
✓
tenir de l’eau, pour rafraîchir des fleuri dont on
plonge la queue dans le v a fe , par des branches
ou tuyaux que Ton y adapte. Le bouquetier eft
ouvert par le haut, & c’eft par cet orifice' que
l’on introduit l’eau. On donne au vafe une forme"
à peu près pyramidale ; la bafe eft large & le
diamètre diminue jufques vers l’orifice , 8c les
tuyaux placés à différentes hauteurs, font que les
fleurs fe préfentent fans confufion & avec avantage.
On forme le corps du bouquetier, comme
toutes les pàrajfons que nous avons eu occafion
de décrire-jufqu’ici ; on en applatit le fond fur le
■ in arbre , on détache la pièce de- la canne , en
incifant le haut de la polie. On place le pontil
.fous le fond du vafe, dont on termine l’orifice
avec les fers, après l’avoir réchauffé à l’ouvreau.
Le bouquetier tenant toujours aù bout du pont
il, on cueille du verre au bout d’un ferrer, &
on l’applique en l’endroit où l’on veut placer un
tuyau ; la chaleur de ce verre incandefcent ramollit
le bouquetier , que l’on perce, e > enfonçant
le ferret jufques dans fon intérieur ; alors
retirant le ferret, & l’éloignant de la pièce, le
verre, qui d’un bout tient au vafe & de l’autre
au ferret, forme un tuyau que l’on coupe avec
les cifeaux à la longueur qu’on defire. On lui
donne enfuite avec les pièces la diredion convenable
, & on pafle la pointe d’une des branches
de la pièce dans l’orifice du tuyau pour l’ouvrir,
& effacer la déprefiion des cileaux ; on adopte ,
par le même procédé, au bouquetier, autant de
branches que l’on veut, & fi l’on a l’intention
de faire pofer le vafe fur un pied, on attache
à fon fond une patte, de la même manière, que
nous venons de l’expofer pour le verre à pied.
On voit allez fpuvent des efpèces de burettes
propres à contenir de l’huile ou du vinaigre, qui
font munies d’une anfe folide, & que l’on vide
par un tuyau qui prend vers le fond du vafe, &
s’élève jufques vers J’orifice , en fe recourbant
d’une' manière affez agréable. Le.tuy au fe fabrique
8c s’adapte comme les branches du bou-
quëtiér ; quant à l’anfe, on prend au bout d’un
ferret mince un morceau de verre que l’on marbre
& que l’on alonge pour l’avoir de l’épaiffeur
defirée ; on en applique l’extrémité vers le haut
de la burette : on le coupe avec les cifeaux pour
féparer le ferret ; alors on faifit avec la pièce
l’autre extrémité du verre , on la pofe en fa place
fur la burette, elle s’y attache 8c en forme l’anfe ;
on l’arrondit en profitant de la flexibilité du verre,
pour la tourner en la prefiant avec la même
pièce.
Pour filer les tubes des baromètres , on commence
par former une paraifon que l’on alonge
en forme de poire (fig. i pl. 2 1 ) . Pendant que
le maître s’occupe de cette opération, fon garçon
ou fon gamin prend avec un pontil, un coup de
verre qu’il marbre & qu’il applatit (fig. 2, même
pl.). Le maître & le garçon mouillent dans un
baquet (fig. 3 , meme p l.'), le premier, l’extrémité
de fa paraifon, & le fécond, la furface plate
de fon pontil. Le but de cette manoeuvre eft de
diminuer en cette partie la fluidité du verre attaché,
tant à la canne qu’au pontil, pour que
lôrfque* l’on mettra en contad la paraifon & le
pontil, ils ne puiffent que fe coller fans fe confondre.
En quittant le baquet, le maître aidé de
fon garçon (fig. 4 , même pl. ) , pontifie fa parai-
fon : enfuite ils marchent chacune de leur côté
en s’éloignant l’un de l’autre doucement, & chacun
d’un pas égal ; la paraifon fe file & forme
un très-long tube, que les deux ouvriers pofent,
en fe baiflant également, fur des morceaux de
billette que l’on a difpofés, de diftance en dif-
tance, fur l’aire de la halle, pour le recevoir
(fig. 5 , même pl. ). Il eft évident, que les tubes
font d’autant plus capillaires que la pofte étoit
plus chaude, au moment qu’on a commencé à la
filer ; car plus la paraifon cônfervera de flexibilité,
plus elle. pourra s’étendre, 8c plus elle fournira
de longueur de tube, plus le vide intérieur diminuera.
