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feul morceau de fer noir où menue tète , rivé fur j 1
la platine avec clous. Ces lanternes étoient mon- <
tées de quatre fils de fer d’environ une ligne & !
demie de groffeur, retenus fur quatre de huit pans,
& en-deffous du fond par des liens ou attaches de •
plomb fondées.. Les quatre fils de fer venoient
aboutir vers le milieu ;de la platine , & la foute-
noient. Enfin , ces lanternes étoient furmontées
d’un couvercle élevé d’un bon pouce au-deffus du
corps de la lanterne, dont il débordoit le diamètre
d’un pouce & demi au plus, gj
L ’agrandiffement de la capitale, les malheureux
événemens noélarnes devenus plus fréquens, les
rapports des commiflaires des quartiers , les ob-
fervations de l’infpe&eur fingulièrement prépofé à
cette fonélion de police , donnèrent lieu à M.
Hérault de changer la forme des lanternes, & d’en
multiplier le nombre. Elles prirent alors la forme
d’un cul-de-lampe fermé à une difiance égale vers
le bas comme en-haut. Leur hauteur fut portée
à vingt-un pouces un quart au moins , non compris
répaiffeur des plombs. Les pièces qui forment
le corps de chaque lanterne, relièrent fixées au
nombre de vingt-quatre , d’un verre choifi fans
boutons. Mais chacune des huit qui en compofent
le milieu, devoit avoir huit pouces une ligne de
hauteur, fur cinq pouces dix lignes de largeur ; .
& chacune de celles formant le cul-de-lampe &
la cheminée, fix pouces fept lignes de haut,.fur
cinq pouces dix lignes de large, par le bout qui
touche à la pièce du milieu, & fur quatre pouces
fept lignes par ceux qui avoifinent le couvercle
ou forment'le cul-de-lampe.
Le fond de la lanterne étoit, comme aux pre-
miètes , de fept pièces de verre plein & d’une
vide ; mais on ordonna que la platine occupant
le milieu du fond, feroit de fer-blanc très-fort,
percé-, de plùfieurs trous, fur-tout au droit des
deux bobèches; qu’entre elles feroit placé un fil
d’archal de deux lignes de gros, & îept pouces
de hauteur, formant par-le haut un ovale de deux
pouces dans oeuvre , pour maintenir droite la
chandelle; & par le bas , pour s’affermir contre
la main de l'allumeur & lui donner paffage , un
double coude inhérent. aux bobèches ; qu’elles
feroient de tôle neuve & forte d’un pouce & demi
de hauteur., d’un feul morceau fe joignant, &
leur diamètre, d’un pouce à la grande & de neuf
lignes à la petite.
. Pour contretenir les pièces du cul-de-lampe,
on affujettit le vitrier à tenir plus fort que foible
je panneau du fond. Les plombs & la platine qu’ils
entourent , dévoient être éramés par-dedans &
blanchis de foudure. Le-tour du vide laiffé pour
l’a’ lumeur-, fut bordé par un plomb, dans la chambrée
duquel, & auprès du coeur, étoit tncaftré
un brin de fil de fer d’une feule pièce, qui' en
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fait le tour. Sur ce fil de fer étoient relevés les
ourlets du plomb pour les étamer, en coulant la
foudure au devant des ourlets.
Au-deffus du vide , au-dedans de la lanterne,
on ajufia d’abord une trappe de fer noir, percée
de plufieurs trous * comme la platine. Le bord
de cette trappe, creux & arrondi du côté du pan
du cul-de-lampe , étoit traverfé par un fil de fer I
moyennement gros, dont les bouts, paffant au
travers des plombs montans , y étoient retenus par j
un crochet qu’on y formoit avec une pince. O n y a
depuis fubfiitué, pour effacer l’ombrage formé fur
le pavé par la platine & par cette trappe, un châffis
de fer-blanc à couliffe, dans lequel, par le côté
le plus large , qui étoit de quatre pouces fept j
lignes , & qui par conféquent n’ excédoit pas la
largeur du plomb, on inféroit une pièce de verre
qui le rempliffoit, en prenant la précaution de
faite fouder par le ferblantier, en dedans,, un
renvoi aufîi de fer-blanc, d’un pouce de faillie,
pour le faire retomber fur le fond lorfque fallu-
meur retire fa main. La jointure des pièces qui
compofent le corps de la lanterne, étoit, ainfi
que le panneau du fond, faite avec un plomb de
fix lignes de face tout tiré.
