
qui l’a entraînée auffi-tôt en fufion, avec effer-
vefcence & bourfoufflement. J’ai mis un demi-gros
de ce réfidu terreux avec le quart de fon poids
de carbonate de fonde dans un creufet, j’ai obtenu
un verre tranfparent & coloré en jaune verdâtre
, cette couleur étoit fans doute produite par
une petite quantité d’acide métallique, combinée
à la filice; alors les foupçons que j’avois fur
la prèfence de cette terre, le changèrent en certitude.
J’ai traité enfuite la diffolution de nitrate,
à bafe des bouteilles par l’eau de chaux , qui, n’a
produit aucun effet fenfible ; mais les carbonates
de foude, de potaffe & d’ammoniac y ont occa-
fionné des précipités abondans que j’ai recueillis
fur le filtre. Divifant les vingt-huit livres de diffolution
en trois parties inégales, j’ai eu un gros
trente-deux grains de précipité, par le carbonate
de foude ; quarante grains par le carbonate de
potaffe, & onze grains par le carbonate ammoniacal
; total deux gros onze grains de ipoudre
blanche précipitée par les aikalis crayeux; plus ,
trois gros irente-fix grains de terre filicieufe indif-
foluble à l’eau, & par les acides, .font cinq gros
quarante fept grains ; refte donc quatre gros vingt-
cinq grains d’acide nitrique , ajoutés aux cinq gros
quarante-fept grains , forment les dix gros de
matière .faline à bafe des bouteilles.
Un gros de cette poudre blanche , précipitée
par les aikalis , mis dans une coupelle garnie de
fa mouffli à un feu de Huit heures, a bruni, &
s’eftaglutinéà-peu-près de la même manière qu’on
l’a obfervé dans le verre pulvérifé & expoféà l’action
d’un feu égal. Confidérant attentivement la
couleur verdâtre de la coupelle , réfléchiffant fur
la caufe qui lui avoit donné lieu; j’ai reconnu
qu’elle avoit été produite par l’oxide de plomb qui
s’étoit vitrifié. En effet, l’enduit verdâtre dont
la coupelle étoit revêtue dans le point de contaâ,
reffembloit parfaitement au vernis dès groffes poteries
de terre.
Ce précipité terreux & métallique , expofé à
l’air pendant quelque temps , a fait effervefcence
avec les acides , & s’y eft diffous plus difficilement
& plus incomplètement qu’avant d’avoir
éprouvé l’a&ion du feu. Car ayant pris trente grains
de ce même précipité non calciné, j’en ai mis
dix grains dans l’acide nitrique , une égale quantité
dans l’acide muriatique, dans lefquels la diffolution
a étécomplette, lorfque l’acide fulfurique
n’a pu diffouçire qu’une partie des dix grains ref-
tans. La maffe faline qui en a réfulté , mife fur les
charbons ardens, s’eft defféchée, a pris de la retraite
& la forme de lames talqueufes.
Ayant filtré une fécondé fois la pinte d’acide
nitrique , dans laquelle étoicnt plongés les débris
de la mauvaife bouteille, dont j’avois déjà obtenu,
depuis fix jours, les dix grains de concrétion
faline ci-deffus, j’ai recueilli vingt-deux grains
d’une nouvelle crifiallifation confufe, dans laquelle
on remarquoit quelques prifmes ou aiguilles foyeu-
fes interpofées & réunies à plufieurs lames talque
ufes femblables aux précédentes. Ces prifmes
expofés au-feu, m’ont paru participer de la nature
des nitrates calcaires & magnéfiens, dont les
bafes avoient été fournies par les charrées employées
en qualité de fondans. Ces matières, mifes
en excès, communiquent au verre leur qualiié
faline. Elles le rendent tendre Ôt attaquable par
les acides : tel eft celui des bouteilles eu queftion.
