
large, on rapporte, le corps au bord du jonc de
la bordure par en haut & fur les côtés.
Afin qu’elle foit plus correctement tendue, on
attache avec deux doux une ficelle haut & bas
au bord du jonc pour pofer la bordure de niveau.
On jette auffi un plomb fur les bordures
montantes , afin qu’elles tombent droites , de
meme que fur les plis des pièces qui doivent fe
joindre entre elles. Ces plis fe font l’un fur l’autre,
&. quelquefois à côté l’un de l’autre ; ce
qu’on appelle un plis baifé.
Il eft néceffaire que la tapiffierie joigne le
plat-fond ou la corniche , s’il y en a une, pour
ne pas voir le blanc de la muraille ; on eft auffi
quelquefois obligé de contourner un pli pour dégager
& laiffer. voir la figure oh le payfage.
Les plis doivent fe trouver à l’oppofé du jour
de l’appartement.
Avant de finir de tendre une pièce & de la
fixer, on doit l’attacher avec quelques broquet-
tes pour voir l’effet qu’elle fera.
Quand la tapifferie eft trop haute , on en ;
remploie ordinairement le corps fur la bordure
par le haut ; mais fi le deffin fe trouve coupé
parle p li, ce qui eft défagréable à v o ir , on la
remploie par le bas.
Quand une pièce de tapifferie eft coupée en
.P* f on fâK couver dans les endroits moins
vifibles le coté ou manque la bordure ; autrement
on a foin de les faire fymétrifer, tant pour
les bordures que pour les places qui en manquent.
Si les bordures font trop lâches, il faut les
foutenir; fi elles font roides, il faut les bien ti-
rer, afin qu’elles tombent au niveau du corps de
ia tapifferie. ■
Quand les encoignures font plus enfoncées du
haut au bas, ou du bas au haut, on attache la
tapifferie dans l’angle le plus creux, & on fait
un remploi à l’angle le moins creux , afin que
cela ne choque pas la vue.
Quand la tapifferie ne fe trouve pas affez large
pour être attachée dans l’angle, ou la fait voler
lur la muraille d’à côté.
Quand^on a de la tapifferie en indienne, ou
autre étoffe, fi le corps fe trouve trop large, on
le remploie fur les bordures, quand il y en a ;
mais ii faut coudre ce remploi, parce que les
broquettes endommageroient les tapifferies & les
mettroient hors d’état de fervir. On fe fert d’un
à plomb, pour faire tomber les raies droites.
'Tenture de lit à la duchejfe.
Lorfqu’on tend un lit à la ducheffe, fi on ne
veut pas qu il y ait une ruelle, il eft néceffaire
de donner un peu de jeu à la tringle en deffus,
afin que les rideaux puiffent fe tirer aifément.
Pour placer le premier piton , on prend l’é-
paiffeur de l’impériale avec la tringle, & environ
quatre pouces de plus. Pour le fécond , on prend
la mefure d’un crochet à l’autre, afin d’attacher
les pitons ou les cordes. On met aux pieds des
tire*fonds , un peu en dedans & tirant vers le
chevet, afin que le lit ne branle pas, quand on
tire les rideaux.
Si le lit eft à chaffis , & fi l’on veut qu’il
touche le plancher, il faut que les cordes tirent
droit, de bas en haut.
Si on ne veut point fe fervir de cordes, on
peut mettre un tire-fond àu plancher, & faire
au chaffis une mortoife dans laquelle on fait entrer
le tire-fond, & on arrête le chaffis par le
moyen d’une fiche de fer , qu’on fait entrer
dans l’épaiffeur du chaffis par devant ou fur le
côté , félon que l’exige la folive dans laquelle
entre le tire-fond. On doit dire la même chofe
de tout autre lit.
Pofition des glaces•
Les glaces doivent fe pofer à portée de la vue
& on doit prendre garde qu’elle ne foit point
coupée par la jonâion de deux glaces. On doit
les pofer droites, ainfi que les pendules & les
tableaux , qui doivent être mis proportionnèr
e n t les uns aux autres, en raccordant les fujets
qui vont enfemble, foit payfages, figures, ou
au très.
Pofit\ôn des rideaux & portières.
Les portières fe pofent jufte à terre , & les
rideaux depuis deux pouces jufqu’à fix.
Lorfqu’un tapiffier fe charge de pofer des tringles
de croifées, il doit avoir foin que les battais
des croifées & les efpagnolettes ne puiffent
gêner la tringle ni les cordons. Il doit de plus
affortir les rideaux de même longueur, mettre
les. demi-lés furies côtés, & raccorder les bordures
, s’il s’en trouve.
Position des cordons de croifées.
Pour ne monter que deux fois à l’échelle, on
noue au premier ou fécond anneau le cordon du
côté de la poulie fimple dans laquelle on le paffe.
On repaffe enfuite fon échelle du côté de la poulie
double, & on tire le cordon qui range le rideau
proche la poulie fimple.
Puis on attache son cordon au fécond ou premier
anneau du rideau qui eft à côté de la poulie double;
& après que les deux bouts de cordon font paffés
dans les poulies, l’un des deux fe paffe dans la poulie
fimple qui eft au-deffous de la poulie double. Les
deux bouts de cordon fe joignent par un noeud qui
doit remonter dans le milieu du cordon d’entre
les deux poulies.
