
Drolanvaux communiqua au public au commencement
de l'établi ffement de fa verrerie, quoiqu’elle
ne s’en tienne pas ftriélement à ces premières
mefures. Elle fe iègle à prèfent fur les
commandes des différentes mefures de carreaux
qu’on lui envoie, en les rêduifant fuivant leur
fuperfide, dans le même ordre de paquets : voici
le tarif.
3 Feuilles de 30 pouces fur pouces et
1 Feuille de 36 pouces fur 30 pouces, f
1 Feuille de 33 pouces fur 29 pouces, fi
N". I. X Feuille de pouces fur 27 pouces &
N”. a. 2 Feuilles de 2 9 pouces fur 23 pouces ,
N”. 3* 3 Feuilles de 28 pouces fur 21 pouces,
N”. 4- 4 Ftuilles de 26 pouces fur 19 pouces,
N”. 5- 5 Feuilles de Z4 pouces fur 18 pouces,
N°. 6. 6 Feuilles de 23 pouces fur 17 pouces,
N°. 7- 7 Feuilles de 22 pouces fur 16 pouces ,
N". 8. 8 Feuilles de *9 pouces fur 15 pouces,
N". 10. 10 Feuilles de 18 pouces fur 12 pouces.,
N°. 12. 12 Feuilles de 16 pouces fur 12 pouces,
N°. *4- 14 Feuilles de ?4 pouces fur 11 pouces &
N°. 16. 16 Feuilles de 14 pouces fur 10 pouces,
font un paquet.
Nous omettons les autres numéros inférieurs ,
attendu qu’on n’en tire point au-deffous des mefures
que nous venons de défigner, & dont le
prix étoit fixé par le tarif à raifon de dix-huit
livres le paquet à prix marchand.
Cette verrerie a toujours eù un magafin établi
à Paris, où le commiflionnaiFe du maître de cette
verrerie le vend aux vitriers par paquets, & non
en feuilles. Ce débit en feuilles ne fe fait que
par les vitiiers qui en font le mieux affortis.
De l’ufage de garnir des chajjis en papier au-lieu de
verre.
Nous avons dit ailleurs que l’ ufage de fermer
les fenêtres contre les injures de l’air avec le verre
étoit beaucoup poftérieur à celui de le faire avec
la corne bouillie, le parchemin huilé, la pierre
fpéculaire ou le papier d’Egypte. G’eft pourquoi
nous ne nous étendrons point ici fur l’anjiquité
de cet ufage , mais fur l’art de le faire tel qû il
eft ufité parmi nous, & ce afin de ne rien biffer
à defirer fur ce qui concerne l’art de la vitrerie ;
ce n’eft pas que nous ignorions que l’ufsge de
garnir des chafiis de fenêtres de carreaux de papier
huilé n’a pas toujours été propre aux vitriers exclu-
fivement. A Lyon , par exemple, cette occupation
fait encore de nos jours une partie du métier des
charpentiers qui façonnent les bois des croifées,
& les garniffent de papier, concurremment avec
les vitriers. A Paris même, vers la fin du dernier
fiècle, ceux qui les garniffoient ainfi, étoient connus
feus le nom de chajjijjiers ; & le vitrier qui
réparoit ou nettoyoit les vitres des croifées des
dedans des faites du palais & dépendances, laiffoit
au chafiiffier le foin de renouveler les doubles
croifées en papier.