Chaque lanterne étoit montée de quatre fils de
fer de deux lignes de diamètre. Les deux fils qui
fe trouvent vis-à-vis l’un de l’autre, traverfoient
en deffous le fond de la lanterne , pour y être
arrêtés & foudés d’une extrémité à l’autre, de la
la largeur du fond, fans boucher le trou de la
bobèche. Les deux autres étoient coupés de longueur
à joindre les deux premiers, en paffant par-
deffous eux. Tous dévoient être attachés avec des
liens forts & larges r réunis deffous & deffus par
une foudure. Ces fils de fer dévoient encore être
de longueur à maintenir un couvercle^ dé tôle
légère , du diamètre de la fermeture , p e r c é de
trous pour laiffer paffage à la fumée , & empêcher
le vent, en fe rabattant fur la chandelle, delà
pouffer trop vite. Pardeffus étoit un premier couvercle
de tôle plus forte. Les quatre fils y paffoient
comme dans le précédent, par quatre trous jugement
efpacés à l’endroit des liens de plomb. Entre
ce premier couvercle & le bord.de la fermeture ou I
cheminée, étoit un efpace d’environ un pouce &
demi. Ce couvercle étoit de quinze à feize pouces
de diamètre, peint pardeffus de deux couches de
couleur à l’huile, & rafraîchi de couleur tous les
deux a n s . =■
' Malgré tant de précautions pour faciliter la
clarté , malgré le nombre des lanternes , porte a
plus de fept mille, Paris ne fe trouvoit pnçore que
foiblement éclairé. Les chandelles ne pouvant être
mouchées, entretenoient un jour louche, & les
plombs formoient fur le pavé, de grandes ombres
d’autant plus multipliées , qu’il y avoit plus de
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lanternes. Loin d’en tirer les avantagés qu’on avoit
lieu de s’en promettre, tant pour la commodité
nue pour la fureté publique, elles ne compensaient
pas même les frais qu’occafionnoit leur entretien.
Depuis le premier quartier de la lune de mai, juf-
qii’au lendemain de la pleine lune d’août', elles
n’étoient point allumées. Pour parer à ces incon-
véniens, un prix de deux mille livres fut propofé
pour quiconque , au jugement de l’académie des
fciences, découvriroit la meilleure maniéré d éclairer
vendant la nuit les rues d'une grande ville » en combinant
la plus grande clarté, la facilité du fervice
& l'économie. Après diverfes tentatiy.es, on trouva
ce qu’on cherchoit dans les lanternes à réverbère ,
auffi agréables à la vue qu’utiles par la clarté qu elles
produifent.
La forme de ces nouvelles lanternes eft hexagone.
Elles font garnies de carreaux de verre , &
ont deux, trois, quatre, cinq becs de lumière ,
fuivant leur deftination. La cage eft en fer brafe,
fans foudures, & montée à vis & écrous. Celles
j à cinq becs de lumière'ont deux pieds frois pouces
de hauteur , vingt pouces de diamètre par le haut
& dix par le bas. Celles à trois & quatre bées,
; deux pieds de hauteur, dix-huit pouces de diamètre
[ par le haut & neuf par le bas. Celles à deux becs,
vingt-deux pouces de hauteur, feize pouces de
diamèire en-haut & huit en-bas. Leur chapiteau
eft compris dans la hauteur. ^
Chaque lanterne a trois lampes de différentes
grandeurs , félon la durée du temps qu’elles doivent
éclairer, & chaque bec de lampes un petit
réverbère. Un grand réverbère, placé horifontale-
«ment au-deffus des lumières, entreprend toute la
grandeur de la lanterne pour diffiper les pmbres.
