
Le velours cifelè ou u n i, & même le velours
ras de foie & coton , fervent à faire des lièges
ou des portières ; on en peut faire auffi des lits
& des tapifferies, mais l’ufage n’en eft pas commun.
Le velours qui a fervi pour robes de
femmes ou habits d’hommes , s’emploie pour
des bergères, fauteuils à la reine, cabriolets ,
ou même pour une ducheffe. On en fait rarement
des fauteuils ou autres meubles à demeure,
tels qu’ottomanes , fophas, canapés, &c.
Le velours «KUtrecht fil & poil de chevre ,
n’eft d’ufage que pour les fièges, 8c eft fort
eftimé quant au fervice, attendu qu’il eft plus
folide & de moins de dêpenfe que le damas.
La moquette fil &*poil de chevre , n’eft propre
qu’à faire des tapis de pieds, 8c des fièges
d’anti-chambres.
Le fatin ne fert guère que pour des lits piqués.
La brocatelle à fleurs damaffées, & dont la
fabrique eft fil 8c foie, fert-, auffi. bien que la
fatinate de fil & foie, pour les tapifferies de
cabinets ornés de tableaux 8c, bibliothèques.
La moire, ou de fo ie , ou bien de fil & foie,
eft propre à des meubles de toute efpèce, mais
les rideaux qu’on en fait font fujets à fe gripper
fur les côtés. où l’on porte la main pour
les ouvrir & les feomer, fur-tout ceux de moire
fil & foie.
Les Siamoifes qui ont le même avantage, de
quelque efpèce qu elles foient, font fujettes auffi
au même inconvénient; & l’on ne peut l’éviter
que dans les rideaux des croifées qu’on ouvre
ou qu’on ferme avec des cordons, dont on ne
fe fert pas ordinairement dans les lits : & quand
même on s’en feyviroit, comme on eft- obligé
de mettre des mains pour arrêter les rideaux à côté
du doffier, il en réfulteroit le même inconvénient.
La fiamoife qui eft appelée de la porte , &
celle de la barrière du Temple , font les plus
fortes 8c les mieux fabriquées. On en fait des
lits , tapifferies, rideaux de croifées , mais rarement
des fièges ; à moins qu’on ne s’en ferve
pour des carreaux à mettre fur des fauteuils &
des chaifes de paille. La fiamoife de Rouen eft -
du même ufage que celles dont je viens de parle
r , 8c elles font toutes en fil & coton. On en-
fabrique en fil & laine à la barrière du Temple.
II y a auffi des fiamoifes à carreaux qui imitent
le taffetas, 8c qui peuvent fervir pour des
rideaux de croifées.
Le camelot que nous employons pour les meubles
eft le moiré, plein ou ray é; il n’eft que
de laine, ou laine & fil. On s’en fert pour lits,
rideaux de croifées, tapifferies 8c fièges. C ’eft
l ’étoffe la plus honnête après la moire, mais
elle eft un peu fujette aux vers , ainfi quë la ferg®
| qui n’eft d’ufage que pour les lits.
Les tapifferies de cuir doré ou argenté, les
' toiles cirées ou peintes en deffins de toute ef-
i pèce, fpit figures ou payfages , fervent aux
anti-chambres. Il faut en dire autant de la ton-
tiffe qui elt une toile gommée fur laquelle on a
formé un deffin de laine hachée, 8c dont les
couleurs font différentes du fond, ou ' fi c’eft
la même couleur, elle diffère dans les nuances
des fleurs.
Les toiles peintes de toute efpèce fervent à
faire de beaux meubles, fur - tout pour la campagne..
Il n’y a que deux fortes de bois, le noyer
8c le hêtre, qui foient bons à faire des couchettes
8c fièges de toute efpèce. Le noyer eft
le meilleur ; mais quand les 'meublés font en
vernis ou autre couleur , ou bien en dorure, il
importe peu qu’ils foient de noyer.
Les chaffis, impériales ou baldaquins, font
toujours de hêtre. Obfervons que le noyer eft
plus cher que le hêtre, qui néanmoins fert également
; 8c quoique le noyer foit plus beau ,
fi l’on n’y fait pas attention, on prend fouvent
l’un pour l’autre.
On peut juger de toute autre étoffe propre à
faire des meubles par celles ci-deffus.
Des affortimènts (t’étoffes.
En affortiffant plufieurs pièces d’étoffes, foit
en damas ou autres étoffes à fleurs, il arrive
fouvent que les deffins font plus ou moins grands ,
ce qui rend difficile le rapport des fleurs.
Autre difficulté quand les nuances du fond 8c
des fleurs différent d’une pièce d’étoffe à une
autre pièce; fi on ne peut éviter ces inconvénients
, il faut au moins examiner fi ces pièces
féparées pourront produire la quantité dont on
a befoin pour les différentes parties des meubles,
8c f i , étant réunies enfemble, elles ne préfen-
tent rien de choquant à la vue.
Avant que d’employer le damas, il faut l’étendre
pendant plufieurs jours, afin qu’H prenne
l’air , 8c qu’il fe raCcourciffe , ce qui arrive aux
étoffes de foie. Faute de cette précaution, toutes
les étoffes de ce genre que l’on auroit coupées
, fe trouveroient trop courtes pour les meubles.
