
accoutumés à ces émanations terribles que les vui-
dangeurs, ils y fuccombent plus aifèment. Les auteurs
du mémoire citent deux maçons qui font
péris par le plomb depuis peu à V«ugirard , &
deux autres dans la rue Boucher at: ils difent encore
que telle folle où les vuidangeui s n’avoient éprouvé
aucuns accidens, devient tiè;-mauvaife lorfqu’ils
la quittent ; parce qu’une portion de la vanne ou
mat.ère fluide, qui s’écoit infiltrée dans les terres
adjacentes, rentre dans la folle avec le caraéfère
mophétique qu’elle a acquis par fon union avec
des matières étrangères.
Ainfi les fofles mal confl-ui'es, & qui laifîent
échapper les matières, font d’autant plus à craindre,
que non-feulement elles remplirent l’atmof-
phère de vapeurs les plus nu-fiblts , même après
qu’elles font vuidées ; mais q u e i l.s infeElent l'eau
des p u it s, dont Jouvent Us boulangers f e fervent pour
pétrir le pain ; ce qui ejl affurèment digne de la lten - -
tion du gouvernement. Ces inconvenions pourroient
être aifement prévenus par un règlement fur la
la^conftru&ion des foffes.
Les auteurs décrivent enfuite les changemens
qui font à faire pour parer les .inconvéniens don:
nous venons de parler ; ma s le détail en feroit
trop long, nous nous contenterons de dire que la
nouvelle conftruéton qu’ils propofent, d’après les
idées d’un architrâe qu’ils ont confulté, nous a
paru capable de prévenir les inconvéniens qu’on
reproche avec juftice à l’ancienne.
On n’imagineroit pas que parmi les propriétés
malfaifantes de cet air infeâ , il s’en trouve de
médicinales. Ces mtffieurs aflùrent cependant que
les vuidangeurs y trouvent le remède & le pré-
fervatif de plufieurs maladies.
Ils font exempts de la galle, & ils peuvent,
fans danger de la gagner, coucher avec des gens
qui en font infeâés. Un galeux qui feroit employé
parmi les vuidangeurs, eft aflùré de voir
difparoître fa galle fous peu de jours ; ils font
pareillement exempts de dartres, d’éréfipèles,
d’engelures & de gerçures aux mains; les écorchures
& les petites blefîùres qu’ils peuvent fe
faire fe guériffent en vingt-quatre heures ; mais
les vuidangeurs ne guériflent point des maladies j
vénériennes , les accidens s’aggravent malgré l’u-
fage des remèdes ; il faut qu’ils fufpendent leurs .
travaux , fans quoi les guérifons font toujours
imparfaites, & la maladie ne tarde pas à repa-
roître dans toute fa violence.
En général les vuidangeurs ont le teint mau-
v a 's , leur peau eft îuifante , leurs cheveux refu-
fent de croître, & leur vieilleffe, toujours prématurée
, eft accompagnée ordinairement de cécité
& de paralyfie.
Les auteurs du mémoire remarquent que l’air
inflammable ne fe rencontre pas dans toutes également.
Nous en avons vu des unes &i des autres
; il y en a où cet air, lorfq.’on aporothe
une chandelle ou du papieralUiiné, fournit une
flamme qui dure long-temps , mais elle eft ft légère
, à ce qu’ils a {furent, qu’elle ne m :t pas le
feu aux corps combuftibles auxquels elle touche
immédiatement; elle peut, tout au plus, gréfiller
les cheveux & la barbe des ouvriers, fans endommager
leurs vêtemens.
On vient de dire que l’on trouve dans les
fofles d’aifance , du véritable foufre. MM. Cadet
, Parmentier & Laborie en ont remarqué dans
une foffe à deux endroits différens.
i° . Ils en ont obfervé une couche à-peu-près
d’une ligne d'épaiffeur qui couvroit la furface intérieure
de la clef , qui étoit fous forme concrète
& friable comme le foufre ordinaire.
2°. Ils en ont aperçu fur la furface de la croûte
qui y dedinoit , difent ils , une efpèce d’ovale
d’un b anc jaunâtre.
Ce foufre anaLfé s’eft trouvé etfa&ement le
même que le foufre oïdinaire; en effet la matière
inflarnm. ble contenue en furabondance dans les
matières fecales & qui fe dégage dans la fermentation
& décompofition des matières, doit fe combiner,
par la loi des affinités, avec l’acide qui
tntreir comme une des parties conftiruantes de
ces mêmes matières, &. fur-tout des végétaux qui
s’y trouvent mélanges & avec*celui de l’a ir, d’où
rélulte un foufre. Ce même foufre une fois formé
ne tarde pas à s’unir avec les a-kahs, fi abondans
dans'les matière: putrides; d’où il refaite un véri-
| table hepar fu lp h u r is , ou foie de foufre, qui fe
décompofe enfuite par l’a&ion de t’acHequi continue
à fe dégager des matières qui fe trouvent dans
les fofles d’aifance en fermentation, il agit furie
foie de foüffre, le décompofe à fon tour, & l’odeur
s’en répand dans les environs, ce que nous
avons remarqué d’une manière des plus f.nfibles
dans une foffe de la rue de Joui; d’oii il refaite,
que les fofles d’aifance qui font dans les baffes-
cours, où les cochers jettent des bouchons de foin
ou de la paille, où l’on fait couler l’eau des blan-
chiffeufes, où il tombe des vieux linges, du papier
, &c. contiennent plus de foie de foufre, &
font plus dangereufes que celles dont les matières
font homogènes, comme les vuidangeurs le remarquent.
