
plus folide, ni de plus propre, que des vitres
montées avec ces fortes de verges de plomb. Elles
donnent plus de jour, ne pourrirent ni ne fe gâtent
jamais. Les croifées coûtent beaucoup moins, attendu
que ce qu’on appelle petit bois eft bien plus
cher & ne dure pas long-temps. Comme la mode
préfente eft de faire toutes les vitres à grands carreaux
, ces ve.rges de plomb y feront très-propres.
Lorfqu’on regarde ces vitres en dehors, la blancheur
& la propreté de ces verges font plaifir à
voir ; elles décorent beaucoup les fenêtres. Du
refte, on peut les ajufter dans les croifées foit de
bois ou de fer.
Les outils propres à employer les' verges de
plomb tourné pour en faire des vitres-, outre la
table & i’équerre de fer à bifeau , dont nous avons
parlé , font la tringlette , le couteau à mettre en plomb ,
la boîte à la réfine- & Vétamoir , le fier à fiouder, &
les mouflettes. .
Les vitriers nomment trlnglettes un morceau d’ivoire
ou d’os de cinq à fîx pouces de long , &
■ environ vingt lignes de face, dont les extrémités
un peu arrondies fe terminent par line pointe
obtufe, amincie vers les bords de chaque côté. On
préfère ordinairement les tringlettes d’os à celles
d’ivôire, parce que les premières érant un peu cambrées
vers le milieu, elles tiennent la main de
l’ouvrier plus au-deffùs de fon ouvrage, & l’empêchent
de ternir le plomb tourné par le frottement
du revers de fa main , qui en ôte tout le
luftre & nuit beaucoup aufti pour la foudure.
Nous verrons l’utilité de cet outil dans la fuite.
Le couteau à remettre en plomb doit être tranchant
des deux côtés , mince fur les bords, plus
élevé & à côtes dans le milieu. Il doit être en forme
de fer de pique , large dans fon milieu d’environ
deux pouces & demi , ayant dans cette partie en
dehors de chaque côté un dos uni de l’épaiffeur
d’une bonne ligne , fur lequel le fécond doigt
puilTe fe repofer fars danger , en appuyant deffus
pour couper le plomb. On l’emmanche a fiez ordinairement
d’un morceau de buis de trois à quatre
pouces de longueur,. & d’autant de circonférence,
à pans, afin qu’il ait plus d’afliette fur la table.
Ce manche eft ordinairement garni par le bas ,~à
la hauteur d’un pouce & demi ou environ , d’une
maffe de noeuds de plomb fondu.
Les vitriers fe chargent ordinairement du foin
de cette garniture ; ils pratiquent à cet effet à une
certaine hauteur à l’extrémité du manche, des
entailles & des trous qui fe répendant de tous les
côtés également, fe remplirent de cet alliage de
plomb fondu, fe traverfent & finirent par-, une
maffe de la grofteur du manche ; car iis ont eu
l’attention de pratiquer avec des cartes qu’ils fi-
cèlent lé plus ferré qu’ils peuvent autour du manche,
une efpèce de moule de même diamètre qye
le manche, qu’ils empÜffent debout le plus prompt?,
ment qu’ils peuvent de cet alliage de plomb fondu I
& le laiffent air.fi refroidir. Outre que cette gar. |
niture'par fon poids donne plus de coup au couteau
, elle fert encore à chaffer les pièces de verre
vers le coeur de la verge de plomb avec moins
dérifque de les cafter qu’avec le bois ; ou encore
à enfoncer légèrement dans la table les pointes dpi
fer dont on le fert pour y arrêter l’ouvrage à fur
& à irefure qu’il s’avance, afin qu’il ne fe dérange
pas de fon enfemble,
Le couteau a raçoutrer eft de la forme d’un couteau
de table, dont la lame feroit courte ; fa pointe
obtufe reffemble affezà celle de la tringlette, quoiqu’un
peu plus étroite : il ne doit point être tranchant.
