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d’alkaU par cent livres ; don- on ne pourront s’es-
po 1er à tondre avec cent livres de clavels, qu’en-
viron dix-huit livres de fable. La blanquette contient
d’aikali, c’eft-à-dire, environ trente-une
livres par cen t, donc cent livres de blanquette ne
pourroient recevoir que faisante livres de fable. La
Doucette contient un peu plus de — d’alkali, c’eft
à-dire, de trois à quatre livres par quintal , on
ne doit donc donner a foudre à cent livres de
doucette que de fis livres à huit livres de
fable. S i, au lieu de fe fervir en nature de ces
matières défe&ueufes , on en fèpare la bafe terreufe
; ce qu’on aura à employer fera la partie
foluble dans l’eau , c’eft-à-dire , un compofé d’al-
kali f ix e , & de beaucoup de fels neutres ; on
combinera, comme nous venons de le faire, pro-
portionant toujours le fable à l’alkali contenu
dans le fondant.
Il faudroit de même, pour employer avec fureté
le nître , comme fondant, obferver , combien
il fournit d’alkali fixe , en laiffant échapper fon
acide , puifque ce n’eft qu’après fa décompofition
qu’il contribue à la vitrification.
Ce verre formé feulement avec du fable & de
l’alkali fixe a dans l’état d’incandefcence, à moins
qu’il n’y ait furabondance d’alkali , une confif-
tence pâteufé , tenace, vifqueüfe , qui nuit au
mélange intime des matières, & qui ne permet'
que difficilement au fel de verre de fe dégager
de la maffe vitreufe ; l’addition d’une terre alka-
lirie rend le verre plus coulant ; elle contribue
donc efficacement à fa dépuration , à la combi-
naifon parfaite de fes parties compofanres, &
à la diffiparion du foin. L'orfqu’on^ employé les
cendres ou la foude en nature , la bafe terreufe
de ces matières tient lieu de terre alkaline, auffi
le verre obtenu eft-il communément trè?-fluide,
parce que cette, bafe ©fi fort abondante; mais
fi on prend pour fondant l’aikali fixe extrait, &
fépare de la !bafe terreufe avec laquelle il étoit
joint, on remplace celle ci par une dofe de chaux.
Cette nouvelle manière de compofer a un très-
grand avantage., fur-tout dans les fabrications de
beau verre : on eft le maître de choifir la chaux
la plus pure , la plus blanche , qui conféquemment
apporte dans le verre le moins de principe colorant
; on peut mieux proportioner" la dofe de’
chaux, & éviter par là les inconvéniens qu’entraîne
la trop grande quantité de cette fabftance ,
favoir une couleur plus ou moins jaune , dont
elle affeéte le verre, trop de fluidité , pour fabriquer
aifément , & enfin une grande fragilité ,
après le refroidiiiement, du verre fait avec furabondance
de chaux. Je ne cite ces divers effets , ,
qu'après les avoir confiâtes par des expériences
multipliées.
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raifons , l’emploi de la chaux , ( pag. 118, mémoire
fur la verrerie ) t & il confeille de s’en fervir
éteinte à l’eau : on peut fe difpenfer de cette
manutention, & de la perte de temps qu’entrai-
neroit la déification de la chaux éteinte, & fa
pulvérifation , en fe contentant de la laiffer effleu-
rir à l’air „libre, & de la tamifer dans cet état;
le même auteur admet ce dernier moyen, ( pag.
