
fes parties , que comme ùne véritable vitrification ;
fes parties fufpendues & interpofées entre les parties
du v erre, dans la compofition duquel on
l’a fait entrer, lui fait perdre toute tranfparence ,
& le rend opaque. Du refte, lorfqu'elle eft bien
calcinée, elle, eft blanche, & ne colore le verre
d’aucune autre couleur : les artiftes verriers ne
l’employent que pour faire du verre laiteux, &
pour imiter les pierres précieufes non tranf-
parentes.
Merret, dans fa note fur le chapitre LXI de
Nery, cite une expétience de Porta qu’il ne paroît
pas inutile de rapporter ici. » Jetez dans un
« creufet de terre? qui foit en état de réfifter au
feu, une livre d’étain ; laiffez-la fondre ; mettez-
« la enfuite pouf, trois ou quatre jours au four-
« neau de verrerie avec des tenailles de fer ; au
«« bout de ce temps , vous retirerez le creufet : après
« qu’il fera réfroidi, vous le romprez 6c trouverez
« vers la furface un verre auffi jaune que le fa-
« fran, mais troublé; en 1 aidant ce verre long-temps
« au feu, le jaune deviendra plus beau &c. «
M. Macquer ( dictionnaire de chimie) cite aufli
une expérience du même genre. « J’ai expofé de
« l’étain très-pur, tout feul, à un feu prompt &
« apjîi fort que celui de verrerie : ce feu a été
« foutenu au même degré , pendant deux heures,
« l’étain qui étoit fous une mouffle dans un têt
« découvert, s’eft trouvé après cela, tout cou-
« vert d’une efpèce de chaux de la plus grande
« blancheur, qui paroiffoit avoir formé une forte
« de végétation : il y avoit fous cette matière une
« chaux rougeâtre, un verre tranfparefit de cou-
«« leur d’hiacynthe , & un culot d’étain non altéré
«« dans le fond : cette expérience réitérée plufieurs
« fois a toujours eu le même fuccès.
Puifque, dans ces deux expériences* il a été
produit des verres colorés , il paroît, qu’on doit
en inférer la poftibiii'é d’obtenir de la chaux d’étain
, de nouveaux moyens de colorer le verre ;
car il n’eft guères poflible de douter que ces verres j
d’étain, puivérifés , ne fiffent participer à leurs
nuances, les maifes vitreufes auxquelles on les
combineroit.
Plomb.
Nous avons déjà difeuté l’ufage des chaux de
plomb, employées dans la verrerie comme fondant.
Si on les confédéré comme fubftances colorantes,
elles teignent le verre en un jaune plus ou moins
intenfe. Il faut compter fur cet effet pour les modifier,
lorfque Ton fait entrer la chaux de plomb
dans les compofitions du criftal.
Demi-métaux.
Parmi les demi-métaux, on n’emploie guères,
pour colorer le verre , que l’antimoine, le cobalt
& la manganèfe.
La chaux d’antimoine, qui a été trop vivement
calcinée, n’eft plus propre à être introduite dans
la vitrification. N’étant pas fufceptible de fe vitrifier,
on ne peut l’employer à colorer le verre;
mais lorfqu’après une fimple torréfaction , elle a
été pouffèe dans un creufet, à un feu affez violent
pour la faire fondre , on obtient une malle transparente,
couleur d’hiacinte, q u i, à raifon de cette
apparence vitreufe, eft appelée verre d* antimoine.
La chaux d’antimoine, dans cet état, teint le verre ;
& c’eft en effet ainfi que M. Fontanieu l’emploie:
il paroît, par fes expériences , qu’ elle colore le
verre en jaune.