Tous.les réverbères fqnt de cuivre argente mat,
de fix feuilles d’argent, & ont un tiers de ligne
I d’épaiffeur. Une feule tige avec fes agraffes fert
i pour monter les réverbères néceffaires Si les. lampes
de chaque lanterne. Les porte-mèches font en
fer, & vont dans toutes les lampes.
Les chapiteaux extérieurs de chaque lanterne &
leurs chaperons font de cuivre. Ils on t, comme les
réverbères, un tiers de ligne d epaiffeur. Pour donner
plùs de folidité aux chapiteaux , ainfi qu’aux
grands réverbères, ils font réunis avec dés plates-
bandes de fer, par des vis & des écrous. Le deffous
de chaque lanterne s’ouvre & ferme avec des
crochets & des charnières de fer, montés à vis &
écrous. Par-là, ni la chaleur de là lampe ni l’injure
du temps ne peuvent rien endommager. Chaque
chapiteau a un crochet. Enfin, il'y a par lanterne
, trois poulies dè cuivre montées de leurs
chapes, avec des vis & des crochets. Il y a auffi
des pommelles pour celles qu’il faut fceller dans
le mur, lorfque le cas l’exige.
Le bail de ces nouvelles lanternes commença le
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premier août 1769. Les entrepreneurs furent chargés
pour vingt années, des fourniture & entretien
delà quantité néceffaire de lanternes pour éclairer
tome la ville. Elles dévoient être allumées 1 année
entière, depuis la fin du jour jufqu’à trois heures
du matin, même les jours de lune, dans l’intervalle
qu’elle n’é.claire point. Pour que le. fervice
fe fit avec grande exaâimde, vingt lanternes au
plus furent confiées à chaque allumeur. Tous furent
furveillés par quatre infpeéfeurs & dix ou douze
commis chargés ègalement'de veiller fur l’illumi-
natlo’n.
Les entrepreneurs étoient tenus en outre de
fournir & renouveler tous les ans, fuivant 1 ufage ,
les poulies, cordages & autres chofes néceffaires
à la fufpenfion des lanternes ; d’entretenir les boîtes
& potences de fer; de faire réargenter les réverbères
au befoin; de remplacer les verres caffés
par quelqu’aceident que ce' fût ; de fournir cinq
lanternes par cent avec tous leurs acceffoires pour
fuppléer à celles Hors d’état de fervir ; & de payer
les allumeurs. Ils dévoient encore avoir deux entrepôts
généraux.de chaque côte de la rivière,
& huit ou dix entrepôts particuliers dans le centre
de chaque département. Leurs magafins dévoient
toujours être,pourvus fuffifamment pour une année
entière d’huile d’olive de bonne qualité, feule dont
les lampes doivent être remplies. Tous lesuften-
files néceffaires dans les entrepôts, comme baquets,
paniers pour épurer les huiles, font à leur
compte , & généralement tout ce qui eft relatif à
l’illumination. Ces lanternes à réverbères s’intro-
duifent de jour en jour pour éclairer les cours ;
paffages & efcaliers. On ne fe fert plus guère à
cet effet des anciennes lanternes, branche de vit
trerie qui n’a plus lieu que pour les réjouiffances
publiques.
C’eft,l’ufage en France , dans fes jours de fêtes ,"
d’illuminer de petites lanternes de verre en plomb
les palais des grands , les hôtels de -ville & les
monumens. qu’on élève pour la décoration. Ceux
qui ont écrit fur les' moeurs des; Chinois, nous
apprennent qu’ils en font un grand ufage le jour
qu’ils appellent fingulièrement dans leur premier
mois la fête des lanternes, trop connue pour la re—.
péter ici/'
Cet ufage s'accrédita parmi nous . principalement
aux fêtes publiques-pour le mariage de madame
Louife-Elifabetb de France avec l’infant Don
Philippe, duc de Parme. Plus féconds en verre
que les Chinois qui nous font infiniment fupé-
rieurs dans les émaux colorans & dans les couleurs
végétales, nous nous en fommes tenus à la feule Itranfparence du verre blanc, qui n’eft pas fans effet.
En défendant la lumière renfermée dans nos petites
lanternès contre la violence du j v en t, elles fe
prêtent mutuellement un éclat qui, fans êcre aufti
S f f f 1