
a douze pieds de diamètre, doit parcourir en tournant
7992 pieds par heure , fi l’on divife cette
fournie par quatre circonférences de la lanterne
à l’endroit des fulea'ux , on aura 1998 pour la
fournie des révolutions que fera la manivelle dans
une heure de temps; ce qui revient à trente-trois
révolutions par minute.
C'eût-à-dire qu’en fuppofant les Ventilateurs de
dix pieds de haut fur cinq de large, il en fortira
à chaque coup vingt-deux pieds & demi d’air,
en ôtant (comme nous avons fait ci-deffus) un
dixième pour l’air qui s’échappe par les bords du
diaphragme. Mais chaque révolution de la manivelle
communiquant deux mouvemens aux Ventilateurs
, il s’enfuit qu’ils joueront 66 fois par
minute , & que chacun d’eux pouffera dans une
heure, deux mille deux cent vingt-fept tonneaux
d’air dans chaque étuve, c’eft à-dire , 283 tonneaux
de plus que n’en pouffent dans un pareil
efpace de temps les Ventilateurs deftinés à être
mus à force de bras ; & fi, l’on donne à ces Ventilateurs
douze pieds de haut fur fix de large, alors
ils poufferont dans chaque étuve, 3207 tonneaux
d’air par heure. Ces grands Ventilateurs mis en jeu
par le moyen d’un cheval, feront par çonféquent
utiles dans les occafions où il faudra conduire une
grande quantité d’a ir , comme dans le cas dont
il s’agit ic i, & dans les grandes mines, &c.
Lorfque le houblon eff gardé plufieurs heures
en tas; avant’ que d’ètre étendu da^s les étuves
où on doit le faire fécher, il eft'fujei? à fe gâter
& à perdre fa couleur, fur-tout quand il eût humide.
Pour prévenir cet inconvénient , je plaçai
dans la même maifon deux Ventilateurs y que j’ai-
tachài aux folives du plancher fur lequel on met-
toit le houblon frais cueilli. Ces Ventilateurs
avoient fept pieds huit pouces de long, fur quatre
pouces de large, & douze pouces & demi
d’épais, mefurés dans oeuvre ; de manière que lé
diaphragme avoir un pied de jeu. Leur épaiffeur
étoit de vingt pouces, à l’extrémité où fe trou-
voient les foupapes, afin de pouvoir leur donner
plus de grandeur. Ces foupapes avoient chacune
quatorze pouces de long, fur huit de haur. On
avoit fait les ouvertures à la planche, de manière
qu’il reftoit un pouce de bois vers la partie fupé-
rieure, deux dans le milieu & un au bas, pour
pouvoir y attacher les foupapes , &*pour leur fer-
vir d’appui.
Il entroit & fortoit par fes foupapes, 2712 tonneaux
d’air dans une heure ; & cet air étoit conduit
dans un grand tuyau de quinze pieds de long,
d’où il fe répandoit fur le plancher, entre des
barreaux de bois, qui avoient quatre pouces dé
haut 8c deux pouces de large , & qui étoient
cloués fur le plancher, à deux pouces de diftan.ce
l’un de l ’autre. Mais il auroit mieux valu mettre
les barreaux , auxquels on auroit donné feulement
deux- pouces d’épais., à la diftance de quinze pou-
ces l’un de l’autre, & pofer par-deffus 6c en- travers
, d’autres lattes à deux pouces de diftance.
On avoit étendu fur ces barreaux , une toile de
crin de-fept pieds de-long fur quinze de large.
Quand les Ventilateurs étoient mis en jeu, ce
qu’on faifoit par le moyen d’un fécond levier
placé de côté, comme celui d’une pompe à bras,
à l ’une ou l’autre des extrémités du grand levier,
le vent qu’ils pouffoient, faifoit foulever à la hauteur
de plufieurs pouces, un mouchoir étendu
fur la toile de crin. Il n’en étoit pas de même
lorfque ce mouchoir fe trouvoit étendu fur des
endroits éloignés du grand conduit de l’air, parce
que l’air trouvant un pafî'age trop libre à travers
la toile de crin, fe perdoit long-temps avant que
de parvenir à l’endroit le plus éloigné.