Enfin, j’ai fait évaporer au bain de fable, dans
une capfule de verre, ce même acide nitnqie
ainfi filtré , lequel a laiffé une certaine quantué
de réfidu' lalin & métallique. J'ai obfervé qu’une
partie de cette fubftance »faline très-rapprochée,
mife fur un charbon ardent, prenoir, dans le point
de contad, la couleur de l’oxide de plomb jaune
ou maffiçot; tandis que la partie fuperieure, &
conféquemment la moins expofée à l’adion du
feu , paffoit feulement à l ’état d’oxide gris ou de
cérufe. Celle-ci, appliquée immédiatement fur le
charbon, donnoit aufli un bel .oxide de plomb
jaune clair.
Ce réfidu, convenablement évàppré , m’a fourni
une grande quantité de criftaux odaedres de nitrate
alumineux, & deux petites végétations d’oxide
de plomb jaune,-formé fpontanément par l’oxygene
de l’acide nitrique employé à diffo. dre les fragmens
des bouteilles. Tous ces oxides de plomb, échauffés
plus fortement, paffoient à l’état de plomb rouge
ou de minium, dont on fait un fi fréquent ufage
dans les verreries.
J’ai donc obtenu|& féparé la filice, la manganèfe,
les fondans terreux & métalliques, tels que le
plomb, la chaux, la magnéfie & l’alumine. J’ai
donc démontré , par l analyfe, quq les bouteilles
de Souvigny à Moulins en Bourbonhois, font
de mauvaife qualité , & pèchent, tant par le
défaut de proportion , que par la nature de leurs
fondans terreux mis inutilement en excès, pour
fuppléer aux fondans faüns , dont j’ai à peine retrouvé
quelques veftiges dans les différentes crif-
tallifations que j’ai obtenues. Elles ont donc gâté
& décompofé le vin qu’on y avoit mis.
On fent trop combien il eft important de faire
choix de boiffons pures & faines , &-de n’employer
que des vaiffeaux propres à les conferver telles!
je ne m’étendrai donc pas fur les dangers & les
inconvéniens qui peuvent réfulter de l’ufage des
bouteilles attaquables & fo lu b les. par le vin &les
acides. Je rapporterai feulement l’obfervation fui-
vante, laquelle en eft une preuve frappante. Un
domeftique, fatigué & altéré j rit uu refte d’une
des bouteilles en quefiion , l’avala précipitamment,
& jufqu’à la lie , ou plutôt jufqu’à la diffolution
de là bouteille même ; il en fut très-incommodé
& tourmenté par de violentes coliques.
Moyen de découvrir f i un vin 'eft frelaté.
» Il faut prendre une partie d’orpiment, deux
de chaux vive, les diffoudre dans du v in , filtrer
cette.diffolution, qu’on gardera pour ces épreuves.
Lorfqu’on voudra éprouver du vin, on en mettra '
[dans un verre, on y verfera goutte à goutte de
la diffolution dont nous venons de parler. Si le
vin eft frelaté, il fe troublera, & il prendra une j
; couleur brune ; fi au contraire, il n’eft pas frelaté, j
il ne fe troublera point, n
Moyen de reconnaître la plus petite quantité de plomb
dans du vin, du cidre ; pur M . B eunie.
Il entroit auffi dans le plan de mes- recherches,
. de trouver unréadif qui pût indiquer très-promptement,
& dans Tinftant même de fon mélangé, la
i prèfence du plomb , par un effet qui ne fût abfo- j
! lument propre qu?à ce métal. Ce réadVif, s’il exif-
| toit, devroit fur-tout avoir l’avantage précieux
d’annoncer avec certitude la quantité la plus petite
du métal dangereux , & telle qu’elle pourroit •
échapper aux procédés connus. J’ai trouvé ce réadif '
fur dans la diffolution du gaz hydrogène ou gaz
hépatique par l’eau diftillée.
Cette, eau fulfureufe artificielle, verfée dans
une diffolution acéreufe de tartrite de plomb , y
produit tout-à-coup un nuage brun, noirâtre, fi
marqué & fi apparent, qu’un ooo, io de ce fel
dans, l’eau y eft très-fenfible, & qu’on peut même
en reconnoître jufqu’à ooo, 100.
