
Le travail fini, fuivant l’ufàge , par l’ attaqué
de l’heurte, cette partie redoutabte au vuidangeur
dans toutes les fortes, & qui dans celle-ci, fur-
tout, pouvoit leur in foirer de juftes craintes , on
le trouva beaucoup ramolli, & ce ramoliffement,
ouvrage du fourneau, en donnant lieu àu dégagement
de la vapeur mophétique, l’avoit rendu
aurti innocent qu’il peut-être.'
Les ouvriers fortireht fains & faufs de cette
forte meurtrière , dont la vuidange, à l’aide de
nos moyens, étoit devenue la vuidange d’une forte
ordinaire.
Ce fut le terme de nos expériences dont le fuc-
cès nous payoit trop bien des dégoûts auxquels
elles nous expofoient, pour qu’il nous foit permis
de les mettre en ligne de compte.
Extrait des regijlres de Vacadémie royale des fciencesj
du 8 juillet 1J78.
M. Cadet le jeune ayant lu à l’académie royale
des fciences, le 1 1 février de cette année, un mémoire
qui a pour titre : observations fur Ls fojfes
d ’aifance', 6» moyens de prévenir les inconvéniens
■ de leur -vuidange, par MM. Laborie, Parmentier
& Cadet, membres* du collège de Pharmacie,
la compagnie a nommé MM. de Lavoifier, de
IFougeroux & de M illy , pour examiner Jefdites
obfervations & vérifier l'efficacité des moyens
propofés.
Nous allons rendre compte à l’académie , dans
ce rapport, non-feulement des travaux de MM. Cadet
, Parmentier & Laborie, mais encore des differentes
expériences que nons avons faites fur une
matière aurti défagréable, dans.l’intention de trouver
uri moyen , s’il étoit poffible, d’en diminuer
l’odeur, & les inconvéniens qu’éprouvent les ouvriers,
lorfqu’ils en font la vuidange*
Nous commencerons par les obférvations de
MVJ. Cadet, Parmentier & Laborie-, contenues
dans un mémoire divifé en fix articles , terminé
par une differtation fur les moyens de prévenir
les inconvéniens attachés à la vuidange des fortes
d’aifance.
Ces meflieus remarquent d’abord dans le préambule,
que les fortes d’aifance, lorfqu’on les vuide
fans précaution, ne fe bornent pas à répandre dans
l’atnlofphère , des vapeurs mophétiqües & malfai-
fantes, des plus contraires à la falubriié de l’air,
mais que leurs émanations font funeftes & meurtrières
aux malheureux ouvriers , que la misère
a dévoué à l’affreux & périlleux travail de vuider
les latrines: pour appuyer cette a {Tertio n par des
exemples frappans, ils cirent trois malheureux vuidangeurs
, qui périrent l’année dernière, à Saint-
I Denis, à la vuidange d’une forte , & onze autres
infortunés qui eurent le même fort dans une mai-
fon de la rue Saint-Louis au marais, dont h
merr eft conflaîée par un procès-verbal, qifi eft
entre les mains de MM. Cadet, Parmentier &
Lîborie; ces meffieurs ont été chargés par M. le
lieutenant-général de police., de chercher à remédier
à ces terribles accidens que l’humanité ne fau-
roit voir avec indifférence.
Avant d’entrer dans le détail de leurs obfervations
fur les phénomènes qu’ils ont remarqués,
ils font connoître dans l’article premier les termes
techniques , ufités par les vuidangeurs, tels que
nous allons les rapporter, pour pouvoir nous-mêmes
nous en fervir dans la description de nos opérations,
Ces ouvriers diftinguent dans leurs travaux,la
croûte, la vanne, la heurte de le gratin; ils entendent
par la croûte, les parties.les plus denfes,
qui couvrent ordinairement.la furface de la matière.
La vanne eft le. nom de la matière fécale, moins
denfe qui fe trouve fous les croûtes.
La heurte, eft un amas pyramidal de matière
qui à emprunté la forme du tuyau du fiége d’ai-
fance, dans lequel il s’eft moulé, & qui, en def-
féchant, a acquis un degré de folidité qui force
les ouvriers à fe fervir de la bêche ou de la houe
pour l’st:aquer.
Les auteurs du mémoire décrivent les~mataclie$
qui attaquent fubitement les vuidangeurs. On di-
vife ces maladies fous deux dénominations , la
mitte & le plomb.
Ce que l’on appelle la mitte, fe fait reffentir fou*
vent feul, mais le plomb ne va jamais fans la mitte.
La première commence par un enchifrenement,
auquel fe joint bientôt une douleur dans le fond
de l’oeil, qui fe propage dans les finus frontaux. Ls
globe de l’oeil & les paupières deviennent en même
temps ronges & enflammés : jufques-là, ce n’eft qu’une
mitte fimple ; mais les ouvr ers en reconnoiffent une
fécondé, qu’ils nomment mitte graffe, laquelle, répand
fur la vue une efpèce de voile, & les:jette
pour,un jour ou deux, dans une cécité abfolue,
accompagnée d’inflammation & de douleurs con*
fidérables.
Le remède le plus prompt de la mitte fimple,
eft de refpirer l’air libre & pur. Huit ou dix minutes
fuffifent pour la guérifon ; le nez coule,
les yeux pleurent, & la douleur, ainfi que les
rougeurs , fe diffipent.
Les auteurs du mémoire dife moque, pour hâter
l’efpèce d’évacuation dont on vient de parler,
Hs ont fait refpirer à des ouvriers attaqués de la
initte , de l’alkali volatil, & qu’ils furent foulagés
par un écoulement plus prompt ; mais qu’ils
eurent toujours befoin d’aller refpirer l’air pendant
quelques minutes avant de reprendre leur trayail.