Les chafiis garnis de papier étoient autrefois
fort en ufage dans Paris, où il eft très-ràre d'en
trouver encore , fi ce n’eft dans les ateliers des
peintres ou des graveurs. Ces chafiis tenoient les
appartemens plus clos & plus fourds contre le
bruit du dehors. Le jour qu’ils rendoïent étoit
plus uniforme , & fatiguoit moins la vue. Lefoleil
ne paffant point au travers des pores du papier,
comme il perce ceux du verre, ne dardoit pas fi
vivement fes rayons dès le matin, & le jour que
le papier paroiffoit renfermer dans les appartemens
fembloit s’y perpétuer le foir avec plus de durée,
Il n’y avoit point de lieu d’étude ou de commu-l
nauté religieufe, qui n’eût de doiibles chafiis garnis
de carreaux de papier. Ces chafiis y tenoient lieu J
de rideaux contre l’indifcrétion de la curiofité |
de dehors ou de dedans. L’ufage d’y inférer un
rang de carreaux de verre parut l’approprier par la
fuite à la profeflion de vitrier; ils demandoient
de la part de ceux qui les garniffoient beaucoup
de foins & de précautions. On en jugera par leur
appareil que nous allons décrire.
On employoit alors du papier d’Auvergne, bon,
c’eft-à-diré, dont les feuilles fuffent entières,
fans tache d’eau & fans trous de grattoires. Ces
défauts qui fe rencontrent dans le papier retrié,
le rendent impropre à cet ufage. Le papier d’im-
preflion eft préférable , comme moins collé : trop
de colle empêcheroit les matières graffes & onc-
tueufes dont nous verrons qu’on fe fert pour donner
au papier plus de tranfparence, de le pénétrer
également. A Lyon, où l’ufr.ge des chafiis à papier
s’efl perpétué dans les fabriques d’étoffes de foie,
où il fournit aux ouvriers un jour plus égal que
le verre ne peut faire, ou n’emploie guère que
du papier de Franche-Comté.
Lorfqu’on veut garnir de doiibles chafiis
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ptpier, avant de le couper, on y rapporte la me*
Uire des carreaux , en obfervant de laiffer autour
ou vide du carreau environ fept à huit lignes
d’excédant, pour ce qui s’en doit appliquer lur
le petit bois. Il n’y a guère qu’à Lyon où les
carreaux .lés croifées font affez petits pour qu’une
feule feuille puifle en couvrir quatre à la fois.
Les mefures les plus ordinaires à Paris étoient
celles qui, après avoir èbarbé. les bords d’une
feuille de quinze à feize pouces de haut fur vingt
pouces de large , pour l’empêcher de. goder, pou-
voient couvrir le vide de deux carreaux de douze
à treize pouces de large chacun. Quant aux carreaux
qui excé.doient cette mçlure en largeur, on
n’en prenoit qu’un dans une feuille. Le ftfrplus
fe coupoit en bandes qui fervoient pour le collage :
ce qui, je crois, plus que toute autre caufe, a
introduit dans Lyon l’ufage de coller les carreaux
j de verre, comme à Paris, pour appliquer plus
î. utilement l’emploi de cês bandes.
Le papier étant coupé , le chaflifiier etendoit
f fur la table un morçeau de groffe toile d’une grandeur
convenable , fur jequel on arrangeoit les
| carreaux de papier coupé deux à deux , & tou-
l jours fur le même fe’ns. A chaque tas de deux
I en deux carrea ix , en fuppofant le papier de la
qualité que nous avons preferite, on le mouilloit
avec un chiffon bien doux, imbibe d’eau claire ,
[ que l’on paffoit légèrement defius , pour ne pas
I, l’écorcher; On fuivou pour cela l’ordre des croifées
& des différens chafiis qui étoient à garnir; on
I les arrangeoit l’un fur l’autre de manière que
I quand tout lé papier étoit mouillé, en retournant
I le tas entier fens-deffus-deffous , les premiers
[ carreaux mouillés fervoient à garnir le premier
I chafiis de derrière du tas de chafiis qui étoit a
I recouvrir en papier. On mettoit enfnite le papier
I en preffe, après l’avoir couvert d’un linge , &
j pardeffus le linge d’un ais que l’on chatgeoit d un
I poids plus ou moins lourd, à proportion que le
I tas de papier mouillé étoit plus ou moins épais.
