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une explication dans le di&ionnaire de Grammaire
, & de littérature.
•Il eft néceffaire de remarquer que, pour fui-
vre la parole en écrivant, il faut fe borner à
n’écrire que des fons., & que c’eft la bafe de
la tachéographie.
Les voyelles gardent leur prononciation ordinaire
; il n’y a que les confonnes qui varient ,
& qui fe prononcent comme ci-après bè, k é , ché ,
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dé^ fé^ g é , avec le fon dur devant tontes les
voyelles comme dans gâté ; gné, comme dans
gagné. Jè, lé, mè, né, pé, ré, f é , té, vè, xé ,
y é , {é.
Quant à ces {ignés d’abréviation , chaque
peuple, chaque maître , chaque particulier , peut
en imaginer, & celui là réuilit le mieux, lorf-
qu’il a trouvé l’art de les rendre clairs, précis &
applicables à tous les mots d’une langue.
A F F I A ( Art de faire le ).
JL* E tafia eft une eau-de-vie tirée par le moyen
de la diftiüation , des débris du fucre , des écumes
, & des gros firops, après avoir laiffé fermenter
toutes ces fubftances, dans une fuffifahte
quantité d’eau.
Lés Créoles l’appellent tafia, les Anglois rum ,
& les François guildiye.
Lorfqu’on veut faite du tafia , on met fermenter
dans des auges de bois, un tiers de ftrop
de fucre , d’écumes & de débris , fondus enfem-
ble fur deux tiers d’eau claire.
Au bout de deux ou trois jours la fermentation
commence , & chaffe à la furface de la grappe ,
c’eft-à-dire, de la liqueur, les parties les plus grof-
fiéres.
Lorfque la liqueur eft jaune & qu’elle a contracté
une odeur, aigre extrêmement forte , elle
a paffé de fon état fpiritueux à celui d’acidité.
C ’eft à quoi les diftillateurs Ae tafia ne font
pas affez d’attention, fe conduifant d’après une
ancienne routine.
Ces deux lignes de la couleur, & de l’odeur
indiquent à l’ouvrier qu’il eft temps de paffer la
liqueur à l’alembic.
Alors il enleve exaâement toutes les ordures
qui furnagent, & verfe enfuite la liqueur dans
de grandes chaudières qui font placées fur un
fourneau , & fous lefquelles il fait un feu de bois.
Ces chaudières font de grandes marmites de
cuivre rouge., comme celles du brûleur d’eau-de-
vie. Elles font garnies d’un chapiteau à long bec ,
auquel on adapte une couleuvre , efpèce de grand
(erpentin d’étain en fpirale , formant plufieurs
circonvolutions au milieu d’ un tonneau plein
d’eau fraîche , qu’on a grand foin de renouveler
, lorfqu’elle commence à s’échauffer.
L’extrémité inférieure du Terpentin paffe au
travers d’un trou fort jufte , percé vers le bas du
C ’eft par cette extrémité que coule la liqueur
diftillée dans des cruches ou pots de raffinerie, fer-
vant de récipiens.
Lorfqu’il ne monte plus d’efprit dans le chapiteau,
on délute les jointures du collet , & après
avoir vidé là chaudière , on la-remplir de nouvelle
grappe on recommence la diftillation
pour avoir une certaine quantité de première eau
diftillée, laquelle étant foible, a befoin d’être re-
paffée une fécondé fois à l’alembic.
Par cette re&ification elle acquiert beaucoup
de limpidité & de force. EÜejeft très - fpiri-
tueufe ; mais par le peu de précaution, elle contrat:
2 fouvent de l’âcreté , & une odeur de cuir
tanné fort défagréable à ceux qui n’y font pas accoutumés.
Les Anglois de la Barbade ont la réputation
de diftiller le tafia avec le plus de foin & d’attention.
Ils 1’emploient avec de la limonade pour
en compofer le punch dont ils font un grand
ufage.
C ’eft encore avec le taffit mêlé des ingrédiens
convenables , qu’ils compofent • cette excellente
liqueur connue fous le nom d'eau des Barbades ,
qui cependant eft’ beaucoup plus fine, & bien
meilleure lorfqu’elle eft faite avec de i’eau-de-vic
de Coignac.
Quoique le fréquent ufage de l'eau-de-vie, &
des liqueurs fpiritueufes , foit pernicieux à la
fanté , on: a cependant remarqué que de toutes
ces liqueurs, le tafia étoit la moins mal-fai-
fante.