
clerïfitè à-peu-près égale à celle du verre que produirait
là compofition neuve ; 2°. qu’ils (oient bien
mêlés à la compolirion. Sans- la première de ces
conditions, la différence de peianteur fpécifique
des deux efpèces de verre occafionneroit des défauts
d’union dans la malle vitreufe , ce qui produirez
dans le verre fabriqué, des fils, des cordes,
‘'des ondes quelquefois même dés feuilletages, c’eft-
à-dire, que l’on remarqueroit dans les ouvrages deux
lames de verre diftinéles, non confondues , & Amplement
fuperpofées l’une fur l’autre. Ce défaut eft
très-rare, parce que faélion du feu fuffit communément,
pour rendre le mélange un peu plus intime;
j’ai cependant eu occafion de l’obferver. Les
dangers, qui réfultent de la diverfe denfué, font
encore plus fenfibles , & plus inévitables, fi on a
négligé la deuxième condition, c’eft-à-dire, le parfait
mélange.
On a foin de laver les caffons, en les plaçant
dans des corbeilles que l’on agite dans l’eau ; par
l à , on les nétoye de la pouffière, & des autres
faletés "qui fe feroient attachées à leurs furfaces.
Lorfqu’on les- fait calciner, on ne les lave qu’a-
près la calcination , les manoeuvres, qu’exige cette
opération , ayant pu les falir ; mais on commence,
même avant de calciner, par éplucher les calions.
On en enlève tous les défauts qui ne. feroient
pas de nature à difparoître par une nouvelle fu-
fion, tels que des pierres , foit qu’elles proviennent
des dégradations d’un vieux four, foit qu’elles
aient pour caufe, ou un fel de verre trop abondant,
ou des parties infondues d’une compofition trop
dure, & des larmes, gouttes de verre qui découlent
quelquefois de la voûte d’un four ufé, & qui ne
contraâe jamais d’union, avec le verre contenu
dans le creufet..
Dans les fabrications foignées, on fépare aufli
très-exa&ement tous les calions qui ont éprouvé
le CQntaâ trop immédiat des outils : tels font les
mors de canne , c’eft-à-dire, la portion de verre,
qui, en formant les Ouvrages, eft demeuré attachée
à la canne, infiniment que nous ferons con-
noitre plus particulièrement. Les parties métalliques
, que le verre auroit entraînées, avec lui, terniraient
la couleur du verre blanc dans lequel on
ferait entrer de femblabies caftons, auffi réferve-
t-on les mors de canne, pour des fabrications plus
communes, dans lefquelles on eft moins ferupu-
leux.
Fritte,
Quelle que foit la compofition du verre, & quelque
matière qu'on y employé , il eft naturellement
affedé d’un principe colorant plus ou moins in-
tenfe, & , après fa fufion, il ferait d’un vert plus
ou moins foncé : on diffîpe le principe colorant
par la calcination, en expofant la compofition à
l ’adion d’un feu vif & clair. Cette calcination générale
, qu’on fait fubir aux matières réunies ÿ eft
l’opération qu’on connoit fous le nom de fritte. Si
chaque matière avoit été calcinée , & traitée foi-
gneufement en particulier, on pourrait abfolu-
ment fe difpenfer de fritter. Nous avons parlé de
cette opération avec aftez de détail dans l’article
glaces coulées, & nous avons expofé allez clairement
, les effets de la fritte, la defcription des fours
qu’on y employé, les principes fur lefquels cette
opération eft fondée, oc les procédés par lefquels
elle s’exécute, pour nous croire en droit de renvoyer
à l’article déjà cité. Nous croyons feulement
devoir prévenir ici, qu’en frittant la compofition,
il faut fe difpenfer d’y joindre les caffons ; i°. parce
qu’ils n’ont aucun befoin d’être frittés ;• 2°. le feu
d’une calcination violente pourrait furfondre les
caffons , qui en fe collant entr’eux ou avec les autres
matières , nuiroient à la fritte.