C ’e-ft pour cette raifon que l’air paffant aufli très-
librement à travers le houblon, il faut en mettre
quatre ou cinq fois plus épais , auprès de l’er.-
droit où aboutit le grand conduit de l’air, qu’à
l’extrémite la plus éloignée où les intervalles des
barreaux étoient fermés d’une planche collée avec
du papier, ainfi que les jointures de celles qui
formoient le plancher, pour prévenir la perte
de l’air.
♦ Ces Ventilateurs feront utiles , non-feulement
pour conferver le houblon, mais encore pour fé-
chër le blé, qui aura été coupé par un temps froid
& humide, & pour corriger celui qui fentiroit le
relent. Dans cette vue j’ai fait mettre, dans le
grand tuyau, une foupape dans une couliffe , de
manière qu’elle empêche l’air de traverfer toute
l ’étendue de la toile de crin , dans le cas où une
partie de cette toile fufliroit pour la quantité de
blé qu’ori auroit à éventer ; car moins la toile de
crin aura d’étendue, plus l’air la traverfera rapidement.
•A l’égard de la drêche, je voulus éprouver juf-
qu’à quel degré on pouvoit la fécher, en la fai-
iant traverfer par l’air froid ordinaire. Pour cet
effet je pris, le 22-mars, par un vent fée de nord-
ejl, une petite quantité de drêche humide, que
je mis dans une boite avec un faux fond de toile
à canevas. 11 y- en avoit l ’épaiffeur d’environ quatre
pouces, & cette quantité pefoit huit livres
fept onces & cinq gros. Après y avoir fait paffer de
l’air au travers pendant fix heures , ;e trouvai qu’elle
avoir perdu trois onces (k demie par chaque
deux heures ; qu’elle en avoit perdu par chaque
pareil efpace de temps environ une once & demie,
pendant les cinquante heures fuivantes, &
demi-once de deux heures, en deux heures; durant
les douze heures reliantes. D>e forte qu’en
foixante huit heures, elle diminua en tout de quatre
livres douze onces & demie j c’eft-à-dire y
d’environ la moitié. Pendant cette opération , il
avoit paffé par les interftices de la drêche, 976,000
pintes d’air.
' Cette drêche ainfi defféchée, étoit friable fous la
dent ; mais elle n’étoit pas tout-à-fait aufti dure que
la drêche pâle qui avoit été féchée dans l’étuve,
©ii il faut qu’elle refte feulement vingt-quatre heures
: c’eft'pourquoi ou ne peut la moudre aufli-
bien que cette dernièré; & une partie de cette
drêche préparée, ayant été mife dans une bouteille
exactement bouchée, y perdit de fa dureté
au bout de quelques jours; vraifemblablement,
parce que l’humidité qui étoit reliée au milieu de
chaque grain, fe répandit vers les parties extérieures,
qui étoient les plus fèches 6c les plus dures :
on fit de la bière avec cette drêche , qui parut
d’un très-bon goût, mais qui n’étoit pas aufli pâle
qu’oiï s’y attendoit ; ce qui pouvoit dépendre de
la manière dont elle avoit été braffée.
Si au-lieu de conduire de l’air froid à travers
la drêche, oh y pouffe une grande quantité d’air
chaud, non-feulement elle féchera alors beaucoup
plus vite, mais elle féchera encore mieux que
par la méthode ordinaire. En effet, lorfque , pour
effai, on a defleché de la drêche pâle dans une
des étuves dont j’ai parlé, dans laquelle on a conduit
de l’air par le moyen des Ventilateurs, la
première étuvée fut faite en onze heures de temps,
& la fécondé en’ neuf heures , pendant huit def-
quelleson ne ceffa -d’éventer le grain germé qu’on
vouloit deffécher ; au-lieu que là même quantité
de drêche expofée en même-temps dans un.e fem-
blable étuve, fans être éventée, fut vingt heures à
fécher , quoiqu’il fît un vent affez fort, qui entra
en quantité par la porte de l’étuve, & qui ne
laiffa pas d’en accélérer l’exftccation ; en effet, au
moyen.de ce vent elle fécha plus vite qu’elle
n’auroit fait dans un autre temps ; puifqu’il faut
pour l’ordinaire environ vingt-quatre heures pour
fécher & durcir une étuvée de drêche pâle.
