
argilleufe qui paffe à l’état de filex. Par-tout il
fe trouve dans le voifinage de la pierre calcaire,
des charbons de pierre, des fources Talées, du
gyps & d’autres fofiiles propres aux montagnes
à couche.
On diftille dans ces contrées les mines de
mercure dans des cornues de fer placées à
double rang dans un fourneau de galère, auxquelles
on adapte des récipiens de verre.
Les cornues peuvent contenir environ un
quintal de minéral pauvre, fi on les remplit
entièrement; mais dans l’opération on ne les
remplit qu’aux deux tiers. Elles coûtent 27 florins ,
ou environ deux louis & demi pièce.
Chaque fourneau eft garni, à Mofchel-Landf-
berg', de 48 cornues qu’on charge de 27 à 30
quintaux de minéral, auquel on ajoute depuis un
demi jufqu’à 7 quintaux de pierre à chaux fuivant
qu’il efi plus ou moins chargé de foufre.
La diflillation dure huit heures pour les mines
ordinaires, 8:^douze pour les riches. On obferve
trois degrés de feu, qui vont fuccefiivement en
augmentant.
Autrefois on ne diftilloit que du minéral riche,
& on obtenoit fept quintaux de mercure par cuite.
Dans ce temps le lavage étoit en ufage.; mais dès*
lors on l’a abandonné à caufe de la perte confi-
dérable en mercury qu’il occafionoit. Comme on
ne lave pas les mines, le produit des cuites ne
peut pas être aulfi confidèrable. Le minerai ordinaire
ne donne que depuis dix à cent livres de
mercure par cuite ; & les déblais des travaux qu’on
ne dédaigne pas d’employer, n’en donnent que
trois à quatre.
A Kirchheim-Polanden le fourneau eft plus étroit
qu’à Mofchel-Landsberg, par où la chaleur efi plus
confidèrable, 8c la confommation en combufiible
bien plus petite. De petites cheminées placées alternativement
aux côtés du fourneau, fervent à
régler le feu.
Lorfque les cornues ont fervi pendant quelque
temps, on les tourne, 8c de cette manière elles
durent jufqu’à neuf cents cuites , pendant qu’elles
ne pouvoient fervir ci - devant que pour quatre
cents difiillations.
M. l’infpe&eur Jacobi voudroit qu’on fit les cornues
fphériques, qu’on leur donnât trois becs &
trois récipiens. Par ce moyen les vapeurs mercurielles
fe condenferoient avec plus de facilité, 8t
porteroient moins leur aéfion fur les luts. Les becs
ou ouvertures de ces cornues ferviroient à introduire
8c Tenir le minéral.
Le combufiible dont on fe fert , eft pour le
général de la houille.
A Moersfeld on empaquè.e le mercure dans de
doubles peaux de mourons , par paquets de cent
cinquante-huit livres , dont deux font un tonneau.
En 1780 le mercure' fe vendoit à 84 crutzers ou
3 liv. 3 fous de France la livre ; mais depuis qu’on
commence à employer le mercure à l’amalgamation
des mines, le prix a confidérablement augmenté.
Quoique les procédés qu’on emploie pour la
diflillation du mercure foient fimples ; il feroit
poffible de les rendre plus avantageux. On a
négligé entièrement la réfrigération , qui fans
conrredit procureroit de grands avantages. En place
de récipiens , je préférerois que les cornues euffent
des alonges qui entraient dans des baquets remplis
d’eau ; 8c pour que l’eau ne rifquât pas de monter
en haut ces alonges , je voudrois qu’elles euffent
une ouverture prefqu’imperceptible, à quelques
pouces au-defïùs du niveau de l’eau.
Travaux des mines d'or.»
On peut féparer l’or de fes mines par fonte \
de la même manière qu’on fépare l’argent de fes
mines ; mais le procédé le .plus ufité c’efl celui
de l’amalgamation qui fe fonde fur la propriété
qu’a le mercure de diffoudre l’or fous forme métallique.
Comme ce métal ne fe trouve que rarement
ou peut-être jamais minéralifé, pendant que les
autres métaux fe rencontrent rarement fous forme
métallique, 8c que ce n’eft que fous ce dernier
état que le mercure peut les diffoudre, on fent
combien le mercure eft propre à extraire l’or de
fes mines.
L’étroite affinité du mercure avec l’or 8c l’argent
, a été connue dans des temps très-reculés.
Vitruve nous apprend comment on l’employoit
pour retirer l’or des vieux habits brodés : on Drû-
loit ces vêtemens , 8c après en avoir leffivé les
cendres, on trituroit le fédiment avec du mercure,
8c l’on faifoit paffer l’amalgame qui en pro-
venoit, à travers une peau.
De tous les temps les arpailleurs fe font fends
du mercure pour ramaffer 8c concentrer les paillettes
d’or difféminées dans le fable des rivières.
Après avoir trié 8c lavé ce fable aurifère, on le
mêle & le triture avec du mercure , que l’on
exprime enfuite à travers une peau , pour le
féparer de l’or dont il s’eft chargé. Il refte une
malle pâteufe qui renferme l’or uni à une portion
de mercure dont on le débarraffe en l’expofant
au feu.
Cet emploi du mercure pour recueilm* l’or des
fables fluviatifs , eft également pratiqué de nos
jours, 8c par les Bohémiens qui habitent en Tran-
filvanie les rives de l'Aranyos , 8c par les Ruffes
fur le fleuve Oka ; en Amérique dans les lavages
du Chili, comme en Allemagne fur les bords du
Rhin.