Dans celles que nous avons v u , il y en
avoit une, rue de Jouï, qui rendoit une odeur
de foie de'foufre infùpportable, une-autre qu»
étoit au temple où cette odeur fe fait à peine fen-
tir; mais nous aurons encore lieu de parler de
cette obfervation d’où nous tirons des conséquences
pour tâcher %’établir une théorie fur la nature des
émanations
émanations des fofles d’aifance , fur leurs effets
dangereux, & fur les moyens de les diminuer.
Les auteurs du mémoire après avoir détaillé,
dans fix articles, tous les accidens occaiionnés
par la vuidange des fofles, dont les principaux
font.*. ...
i°. D’infeéler i’air au point de le rendre nui-
fible à la famé des citoyens, ou , tout au moins ,
à leur être défagréable par l’odeur infeéle qui s'y
répand , & dont on eft toujours plus ou moins
incommodé fui vant le degré de fenfibilité du genre
nerveux de ceux qui le refpirér.t.
2°. De caufer la mort journellement à.plufieurs
ouvriers , d’occafionner & d’accé érer la vieilleffe,
à ceux qui ne périiTent pas fur le champ. Ces
nuffieurs donnent p ufitus moyens pour provenir
ces accidens dont quelques-uns nous ont pa.-u ef-
frélivemem répondre avec efficacite.au but qu’on
fe propofe.
Ces moyens font trop intéreflans pour ne pas
en rendre un compte très-détaillé à l’académie.
Le premier a été imaginé par une compagnie
connue fous le nom du ventilateur, dont la ma-
j nière d’opérer empêche l’horrible vapeur des
fofles de fe répandre dans le voifmage, & la
porte dans l’atmofphère à une hauteur confidé-
| râble.. ' % , , , ,
L’appareil dont Gn fe fort pour produire ces
effets, confifle dans une efpèce de cabinet en
planches bien jointes & folidement affcmblées ,
j fermant à doubles portes, dont on verra l’ufage
par la fuite. Ce cabnct fe pofe fur l’ouverture
de la foffe, & s’y adapte exactement par le moyen
du plâtre gâché avec lequel on le fcèle ; trois
| foufflets font placés en dehors dont les bufes con-
duifent le vent dans l'intérieur du cabinet, qui
devient une efpèce de magsfin d’air, lorfque les
fou filets jouent ; deux bufes font placées horifon-
talement & pofées de manière que le vent qu’elles
fourniflent rafe le fol, & paffe pardeffus l’orifice
I delà fofle, fur lequel elles entretiennent une nappe
de vent frais. La treifième bufe eft placée dans
h partie fapérieure du cabinet, & foutfle perpendiculairement
de haut en bas. Avant de faire jouer
les foufflets & d'ouvrir la foffe, on a foin préalablement,
de boucher tous les .orifices des fiéges
d’aifance qui tépendej t à ladite foffe , excepté celui
Çui eft au plus haut étage & le plus voifio du
toit.
On établit fur celui-là un grand entonnoir de
fer-blanc, renverfé, allez y a fie pour couvrir Tori-
: fice du fiége ; on le lute avec du plâtre , & on
pofe deflùs cet entonnoir plufieurs tuyaux de
Arts 6* Métiers. Tome ViU%
tôle ou de fer-blanc, que l’on prolonge jufqm’au
deflùs toit.
On voit aifèment, d’après cette difpofition,
que lorfque les foufflets font en plein jeu, il doit
s’établir un courant d’air qui part du cabinet
s’élève dans l’atmofphère, chargé des vapeurs infectées
de la foffe.
Le ventilateur tel que nous venons de le décrire
, ne fuffiroit pas encore pour empêcher l’odeur
de fe répandre aux environs, fi par des précautions
& une manière particulière d’emplir les
tinettes & de les fortir du cabinet, on n’interceptoit
pas , pour ainfi dire , les émanations infeétes.
La compagnie du ventilateur a porté fes foins
& l’adreffe dans fa manoeuvre, s’il eft poflîble de
de parler ainfi, jufquà la propreté ; on en jugera
par la defeription fuccinéte que nous allons
en faire.
Le cabinet dont nous venons de parler , eft
a fiez fj. acieux pour contenir deux tonneaux & un
ouvrier pour les remplir; ces tonneaux font couverts
d’un furtout de cuir qui les garantit des écîa-
bouffures , & furmonté d’un grand entonnoir,
de manière quon les remplit fans rifquer de fe
falir en dehors j quand ils font pleins, on les bouche
avec un couvercle qni er.tre jufte & que l’on
enfonce à coups de maillet; on lute encore ces
couvercles avec du plâtre.
On fe reffouviendra que le cabinet a deux portes
qui laiffent entr’el’.çs un efpace qui forme une efpèce
d’antichambte. Quand on veut fortir les tonneaux,
on ouvre la première porte intérieure, &
on les tranfporte dans l’antichambre; on referme
la première porte, avant d’oavrir l’autre : moyennant
cet e manoeuvre , la vapeur ne fe communique
point au-dehors ; enfin ces tonneaux ne reviennent
à l’atelier qu’après avoir été lavés à plufieurs eaux
& broffés exaékment, au point de n’avoir aucune
edeur.
La compagnie du ventilateur a formé un établif-
fement très-bien entendurçîour le lavage des tonneaux.
Un de r.ous s’eft tranfporte fur les lieux
pour examiner cçt établ ffiment & prendte une
idée de la manoeuvre du lavage.
C ’eft ainfi, difent les auteurs du mémoire, que
la vuidange des foffes eft devenue par le moyen
du venti’atèur, une opération dont on s’aperçoit
à peine dans, ie vojfinageL.
Par quelle fatalité , ajoutent ces meflieurS, eft- il
permis encore, au mépris de l ’intérêt public, de
fuivre une autre pratique , dont le moindre
inconvénient eft d’infe&er l’atmofphère des éma»
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