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. ici que d’un feul. Mais ce n’eft pas d’un chimifte
que j’ai cette réflexion à craindre ; ce n’eft donc
que pour l’inftru&ion des perfonnes-qui ne font
pas verféesdans la chimie, que je dois remarquer
que, comme il n’eft pas poflible dans de femblables
opérations, de féparer les produits comme par les
grandes machines, ils doivent néceflairement fe
mêler enfemble; que par conféquent on n’en obtient
qu’un réfidu compofé de -diffèrens fluides.
Comme je crois avoir donné une définition fatis-
faifante des parties qui eompofent le charbon de
terre & la tourbe, & avoir fuffifamment démontré
la poflibilité de les épurer & améliorer , ainfi* qu’en-
feigné la maniéré d’en faire l’effai en petit, je vais
palier à la defeription des procédés qu’il faut fuivre
dans la méthode en grand d’épurer ces deux com-
buflibles.
JI^P ro céd és à fu ivre dans la méthode en g ra n d ,
d ’épurer & £ améliorer le charbon de terre & la
tourbe.
Il faut fe rappeler ce qui a été dit plus haut,
lavoir, que fi l’on veut que l ’opération d’épurer
le charbon de terre & la tourbe ait un heureux
fuccès , on doit abfolument empêcher l’approche
dé l’air.
v Cette condition expreffe donne à connohreque
l ’épurement doit fe faire dans des vaiffeaux bien
fermés ; que par conféquent cet épurement ne
peut point s’opérer par un feu flambant, mais feulement
par un feu fixe •& ardent.
Les perfonnes qui ont vu des fours à goudron,
& particuliérement ceux que M.jle baron de Funk
a imaginés en Suède, pourront fe former aifément
une idée affez jufte, quoique pas tout-à-fait complète
, de la machine à épurer le charbon de terre
*& la tourbe. -
îj Dans les fours à goudron ; on fe propofe de
tirer du bois toute la matière fluide qui s’y trouve;
& c’eft le même but qu’on a en vue par l’épurement
du charbon de terre & de la tourbe , mais
comme ni le bois par lui-meme , ni fa vapeur
n’ont point cette élafticité qui eft propre au charbon
de terre & à la tourbe ; comme d’ailleùrs le
bois prend plus facilement feu dans les fours fermés
, que les deux autres combuftibles dont il eft
ici queftion ; & comme enfin les fluides que donnent
ces derniers, font plus volatils que ceux qu’on
peut efpérer du bois, il eft facile de s’apercevoir
que la machine ou le four dont on veut fe
fervir pour épurer par le feu la tourbe & le charbon
de terre, doit être conftruit un peu autrement,
& d’une manière à mieux réfifter à l’à&ion
du^ fe u , que celui qu on voudroit employer à
«titre le charbon de bois. *
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O r , comme on peut donner plus de force &
de folidité à un four d’un quarré long, qu’à un
four rond ordinaire, il faut auffi employer cette
première.forme pour nos fours à épurer le, charbon
de terre & la tourbe, & les conftruire deux
à deux , afin d’épargner les frais de bâtiffe & ceux
de chauffage.
On s’aperçoit fans doute aifément que, comme
il eft, effenticl que les charbons de terre & la
tourbe à épurer ne doivent pas être expofês au
contaâ de l’air, le four dont il eft queftion ici
repréfente en effet deux fours renverfés l’un fur
I alitre, dans l’interieur defquels le charbon de
terre ou la tourbe à épurer font mis en ignition ,
& cuits par le moyen d’un feu continuel entretenu
dans le four extérieur.
* Pour me rendre plus intelligible, je parlerai
d’abord des fondemens du four à épurer, enfuite
de 1 intérieur ou du four à épurer proprement
dit, & je finirai par le laboratoire.
t ^e fuppofe qu on veuille établir l’un à côté de
l’autre deux fours de la grandeur la plus convenable,
que par conféquent l’efpace intérieur de
chaque four ait ving-quatre pieds du Rhin de longueur,
fur fix pieds de largeur dans oeuvres.
Dans cette fuppofition les fondemens auront
vingt-huit pieds de longueur, fur vingt-trois pieds
de largeur, & deux pieds de faillie hors de terre,
la profondeur en fera calculée d’après la folidité
du térrain. C’eft fur ces fondemens qu’il faut
élever d’abord le four intérieur, dont les murs
latéraux, de fix pieds de hauteur & d’un jufte
aplomb, de la meilleure efpece de briques , doivent
avoir l’épaiffeur d’une demi-brique, ou de fix.
pouces.
La terre graffe qu’on veut employer pour ciment,
doit être bien travaillée & dépourvue de
tous corps etrangers , plus humide que fèche, &
jamais mêlée de la moindre chaux*
On laiffera repofer pendant quelques jours ces
quatre murs latéraux,afin qu’ils puiffent fe B e r ; ;
apres quoi oncles chargera de leurs voûtes en
berceau, qui n’àuront de même que fix pouces,
d epaiffeur ; de forte que l’intérieur de chaque
four fera de vingt-quatre pieds de long, fur fix
de large & fur neuf de haut*
En conftruifent ces murs & ces voûtes, il faut
prendre gafde que le maçon mouille chaque brique
qu il pofe, qu il emploie le ci-ment avec écono—
m ie , afin d’éviter les trop forts joints, & qu’il
lie bien enfemble les briques mêmes*
II faut maintenant donner à l’intérieur de chaque-
four un pave. de. bonnes briques, qui des côtés.