En faifant cet effai fur un vin lithargiré artificiellement
, on a un précipité nôir fi abondant,
lorfque cette liqueur contient une quantité notable
d’oxide de plomb, qu’il ne peut refter nul doute
fur fa prèfence. On peut même étendre Cette liqueur
d’une quantité d’eau affez grande pour en
détruire prefque entièrement la couleur rouge naturelle
, & le nuage n’en devient que plus fenfible.
Je me fuis , d’ailleurs, affuré par beaucoup d’expériences
, que tous les vins connus n’éprouvent
nulle altération dans leur couleur par l’eau fulfureufe,
& qu’il n’y a abfolument qu’un .oxide métallique
qui puiffe alors y faire naître un précipité.
Enfin, parmi les divers métaux que j’ai diffous
dans le vin, le plomb eft celui de tous qui donne
le précipité le plus foncé, & dont l’adion eft la
plus marquée fur le gaz hydrogène fulfuré.
Je regarde donc cette épreuve comme la plus
décifive & la plus fure pour reconnoître les plus
petites quantités de plomb dans le vin; elle ne
peut pas induire en erreur con merles foies de
Touffe , puifqu’elle ne donne aucun précipité avec
les vins purs & qui ne contiennent pas de plomb,
tandis que ceux-ci décompofent & précipitent très-
abondamment ces réadifs.
Si l’on vouloit encore avoir une certitude plus
grande fur la prèfence du plomb , il feroit aifé de
recueillir le précipité & de l’examiner par le chalumeau,
on l’obtien,droit dans fon état métallique.
Préparation dit réactif recommandé dans l'article• ci-
V dettus'
Pour préparer ce réadif ou eau fulfurée, on
reçoit dans un flacon plein d’eau diftillée , le tiers
de fon volume du gaz , dégagé des fulfures alcalins
ou foies de foufre folides par les acides, en ren-,
verfant ce flacon fur une planche d’une petite cuve
pneumatochimique , également remplie d’eau dif-
tillée. On bouche le flacon dans l’eau, on l’agite
fortement , & l’eau diftillée fe trouve bientôt
chargée du gaz hépatique qu’elle peut diffoudre.
On peut auffi fe fervir de l’appareil de Hoorth
pour aciduler l’eau en mettant dans le vafe qui
Tert de pied à cette machine , du fulfure alkàlin
en poudre au lieu de craie. Cette eau fulfureufe
artificielle doit être féparée récemment, pour être
employée comme réadif dans les vins ou les liqueurs
lithargirées : on ne peut la garder quelque
temps fans qu’elle s’altère.
Une eau fulfureufe naturelle, comme celle de
Môntmorenci près Pâtis , pourroit être employée
/ avec le même avantage.
RéaElif de M. Zeller pour découvrir le plomb dans
du vin ou autre liqueur.
Prenez une once d’orpiment jaune en pierre,
( celui qu’on vend en poudre étant fouvent falfifié )
deux onces de chaux vive auffi en pierre, pour
qu’elle ait moins perdu de fa narnre ; mêlez ces
fubftances dans un vafe de verre en y verfant
douze onces d’eau. On couvre le vaiffeau avec
une veffie mouillée, & on le place dans un endroit
chaud, durant vingt-quatre heures , avant
foin de remuer le mélange de temps en temps.
Lorfqu’elle eft éclaircie par le dépôt, on la di-
vife en plufieurs petites bouteilles qu’on bouche
exactement, parce qu’elle perd fa force par l’adion
de l’air ; ou même par la vétufté feule. Auffi dans
les cas d’ufage ou d’effai, il faut l’effayer elle-
même , en diffolvant un peu de litharge dans le
vinaigre : mêlant quelques gouttçs de cette diffolution
dans un verre d’eau, puis ajoutant quelques
gouttes du réadif; fi la liqueur noircit, le réadif
eft de bonne qualité.
Si donc on veut s’affurer delà pureté d’un vin
foupçonné, on en remplit un verre, on y jette