
moyen du tartre , & j’en ai fait, en unifiant l’a cide
du tartre au cuivre, qui étoit entièrement fem-
biable au leur.
On peut faire ce verd en unifiant immédiatement
le tartre au cuivre , ou mêlant une diffolu-
rion de vitriol bleu avec une diffolution de chaux
ou de craie dans le tartre, qu’on obtient en cui-
fant de-la chaux avec du tartre & de l’eau.
Ces mêmes fières Gravenhoft, continue ce même
chymifte, débitent depuis très-long-temps un
verd qui a beaucoup d’avantages fur le verdet ordinaire
, pour la peinture à l’huile. Le foleil &
l’air détruifent , comme l’on fait , la. couleur du
verdet; le verd de Brunfwic par contre devient
toujours plus beau à l’air.
L’analyfe m’ayant fait connoître que ce verd
avoit été fait en précipitant une diffolution de
cuivre dans l’acide de fe l, au moyen d’une terre
calcaire, je m’y fuis pris de la manière fuivante
pour l’imiter. J’ai fait fondre parties égales de fel
commun & de vitriol de cuivre dans de .l’eau bouillante,
& j’ai précipité cette diffolution avec de
la chaux la v ée, faifant attention d’y mettre un
peu moins de chaux qu’il ne falloit pour faturer
la Liqueur , & j’ai par-là obtenu ce verd fi efti-
ffié & fi employé’ dans toute 1?Allemagne. Je puis
affurer que tout artifie y réuflira comme moi, en
fuivànt de point eh point ce procédé.
J’ai dit expreffément qu’il falloit diffoudre le
vitriol & le fel. dans l’eau bouillante; car fi on
faifoit cette diffolution en cuifant le vitriol & le
fel avec de l’eau, le précipité qui en réfuïteroit
avec la chaux , feroit jaune. En variant un peu ce
procédé, l’on variera à l’infini les nuances du
verd.
On fait que le verdet eft d’un grand ufage dans
la peinture.
Le verd diftillé v aut, dans le commerce, de
dix à douze francs la livre ; il faut le choifir en
cryftaux bien conformés, ni trop fec ni trop humide,
n’ayant fur-tout point de poufEère d’un
verd pâle fur fa furface. Voye£ V art de préparer
les couleurs, page 6 , tome II de ce di&ionnaire.
V E R
T itt verjus eft un gros rai fin qu’on nomme autre-
ment bourdelas, qui ne mûrit jamais parfaitement,
ou plutôt qui, dans fa plus grande maturité, con-
ferve toujours un acide qui empêche qu’on en
puiffe faire du vin.
Ceux qui le cultivent en France, le foutien-
nent ordinairement for des treilles, à caufe de la
pefanteur des grappes que le farment ne pourroit
porter fans cet appui.
Quand ce raifin efi: mur, on en fait d’excellentes
confitures & des gelées d’un goût exquis ;
mais fon plus grand ufage eft d’en tirer cette liqueur
que l’on appelle verjus. On s’en fert beaucoup
pour les affaifonnemens des viandes & des
ragoûts ; il entre aufli dans la préparation de
quelques médicamens. Les fabriquans ciriers s’en
fervent quelquefois pour purifier la cire.
Les anciens avoient coutume d’expofer les rai-
fins non mûrs au foleil pendant quelques jours,
et d’en exprimer enfuite le jus dans de grandes
cuves, où l’on le laiffoit à découvert jufqu’à ce
qu’il fût épaifti en confiftance de robe.
Dîofcoride en faifoit un grand ufage , & le
recommande avec du miel, pour le relâchement
des amygdales, de la luette & des gencives.'
Les anciens compofoient aufli avec ce même
verjus , une liqueur d’ufage dans les maladies
pefiilentielles.
J U S.
Manière de conferver le verjus.
Le verjus eft beaucoup plus fain que le vinaigre,’
& plus agréable au goût : on vient de^ voir qu’il
fe tire du bourdelas ou d’un raifin qui n eft pas
parvenu à fa maturité. Dans les pays où croif-
fent les oranges , que l’on nomme communément
bigarades , on tire de ces fruits une liqueur fem-
blable au verjus, que l’on y conferve de la même
manière.
Pour avoir du verjus pendant toute l’année ,
on le cueille lorfque le raifin eft fur le point de
mûrir, & on le pile dans un mortier de marbre
avec quelques précautions , afin de ne point écra-
fer les grains ou pépins; ce qui donneroit un goût
défagréable à la liqueur : on le contente, pour cet
effet, de rouler le pilon fur les graines & de pref-
fer légèrement la pulpe des raifins. Il faut avoir
foin de jeter un peu de fel à mefure que l’on opère.
On expofe enfuite le verjus pendant deux ou trois
jours au foleil, après lefquels on le filtre pour le
conferver dans des vafes bien vernifles, que l’on
couvre avec le plus grand foin.
Quelques perfonnes n’y mettent point de fel
quoiqu’il contribue à la.confervation du verjus,
fur-tout quand il eft fait avec du raifin fujet à fe
gâter: d’autres perfonnes répandent deflùs un peu
d’huile, afin que n’ayant aucun contaft avec l’air
extérieur, il fe conferve plus furement. Le fuc tiré
des oranges aigres, fe prépare & fe conferve de
la même manière. '