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aille en pente douce vers le centre; de manière
que le milieu de ce pavé foit d’/nviron trois pouces
plus bas que les côtés 0 afin de faciliter par-là
rècoulemerit des fluides.
Au milieu de ce pavé il eft néceffaire de placer
un conduit ou tuyau de tôle, ou plutôt de terre
verniffée, à caufe que la tôle fe rouille promptement
, & fe trouve bientôt corrodée par l’acide
du charbon de terre. Ce tuyau doit d’abord aller
en pente douce de la muraille de derrière vers celle
de devant, pour faciliter l’écoulement; de plus,
il faut le couvrir d’un couvercle percé à jour de
la même matière, afin que le fraifil du charbon
de terre ne .puiffe pas y tomber & boucher le
conduit, ce qui empêcheroit que les fluides ne
s’écoulaffent.
Lorfque les fours intérieurs font faits , on peu t
commencer à conftruire les murs extérieurs , foit
en briques ou en moellons propres à réfifter à l’action
du feu, fuivant que le permet la fituation du
lieu. Entre les murs des fours intérieur & extérieur,
il refte un efpace de dix-huit pouces, auquel
on donne le nom d’âtre ou de galerie à feu &
par le moyen duquel on chauffe le four intérieur.
Les murs extérieurs doivent avoir deux pieds
d’épaiffeur, fix pieds de hauteur aplomb, & fe
trouver garnis , de fix pieds en fix pieds, de folides
contreforts ©u éperons obliques. Mais comme il
fe trouve deux fours l’un à côté; de l’autre, il ne
faut que trois de ces murs, vu que -celui du milieu
porte deux voûtes. Aufli-tôt que ces murs ont p^ris
leur taffement, on les garnit de même d’une voûte
également de deux pieds d’épaiffeur, mais qui ne
doit pas être parfaitement en berceau, mais un
peu furbaiffée , afin que l’efpace entre la voûte
intérieure & la voûte extérieure, foit aufti étroit
qu’il eft poflible-, &. par conféquent plus propre
à retenir la chaleur.:
Cependant, avant de paffer à laconftruélion de
la voûte extérieure , il faut fonger à foutenir
les très-foibles murs intérieurs des galeries à feu
fufmentionnées, & à former en conféquence, entre
le four extérieur & le four intérieur, de fix pieds
en fix pieds, de petites voûtes qui fervent de contreforts
aux voûtés extérieures*
On doit établir de même dans chaque galerie
deux cheminées, l’une à l’extrémité de devant, &
Fautre à l’extrémité de derrière ,qu’il faut faire fortir.
par le haut de la voûte intérieure; & cela, de
manière que-la fumée de la cheminée de devant
aille fortir par derrière ,. & que celle de l’autre
cheminée vienne s’échapper par devant*
Il nous manque encore maintenant le mur de
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devant & celui de derrière, qui auront chacun
deux pieds d’épaiffeur, & qui doivent être fondement
liés avec les autres murs; de plus, on
y fera paffer une forte barre de fer, pour que
le four puiffe réfifter à la force expanfive de la
chaleur.
Le mur de devant fera, comme celui de derrière,
garni de qûatre ouvertures ceintrées d’un pied &
demie de hauteur, & garnies chacune d’une bonne
grille de fer fondu ; lefquelles ouvertures font
deftinées à paffer le combuftible néceffaire pour
nourrir'le feu. Outre cela, le mur de devant a
befoin encore, vis-à-vis des fours intérieurs, de
deux autres ouvertures de cinq pieds de hauteur,
! & de trois pieds de largeur, par lefquelles on
; porte le charbon de terre ou la tourbe à épurer
dans les fours.
Enfin, il faut que les fours fe trouvent couverts
d’uri toit, qu’on peut, à la vérité, faire de différentes
manières ; mais celle qui m’a paru la meilleure,
eft de le faire porter fur les contreforts des
fours , ou d’y faire porter les poitrails ou tirants ,
& de ne lui donner que l’a hauteur néceffaire pour
que les chevrons fe trouvent éloignés de fix pouces
de la voûte fupérieute ou extérieure. On ne doutera
pas non plus qu’il ne faille couvrir le toit de
tuiles pour garantir des accidens du feu.
Devant la façade antérieure dès fours, mais
cependant à une diftance de vingt pieds, & à trois
ou quatre pieds plus, bas , on conftruira le laboratoire.
Ce bâtiment doit avoir la largeur des fours ,
fur trente pieds de longueur ; mais il ne fera que
d’un feul étage,. conftruit en briques où en moël*
Ions, & couvert de tuiles.-
C’eft vers ce laboratoire qu’on doit conduire
tout ce qui peut être rendu fluide dans, la machine
) à épurer. Pour parvenir à cela, il faut adapter aux
orifices des fours intérieurs, & de leurs conduits
des tuyaux de trois pieds de long fur trois pouces
de d iamètrede la plus forte tôle..
Dans ces tuyaux de tôle on en a jufte d’autres
de bois bien leflivé , qui traverfent, en pente
douce,.par le mur antérieur du laboratoire , 8c
dont l’autre extrémité eft garnie d’anneaux ou
de cercles, de fer*
Le laboratoire doit avoir deux ou trois fenêtres ,
une porte, &. à la façade de derrière une cheminée
,. dont je ferai connoitre l’ufage dans la
feftion fuivante. Il faut aufli que l’aire en foit
pavé & non planché-
Lorfque les fours feront paffablement féchés ,
on commencera par y faire tous les jours fur les
âtres ou grilles un petit feu avec des copeaux.