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f»r clss bandes qui forent en forme de bordure,
& que l’on peut découper oti- l'aiffer telles qu'elles
font, alnfi que celles qui font les bordures
du pourtour. On peut même ajouter des cartouches
aux coins & milieux deldites tapifleries ,
lits , rideaux de croifées, &c. Si l'on v eut, on
met aux bords du découpé une efpèce de mil-
leret. Tout cela dépend du plus ou moins de
dépenfe qu’on veut faire.
Au défaut du millererv on fait un rempli autour
du découpé, 8c on le coud à points de
côtés afftz après l'es uns des autres.
Ces fortes de meubles peuvent fe faire avec
des bordures fabriquées exprès pour encadrer
les tapifleries, rideaux de lits- & de croifées ;
mais comme elles font trop larges pour les pentes
& foubaffements de lits , on choifit ce qui
convient le mieux, tant pour la largeur des bordures
que pour ce qui eft pitre analogue à tout
le refte.
Il eft plus difficile d’appliquer des fleurs d’étoffe
de foie fur une étoffe aufli. de fo ie , que les
fleurs de toile fur une autre toile. Pour y téuflir,
on applique les Heurs de ces étoffes- fur des
étoffes unies en les brodant diffus ,. & on a
grand foin de bien affortir les foies aux nuances
des fleurs que l’on travaille : ces fortes d’ouvrages
fe font plus eorreélement fur le métier qu’à
la main.
Des differentes fortes de coutures.
Pour joindre toutes fortes d’étoffes, ou les
appliquer les unes fur les autres on emploie treize
différentes façons de coudre.
Premièrement. Le furjet qui fe fait en remployant
à droit-fil. les étoffes qu’on joint par les
bouts , & qui fe coufent avec de la foie plâtre
ou de la foie fine ; mais, fi faire fe peut, on
prend de la foie qu’on effile de l’étoffe même.
Il ne faut pas prendre beaucoup d’étoffe en
la coufant, parce que la couture paroîtroit trop;
& , d’une nuance à l’autre, il eft néceffaire de
changer les couleurs de la foie.
Secondement. Le point arrière eft indifpenfable
pour les coutils, fans quoi la plume pafferoit
au travers des coutures. On doit l’employer aufli
au damas, velours, moquette & autres étoffes
dont on fait des tapifleries, fièges, tapis de
pieds, enfin à tout meuble ou étoffe qui s’étend
avec force. Dans les étoffes moins tirées, comme
celles des pentes, doffiers de lits, eourtes-
pointes, &c. on emploie bien le point arrière,
mais les coutures ne font pas fi preffêes.
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Troifièmement. Le point devant & arrière eft
d’ufage dans les toiles de coton, d’Orange &
autres toiles peintes, & enfin dans toutes les
toiles fortes & deftinées à faire des doublures
de tapifleries, partie de lits, 8fc.
Quatrièmement. Le point devant eft pour le
fatin, les toiles peintes & fines, & toutes les
étoffes fujettes à s’érailler & à fe regripper. On
doit avoir foin que ces fortes de points foient
près les uns des autres.
Cinquièmement. Ils font néceffaires dans tout
ce qu’on appelle couture rabattue. On commence
par cette forte de points, en laiffant un peu déborder
un des deux lés que l’on rabat à points
de côté, après l’avoir remployé. Obfervez que
cette couture, qui fe fait pour l’ordinaire très-
petite , doit être des plus folides.
Sixièmement. Le point en deffus fe fait aux
onglets des bordures de tapifleries , rideaux , tapis
de pieds, &c.
Septièmement. Le point de côté fe fait pareillement
à ces mêmes ouvrages , & plufieurs tapi fi
fiers lui donnent la préférence, parce que la couture
paroit moins On s’en fert beaucoup dans
les cartouches oi^ autres découpures, aufli bien
que dans la- tête de la crête & fa dentelure ,
dans les tire-bottes ( efpèce de ruban de fil )
que l’on met à l’envers au Bord des tapifleries ,
dans les galons pofés à plat; enfin dans l'envers
des rideaux de lit, & bonnes grâces de damas
, taffetas, gros-de-tours , &c. n’oubliez point
que dans les onglets , on fait une couture ouverte
aux étoffes épaiffes.
Huitièmement. Le point lacé fe fait aux plus
fortes étoffes, comme tapis de pieds & & tout
ce qui y a rapport. C eft une efpèce de point
arrièrp. On pafle fon aiguille çà & là , & on
; met les points tout près les uns des autres.
Neuvièmement. Le bordé à une fois fe fait
en ployant fon galon bien jufte par le milieu ,
le même point d’aiguille, comprend le deffus &
le deffous du bordé. On s’en fert pour les carreaux,
les pentes, rideaux de lit, &c.
Dixièmemenr. Pour les nervures, on emploie
une bande de maroquin ou d’autre étoffe pliée
en deux : elle fe met dans la coutpre que Fon
fait pour joindre la platte-bande d’un carreau
avec fon deffus & déffous. Cette bande forme
une efpèce de languette ; c’eft ce qu’on appelle
communément nervure. Pour la faire dans des
carreaux d’ étoffe, on p^ffe une ficelle plus ou
moins forte dans une petite bande d’étoffe; on
peut en faire autant dans un galon de foie.
