
forêt, pour le conferver Couple, & de peur qu’il
ne Cècne trop, étant mis eii meule, de le couvrir
de brouflailles ou de copeaux. Quand une
fois il eft vendu au tonnelier , c’eft à lui à le tenir
dans un lieu frais , pour le conferver Couple.
Nous avons laiffé le tonneau garni feulement
de quatre cercles, pour retenir les douves & fes
deux fonds. Les tonneliers qui vendent les tonneaux
neufs, & qui en font trafic en gros » ou
qui en envoient dans les îles , fouvent les démontent
, en numérotent les pièces, & les envoient
ainfi en planches; ce qu’ils appellent en bottes.
Une feule pièce en renferme plufieurs démontées.
Les pièces tiennent moins de place ; le tranfport
en devient bien plus aifé. Ils envoient les fonds
à part, & les cerceaux en mottes ou bottes. C ’eft
l'ouvrage du tonnelier auquel ils les adreffent,
de retrouver les planches de chaque pièce numérotées
, & de les relier, lorfqu’elles font arrivées
à leur d'eftination.
A Orléans, le tonneau ou poinçon neuf n’a
que dix cercles quand le tonnelier le livre. Quelques
mois après qu’ il a été vendu, le tonnelier
vient le garnir de huit autres cercles. Il ajoute
quatre cercles de chaque côté du bondon fur ce
qu’on appelle le bouge, ou le ventre du tonneau.
Il ôte aufli les deux derniers cercles les plus près
des extrémités du tonneau , & en remet deux«,
doubles qu’on appelle fommiers.
On donne le nom de fommïer à deux .cercles
pofés l’un dans l’autre, liés chacun comme tous
les cercles avec l’ofier, & q u i, après avoir été
doublés , font encore liés enfemble. Les fommiers
ont plus de force ; & étant plus épais, ils portent
à terre quand on roule la futaille , & épargnent
aux jables le choc & les frottemens qui
pourroient l‘es endommager.
Les fommiers font encore deftinés à fervir de
point d’appui aux chevilles de la barre. Sommai
ger, c’eft donc placer les fommiers.
Chaque pays a fa façon de placer les cercles.
Nous avons dit qu’à Orléans on en met dix-huit,
cinq contre le jable, & quatre contre le bondon
ou fur le bouge. Quelquefois, au lieu de fêpa-
rer les cercles, les tonneliers les ferrent l’un contre
l’autre, & ne laiffent point d’efpace entr’eux,
ce que l ’on appelle relier en plein.
A Paris, les tonneliers ne garniffent les tonneaux
ou poinçons que de quatorze cercles , quatre
fur le jable , qu’ils nomment le talus, le fom-
mier, le collet & le fous-collet, ou le premier &
le deuxième collet ; & trois autres, dont le dernier
, le plus près du bondon, eft le feu! qui
porte un nom. ils le nomment le premier en bouge
ou fur le bouge.
Cette quantité de cercles varie encore, fuivant
qu’ils foht plus ou moins larges & forts. Le plus
dont on garniffe un tonneau , eft de quatorze ,
ving-deux, vingt-quatre.
Un tonneau , fût ou futaille dans ce dernier état,
lorfqu’il a fes cerceaüx , fes fonds & fes barres
garnies de chevilles , fe nomme futaille montée.
Nous allons expliquer la façon de placer un
de ces cercles; ce qui fuflira, puifque c’eft la
même manoeuvre qui fe répète pour les autres.
Le tonnelier, pour relier un tonneauprend
un cercle, & le préfente fur le tonneau , à l’endroit
où il veut le placer Voici comme il donne
au cercle la longueur qu’il doit avoir pour ferrer
la partie où il fera mis. Il tient d’une main
une extrémité de fon cercle, & de l’autre main
l’autre extrémité du cercle, mais environ aux
trois quarts de fa longueur.
v Dans les grandes pièces, en mefure la largeur
du tonneau avec un öfter, fur lequel on règle
enfuite la circonférence du cercle.
La première main appuie l’extrémité du cercle
contre une douve à un endroit que le tonnelier
remarque. Dans ce temps, la partie moyenne du
cercle eft élevée en l’air. Il fait avec fon autre
main porter fucceflivement chaque partie du cercle
contre fon tonneau , fans faire quitter de
place à fa première main. Seulement quand la
moyenne partie du cercle porte contre le tonneau,
cette main élève l^t première portion, du cercle
& la porte un peu en haut ; & il promène âinfi
chaque partie du cercle fur chaque partie du tonneau
, à l’endroit où il doit être mis..
Il remarque Pendroit du cercle qui répond à
la première partie où a été placée l’extrémité de
fon cercle , & il fait rejoindre avec fes deux mains
cette extrémité à l’endroit marqué. Il laifle une
portion du cercle pour déborder cette première,
& il retranche le refte du cercle qui deviendroit
inutile.
Il eft fûr, avec ces précautions, de donner
au cercle 1e diamètre de la partie du tonneau fur
laquelle il a defîein de le pofer.
Pour lui donner ce qu’ils appellent de la ferre,
il feit rentrer un peu l’extrémité du cercle en-
dedans , & retient d’une main les deux parties
du cercle qui fe recouvrent l’une fur l’autre,
& qui tendroient par leur reffort à s’approcher
de là ligne droite, tandis que de l’autre main il
feit fur le tranchant du cercle deux entailles av ec
la achire à une certaine diflance des extrémités
du cercle.