444 , T . 2. )• Quant à la dofe de chaux , elle
doit être déterminée par la qualité plus ou moins
vifqueufe du verre auquel on l’ajoute, & par
la néceflité plus ou moins évidente d’aider à la
diffipation du fel de verre M. Dantic femble la
fixer de “ à ~ du poids total de la compofition ,
( pag. 222 , T . 1 ) , & il la porte à ( P*ge
444 , T . 2 ) ; je l'ai long-temps employée avec
fuccès à la dofe de
Kunckel ( aft. de la verrerie. Pag. 10 ) , en parlant
du verre fabriqué avec la foude d’Efpagne ,
témoigne affez d’incertitude fur les dofes de fable
& de fondant : il femble cependant fe décider
pour cent livres de foude pulvérifée & tamifée
fur 80 à 90 livres de fable , avec néanmoins
cette condition, d’ajouter de la foude ,
fi la compofition fond difficilement, ou du fable ,
fi on obferve qu’ellè entre trop aifément en fu-
fion : il remarque que le verre ainffcompofé, fe
cafle très-facilement en refroidiffant. Cette compofition,
fruit du tâtonement, eft cependant relative,
aux principes que nous avons tâché d’établir ci-
deffus. L ’alkali fait entrer en fofion le double de fon
poids de fable, ce qui nous conduit à mettre parties
à peu-près égales de foude & de fable , en
ayant égard à la puiffance du fourneau : dans ce
mélange de foude &, de fable ,4a partie terreufe
eft trop abondante , auffi le verre eft-il plus fragile.
On trouvera-à-peu-près les mêmes applications
de nos principes aux dofes fixées par divers
auteurs , & les petites différences qui fe
trouveroienr, ferojent dues àTintenfitè inégale du
feu des divers fourneaux.
Néjy (art de la verrerie, p. 14 ) veut qu’on
mette deux cents livres de fable fur cent trente
livres d’alkali, & Kuntkd dans fa note force
même chapitre approuve cette combinaifon.
Àgrlcola indique deux parties de fable fur une
de fondant , fait nitre, fait alkali : la dofe de fable
me paroitroit trop forte en emp’oyant le nitre.
Il donne auffi pour compofition d’un verre commun
deux parties de cendres de chêne ou d’yeufe,
de hêtre, de fapin for une de fable : la quantité
du fondant feroit infuffifante, à moins que les cendres
connues par Agricolane continrent beaucoup
plus d’alkali, que celles que nous obtenons aujourd’hui
des mêmes effences de bois.
M. Danfic recommande auffi , par les mêmes J M. Danfiç donne (p. 1 ) trois compo-
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fitions de verre ; i 6. parties égales de foude & de
fable, à0* parties égales de fable de chaux bien calcinées
& de potaffe ; 30. trois parties de fable, deux
parties de fel alkali fixe , { partie de chaux, c’eft-
f,dire jl du poids total de la compofition. Il revient
( p. 21V, même t . ) , fur la deuxième de ces comportions
, &ilreconnoit quelle eft défc&ueufe,la trop
forte dofe de chaux ne pouvant produire que les plus
mauvais effets : on pourroit ajouter que la dofe
de fondant eft bien confidérable pour la quantité
de fable. La troifième compofition feroit fans doute
un verre tendre , ma s il eft aifé de remédier à
cet inconvénient : il feroit auffi , ce femble , très-
poffible de diminuer la’ dofe de chaux de cette compofition
, d’autant plus que le verre, en raifon de
la quantité de fondant, doit déjà être très-fluide.
Nous n’avons cherché ici qu’à donner des vues
générales fur les compofitions , & des principes
propres à diriger l’artifte, du moins quant au fonds
de la vitrification : en effet le fable, le fondant,
& la bafe terreufe , ou la chaux font toujours les
matières effentieïles pour la confection du verre.
On fait diverfes autres additions aux eompofi-
tions, mais, comme elles fervent moins à obtenir
du verre, qu’à la modifier , relativement aux
différens genres de fabrication, nous attendrons,
pour nous en occuper, que nous traitions dé chaque
efpèce de verrerie , dans l’article fuivant de
ce dictionnaire.
Caftons.
Une vue d’économie engage à refondre avec de J
la compofition nouvelle, les caffons ou débris de
verre qui font une fuite inévitable de toute fabrication
; on met ainfi à profit une matière qui feroit
inutile, & l’on épargne beaucoup fur la valeur
des fubflances qù’on feroit obligé d’ employer,
pour remplir les pots : mais ce ne font pas là les feuls
avantages, que procure l’emploi des caffons. Ceux-
ci font déjà un yerre tout fait, purgé de foin &
affiné j par confèquent, lorfqu’on en ajoute à la
compofition , 4e contenu de chaque creufet eft plutôt
fondu & affiné , d’ôîi l’on peut conclure que
lés caffons aident à la dépuration de la maffe vitreufe.
