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pour préparer la cire pour la peinture à l’encauf-
i ique, a reconnu que cette c ire, mélée avec
un peu d’huile, & encore mieux avec du ver-
j is, faifoit revivre les couleurs vieilles 8c éteintes
, leur procuroit un ton nourri admirable ,
fans leur donner ce brillant qui importune, &
qui rend les vieux tableaux verniffés défagréa-
bles.
IV. Observations fur Us accidents qui arrivent aux
tableaux.
Quoique nous ayons indiqué la manière de
réparer les tableaux, nous ne pouvons néanmoins
paffer fous filencç des. obfervations très
udicjeufes faites par M. Mauclerc fur la caufe
des gerçures de la couleur & de la pourriture
de la toile, obfervations publiées dans un petit
t«*aité des couleurs & vernis : l’on ne peut pas ,
dit-il, nettoyer un tableau qu’on ne le frotte ,
en appuyant plus ou moins ; cette a&îon repouffe
la toile, & la plie : la couleur appliquée deffus
•plie auffi ; mais fe prête-t-elle ? la couleur eft
d’une ténuité feche , 8t en fuivant le mouvement
de la toile , elle fe brife imperceptiblement la pre-
mière fois, mais fuffifamment pour faire des intervalles
par lefquels l’eau dont on lave les tableaux
s’introduit, & va trouver la toile qu’elle
mouille; la toile mouillée fe refferre, fe rebande
(perfonne n’ignore cet effet), & devient plus étroite,
plus courte que la couche de couleur qui la couvre,
la refferre, la contraint, & par conféquent l’ébranle
: la toile en fe fécbant fe relâche, la cour
leur la fuit, & reprend fa première fituation ;
mais ce n’eft point fans le dommage imperceptible
qu’a caufé l’extenfion du frottage 8c le refier-
rement de la toile mouillée.
La toile mouillée garde lo,ng-temps fon humidité
à caufe de l’encollage ; or l’encollage fufceptible de
putréfa&ion, en reçoit quelques atteintes qu’elle
communique à la toile ; les petits filaments de
la toile fe brifent dans leur longueur, la toile
s’affoiblit , s’alonge & s’élargit ; elle devient
trop grande pour fon çhafîis , il faut la retendre.
L ’opération de retendre la toile ne fe fait pas
fans occafionner des intervalles de la couleur qui
font déjà difpofés par le premier frottement ;
c’eft alors que les gerçures deviennent vifibles ;
elles le font encore plus fi le tableau fbuffre un
fécond nettoyage, par lequel l’ébranlement de
Ja couleur eft plus çonf^dérable , les gerçures de-
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viennent plus grandes 8c la toile plus humeéïée
& plus pourrie; c’eft une fécondé raifon pour
chercher les moyens de n’être pas obligé de faire
nettoyer les tableaux : il ne s’agiroit pour cela
que de travailler avec des couleurs dépouillées
de leurs fels 8c de leurs craffes, des couleurs
folides dans leurs teintes, des huiles dépouillées
de leurs craffes, de leur teinture, de leur odeur,
& enfin des vernis non fujets à gercer ni à noir^
cir.
V. Procédé pour dècrajfer les tableaux fur cuivre.
Prenez du maftic fait avec de la terre glaife
& de la terre d’ombre délayées à l’huile de noix ,
comme pour les autres tableaux, & ’rempliffez
en les écaillures bien exactement. Puis vous
prendrez du fublimé corrofif ; vous le ferez dif-
foudre dans une fuffifante quantité d’eau ; & vous
laverez vos tableaux avec cette eau , 8c la laif*
ferez fécher enfuite.
Au bout de quelques heures vous laverez bien
avec de l’eau pure , 8c fi le tableau n’eft point
encore décraffé , vous recommencerez comme def.
fus , jufqu’à ce que vous le trouviez bien. '
On peut aufli fe fervir de cette eau de fublimé
pour les tableaux fur bois , 8c fur toile, de la
même manière.
Pour ôter le vieux vernis des tableaux, il fuffit
de les frotter avec le bout des doigts, 8c de les efi
fuyer enfuite avec un linge mouillé.
VL Moyen de garantir les tableaux des injures du.
temps ,* publié par M. Mauclerc•
Lorfque le tableau fort du chevalet de l’artifte J
il faut le couvrir d’une liqueur tranfparente, qui ,
en féchant, devient jin corps diaphane , diffolu-
ble par l’eau, 8c fépare la peinture du vernis ordinaire
, en occupant une place entre les deux ,
ce qui rend le tableau facile à nettoyer ; parce
que le vernis tombe fous i’éponge mouillée ,
lorfqu’on le lave étant devenu fale.
On peut par ce moyen renouveler le vernis
d’un tableau, fans endommager la peinture, autant
de fois , 8c aufli fouvent qu’on peut nettoyer
la glace qui coqvre une eftampe.
Cette liqueur tranfparente ou corps diaphane
n’eft autre chofe que le vernis de blanc d’oeuf,
qu’il faut diftinguer du blanc d’oeuf battu.
TABLETTES
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t a b l e t t e s b l a n c h e s
P O U R É C R I R E - D E S S U S ,
( Art de faire des ).
T ELLE eft la manière de faire des tablettes
blanches , pour écrire deffus avec une aiguille, ou
un flylet d'argent.
Prenez du plâtre de Paris , le plus fin ; détrem-
pez-le avec dé la corne de cerf, ou toute autre
colle, 8c ayant étendu votre parchemin bien uniment
fur un chaffis, enduifez-le de ce mélange
par les deux côtés.
Quand il eft fec, grattèz 8c adouciffez-le comme
auparavant ; enfuite prenez de la cérufe , broyez
la bien fine avec de l’huile de lin, qui a bouilli ;
appliquez en une couche fort unie fur votre
parchemin avec un pinceau, & mettez le fé-
çher à l’ombre pendant cinq ou fix jours.
Quand il eft fec, paffez y légèrement une éponge
humide , ou un linge mouillé pour le rendre encore
plus u n i, 8c laiffez le fécher entièrement ,
jufqu’à ce qu’il foit en état de fervir.
Pour lors coupez vos tablettes de la grandeur
que vous voudrez avec un infiniment bien tranchant,
8c reliez en les feuilles en livre , à la
couverture duquel vous placerez le ftylet, ou aiguille
d’argent.
Arts & Métiers. Tome V1IL D