On a foin d’arrêter les rideaux fur les côtés i
avec une ficelle.
Les rideaux, qui fe trouvent trop courts , fe
peuvent ralonger , au moyen d’un falbala qui
eft ordinairement de la même étoffe.
iV. B. Il faut pour le complément de l’art _du
tapiffier0 & pour l’explication des planches qui y
font relatives , confulter les excellons traités de
M. Roland de la Platière * inférés dans le tome
II des MANUFACTURES ET ARTS, pag. 190 &
füiv.
Communauté|
La communauté des marchands tapiffiers eft
très-ancienne à Paris : elle étoit autrefois partagée
en deux ; l’une fous le nom de maîtres marchands
tapiffiers de haute-liffe, farrafinois & ren-
traiture; l’autre fous celui de courtepointiers,
neuftrez & couftiers. Mais la jonélion en fut ordonnée*
par arrêt du parlement du 11 novembre
162.1, & par trois autres arrêts des 3 juillet
1627, 7 décembre 1629 & 27 mars 1630. Les
nouveaux ftatuts furent approuvés le 25 juin'1636,
par le lieutenant-civil du châtelet de Paris, tur
l ’approbation duquel Louis XIII donna fes lettres-
patentes de confirmation au mois de juillet fui-
vant, enregiftrées en parlement le 23 août de la
même année.
Ce corps dont les ftatuts font très-anciens,
jouiffoit autrefois de beaucoup de privilèges. 11
y a en forbonne un ancien manuferit par lequel
il confie que les tapiffiers étoient exempts de faire
le guet fous le règne de Philippe Augufte : il pa-
roît même, par les ordonnances de là ville, imprimées
en 1528, que cette exemption leur avoit
été accordée gratuitement. Ce corps , qui .s’eft
T O C A B
A.IGUILLE à matelas ; efpèce d’aiguille de douze
ou quinze pouces de longueur; dont les tapiffiers
• fe fervent pour piquer de ficelle leurs matelas,
& autres ouvrages.
Bâton de croisure ; c’eft un bâton rond,
ordinairement de bois de faule. On en fait de
diverfes longueurs , mais tous d’un pouce de
diamètre. Les hauteliffiers s’en fervent pour croi-
fer les fils de leurs chaînes.
Bergame , groffe tapifferie, qui fe fabrique avec
différentes fortes de matières filées, comme bourre
de foie, laine, coton , chanvre, poil de boeuf, de
vache ou de chèvre. C’eft proprement un tiffu de
toutes ces fortes de fils, dont celui de la chaîne eft
ordinairement de chanvre, qui fe manufaélure
augmenté infenfiblement par la réunion de quelques
autres , eft aujourd’hui compofé de fix communautés
différentes , qui font celles des anciens
tapiffiers, des tapiffiers farrafinois, fabricans
de tapis à la façon du Levant ; des tapiffiers hauteliffiers
, fabricans de tapifferies de haute & baffe-
liffe & rentraitures ; des tapiffiers neufirés, fabricans
de ferges, couvertures de fo ie , coton , laine
& façon de Marfeille ; des tapiffiers contrepoïntiers,
fabricans toutes fortes de meubles, ciels, pavillons
, tentes , & autres équipages de guerre de
toutes fortes, d’étoffes; des coutiers, fabricans de
coutil ; & enfin d’autres tapiffiers contrepointiers,
faifeurs de tentes , & autres meubles de coutil,
& toile fans teinture.
Quoique toutes ces communautés réunies enfemble
conftituent le corps des tapiffiers, il y en
a cependant trois, qui font celles des haute-liffiers
farrafinois rentrayeurs, des couverturiers neustrés fer-
giers, & des contrepointiers coutiers, qui forment
trois claffes différentes , fans qu’aucune d’elles
ait quelque prérogative qui la diftingue ou l’élève
au-deffus de l’autre , toutes les trois jouiffant
également des mêmes droits & privilèges qui
appartiennent à tout le corps.
Les jurés font au nombre de quatre
Un maître ne peut engager qu’ un feul appren-
tif pour fix ans ; après lefquels , ayant fervi trois
ans comme compagnon , & fait chef-d’oeuvre,
il peut parvenir à la maîtrife. Les fils de maîtres
y font auffi obligés.
Les tapiffiers font à Paris au nombre d’environ
fix cents maîtres.
Par l’édit du 11 août 1776 , les tapiffiers font
corps avec les fripiers en meubles & les miroitiers
; & leurs droits de réception font fixés
à 600 livres.
f L A 1 R E.
fur le métier à-peu-près comme la toile. Quelques
uns prétendent que le nom de bergame lui
a été donné, de ce que les habitans de Bergame
en Italie en ont été les premiers inventeurs.
Rouen & Elboeuf fourniffent une quantité
confidérable de bergame de toutes les couleurs
& nuances ; les unes en façon de point d’Hongrie
, les autres à grandes barres chargées de
fleurs & d’oifeaux, ou d’autres animaux ; d’autres
à grandes & petites barrés^unies, fans aucune
façon; & d’autres qu’on appelle ch.ne &
écaille, parce qu’elles font remplies de façons
qui imitent le point de la Chine & les écailles
dé poiffon. Il s’en fait une forte particulière à
Rouen, que l’on nomme tortin, à caufe qu’il y