Ce couteau fert à relever-les aîîes du plomb,
lorfque l’ouvrier veut fournir quelques pièces à
la place de celles qui fe feroient caffée?. Alors,
avant de contre-fouder les panneaux, il fe fert
de ce couteau pour relever les ailes du plomb qui
entoure la pièce caflee; & pour y inférer la
pièce neuve ; puis à rabattre fur la pièce qu’il a
fournie ces mêmes ailes , en les renverfant furie
verre. On s’en fert aufti pour rabattre les bords
du-plomb qui entoure un panneau qufon levé hors
de fon chaflis pour le réparer, & pour en gratter
k s foudurés caffées qui font à refaire, & fur-tout
à la place des liens ou attaches de plomb caffées,
au lieu defquelles il en faut fournir de neuves.
La boîte à réfiine eft une efpèce de poivrière L
fermée par le haut par un bouton amovible percé
d’un petit tfou. C ’eft par ce trou que l’ou répand
un peu de cette poix-réfine en poudre, quei’on
a mife dans la boîte , par petites élévations fut
chacun des endroits du panneau , où les bouts de
plomb fe joignent enfemble pour y être foudés.
A cet effet on frappe avec le manche du couteau
à raçoutrer, ou avec la tringlette , à-peiit.s coups
fur cette boîte, en tenant du bout du doigt à
demi-bouché le trou par lequel la réfine doit fortir,
de peur qu’il ne s’en répande trop ,-ce qu’on appelle
battreda réfiine , qu’on y écrafe enfuite avec l’extrémité
du fécond deigt, pour l’attacher plus fortement
au plomb , où elle fert dp fondant à la
foudure.
Le fier à fiouder eft formé par une tige de
menue par le haut, où elle fe termine par une
efpèce d’anneau qui fert à le tenir fufpendu lorfqu’on
ne-s’èn fert pas, un peu plus grofîe vers le
bas, mais groflie & recouverte par une maffe de
fer bien réunie & pétrie au feu avec cette tige, de
la grofteur d’un oeuf de poule d’Inde , en pointe
par le bout. Toute défnnion , paille ou gerçure qui
pourroit s’y former-fi le tout n’étoit pas bien refoulé
, eft nuifible, parce qu’elle ôte la chaleur d«
fer.
On fe fert, pour tenirde fer quand il eft chaud ,
|de soufflettes ; c’eft ainfi que l’on nomme deux
morceaux de bois arrondis, creufés l’un & l’autre
par un demi-canal qui en embraffe le manche au-
-jefes: de fa plus forte extrémité , que l’on appelle
la pomme. Cette pomme doit être limée avec le
demi-carreau, fur-tout vers la pointe.
Vétamoir eft un petit ais avec un manche.pris du
; même morceau de bois, recouvert d’une tôle mince
ou de fer-blanc, relevée fur les bords. On y fait
j fondre avec le fer à fouder,. quand on eft prêt à s’en
fervir, un peu de poix-réfine & de foudure : on y
promène en tous fens, & à différentes reprifes, la
pointe du fer qui, lorfqu’il eft à un degré de cha-
\leur convenable, s’y étame, en fe couvrant d’une
lame de foudure fondue qui en rend la pointe blanche
& luifante, & fait que cette foudure, fe liant
avec' celle de la branche qu’il fera fondre fur le
[plomb, fert à l’y .attacher.
Nous avons expliqué ci-devant la maniéré de
rapporter fur la table, la mefure du panneau que
le vitrier fe propofe d’exécuter en plomb neuf.
[ Nous fuppofons , comme nous l’avons dit , fes
| pièces de verre taillées fur fon calibre , & même ,
[ce que nous n’avions pas dit, levées de rang de
deffus la table où^elles avoient été difpofées, 1 ui-
[ vant l’ordre quelles dévoient tenir entre elles ,
[ en les joignant avec le plo’mb tourné quelques
I jours auparavant. Alors le vitrier formant au bout
de chaque verge de plomb qu’il doit employer,
un anneau qu’il paffe & arrête dans un gros clou
à crochet, ou dans un petit gond placé à cet effet
| dans le voifinage de fa table , il la tire par 1 autre
| extrémité, dont il fe fait un autre anneau entre les
doigts. Ce plomb ainfi dètiré , s’alonge d’autant
| plus qu’il eft plus vieux tourné , & fe met dans le
! point où il doit êtie pour être employé, ceft-à-
! dire , fans rides & fans plis. Moins flexible qu’ au-
paravant * il acquiert par-là une certaine roideur
qui donne la facilité* de le manier fans le.chiffon-
: ner : alors l’ouvrier, coupe les anneaux des extrémités
, & il difpofe les verges fur fa table qu’il
l’aile qui regarde l’ouvrage, il prefte le coeur de
la verge contre l’équerre, & arrête les deux extrémités
aura eu grand foin de broffer, pour en chaffer toutes
les ordures &. la pouftière qui y auroient féjôurné,
& fur-tout fous l’équerre à bifeau, par laquelle
il va commencer fon panneau.