La chaux du cobalt, minéral pefant, gris &
compa&e, colore le verre en bleu ; mais ce minéral
contient communément d’autres fubftances : les
unes font fufceptibles de fe détruire & de fe fubli-
mer par la fimple calcination , telles que le foufre
& l’arfenic ; les autres font communément des
chaux métalliques ^ telles que celles du fer & du
bifmuth. Dans les travaux en grand, on lui fait
fubir une torréfaction , dans la vue fans doute de
le dégager des fubftances qui cèdent à l’aâion du
feu. Lorfqu’il eft ainfi calciné, il prend.le nom de
ftffre. Ainfi , à proprement parler, le faffre eft vraiment
la chaux de cobalt , fa partie colorante ; ce
qui fembleroit contredire ce que nous avons dit
ailleurs, que le faffre colore moins que le cobalt;,
mais le faffre du commerce eft la chaux de cobalt,
mêlée avec environ le double de fon poids de
fable , & on la trouve en une pouflière grife, un
peu rougeâtre. Le faffre, ajouté, à très-forte dofe,
à une compofition de criftal ou de verre blanc,
produit un verre fortement coloré , qu’on appelle
ÿmalt h , qui, pulvérifé, broyé & lavé, eft connu
fous le nom d'azur. Ces diverfes fubftances, qui
ne font que diverfes modifications de la même
chaux métallique , font employées par les artiftes,
pour teindre le verre en bleu, en ayant égard,
pour les dofes , à l’intenfité de la couleur que chacune
d’elles peut fournir.
Lorfqu’on emploie le cobalt, on le calcine fans
frais , en le laiffant expofé , dans un creufet, à la
flamme du fourneau de fufion, jufqu’à ce qu’il
ne s’en elève plus de fumée ; alors on le pulvérifé,
& on obtient une chaux de cobalt ou un faffre plus
puiffant que le faffre du commerce. '
Néry indique ( chap. XII, art de la verrerie)
une manière de préparer le faffre pour l’ufage de
la verrerie. Elle confifte à.expofer les morceaux
de faffre ( c’eft'à-dire de cobalt déjà calciné ou
torréfié) dans des pots de terre, à l’aétion d’un
feu affez modéré, pendant une demi-journée; à
les faire enfuite rougir ; dans cet état , à lès arrofer
avec
*vec de fort vinaigre, à les pulvérifer après -les i
«voir laiffé refroidir & fécher , & à terminer l’opération
par la lorion répétée de la poudre de faffre
dans plufieurs eaux. Kunckel, dans fa note fur ce
chapitre , regarde comme inutile l’extinCtion par
je vinaigre; il fe contente de la pulvérifation après
k calcination,, ' & c’eft auffi! la pratique la plus-
commune des verriers.
Le procédé employé par M. Fontanieu , me
paroît bien plus propre à faire obtenir une chaux de
cobalt pure , & dégagée de toutes les fubftances
hétérogènes quipourroient altérer la couleur qu’elle
doit fournir. « Après, avoir calciné'la mine çli
« cobalt pour en dégager l’arfenic-,. on la difiille.
k dans une cornue avec du fel ammoniac : le fer
h & le bifmuth fe fubliment avec ce fel. On réj.è:e !
«< cette opération jufqu’à ce que ce fel ne fe colore
« plus. Alors le cobalt, étant calciné dans un têt,
« eft réduit à l’état de.chaux pure. Un 900e. intro-
« duit dans uft fondant ( dans une maffe vitreule ) ,
* lui donne une jbelle douleur bleue. «
Manganèfe*
En traitant du verre blanc, nous avons expofé
l'effet ordinaire de ht manganèfe , de. teindre le,
verre eh pourpre plus ou moins violacé.; nuance
qui mafque la couleur verte du verre, & le rend
blanc lorfque la dofe de manganèfe eft, légère ,
mais qui eft parfaitement prononcée lorfque, la,
dofe de manganèfe eft forte. Nous avons obferyé
Ên même temps, que la couleur fournie par la
manganèfe, varie quelquefois , fuivant les fubf-
tancés qui fopt accidentellement combinées, ay.ec
Ce minéral.