Enfin les métallurgiftes ne manquèrent pas d’appliquer
une méthode aufli fimple aux mines d'or
tirées des entrailles de la terre. Ils broyèrent ces
mines en farine, qu’ils triturèrent enfuite avec du
mercure, dans des moulins appropriés à cet ufage,
dont Agricola nous décrit la conflruâion avec Ton
exaâitude ordinaire.
Mais quand enfuite l’art de la métallurgie eut
été porté , principalement en Allemagne , à un
plus haut degré de perfection, on s’aperçut que
ce procédé ne fourniffo.it qu’une partie de l’or contenu
dans la farine de ces mines, 8c que, pour
retirer ce qui en reftoit encore a;.rés la trituration,
il falloit toujours recourir à la fonte , 8c
féparer infuite des métaux l’or obtenu par cette
fonte, dont la féparation s’opéroit anffi par le feu.
Depuis on a abandonné l’ufsge de ces moulins,
comme fuperflu, 8c borné l’emploi du mercure au
fédiment chargé d’or des première' lavures. On
n’a confervé ces moulins de trituration que dans
le T y ro l, dans le Piémont, à Saizboure 8c au
Chili.
Il étoit réfervé à M. de Born à nous montrer
jqu’on peut, par des procédés appropriés, tirer l’or
& l’argent en entier de leurs mines, avec beaucoup
plus d’avantage que par la fonte. Il nous-a expofé
les procédés dans un ouvrage ayant pour titre :
Méthode d*extraire les métaux pa-faits des mènerais
far le mercure ,* Vienne, 1788 , tn-8°. Nous en
donnerons le précis dans cet article, en y joignant
quelques obfervations que la vue de ce travail en
Hongrie nous a fournies.
M. de Born a mis deux procédés en ufage : nous
nommerons l’un amalgamation à chaud , l’autre
amalgamation à froid.
Le premier procédé confifte à divifer les farines
ou fchlichs à l’aide du moulin, à les griller à un
four de réverbère à double creufet, à feu doux ,
avec un accès d’air fuffifant, avçc du fel commun
en quantité convenable, auquel on ajouté, dans
certaines circonftances, de la chaux vive ; à les
amalgamer avec beaucoup .de mercure après les
avoir tamifés, en favori faut l’amalgaihation par un
degré inférieur à celui de l’eau bouillante.
Le mercure fe charge de l’or 8c de l’argent contenus
dans le minerai. On paffe par un lac de linge
qu’on preffe , le mercure dans une caiffe deftinée
pour cet effet,- L’amalgame refte , qu’on diftilie
pour en féparer le mercure , 8c en affine l’or 8c
l’argent obtenus.
Le fécond procédé de M. de Born ne diffère du
premier, qu’en ce que l’amalgamation fe fait fans
l’aide de la chaleur dans des tonnelets mis en mou-?
vement par l’arbre d’une roue.
Dans Je premier procédé on emploie des vafes
de cuivre, 8c dans le fécond les vafes font en bois.
Comme dans l’amalgamation il faut que le mercure
diffous 8c divifé par les fels, puiffe, par le contaft
d’un métal, fe revivifier, on eft obligé, dans le
fécond procédé , d’ajouter une certaine quantité
de copeaux de cuivre ou de grenaille de fer ; fans
quoi on auroit un déchet de mercure confidèrable.
Ce qui diftingue principalement les procédés de
M. de Born du procédé d’amalgamation ordinaire,
c’efi le grillage des minerais réduits en farine avec
le fel commun. Il importe d’examiner avec foin
quels font les effets que l’on doit attendre du grillage
8c du fel commun.
Le but du grillage eft en par;ie, premièrement
de détruire le plus gros des fubftances minérali-
Tantes qui enveloppent l’argent 8c l’or. Le fécond
but du grillage efi de réduire en chaux les métaux
imparfaits , de détruire par-là leur union avec l’or
& l’argent, qui ne Te calcinent pas ; de permettre
par ce moyen au mercure de pénétrer jufqu’à
l ’argent contenu dans les métaux, 8c d’empêcher
en même temps l’amalgamation des métaux imparfaits.
Le troifième but du g illage eft de faire
que le foufre fe décompofe & que Ton acide fe
dégage, qui, en diffoîvant une partie des métaux
imparfaits alliés à l’or ou à l’argent 8c en changeant
en chaux une autre partie & la p'us confidé-
dérable , met l’or Ôc l’argent à découvert.
Le but de l’addition du fel commun eft en premier
lieu celui-ci : le vitriol formé ou l’acide vitrio-
lique qui fe dégage dans le grillage, agit fur le
Tel commun , 6c il échange leurs bafes.
Il réfulte de l’union de l’acide vitriolique à la
hafe du fel commun, du fel de Glanher, & l’union
de l’acide de fel à une partie des fubftances méta'-
liques qui accompagnent l’or & l'arg-nt. L’avantage
de cet échange eft qu’on obtient des Tels plus folu-
bles, & qu’on rend 'l’acid, virnoliqur & les fels
viîrioliques incapables d’agir fur la furface du mercure,
de la corroder 8c cfe l’empêcher par-là d’en*-
trer en contaét avec l’or 8c l’argent.
Ces. avantages ne font cependant pas les plus
grands que procure l’addition du fei commun, &
ils ne font pas aufli grands, que quelques perfonnes
le penfent; car huit livres de f il, quantité qu’on
prend ordinairement, ne font ; as en état de dé-
compofer le vitriol de cent livrés de fchlich on de