M. Baker remarqua que quoique le temps fût
numide, & que les tuiles fuffent fort mouillées
en dedans , cependant, avec le,fecours des Ventilateurs
y la drêche perdit fon hûmidité fans fuer,
en beaucoup moins de temps que celle qui étoit
dans une autre étuve, qui, n’ayant pas été éventée,
fua confidérablement ; mais .la drêche qui
avoit été féchée fans fuer, étoit la meilleure des
deux. Cette drêche dit-il, étoit très-bonne, étant
après la defliccation, & elle fit un moût de
htere pâle & d’un excellent goût. Il ajoute cependant
qu’elle ne feroit pas aufti pâle avec un poêle,
que lorfqu’on la deffèche dans une étuve ouverte
avec du charbon de terre.
M. Baker ayant une paire de ces Ventilateurs,
les fit porter à Sandwich, où il les fit adapter à fon
étuve à drêche, dans laquelle il n’y avoit point
de poêle, & il trouva que , par leur moyen , il
Pol|voit deffécher la drêche pâle ou brune, en la
moitié moins de temps, en augmentant un peu le
feu ; car il en eût de la drêche comme du houblon
, qu’on peut expofer à une plus grande cha-
■ leur lorfqu’on l’évente , que lorfqu’on n’y conduit
point d’air. La drêche pâle defféchée de cette manière,
étoit plus blanchâtre & moins haute en couleur,
& la drêche brune d’une couleur plus vive
que celles qui avoient été defféchées fans le fecours
des Ventilateurs : d’où il conclut que les deux efpè-
ces de drêche ainfi defféchées fans refluer, feront
de la bière meilleure que celles qui auront été
féchées félon les méthodes ordinaires.
Si le travail néceffaire pour tenir les Ventilateurs
en jeu pendant tout le temps de l’exficcation, pa-
roiffoit trop confidérable , il croit qu’il feroit fort
* propos de les faire jouer® au moins jufqu’à ce
qu’on eût privé la drêche de fa principale humidité,
fur-tout quand le temps eft calme , humide &
pefant.
On a remarqué que la drêche laiffant moins
d intervalles pour le paffage de l’air, que le houblon
, un mouchoir léger qu’on étendoit deffus ,
n’étoit pas foulevé aufli fenfiblement par le vent
des V intilateurs, que celui qui étoit étendu fur le
houblon.
La chaleur à laquelle on expofe communément
la drêche pâle, lorfqu’on eft vingt-quatre heures
a la faire fécher , eft d’environ cinquante - deux
degrés au-deffus du terme de la glace, c’eft-à-dire,
prés d’un fixième moindre que la chaleur du fang-
mais sur la fin de l’exficcation, quand l’humidité
principale eft diflipée, alors on augmente la chaleur
jufqu’à cent trente-huit degrés au-deffus du
terme de la glace, c eft-à-dire qu’on donne à la
dreche une chaleur plus que double de celle du
fang , qui eft de foixante-quatre degrés. Ce degré
de chaleur, non-feulement durcit la drêche de
manière qu’ elle pput fe garder long-temps en ma-
gafin , mais il lui communique encore un goût
agréable. °
Pour faire de la drêche brune, on lui donne
un degré de chaleur beaucoup! plus grand
tandis qu’elle ressue.
Ces Ventilateurs peuvent aufli être utiles à ceux
qui dépouillent quelque grain que ce foit de leur
pellicule , en les faifant d’abord macérer dans
leau. Ainsi on pourra, par leur moyen , dessécher
fans peine le poivre blanc ; 6c les Amidon-
niers pourront fécher leur amidon en y condui-
fant l’air chaud d’une étuve. On peut , par le
même moyen, fécher différentes fortes de confi