Les diverfes fortes de fabrications exigeant plus
ou moins de foin, en raifon de la perfeélion du
verre, il en réfulte quelques différences dans les
procédés de la fritte : les unes fe contentent d’une
légère calcination, & on la fait dans des petits
fourneaux joints au four de fufion , & en quelque
forte à feu perdu : dans d’autres on a befoin
de plus d’exaâitude, & on frite dans des fourneaux
faits exprès, tels que nous les avons décrits dans
l’article glaces coulées', dans certaines, on réuffit à
fupprimer cette, opération. Nous rendrons compte
de ces variétés de procédé dans l’article fuivant,
en nous occupant des divers atteliers de verrerie.
Fufion.
Lorfque la compofition eft dans l’état convenable
, on l’enfourne , c’eft-à-dire , on la met dans
les creufets , où elle doit fubir la fufion. Cette opération
très-fimple, déjà décrite dans l’article glaces,
confifte à prendre la matière, dans le lieu où elle
eft en dépôt, avec des pelles appropriées, & àla
verfer dans les creufets. il ne fuffit pas d’enfourner
une fois pour remplir les vafes ; la matière après
qu’elle eft yitrifiée, occupe moins aefpace , & il
faut en remettre de nouvelle, c’eft-à-dire, enfourner
une deuxième fois :;fôn défigne par faire la
première, la fécondé fonte, l’aélion d’enfourner une
première, une leconde fois , & ce n’eft ordinairement
, qu’après trois & quelquefois quatre fontes
que. les pots font complettement pleins. La première
fonte eft la plus confidérable, elle remplit
plus de la moitié du creufet : on enfourne de la
matière , jufqu’à ce que le vafe foit comb’é , c’eft-
à-dire , qu’on met de la compofition , autant qu’il
en peut tenir, fans qu’elle tombe dans le four. On
doit avoir la plus grande attention, à ce que le
four foit très-chaud, à l’iniiant qu’on enfourne :
les matières éprouvant auffi-tôt un violent degré
de chaleur ^font plus promptement & plus effica-
j cernent déterminées à fe mêler intimement, à fe
combiner,
combiner, & la fufion eft plus prompte, plus parfaite.
On vérifie à volonté l’état aéluelde la fufion ,
en tirant des échantillons de verre au bout d’un
petit crochet de fer que l’on plonge dans le creufet;
on laiffe couler’ le verre en gouttes , que l’on
appelle lames d’effai.
Dès que l’on a fait la première fonte , auffi-
tôt que la matière commencé, à éprouver l’aftion
du feu, la compofition s’affâiffe,; Occupe moins
d’efpace dans le creufet, mais alors les effais que
l’on tirerait, ne préfénteroient encore aucune liaifon
vitreufe, ce feroitdes morceaux d’une fritte plus rapprochée,
plus denfe. Bientôt on aperçoit dans les
effais une confidence un peu pâteufe, plus liée, mais
opaque ;le verre doit cette dernière qualité, à l’inter-
pofition des parties du fuin, qui fe dégage : il y a encore
des pierres , c’eft-à-dire, des parties de compofition
qui ne font pas fondues. A cet état fuccède
un commencement de tranfparence , les pierres
deviennent plus rares ; ces dernieres ne tardent pas
à difparoître tout-à-fait, & la tranfparence s’établit,
mais'les larmes d’effai font couvertes de fel
de verre : quelques-unes même ne préfer.tint qu’une
légère couche de verre , qui renferme dans fon
intérieur une vraie larme de fuin, & elles font toutes
très-bôuillonneuies. Cependant l’évaporation
du fel de verre, produit une fumée d’abord noire
& épaiffe, & qui s’éclaircit peu à peu, à mefure
que la fonte avance. Lorfque la vitrification de
la première fonte, eft complette, & que l’on ne
remarque' plus à l’effai de parties infondues, on
fait la deuxième fonte.