En enlevant le bois qui fe trouve entre'chaque
entaille, & formant ce qu’on appelle une coc/ie,
il le retient toujours dans cette pofmon, & l y
aflùjettit avec l’ofier.
L’ofter eft fait de jeunes branches de certaines
efpèces de feule. On les coupe tous les ans pour
être employées à cetufage. La branche'doit être
fendue; c’elt-à-dire, que chaque brin doit être
pris dans une planche féparée; & à Orléans,
quand on les deftine à lier & retenir les cercles,
on la partage en trois ou en quatre , fuivant la
direction des fibres du bois.
Le tonnelier à Paris l’achète tout fendu en botte,
en molle ou torche, co.mpofée de cent cinquante
brins de trois à quatre pieds de, long. Les tonneliers
dans les provinces , achètent fouvent l’ofier
des vignerons, qui le cultivent & qui le vendent
eux-mêmes. Nous donnerons à la fin de
la defeription de cet art les moyens employés
pour partager l’ofier. Le. tonnelier conferve dans
fa cave l’ofier fendu ; & avant de s en fervir, il
a la précaution de le mettre tremper pendant
quelques heures dans l’eau 9 pour qu il devienne
plus fouple.
Le tonnelier, après avoir réuni les deux extrémités
du cercle , & après avoir placé l’une fur ,
l’autre les deux entailles qu’il a faites , pour que
l ’ouverture du cercle ait la dimenfion du tonneau
à l’endroit où il defire le placer, il approche l’une
fur l'autre les deux entailles dont nous avons parlé;
& retenant le cercle d’une main , il prend de
l’autre deux brins d’ofier. Il en caffe le bois
vers 'une de leurs extiémités, & ne laifle que
l ’écorce pour diminuer l’épaifleur, feulement dans
cette partie de rofier.il pafle ces extrémités moins
épaifles entre les parties du cercle qui fe recouvrent.
Il fait plufieurs tours fur le cercle pour le
bien aflùjettir. Il continue ainfi d’entourer d’ofier
& de lier enfemble les deux extrémités du cercle.
Il garnit d’ofier les entailles, & finit par paffer
les bouts de l’ofier fous le dernier tour qu’il vient
de faire : il ferre les brins, & par cette efpèce de
noeud arrête fon ofier. Il coupe ce qui déborde,
en le faifent porter fur le jable de fon tonneau
& frappant'deflùs avec la cochoire, ou il le coupe
avec une ferpette.
Il arrive fouvent qu’un des brins de fon ofier
eft plus court que l'autre : pour lors il fupplée
à celui qui manque de longueur, par un nouveau
brin qu’il maintient par un noeud femblable
à celui que nous venons de décrire.
l e tonnelier lie encore fon cercle avec de l’ofier
à deux autres endroits différens, l’un très-prés
des extrémités du cercle • & l’autre entre ce dernier
lien & le premier, fous lequel fe trouvent
les entailles & les coches dont nous venons de
parler.
Il ne s’agit plus que de mettre en place ce
cercle lié en trois endroits, ainfi que nous venons
de le dire.
Le tonnelier a l’attention de pofer fon cercle,
de façon que les coches ou entailles qu’il y a
faites foient en-deffus, & la ligature principale
du côté où doit être le bondon. Il fe fe r t, pour
mettre les derniers cercles en place , de la tire
à cercle ou du tiretoir.
Après avoir placé la moitié de la circonférence
du cercle fur les douves , il faifit avec le crochet
de fer que porte le tiretoir , l autre partie
du cercle oppofée à cette première; & appuyant
fur le dehors de la pièce le bout applati du
tiretoir, en pefant fur le levier qui fert de manche
à l’outil, il amène à- lui le cerceau, & fait
prêter le cercle au contour du tonneau. U appuie
en même temps le genou fur fon cercle pour
l’empêcher de revenir.
Il engage encore les douves à fe prêter à l’entrée
du cercle par quelques coups de maillet qu’il
leur donne à différens endroits ; enfin il enfonce
le cercle & le chaffe avec le maillet.
Pour faire entrer les cercles plus aifement, &
pouvoir les frapper fans rifquer de les endommager
, il fe fert du chaffoir qui eft un coin de
bois dont les deux extrémités font coupees : il
le tient dans la main , & le pofe fur le cercle
qu’il veut faire entrer.
Il frappe à coups redoublés fur le chaffoir ; il
contourne ainfi le cercle , en faifant toujours
fuivre le chaffoir , & contraint ainfi le cercle
de defeendre jufqu’à l’endroit du tonneau où il
veut le pofer.
Il a encore l'attention , pour rendre le bois
moins coulant, ou plutôt pour imbiber l’humidité
, & pour que le cercle une fois enfoncé d’un
côté ne revienne pas en le frappant fur l’autre,
de le frotter avec de la craie , ainfi que l’endroit
du tonneau où il doit le placer.
On retient les petits cerceaux qu’on deftine
pour de petits barrils, fans fe fervir de brins
d’ofier. Cette manoeuvre plus courte , confifte
à pratiquer fur la largeur de ces cercles deux
petites entailles i chacune de leurs extrémités :
la première, fur une épaiffeur du cercle ; la fécondé
fur l’autre.