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le tout avec fuffifante quantité de gomme adragant, Nouveau remède contre Us Vers.
pour en faire une malle qui fera appiatie fous le
rouleau, & partagée en cent cinquante tablettes.
Ces tablettes, féchéej avec foin & confervées dans
des boites à l’abri de l’humidité , peuvent fe conserver
des années entières.
Pour les employer, on fait bouillir environ fix
onces de lait bien écrué, dont on verfe la moitié
fur les tablettes mifes dans une taffe. Lorfqu’elles
font bien fondues , on fait prendre au malade cette
portion de lait ainfi chargée ; enfuite pour ne rien
laiffer, on rince la taffe avec l’autre portion , que
le malade boit encore.
On doit continuer l’ufage de ces tablettes pendant
trois jours. Le premier jour, oh donne aux
enfans trois à fept tablettes , & fept à’ neuf aux
adultes, ayant toujours égard à l’âge & au rempé-
rament j le fécond & le troisième jpurs, on augmente
ou l’on diminue la dofe , félon l’effet du
jour précédent. Le régime eft celui d’un jour de
purgation ordinaire.
Nota. Il faut être très-circonfpeéi dans l’ufage
de ce remède populaire, qui , quoique préparé
avec foin & donné aux dofes preferites, a caufé
des coliques vives & alarmantes , ainfi que des
fuperpurgations , tandis qu’il a été utile à d’autres
fujets. Au refte, ce remède eft compofé de médi-
camens connus & employés depuis long-temps
par les médecins, qui les dofent félon les forces
& la fenfibiliré des malades. Le mercure & fes préparations
font connus anciennement, & par tous
les gens de l’arr, comme les plus fûrs médicamens
pour faire périr les ve.s dans le corps de l’homme
6c des animaux.
Un gentilhomme des environs de Stade , bon
jjiïyûcièn , & qui s’occupe du foulagement de
fhumanité fouffrante , ayant remarqué que lés
remèdes vermifuges font la plupart d’un goût très-
défagréable, s’a vifa de faire piler du brou de noix
& d’en exprimer le fuc ; en ayant verfé que'ques
gouttes fur des vers vigoureux qu’il aveit placés
dans deux jattes d’eau bourbeufe, pour les con*
ferver dans toute leur force, il s’aperçut que ces
infeâes en étoient vivement affedés, leurs fibres
annqllair.es ne tardèrent pas à fe refferrer, les vers
entrèrent en convulfion, s’étendirent peu à peu &
périrent. Cette obfervation le conduisit à en faire
l’application fur des malades. Pour cet effet il leur
donna, pendant trois jours, du fuc de brou de
noix, a la dofe d’une cuillerée, le matin à jeun,
dans lin verre de vin blanc ; il purgea enfuite avec
une médecine ordinaire, & il eut la fatisfaction
de voir fes conjeffures confirmées par le fuccès.
Les premiers médecins de Stade-, à qui ce phyfi-
cien communiqua fa découverte, répétèrent l'expérience
, & toujours avec le même avantage.
M. Bombe a eu par eux connoiffance de ce fpéci-
fique, qu’il a communiqué à M. Cadet, de l’académie
des fciences, pour le rendre public.
Nota. Si l’on veut un remède vermifuge encore
moins défagréable que celui-ci, plus facile à faire
prendre aux enfans, 8c fur-tout plus certain dans
fon effet, on peut employer le fucre vermifuge
du Codex de Paris , qui eft du mercure trituré
avec du fucre : quelques grains fuffifent, & on le
peut donner dans une cuillerée de boiffon quelconque,
ou aliment liquide, bouillie, foupe, 8cc.
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V E R S A S O I E .
( Art économique pour nourrir les )
01CI un moyen facile & économique -pour
nourrir les vers à foie, quand on manque de feuilles
fraiches & faines de mûriers, par M. Bellardi.