Ces meffienrs ajoutent enfuite que , pour s’af-
fur&r de la manière dont l’alkali volatil agiffoit
dans les afphyxies , ils faifirent dans une autre
oeçafion l’inftant intermédiaire qui précède l’afphyxie
complette , c’eft-à-dirc, celui où l’homme attaqué
par le plomb , module des fons involontairement,
a la bouche béante, la refpiration
gênée ; §t dans ce moment ils présentèrent, difent-
ils, d’une main un flacon ouvert d’alkali volatil
fous les narines du malade, & de l’autre ils lui
mirent dans la bouche le bouchon mouillé de cette
liqueur ; ce qui n'a produit aucun effet.
Le vinaigre paroît agir plus directement dans
l’accident du plomb ; c’eft ce qui fera prouvé par
l’expérience dont nous aurons occafion de parler
dans un inftant.
Les vuidangeurs fe guériffent'de la mitte graffe,
en s’appliquant fur les yeux des compreiïes imbibées
d’eau fraîche qu’ils renouvellent Couvent,
après s’être mis préalablement dans le lit.
Le plomb afftCl® les ouvriers de différentes manières,
qu’ils prennent pour autant de fortes de
plomb ; ils en comptent jnfqu’à dix-fept, mais
dont ils n’ont pas pu donner des caraéteres dif-
tinftifs.
Les effets du plomb, caufént une contra&ion
dans le gofier ; des cris involontaires & quelquefois
modulés, ce qui fait dire aux ouvriers que
le plomb les fait chanter, la toux convulfive ,
[e rire fardonique, le délire, l’afphyxie , & enfin
la mort ; tels font les différens accidens, par lef-
qUels partent ceux qui font pris par le plomb ;
mais il n’arrive que trop fouvent, fuivant les
auteurs du mémoire, que l’on retire de la foffe
le yuldangeur mort, avant qu’on ait pu «marquer
aucun des accidens qui pouvoient l’annoncer
& qu’on vient de décrire.
Les auteurs du mémoire , difent avoir fait jeter
force d’eau fraîche au vifage des ouvriers attaqués
du plomb» & leur avoir fait refpirer de l’alkali
volatil fans s’apercevoir que ces fecours leur
aient été d’aucune utilité fenfible.
Ce n’eft pas feulement dans l’intérieur des fortes
que la mitte & le plomb exercent leur a&ion dan-
gereufe ; on a vu, d fent ces meffieurs, nombre
de fois à l’ouverture des fortes, les vapeurs meurtrières
jeter dans l’afphyxie les hommes & les
animaux qui étoient à portée de le#refpirer.
Les vuidangeurs prétendent que les fortes ne
font jamais plus dangereufes que lorfque les pois
& les fèves font en fleurs. On remarque avec
raifon, dans le mémoire que -, fi ces obfervatiois
des ouvriers font vraies, ce n’eft que parce que
dans la faifon où la floraifon des fèves ou des
pois a eu lieu , la température de l’atmofphère
favori fe la fermentation , qui s’excite d’autant plus
aifément dans les foffes , que la matière qu’elles
renferment efir fi ferme nrefcible , qu’elle bout
comme de la vendange, ou de la bière nouvelle ,
dans les tonneaux dans lefquels on la tranfporte.
On eft même obligé de-laifter jufiqu’à fix pouces
de vuide à chaque tinette, pour que les couvercles
ne fautent pas dans le tranfport.
Selon ces meffieurs, tout ce qui peut faciliter une
fermentation quelconque, augmente la malignité des
forte«. Les eaux des cuifines,celles des blanchiffeufes,
les matières végétales; mais ce qu’on nimagineroit
pas, & qui mériteroit d’être vérifié par une fuite
d’obfervation c’eft que les plâtres & les tertbns de
poterie produifent à-peu-près le même effets
MM. Cadet Parmentier, & Laborie difent,
d’après les vuidangeurs, qu’il y a des foffes où
les ouvriers ne font point expofés aux accidens
funeftes du plomb & de la miûe, & qu’ils nomment
bonnes. Ce font celles où la matière eft homogène
, c’eft-à-dire fans aucun mélange étranger
à la matière fécale , telles font celles des cafernes,
des collèges &.des maifons religieufes.
L’ordinaire eft de rencontrer dés foffes alternativement
bonnes & mauvaifes , à qui il arrive
de changer jufqu’à dix fois de caraâère en vingt-
quatre-heures.
La troifième clarté eft celles qui font conftam-
ment malfaifantes, & dans lefquelles les ouvriers
peuvent à peine travailler quelques inftans de fuite.
Les auteurs du mémoire font mention d’ur.e
opinion qui règne parmi le peuple , qui ne nous,
paroît pas dénuée de vraifeinblance, & qu’il eft
effentiel de faire conno'tre.
Le peuple croit que les fortes nouvellement
vuidées font dangereufes à ceux qui fe mettent
trop tôt fur les fiéges d’aifance, & qu’on s’expofé
à des hémorroïdes douloureufes , & même à a
dyffenterie ; ce qu’il y a de confiant, difent ces
meffieurs, c’eft que fouvent les fortes, après avoir
éié vuidées, continuent pendant un jour ou deux
à répandre une odeur plus fétide & plus mauvaife
qu’avant & pendant la vuidange. Il n’eft pas moins
con liant que les foffes nouvellement vuidées ne
font pas exemptes des mophètes , de la mitte &
dp plomb,.co.mme l’éprouvent les maçons qu’on
emploie à réparer les murs de ces forte«, moins