
on fc contente de choifir l’eau la plus nette &
la plus favonnCufe, à laquelle on ajoute une certaine
quantité de fel marin proportionnée*à la
Qualité des matières.
3°. Uécotagc eft l’opération d’enlever la côte
principale depuis le fominet de la feuille juf-
qu’au talon, fans offenfer la feuille ; c’eft une
opération fort aifée, & qui n’exige que de l’agilité
& de la fouplefle dans les mains de l’ouvrier
: on fe fert par cette raifon, par préférence ,
de femmes, & encore plus volontiers d’enfans ,
qui, dès l’âge de fix ans, peuvent y être employés :
Us enlèvent la côte plus nette la pincent
mieux & plus vite. La beauté du tabac dépend
beaucoup de cette opération ; la moindre côte
qui fe trouve dans les tabacs fabriqués , les dépare
, & indifpofe les confommateure ; ainfi on
doit avoir la_ plus, fingulière attention à n’en,
point fouffrir dans la maffe des déchets, & on
ne fauroit pour cet effet les examiner trop fou-
v ent, avant de les livrer aux fileurs.
On doit obferver, que quoique la propreté
foit effentielle dans tout le cours de la fabrication
, & contribue^pour beaucoup à la bonne
qualité du tabac, elle eft encore plus indifpen-
fable dans cet atelier que dans tout autre ; on
conçoit affez combien l’efpèce d’ouvriers que l’on
y emploie eft fufpeéte à cet égard, & a .befoin
d'être furveillée.
On choifit dans le nombre des feuilles qui
partent journellement en fa b r iq u e le s feuilles
les plus larges & les plus fortes, que l’on rê-
ferve avec loin pour couvrir les tabacs : l’écotage
de celles-ci forme une efpèce. d’atelier à part ,
qui fuit ordinairement ’ celut des fileurs. Cette'
opération demande plus d’attention que l’éco-
tage ordinaire, parce que les feuilles doivent
être exaélement fur toute leur longueur , & que
fi elles venoient à être déchirées , elles né fe-
roient plus propres à cet ufage : on diftingue
ces feuilles en fabrique , par le mot de robes.
Toutes les feuilles propres à faire des robes,
font remifes , lorfqu’elles font écotées , aux
plieurs.
L’opération, du plieur confifte à faire un p li,
ou rebord , du côté de la dentelure de la feuil-’
le , afin qu’elle ait plus de réfiftance, & ne
déchire pas fous la main du fileur.
Déchets.
Le mot de déchet eft un terme adopté dans les m>
nufafkires , quoique très-contraire^ fa lignification -
propre : on appelle ainfi. la malle des fisuilies
triées , écotées , qui doivent fervir à conipo-»
fer les tabacs de toutes les qualités.
Ces déchets font tranfportés de nouveau dans
la falle de la mouillade ; c’eft alors qué l!on
travaille aux mélanges, opération difficile qui
ne peut être conduite que par des chefs très-
experimentés & très-connoiffeurs.
Il ne leur fuffit pas de connortre le cru des
feuilles & leurs qualités diftfnétives; il y a très-fréquemment
des différences marquées, pour le goût,
poufr la fève , pour .la couleur , dans les feuilles
de même^cru & de même récolte.
Ce font ces différences qu’ils doivent étudié^
j pour les corriger par des mélanges bien entendus
; c’eft le feul moyen d’entretenir l’égalité
dans la fabrication , d’ou dépendent principalement
la réputation 8c l’accroiffement des manufactures.
Lorfque les mélanges font faits , on les mouille
par couches très-légèrement, ayec la même fauce
dont on a parlé dans l’article de la mouillade ,
& avec les mêmes précautions , c’eft-à-dire, uniquement
pour leur donner de la foupteffe, &
non de l’humidité.
On les laide ainfi fermenter quelque temps,
jufqu’à ce qu’elles foient parfaitement reffuyées ;
bientôt la maffe prend le même ton de couleur,
de goût, & de fraîcheur : alors on peut la livrer
aux fileurs.
Atelier des fileurs-.
Il y .a deux manières de filer le tabac , qui
font également bonnes , & qiie l’on emploie
indifféremment dans les manufactures : l’une
s’appelle filer à la françoife ., & l’autre à là hollandoife
; cette dernière efl la plus généralement
en ufajge. La manufacturé de Paris, fur laquelle
la planche qui répond à cet atelier a été def- ifinêe, eft montée- à la hollandoife.
Il h’y a aucune préférence à donner h l’une
ou l’autre de ces- manières, pour la beauté
s ni pour la qualité du tabac ; il ri’y a de différence
que dans la manoeuvre, & elle eft ab-
folumért imperceptible aux yeux. La facilité du
. la difficulté dé trouver des ouvriers dé l’une ou
l’autre efpèce, décident le choix.
L’opération de filer le- tabac à la hollandoife,
confifte à réunir les 'foup.es enfêmble, par le
moyen d’un rouet, & de les-couvrir d'une fécondé
robe, qui les enveloppe exactement.