Les verriers fe contentent communément de pul-
vérifer & de ta rai fer là manganèfe en effet, ce
procédé fimple eft fiiffifant pour les fabrications
Ordinaires; mais dans celle dont nous nous occupons
ici, il eft effentiel de fe procurer une fubfe
tance dont l’effet foit confUmmeat. le même, &
conféquemme"nt il eft important, de faire fubir à
la manganèfe , des préparations qui la dégagent
Ses fubftances étrangères qui modineroient la couleur
propre. 1
Néry confeillède l’éteindre dans dé fort vinaigre,
de la même manière que nous: l’avons expofé
pour la prépat ation du faffre. M. Fontanieu adopte
auffi ce moyen, &. il fe fert, pour l’extinétion, de
vmaigre diftillé ; mais il nous indique un autre
procédé fans doute bien plus efficace.
<£ Prenez une livre de manganèfe de Piémont,
11 ,9u(e vous torréfierez, pùivériierez , & enfuite
mélangerez avec autant Üefàlpêtre. On.calcine
<c ce mélange pendant vingt-quatre heures1; on le
£ *ave dans l’eau tiède, jufqu’à ce que l’eau dès
■ Arts & Métiers. Tonte VUU
« îeflives n’ait plus de faveur. On fait fécher la-
» manganèfe, & on la mêle avec un poids égal.
« de fel ammoniac. On porphirife ce mélange , en
« y ajoutant de refprit-de^vitrtol, affoibti au point
« de n’avoir pas plus de faveur que le vinaigre.
« Ce mélange féché , on l’introduit dans une cor-
« nue, & on pro.aède;à la diftillation par un feu
« gradué; Quand le fel ammoniac eft fublimé , oa
« pèfe le reliant pour ajouter le même poids de
« fel ammoniac & l’on.procède ainfi à la diftil-
« lation & -à la fublimation, qu’on répète fix fois,
u ayant toujours le foin de mêler le fel ammoniac
« & la manganèfe fur le porphire , & d’y ajoute»
« de l’efprit-de vitriol. «
' Cette préparation eft affez longue, & feroit affez
difpendieufe pour ne pouvoir guères être-employée
dans dés-travaux communs de verrerie; mais il
eft aifé de fentir qae la torréfaction,, la calcination
avec le nitre,, l’aétion des acides & les fublimations
répétées faut autant de moyens de réduire plus
parfaitement la manganèfe à l’état, de chaux , &
de la ;purger des fubftances hétérogènes qui lui
feraient combinées.
Connoiffàtît l’effet des diverfes. chasx métalliques
fur la couleur du verre, il eft aifé d’obtenir
diverfes nuances, en les modifiant les unes par les
autres ,. & en employant differentes combinaifons.
L’artifte verrier pourroit êtie comparé , en cette
occafion, à un peintre q u i, par lé mélange des
couléurs que lui préfente fa palette, produit.Ie ton
q.ti’il défire: 11 convient cependant, pour apporter
à Ce travail toute' là fureté dont fil eft fufceptible,
que les chaux métalliques ibient préparées par
celui même qui doit les empl°ÿer : fl eft enfuite de
fa prudence d’êffaÿer chacune de ces fubftances
colorantes en particulier, pour s’affurer de l’effet
qu’il peut eh, attendre. On fentira la neceflite de
- cette précaution, fi l’on confidère, comme nous
l’avons déjà èxpofé, que les chaux, métalliques
produifent différens tons di couleurs, fuivant la
préparation qü’oh leur a fait fubir, & fouvent
même fuivant la manière plus ou moins exaâe doat
! on exécute cette mçme préparation.
• Lorfqu’ il n’eft queftion que de colorer du verre
ordinaire, il fuffit 'le plus,: fouvent de mêler la
matière colorante à la fritté,-ou à la compofition ,
mais fi l’on s’applique à isîiter. les pierres pre-?
cieufes par des criftaux colorés-, il,convient alors
de combiner les-fubftances coloràntes-avec un crife
tal^hlanc qui a été déjà fondu , & tiré ï l’éau & qu’oa
fait refondre. On prévient par là les mauvais effets
du fel de verre fur les couleurs , & tout au moins
l’incertitude qui pourroit réfulter de la préfenc«
de - ce même- fui h.. Néry 'recommande cette attention,
comme néceffaire, Çc- c’eft ainfi qu’ èn a ufé
M. Fontanieu.
L’art de la verrerie ... -• de [-N- ér-y p•r éjfenttte un grand