Les tubes de baromètre fe réfroidiffent, fur
les billettes, & n’ont pas befoin d’autre recuiffon;
ils doivent fans doute cette propriété à leur forme
cylindrique, & fur-tout à l’égalité de leurépaif-
feur, qui d’ailleurs , n’eft pas affez forte , pour
que le réfroidiffement en quelque forte inftant
tané doive être amené par gradation, comme pour
les ouvrages ordinaires.
On termine la fabrication des tubes en les coupant
de longueur avec une pierre à fufil ; après
quoi on en fait des bottes que l’on met en ma-
gazin (fig. 6 , pl. 21 ).
L ’ufage des bancs, pour travailler le verre, eft
très-commode, mais quelques verriers s’en paf-
fent ; fis fe contentent d’attacher fur une de leurs
cuiffes , un liteau de bois uni, fur lequel ils font
rouler leur canne ou leur pontil, lorfqu’ils façonnent
leur ouvrage avec les fers : ce liteau leur
fert de bardelle. Cette pratique dite à l'allemande
eft néceflairement très^gênante pour l’ouvrier,
.qui eft obligé de s’accroupir, en quelque forte , &
de tenir fes jambes dans une fituation pénible,
pour préfenter la cuiffe à fa canne. Dailleifrs la
canne ou le pontil ne portant que fur un point,
fon mouvement ne fauroit être aufli exaéte, ni
aufli régulier, que lorfque, l’inftrument pofé fur
les deux bardelles d’un banc eft manié par un ouvrier
aflis à l’aife. Aufli la dernière méthode n’eft*
elle guerre employée que par la gobeleterie commune,
tandis que l’on fe fert du banc pour les ouvrages
les plus recherchés. Dans divers établiffemens on
n’a qu’une ou deux places fur lefquelles on travail!®
fur des bancs , & elles font défignées fous le
nom de places françoifes ou â la françoife.
Voyez pour ce genre de verrerie les articles
places coulées & glaces foufflées de ce diéliçnnaire.
Criflallerie ou verrerie en criftal blanc.
L’on entend par criftal le verre le/ plus pur,
le plus net, le plus parfait & le plus femblable
aux criftaux de roche , il peut égalèr & même
(ùrpaffer ces' derniers en éclat , mais il ne les
égale jamais en dureté. Il fuit de notre définition ,
que l’expreflion de criftal factice ou artificiel entraîne
toujours l’idée d’une grande tranfparence & d’une :
blancheur parfaite.
On employé le criftal aux mêmes ufages que
le verre blanc ordinaire ; pn le travaille de la même
manière, on le fond dans des fourneaux fembla- ,
blés, nous nous difpenferons donc de répéter
ici, ce que nous avons d it, en traitant de la gobeleterie
, des fours & des opérations, que l’on
doit exécuter feulement, avec plus de goût 8c de
précifion dans la criftallerie,jpuifqueTon a à traiter
une fubftance plus précieufe.
L’on peut conduire, félon le befoin, un criftal
plus ou moins denfe, en fondant le très-beau
fable blanc qui doit en faire la bafe, avec des
fondans falins ou avec desfondans phlogifiiques,
fur-tout la chaux des plombs ou enfin avec les uns
& les autres combinés.
L’on trouve , tant dans l’art de la verrerie de
Nery commenté par Merret & Kunckel, que dans
l’encyclopédie in-folio, plufieurs compofitions de
criftal; fi en eft quelques-unes qui ne diffèrent
que très-peu de la compofition du verre blanc
ordinaire, tant pour l’efpèce des matières que pour
leurs dofes. Ce n’eft donc- que par l’extrême foin
porté au choix & à la préparation des fubftances
qui entrent dans la conreâion du verre, que l’on
amène celui-ci à cet état de perfection & de fi-
neffe qui le constitue criftal. Le prix auquel on vend
le criftal,'permet en effet de faire les frais de répéter
less diffblutions , filtrations , & évaporations pour
obtenir un alkaîi plus pur, moinscoloré , moins
chargé de partie extraâive, d’ajou-ter même des fondans
plus recherchés , tels que le borax& le falpêtre
raffiné, enfin deft^jpourvoirde fables plusfoigneu-
fement choifis, parce qu’il eft poflible, fans y perdre
, d’étendre les recherches à cet égard à une
plus grande diftance.