Dans plusieurs des contres ou l’on trouve des
vers à foie, on éprouve de temps en temps des
froids tardifs qui empêchent les feuilles des mûriers
de s’épanouir ou de profiter autant qu’il feroit
néceffaire pour nourrir des vers à foie que l’arrivée
fubite de la chaleur fait éclore. D ’autrefois,
une température & des vents froids ou même des
petites gelées brouillent, altèrent ou détruifent les
feuilles encore nouvelles 6c tendres. On n’a pas
encore trouvé de moyen de prévenir ces accidens
ou d’y remédier, qu’en empêchant, autant qu’on
peut, les oeufs d’éclore; ce qui eft fujet à de grands
inconvèniens. Il feroit donc à fouhaiter qu’on trouvât
un moyen meilleur que ceux qui ont été pro-
pofés jufqu’à ce jour pour nourrir les vers à'foie
quand on n’a point de feuilles fraiches à leur
donner; ce qui non-feulement éloigneroit une
calamité des contrées dont la récolte de la foie eft
le plus grand profit, mais mertroit d’autres contrées
en état d’augmenter, par une récolte nouvelle , le
mince produit de leurs mauvais terrains.
Je crois, dit M. Bellardi, devoir propofer un
moyen facile 8c économique pour réparer une fi
déplorabie perte, & empêcher de périr de faim
des infe&es fi précieux , ou qu’on n’en prenne plus
aucun foin, comme il arrive affez ordinairement
dans cette circonftance , parce qu’on n’a point à
leur donner la'nourriture néceffaire.
Aux feuilles de mûriers, quelques-uns tentèrent
de fubftituer, pour la nourriture des vers à
foie tout récemment nés., les feuilles d’autres plan- '
tes, comme de la laitue, de la v ign e, de la
ronce, de l’orme , des rofes , du charme 6c autres
femblables ; mais quoique cette nourriturej les ait
fait vivre quelque temps, généralement cependant
ib n’ont point affez bien réufli pour donner un
produit convenable ; ainfi, de ces effais, l’on n’a
retiré que peu ou prefque point d’avantage ; 8c
la chofe en effet ne pouvoit être autrement, parce
que ces petits animaux ne peuvent retirer des
feui les de ces plantes, un fuc affez adapté à leur
conformation, & conféquemment, ou ils périffent
le plus fouvent affez promprement, ou bien , fi
quelques-uns d'eux vivent affez pour former leur
cocon , il ne peut être que d’une tiès-mauvaife
qualité.
On ne fauroit néanmoins diflimuler que , parmi
les différentes plantes dont les feuilles ont fervi
à la nourriture des vers à foie , au défaut de celles
des mûriers, il en eft qui peuvent mériter la préférence
; telles font celles de l’orme, & en particulier
celles des rofes & du charme , que les
Piémontois nomment cherpo, comme il nous l’a
été démontré par quelqu’expérience faite par ha-
fard à Alexandrie & à Turin.
Dans l’une de ces v illes, la difette des feuilles
de mûrier ayant forcé de jeter, dans le chemin,
les vers à foie près d’un jardin tout rempli de rofes,
plufieurs s’étant nourris de leurs feuilles, ont produit
heureufement leur cocon : la même obfervation
eut lieu à Turin pour les feuilles du charme ,
dont ils fe nourrirent avec avidité, & il en provint
des cocons à l’admiration de plufieurs per-
fonnes, qui s’empreffèrent d’obferver un fait auffi
nouveau.
Ces événemens particuliers cependant n’ont
point encore perfuadé le public à chercher avec
ün avantage réel dans les plantes indiquées, la
nourriture convenable pour les vers à foie , au-
lieu des feuilles de mûriers ; & la nature nous
enfeigne bien par elle-même en effet que c’eft
d’eux feuls que l’on doit retirer un aliment,propre
& conforme à ces infe&es : c’eft pourquoi un diligent
obfervateur , dans le cas de difette , doit
effayer de tirer des mêmes plantes, une nourriture
qui puiffe y fuppléer.
C’eft donc pour cela qu’imitant la nature même,
appuyé fur d’heureufes expériences, je propofe
de nourrir les vers à foie à peine nés,, pendant
dix ou quinze jours, avec la fécondé écorce nouvelle
des mûriers, tirée des branches des arbres
qui ont été émondés l’année précédente ; 6c à
leur défaut on pourra fuppléer celle que chacun
peut facilement fe procurer des branches plus jeunes
de mûriers qui n’auront point été taillés*