Toute faifon n’eft pas également propre à garnir
I des chafiis de carreaux de papier. La féçhereffe
I pendant l’été , l’âpreté de l’air pendant l’hiver ,
I refferrant trop vite le milieu du carreau , le fait
I féparer & caffer fur les bords , qui refient plus
K long-temps humides , & alors tout l’ouvrage eft
I perdu. La failon la plus favorable eft l’automne.
I De même trop d'humidité dans un temps de pluies
I continuelles, empêchant le papier de fe tendre en
I fe refferrant, retarde l’opération , qui confifte à le
I frotter avec les matières graiffeufes dont nous par-
I lerons bientôt;
Pendant que le chaflifiier coupe & mouille fon
I papier , un autre a foin d'enlever le vieux papier,
fi ce font d’anciens chafiis à renouveler en papier
, en grattant au vif les petits bois qui en lont
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| couverts, afin que l’huile ou la fi hflance gi?if-
fieufie dont il a été oint, n’empêche pas la colle
de s’y appliquer. Il les broffe pour en enlever la
poufuère, & en fait un tas dans le même ordre
que le papier a été coupé, afin d’eviter la con-
fufion qui pourroit y être occàfionnée par la quantité
des mefures différentes.
La colle qu’on employoit, devoit être préparée
pour s’en fervir dans le befioin. C’étoit afftz ordinairement
le foin de la ménagère. Cette colle fe
fait avec la colle de Flandres la plus claire : on
la rompt par petits éclats , que l’on laifle tremper
à l’eau froide. Lorfque l’on s’aperçoit qu’elle s’eft
beaucoup renflée & amollie, on la fait fondre fur
un feu doux, en la remuant fréquemment , de
crainte qu’elle ne s’attache au fond & qu’elle ne
s’y brûle. La colle étant bien fondue , de façon
qu’on n’y diftingue plus aucun corps épai, , on
lui laiffe prendre un ou deux bouillons, en veillant
à ce qu’elje ne monte pas pardeffus le vafe
dans lequel on 1a fait cuire, jufqu’à ce que l’on
reconnoiffe qu’elle tient au bout du doigt en re-
froidiffanr. On s’en fert a'ors, en la tenant toujours
chaude fur un réchaud, dans lequel on entretient
du feu éloigné du chafiis fur lequel on
va l’employer.
A cet effet un ouvrier, qui eft affez ordinairement
l’apprenti s’il y en a un dans la boutique,
trempant un pinceau ou petite broffe ronde à
long manche, garnie de poils, & de.groffeur d’un
pouce ou environ de diamètre, dans un vaiTeau
où il a verfé de cette colle chaude , l'étend également
fur toutes les parties du beis que le papier
doit couvrir, en commençant par le carreau d'en-
bas, & fucoeflivement comme nous avons die par
rapport au collage des carreaux de verre. Alors le
tnafliffier, lçyant avec l’extrémité des doigts de
chaque main, une feuille ou carreau de papier
de defius le tas mouillé, & le portant au-deffus
de fa bouche, en pince légèrement l’autre extrémité
entre les lèvres, où il la retient plus élevée,
pendant qu’en s’inclinant vers le chafiis, il l’applique
quarrément, avec les deux mains, fur la
furface des petits bois., où il, l’étend unif rmé-
ment, lâchant d’entre fes lèvres l’autre ext émi;é
qu’il y tenoit renfermée ; enfuite il pafle légèrement
le bout des doigts pardeffus, fur tout dans
les coins, pour mieux l’appliquer , fans la trop
gêner en l’étendant.
Les chafiis, à mefure qu’ils font garnis, doivent
être mis à l’abri contre la trop grande îechereffe,
comme nous avons déjà.dit, ou contre une trop
grande humidité, de manière que la colle & le
papier fèchent enfemble avec plus de lenteur que
de précipitation.
Sitôt que le chaflifiier connoiffoit que fon
T t t t a