, Néry, dans le chapitre 2 ( art de la verrerie
in-quarto, page 13 ) confeille pour faire un beau
criftal blanc, de mêler à 200 livres de tarfe , forte
de cailloux très-blancs, duement pulvérifé, environ
130 lrvres d’alkali extrait de la roquette, après
plufieurs diffblutions, filtrations & évaporations;
de faire fritter le mélange & il recommande
fur-tout de fe fervir pour pulvérifer le caillou ,
de mortier de marbre 8c non de métal, dans la
crainte que quelques paities métalliques mêlées
au caillou ne. terniffent l’état du criftal , en y apportant
quelques nuances. Merret, dans fa note
| fur ce chapitre, convient que les cai.loux puivé-
l rifés produifenc par leur fufion un très-beau crif-
! tal ; il croit néanmoins , qu’on peut les remplacer
par de très-beau fable ; Kunckel propofe aufli
l ’emploi du quarts blanc 8c. tranfparent , & il é.end
la propriété de ces pierres à tous les cailloux ; il
affure que le fable produit par les pierres à fufil
noires calcinées 8c pulvérifées, eft très-pur, très-
blanc , 8c il fembie regarder cette fubftance vi-
trifiable , comme la plus propre à obtenir un fu-
perbe criftal. Ce> trois auteurs infifient fur la ne*
ceffitè de ne choifir que les cailloux les plus.olancs,
ou qui après la pülvérifarion , fourniffent le fable
le plus pur, rejettant avec foin tous ceux qui feroient
colorés ou fimplement veinés. Il eft évident que
la compofition dont nous venons de rendre
compte, eft la même que celle du verre à gia'es,
ou que celle du verre blanc, à l’exception de la
dofe de chaux, 8c de celle de manganèfe dont il
n’eft nullement queftion dans le chapitre cité.
Dans les chapitres cinq, fix , les auteurs, que
nous avons déjà nommés, fe fervent pour faire
le criftal, d’aika.i végétal extrait convenablement
des cendres obtenues par la combuftion, foit de
la fougère, foit de diverfes plantes légumineufes,
foit félon Kunckel, de toutes fortes de plantes , 8c
d’eflences de bois; ce dernier artifte reconnoit en
même temps (pag.. 2$ .), que Tonne peut obtenir
un beau criftal, qu’au tant que le fondant employé
à le faire a été parfaitement purifié.
Kunckel donne, (pag. io i . & fuiv. ) , les compofitions
qu’il avoit coutume d’employer pour le
criftal blanc; il prenoit pour fondant, delà potafie
qu’il fàifoit redifloudre ; il filtroit la diflolution ,
faifoit évaporer jufqu’à ficcité, expofoit lef Tel obtenu
à la calcination, lediffolvoit de nouveau, &
procédoit à de nouvelles filtrations 8c évaporations.
Sur 40 livres de ce fondant ainfi préparé,
& d’autant plus parfaite qu’on a multiplié’ les opérations
, fi mettait 60 livres de fable ou de cailloux
, & 5 livres de craie * après avoir réduit I le tout en poudre ; il mêlait exactement la compofition,
8c Tenfournait dans cet état. On trouve une
fécondé compofition de Kunckel , ( pag. 103 ) ,
mais elle eft prefque femblable à la précédente;
la dofe de craie eft feulement plus forte , 8c celle
de manganèfe négligée dans la première , eft exprimée
dans celle-ci, 150 livres de fable*-100 liv.
de potafie bien purifiée , 20 livres de craie & 5 onces
de manganèfe. La chaux remplaceroit avantageu-
fement la craie dans ces compofitions.
L’auteur, qui s’eft occupé de la verrerie en crit-
R r r 2