On ne doit rien couper, de fon damas ou
d’autre étoffe que l’on n’ait trouvé le nombre
des maîtreffes fleurs dont on a befoin, tant pour
les lits , dans leur entier, que pour les meubles
de toute autre efpèce. Cette précaution eft d’autant
plus néceffaire, que fi on ne trouve pas le
«ombre de ces fleurs, on prend d’autres arran-
gements.
En coupant fon7étoffe, il faut laiffer pour le
raccourciffement, l’éfilage, le remploi 8c le réglement
haut 8c bas , deux à trois doigts plus que
la mefure.
De la diflribution des fleurs.
Les maîtreffes fleurs fe mettent dans les milieux
de la tapifferie , 8c à portée de la vue.
Quoique les pièces fe trouvent féparées les unes
des autres, il faut néanmoins que le rapport des
fleurs foit jufte, 8c fur-tout que la maîtreffe
régné au pourtour de l’appartement, 8c à égale
hauteur ; il en eft de même pour les rideaux 8c
portières.
Quant aux fièges de toute efpèce, il eft très-
effentiel que la fleur principale foit dans le doffier.
Celles qui approchent le plus de la principale
-fervent pour les fonds ; ou bien , s’il arrive
qu’elles foient d’une étendue fuffifante pour
le fond 8c le doffier, on met la tête au doffier,
8c le pied au fond.
Quand on veut affembler les. lés, foit de lits ,
tapifferies, rideaux ou fièges, 6c qu’il y a de
la difficulté dans le raccord des fleurs, on fait
un choix dans les lés pour les àffortir le mieux
qu’il eft poffible, 8c l’on donne des coups de
cifeaux à la lifière la plus roide, afin qu’en la
tirant, elle puiffe plus aifément fe joindre à l’autre.
N’oublions point que quand on affemble plufieurs
lé s, il faut non-feulement que les fleurs !
ordinaires fe rapportent, mais encore que celles
qui font auprès des lifières 8c qui paroiffent
défoeuvrées répondent à quelqu’une du milieu ,
dans les proportions du vis-à-vis ; ce qui forme
le corps du deffin.
Nous avons quelquefois fur les côtés des li-
fières, un ou deux demi-cartouches, qui, par
le moyen des lés affemblés, forment le cartouche
entier. Il ne fuffit pas d’affembler ces demi-
cartouches , ni même qu’ils s’accordent dans leur
grandeur ou forme apparente ; il faut encore
avoir en vue la totalité du deffin, quand les
lés font affemblés.
Oh eft quelquefois obligé , fur-tout dans les
toiles peintes , de lever une band#- d’étoffe fur
un côté de lifière pour pouvoir raccorder fa-
fleur avec celle d’un autre lé. Enfin il y a des
deffins qui paroiffent fi baroques , qu’on diroit
que les fleurs font fens deflùs deffous. Alors on
examine le deffin avec beaucoup d’attention , fur-
tout ce qui regarde les terraffes , le gros des ti- j
ges , en un mot l’on compare tous les objets en-
lemble ; 8c remarquons que ce qui décide pour le
haut ou pour le bas, n’eft pas toujours ce qui
frappe la vue , quoique le copp-d’oeil foit très-
important ; mais ce qui s’accorde dans les attributs
les plus effentiels.
Il faut, autant qu’il eft poffible , raccorder les
étoffes à quadrille ou rayées en travers ; fi les
rayures font au fens des lé s, il faut prendre
garde , en faifant la couture , qu’il n’y ait pas
enfemble deux rayures d'une même couleur. Il
arrive auffi qu’à côté des grandes rayures , il y
en a une petite , ou même deux de différentes
couleurs ; c’efi-à-dire , une couleur d’un côté ,
8c une de l’autre , ce qui demande de l’attention
, tant pour faire l’affemblage des lé s , que
pour pofer fes couleurs les unes au-deffus des
autres. ^
J’en dis autant pour les placer dans le fond 8c
le doffier d’un fiège , & enfin dans un li t , à
compter depuis la pente du pied, jufqu’au fou-
baffement du bas de la courte-pointe par devant.
Dans les étoffes d e . foie 8c à fleurs que l’on
emploie pour les lits, ou fièges, on ne met
guère que du galon de foie ou de la crête pour
tout ornement : cette étoffe s’emploie feulement
en raccordant bien les fleurs, 8c en les pofant
dans leurs juftes proportions. Il dépend, au refte,
du bourgeois de faire plus ou moins de dépenfe
pour les ornements.
Des étoffes rayées & toiles peintes avec des encadrements
6* cartouches.
Dans les étoffes rayées, foit en taffetas ou
autre chofe, on met une bordure haut 8c bas
à la tapifferie 8c aux rideaux. Cette bordure eft
fouvent de la même étoffe ; on la met en travers,
8c on la prend dans un lé que l’on coupe
en deux.
Pour les pentes, foubaffements, plattes-bandes
d’impériales, l’on prend fur l’étoffe une partie
de la rayure qui convient le mieux pour en faire
le pourtour.
Les toiles peintes de toute efpèce, même les
moindres 8c les plus communes, fervent à faire
des meubles de goût, commodes 8c agréables
à la vue. Il n’eft queftion pour cela que de fa-
voir diftribuer toutes les parties de ces étoffes,
foit en les uniffant, foit en les féparant, dans
les lits, fièges, tapifferies, rideaux de li t , croifées
ou autres meubles.
Il y a tant de variété dans ces fortes d’étoffes
, qu’on peut en faire des meubles de goût,
en partageant ou en variant les lés des tapifferies