La foupc eft une portion de tabac filé a la
. main , de l'a longueur d’environ trois pieds^ &
couverte d*u,nê/ '• rob.e jufqu’à trois eu quatre
pouces de chaque extrémité : _ce font les chevelures
velures des bouts que le fileur doit réunir 8c
enter l’un fur l’autre.
L’habileté du fileur eft de réunir ces foupes
de man^re que l’endroit de la foudure foit ab-
folument imperceptible : ce qui conftitue la beauté
du filage eft que le boudin foit toujours d’une
gri ffeur bien égale, qu’il foit bien ferme , que
la couverture en foit lifte & bien tendue , 6c
par-tout d’une couleur brune & uniforme.
Le rtfte de la manoeuvre eft détaillé dans
la planche , de la manière la plus exaCte.
Les fileurs font les ouvriers les plus effentiels
d’une manufacture, & les plus difficiles à former
; il faut pour cette opération des hommes
forts & nerveux, pour réfifter à i’atiitude contrainte
, &i à l’action où ils font toujours ; les
meilleurs font ceux qui ont été élevés,dans la
manufacture, & y ont fuivi par degré toutes les
opérations ; ce qui les accoutume à une jufteffe
dans la filature, qu’une habitude de jeuneffe peut
feule donner.
Râleurs,
Lorfque les rouets des fileurs font pleins ,
on les tranfporte dans l’atelier des râleurs , pour
y être mis en rôles , darts la forme repréfentée
dans la figure. PI. II.
Les rôles font de différentes groffeurs, ftii-
vant leur deftination & leurs qualités : on ob-
lerve généralement de tenir les cordons des rôles
très-ferrés,, afin que l’air ne puiffe les pénétrer,
ce qui les deflecheroit confidérablenient ;
c ’elt le uernier apprêt de ce qu’on appelle la
fabrique des rôles : chaque rôle elt enveloppé en-
fuite dans du papier gris, 6c emmagafiné, jufqu’à
ce qu’il ait acquis par la garde , le point de
maturité néceffaire pour palier à la fabrique du
ficeiage.
Fabrique du ficelage,
La fabrique du ficelage eft regardée dans les
manufactures , comme une fécondé fabrique ,
parce que les tabacs y reçoivent une nouvelle
préparation, & qu’ils ont une autre forte de
deftination : le» tabacs qui relient en rôles font
cenfés être deftinés uniquement pour la pipe , 6c ceux qui partent par la fabrique du ficelage,
ne font deftiné» que pour la râpe.
Lorfque les rôles ont eflùyé un dépôt affez
confidérable , & qu’ils fe trouvent au point de
maturité défirable pour être mis en bouts , on
les livre à la fabrique du ficelage.
Arts & Métiers, Tome VIII,
Coupeurs de longueurs,
La première opération de cette fabrique eft
de couper lès cordons du rôle en longueurs proportionnée
» à celles que l’on veut donner aux
bouts, y compris l’extenfion que la preffion leur
procure ; on fe fert à cet effet d’une matrice
ferrée par les deux. bouts , 6c d’un tranchoir.
Cette manoeuvre eft fi fimple qu’elle ne mérite
aucune explication ; la feule attention que l’on
doive prendre dans cet atelier, eft d’accoutumer
les ouvriers à ne point excéder les mefures, à
tenir le couteau bien perpendiculairement , & à
ne point déchirer les robes.
Atelier des greffes.
De l ’atelier des coupeurs, les longueurs partent
dans l’atelier des preffes, où elles font employées
par différens comptes , fuivant la groffeur que
l’on veut donner aux carottes : on fait des
bouts compofés depuis deux jufqu’à huit longueurs.
On conçoit que pour amalgamer un certain
nombre de bouts, filés très-ronds 8c très-fermes,
& n’en former qu’un tout très-uni, il faut
une preffion fort confidérable ; ainfi il eft néceffaire
que les preffes foient d’une conflru&ion
très-forte.
Pour que le tabac prenne de belles formes ,
il faut que les moules foient bien ronds & bien
polis , qu’ils foient entretenus avec la plus grande
propreté, & que les arrêtes fur-tout en foient
bien confervées , afin d’éviter qu’ il ne fe forme
des bourlets le long des carottes, ce qui les dépare.
Ces moules font rangés fur des tables de différens
comptes , & les tables rangées fous la
preffe, à cinq , fix , & fept rangs de hauteur,
fuivant l’intervalle des fommiers.
Ces tables doivent être pofées bien d’aplomb
en tout fens fous la prefte , afin que la preffion foit
bien égale par-tout ; le tabac & la preffe fouffri-
roient de la moindre inégalité.
On doit obferver dans un grand atelier , de
ne donner à chaque preffe qu’ un certain nombre
de tour» à la fois, & de les mener ainfi par
degré, jufqu’au dernier point de preffion ; c’eft
le moyen de ménager la preffe , & de former
des carottes plus belles, plus folides, 6c d’une
garde plus fûre.
Çet atelier, tant à caufe de l’entretien des
machines, que pour la garniture des preffes, eft