Onzièmement. La couture feuilletée fe fait en
remployant également l'étoffe & la doublure fur
les bords. On les coud enfemble en points deffus
&
Douzièmement. Le glacis eft un fil ou foie
que l’on paffe entre l’étoffe & la doublure à
quatre doigts de diftance ou environ, en prenant
très-peu d’étoffe pou? le point. Il faut tenir
le fil ou la foie lâche.
Treizièmement. Le point de piquure fe fait
en pouffant trois ou quatre fois fon aiguille pour
faire plufieurs points d’un même coup , après
quoi on tire fon fil ou fa foie ; ce qui forme
beaucoup mieux la piquure , & la rend plus
graineufe que fi l’on ne failoit que deux points
à la fois, ou même fi on employoit des points
deffus & déffous.
De lu maniéré de pofer le clou doré.
Pour pofer le clou doré, il faut que la diftance
des doux entr’eux foit comme des doux
à la baguette, ce qui affujettit à faire les. trous
avec le poinçon à diftance égale. Premièrement,
pour ne pas égratigner les moulures du bois des
fauteuils, & en fécond lieu, afin que les doux
ne foient pas trop ferrés les uns contre les autres
: on doit même laiffer entr’eux un très-petit
jour pour les faire paroître dans toute leur grof-
feur. On doit obferver que le trou doit être plus
ou moins creux félon que le clou l’exige, afin
qu'il puiffe tenir, & qu’on ne foit pas non plus
obligé de le frapper trop fort pour l’enfoncer ,
ce qui pourroit endommager fa tête.
D es lits.
Lit d la ducheffe.
En commençant par la pente du pied , on
* iet au milieu un lé de damas, & à ce lé on
en ajoute deux autres, c’eft-à-dire, un de chaque
côté; alors la pente a trois lés. Si elle eft
trop large , attendu que les lits font plus ou
moins grands, on leve une bande fur chaque lé
des côtés; quand deux lés fuffifent, on en coupe
un en deux, que l’on coud à chaque côté de
celui du milieu.
Pour faire les deux pentes de longueur, on
met à chacune quatre lès ; favoir, un dans le
milieu, deux aux côtés de celui-ci ; le quatrième
fe coupe en deux parties , & s’ajoute aux deux
côtés des trois autres.
Plufieurs tapifliers aiment mieux joindre les
quatre lés , fans en couper un en deux. Ils ont
raifon, quand il eft queftion d'un grand lit, parce
que les deux pentes de longueur font parallèles
à celle du pied par les deux bouts qui fe joignent
; mais quand il s’agit d’un lit de trois
pieds, ou même de trois pieds fix pouces, il eft
Arts 6* Métiers. Tome VIH.
plus agréable de voir un lé dans le mflieu des
pentes de longueur, ce qui oblige de mettre à
chaque bout un demi-lé répondant à celle du
pied ; & cela vaut mieux qu’une couture au milieu
de la pente de longueur, vu que le grand
fefton, placé au milieu de cette pente, eft le
même que celui de la pente du pied, ou du
moins y a rapport.
Il faut que les pentes excédent le chaffis d’un
demi-pouce à chaque .bout par en haut, & d’un
pouce & demi par en bas ; cela fait que les
pentes font pljs longues par en haut d’un pouce
de plus que le chaflis 5 & par en bas de trois. Les
deux pouces de plus que l’on donne par le bas,
font la bonne-grace des pentes; & on a plus
d’aifance à faire tourner les rideaux au pied du
lit, quand les tringles font en deffous.
Les grandes pentes portent ordinairement depuis
quinze jufqu'à vingt-cinq pouces de hauteur
, quand les planchers ont de deux à trois
aunes de haut. Celles qui excédent la hauteur de
vingt-cinq pouces font pour des appartements
extrêmement hauts, comme de trois aunes &
demie, de quatre aunes ou même plus. Si alors
les pentes avoient quelques pouces de moins ,
elles ne feroient pas pour cela hors de fervice ;
il faut néanmoins, autant que cela fe peut, que
les hauteurs foient proportionnées. Les grandes
pentes paffent les petites de trois pouces par en
bas.
Les contre-doublures des grandes & petites pentes
doivent être à moitié de la hauteur des pentes
, excepté celle du chevet, qui ne fe contre-
double point, parce que l’envers eft porté fur
le doflier.
Ces contre-doublures font de taffetas ,& pour
le mieux de damas : elles fe mettent par-deffus
la doublure, qui eft communément en bougran
ou en groffe toile de même couleur que le damas.
Si les particuliers préfèrent la toile, il eft
bon de leur repréfenter que le bougran fait un
meilleur effet, en ce qu’il maintient les pentes
& leur donrie la bonne grâce ; ce qui s’entend
aufii des pentes de toute autre étoffe.
Pour doubler les pentes, il faut pofer le bougran
ou la toile en équerre fur une table, en-
fuite y étendre deffus le damas que l’on tire plus
que la doublure. Après quoi l’on marque les
feftons avec un patron découpé exprès pour lés
fleurs de l’étoffe que l’on emploie; & pour toute
mefure, on réglé le haut & les deux bouts. Puis
on fait un bâtis dans le milieu de chaque lé &
fur chaque couture , pour y faire après les glacis
à la main, afin de contenir le damas avec
fa doublure.
Ce glacis eft un fil ou foie qui fe coule entre