Lorfque les caffons font réduits en petites parties,
ils prennent le nom de groîjil, ou gréjïl. Il eft
affez effentiel qu’ils foient ainfi divifés ; ils fe
mêlent d’autant plus exa&ement auxautres matières.
On peut les faire concaffer C mais , outre que cette
manoeuvre devient pénible, longue & coûtenfe,
les poulfières qui s’élèvent du verre caufent une
perte réelle. On prend le parti, pour divifer les
caffons en plus petites parties, de les calciner ,
c’eft-à-dire, de les faire chauffer fur le pavé d’un
four, & de les plonger en cet état dans-l’eau
froide. Ce procédé fimple & expéditif qui donne
«uxcaffons le nom de calân eft blâmé par M. Dantic
( p. 213 , t. x ) ainfi que nous l'avons dit dans
l’article glaces coulées. J’obfervai que pendant une
affez longue expérience, je n’ai remarqué aucune,
différence fenfible dans l’emploi des caffons non
calcinés , Amplement conciliés, & des caffons cal-r
cinés. M. Dantic lui-même avoue , comme un
principe affez généralement reçu (p . 1 1 9 , t. 1)
que le criftal eft d’autant meilleur ., & d’autant plus
beau, qu’il a éprouvé plus long-temps l’aâion du
feu, ou qu’ il a été un plus grand nombre de fois:
éteint dans l’eau ; ou, fi comme cet auteur l’avancé
(p . 2 1 3 ) , un fimple feu de calcination & une
feule extinction dans l’eau privent le verre du prin*
cipe vitrifiant, combien plus deviendra-t-il intraitable
, long-temps expofé à l’aétion du feu, & après
plufieurs extinétions, & des fufions répétées ? alors;-
loin que le criftal en devînt meilleur, il devroit
perdre de fes qualités. Enfin, n l’on avoit à craindre
qu’un feu de calcination un peu foutenu ne
privât en effet les caffons du principe vitrifiant,
on fe déroberoit aifément à ce danger, en fe contentant
de faire chauffer , & à peiné rougir les caffons:
ils foffit qu’ils foient dans cet état, pour être
fendillés par l’attouchement de l’eau froide, & alors
réduits en petites parties par le moindre choc.
Quoique les caffons joints à la compofition accélèrent
la fufion de la maffe vitreufe, & aident
à la dépuration , ils produifent, lorfqu’on les refond.
feuls , un verre plus v e r t, plus aigre, plus
| caffant, que la compofition analogue. Si cependant
j ils font le produit d’une compofition très-tendre,
c’efl-à-dire, très-abondante en fondant, on obtient
en les refondant feuls, un verre à la vérité moins
tendre , mais ayant encore affez de qualité , pour
entrer avec avantage dans le commerce, fans doute
parce qu’alors ils contiennent affez de phlogif-
tique, pour n’en être pas totalement dénués après
une deuxième fufion. Il eft impoffible que le verre
obtenu d’une compofition dans laquelle on a mêlé
des caffons, ne participe plus ou moins aux pro-
. priétés du verre fait avec les feuls caffons refondus
, & c’eft cette confidération qui en doit régler
la dofe. Si l’on veut en employer beaucoup, jl
faut que la compofition à laquelle on les combine
fait très-tendre, pour que toute la maffe vitreufe,
fait d’une qualité convenable: fi, au contraire,
la compofition produit un verre d’une bonne con-
fiftance, & que l’on craigne de la rendre trop dure,
il faut ajouter moins de caffons. Dans des compofitions
dont le fond étoit deux cents livres d’alkali
minéral, trois cents liyres de fable, & trente
trois livres de chaux, il m’a toujours affez bien
réufli d’ajouter un poids de caffons égal à celui du
fable. M. Dantic ( p. 1 1 9 , 1 . 1 ) recommande que
les caffons n’excèdent pas le tiers du poids total
de la compofition.
Pour employer des caffons avantageufement, il
faut autant qu’il eft poffible, i°. qu’ils foient d’une