe mouvoir librement, & de laifler
un demi-pouce d’intervalle entre les bords du
diaphragme, & les parois de la boîte, pour prévenir
le frottement entre ces parties, & le dommage
que ce frottement pourroit caufer. "
Ces Ventilateurs doivent être mis en jeu-par lè
moyen d’un cheval attaché à une roue à dent,
fituée horifontalement. La roue à dent, doit avoir
douze pieds de diamètre ; & le levier parle moyen
duquel le cheval fera tourner la roue , dix pieds de
long ; les lanternes auront dix-huit pouces de diamètre,
& leur axe fera tourner une manivelle,
dont le coude fera de huit pouces; ce qui donnera
aux diaphragmes des Ventilateurs , feize pouces
de jeu, par le moyen d’une verge attachée à
la manivelle & au levier.
Il faut que la manivelle qui doit tourner avec,
l’axe de la lanterne, puiffe s’en féparer à volonté,
par le moyen d’un anneau quarre de fer qui, en
coulant de côté & d’autre, fera fait de manière
à embraffer étroitement l’extrémité quarrée de l’axe
qui fait tourner la lanterne.
Car comme la grande roue à dents eft fituée
au milieu des-quatre Ventilateurs, & qu’elle doit
faire aller une lanterne & une manivelle de cha-
que côté, on .pourra , par le moyen de ces anneaux
de fer , faire aller en même=temps tous les
Ventilateurs à la fois, ou n’en faire aller que
deux, feion qu’il fera néceffaire.
Il ne faut pas que les coudes des manivelles
foient placés d’un même côté, dans le temps qu’on
fait aller les Ventilateurs ; mais il faut les fi mer
de manière , par le moyen des coulans ou anneaux
de fer, que lorfqu’une des manivelles fe trouve
au haut ou au bas du cercle qu’elle décrit; Vautre
fe trouve placée latéralement, & précifément
à angle droit avec la première. Moyennant cette
pofition on empêchera que -le plus grand effort
de chaque manivelle ne fe faffe en même-temps,
ce qui diminuera la peine qu’aura le cheval à les
tourner.
Les Ventilateurs doivent être placés à environ
quatorze pouces de la muraille, afin qu?il y ait
hn efpacè fuffifànt pour loger des tuyaux d’un
pied en quarré, mefurés dans oeuvre , qu’on doit
faire entrer par le derrière des etuves, & afin
qu’il fe trouve l’efpace néceffaire pour placer de
grandes foùpapes de fept pouces de haut fur deux
pieds de long.
Il ne faut pas , dans le cas dont il s’agit, que
l’ait* des deux Ventilateurs paffe dans un tronc
commun ; mais il doit enfiler des tuyaux féparés ,
attendu que chaque Ventilateur doit fournir de
l’air à fon étuve particulière. L’autre lanterne doit
faire tourner une autre manivelle qui mettra en
jeu les deux autres Ventilateurs.
Pour évaluer préfentement à peu près la grande
quantité d’ air qu’on pouffera par ce moyen
dans chacune des quatre étuves, il faut remarquer
qu’on fait par expérience, que les chevaux
peuvent tirer en général un poids de deux cents
livres pendant huit heures dans un jour, en fai—
Tant un chemin d’environ deux milles & trois
dixièmes par heure; ce qui revient à peu près à
trois pieds & demi par fécondé ou par foixan-
tième partie d’une minute ; & fuppofé que le
même cheval ait à tirer un poids de deux cent
quarante livres, il ne pourra travailler alors que
fix heures de fuite dans un jour, & n’ira pas
tout-à-fait aufli vite.
Le do&eur Défaguliers dit qu'il a trouvé par l’expérience,
que cinq hommes avoient une force
égale à celle d’un cheval, & qu’ils peuvent faire
tourner aufîi facilement un levier fitué horifontalement,
dans un efpace de quarante pieds de
diamètre, qui ne devroit jamais être plus petit,
lorfqu’on a un terrain fuffifant, un tel efpace étant
plus commode pour un cheval , qu’un de dix-
neuf pieds ; car il remarque que trois hommes
peuvent pouffer en rond dans un terrain de dix-
neufs pieds de diamètre, un levier qu’un cheval,
d’ailleurs égal à cinq hommes, peut à peine faire
tourner. Mais quoiqu’un terrain de quarante pieds
fût préférable pour un cheval, à un terrain de
dix-neuf pieds , par la raifôn qu’il tourne continuellement
trop court , dans un efpace aufîi
étroit que ce dernier, il eft cependant néceffaire
de fe fervir de celui-ci dans le cas préfent, parce
que le premier demanderoit -trop de terrain. Un
homme qui pèfe cent quarante livres, & qui haie
un bateau par le moyen d’une corde paffée fur
les épaules, ne fauroit tirer plus de vingt-fept
livres, ce qûi eft environ une feptième parue
de ce qu’un cheval peut tirer en pareil cas.
Fuis donc qu’un cheval peut marcher pendant
huit heures, & faire deux milles & trois dixièmes
ou 12.600 pieds dans une heure , en tirant un
poids de deux cents livres, ce qui reviendra à 222
tours par heure, chaque tour étant de cinquante-fept
pieds (en fuppofant le diamètre du terrain, fur
lequel il tourne , de dix-neuf pieds ) , & que la
circonférence de la grande roue horifontàle qui