Il prend alors une de ces verges de plomb qui
font devant lui, dont il deftine une partie pour
la largeur du panneau , l’autre pour la hauteur :
, il l’entaille avec la pointe du couteau à remettre
en plomb, fans la féparer à l’endroit de l'aile
dans laquelle l’équerre doit entrer ; puis ouvrant
cette aile avec la tringlette dans la longueur de
la verge de*plomb, où il la gliffe légèrement, il
la pouffe d’abord vers l’angle de ltéquerre , & tout
de fuite fur la hauteur & la largeur du panneau
tracé fur la table; puis ouvrant ayec le même outil
, de crainte qu’elles ne s’écartent. Alors
il infère dans ladite verge de plomb , en commençant
du côté de l’angle, la pièce c’e verre
par laquelle le panneau doit commencer, & continue
a agencer avec une autre verge de plomb
qu’il coupe en autant de parties que le demandent
les jdiftances convenables , rouies les pièces qui
font deftinées à le parfaire, en continuant d’en
ouvrir les ailes avec la tringlette , & d’en entailler
certaines parties oùÿil convient, fans qu’elles fc
quittent, ou en les Coupant tout-à-fait où il convient.
Il n’eft pas pofîible de décrire ici toutes les
différentes coupes de plomb que demandent les
différentes façons de vitres. C ’eft une de ces chofes
que l’expérience feule peut indiquer, & que l’intelligence
de l’ouvrier doit fentir en s’aflùjetûffant
à ne point s’enfermer , c’eft-à-dire, en prenant la
coupe qu’il aura fuivie dans le commencement de
fon panneau , pour règle de celle qu’il doit fuivre,
& en combinant le tour qu’il auia fa t prendre à
fes premières coupes, en conduire la fuite jufqu’a
la fin ; de forte que toutes les pièces puiffent, (ans
fe nuùe, être jointes entre elles dans, l’ordre quelles
ont été levées de deffus la table.
Lorfqu’on joint les pièces de verre avec le
plomb, on k s chafiè pour les ferrer, également
contre le coeur du plomb , foit avec l’extrémité du
manche du couteau , foit avec un bout de règle un
peu épaiffe , de manière que toutes les croix de
plomb, lorfque la façon de vitres en cpmporte,
foient régulières, &. que chacune des branches de
la croix le rapporte vis-à-vis celle qui lui répond.
Dans la jointure des vitres peintes que l’on remet
en plomb neuf, les coupes de plomb pratiquées
dans l’ancien panneau qui efl fur la table de
celui qui doit le remettre en plomb, fervent à le
diriger pour celles qui doivent joindre les pièces
du panneau que l’ouvrier doit remettre en plomb
neui. Cet ulage , pour ce qui eft des vitre.» blanches
à remettre en plomb neuf, ne peut qu’être
I fort utile aux commençans , en fe conformant pour
la coupe de leur plomb , à celle qu’ils fentent avoir
été pratiquée dans le vieux panneau qu’ils remettent
en plomb neuf.
Lorfque toutes les pièces qui doivent compofer
un panneau , font bien jointes entre elles par le
. plomb, & affleurent le trait du dehors du panneau
qui en preferit fur la table la hauteur & la
largeur, on entoure l’équerre avec une verge de
1 plomb qu’il étoit autrefois plus qu’à prèfent d’ufage
de ferrer avec des tringles à bifeau, comme celles
de la première équerre, arrêtées par dehors avec
des peintes de fer fur les bords.. Cette opération
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