Les artiftes ne font pas d’accord, fur l’inftant
précis, auquel il convient d’énfoürner de nouveau :
les uns, & c ’eft, je crois, le plus grand nombre,
enfournent, dès que la première fonte eft fondue,
fans avoir égard, ni au bain de fel de verre qui la
couvre, ni à la quantité de bulles ou de bouillons
que lé verre contient alors : M. Dantic confeille
( p. 128 , t. 1 ) de ne faire la deuxième & la troi-
fiëme fonte, que lorfqu’il ne paraît plus de bulles
dans le verre , mais il n’eft pas d’avis qu’on enlève
le fel de Verre à la première fonte , cette
fubftance aidant à la dépuration du verre : d’autres
enfin veulent que l’on attende , pour faire une fon- |
te, que le'fuin , produit de la fonte précédente,
foit diffipé ou enlevé. Le premier parti eft le plus
expéditif, & je le préférerais, non-feulement par
cette raifon, mais encore par d’autres confidéra-
tions importantes : le mouvement qu’éprouve le
bain de fuin , lorfqu’en enfournant on verfe dans
le creufet de nouvelle matière , en hâte l’évaporation;
on en juge aifémènt à l’oeil, par l’augmentation
de fumée qui a lieu dans cet inftant : d’ailleurs
le bain de fel de verre eft moins promptement
diffipé, tant qu’il eft établi vers le fond du
creufet, que lorfque, placé au haut du vafé, il préfente
plus immédiatement fa furface à la flamme ;
Arts & Métiers. Tome FIJI.
ainfi furnageant la deuxième fonte, il fe trouve dans
Une pofition plus favorable à fa diffipation. Il ferait
avantageux fans doute, que, félon 1 opinion
de M. Dantic, la première fonte ne contînt plus
de bulles, mais peut-on efpérer cet effet , tant
qu’il refte dans le pot un fel de v e r re , que M.
Dantic lui-même ne veut pas qu’on enlève , puif-
que les bulles ont ce même fel de verre, pour
principale caufe ? la dernière méthode entraînerait
beaucoup de perte de temps, & je ne crois pas
qu’on en fût jamais dédommagé , par la plus grande
promptitude avec laquelle s’exécuter oient des
fontes fuivantes & l’affinage.
Onobferve pour les progrès de là fufion, dans
la deuxième, & autres fontes , la même marche
que dans la première : lorfque les pots font à-peu-
près pleins, fi le fel de verre eft trop abondant, c eft
l’inftant le plus favorable, pour l’enlever avec la
poche, ou l’aélion du feu fuffit, pour la diffiper ,
ce qui eft le cas le plus ordinairé. Les larmes
d’effai deviennent plus claires, moins couvertes
de fel de verre; le f il, que l’on a formé, en fâi-
-fant la larme eft plus flexible, plus folide , moins
caftant; enfin il ne paraît plus de fuin dans les
larmes, & les fumées , qui s’élevoient des creufets,
ceffènt d’être fenfibles.
Affinage.
Le verre alors eft rempli de petits points : la
Continuité de la chauffe les fait ouvrir, par la plus
grande expanfion de la fubftance qui les forme ,
les larmes d’effai deviennent bouillonneufes, enfin
les bouillons difparoiffent, & les larmes paroiffent
limpides & fans bulles. Le verre dans cet état eft
fin, & réputé parvenu au point de perfeélion dont
il eft fufceptible, & l’on entend par affinage, le
temps qui s’eft écoulé, depuis la ceffation des fumées
ou l’entière diffipation du fuin , jufqu a l inftant
où le verre eft fin. Le verre ainfi dépuré ,
purgé de fuin , exempt de points , bulles ou bouillons
, en un mot affiné, eft prêt à être travaillé,
mais la violence de la chauffe , qu’il a éprouvée,
le rend dans cet inftant trop fluide, & on eft obligé
d’arrêter le feu , pour que le réfroidiffement lui
procure un dègré de confidence convenable, & ,
afin que ce r éfrôidïft e ment ne foit pas trop précipité ,
on marge le four , c’eft-h-dire, on en bouche tous
lés'orifices , en ceffant de chauffer, ainfi que nous
l’avons expliqué dans l’article glaces coulées. Il eft
donc évident, que le temps, pendant lequel on
ne chauffe plus, doit être d’autant plus court ,
que les ouvrages, auxquels on deftine le verre,
demandent qu’il foit plus fluide : ainfi, l’on fera
moins de temps à reprendre le tifage, lorfqu’on
voudra couler des glaces, que pour tout'autre genre
de verrerie. M. Dantic recommande Xp. 139,
t. i ) de tenir le four marge pendant trois ou qua-
1 tre heures. Je ne fais quelle’ efpèce de verre pour-
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