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a fiez de vraisemblance -, que des draps trempés
dans le vinaigre & fufpendus dans la chambre de
certains malades, pourroient leur procurer quelque
Soulagement. Mais quoique le vinaigre puiS-
fe corriger en partie la mauvaiSe qualité de l’air
renSermé & échauffé des vaiffeaux, il reliera
toujours cependant Surchargé de vapeurs qui incommoderont
beaucoup la refpiration.
Én effet, Selon la remarque du doéf'eur Hoadley, 1
« La reSpiration Se fait mieux quand l’air que nous
» reSpirons eft parfaitement élastique , 6c qu’il eft
» plus froid que les exhalaifons qui fortent des
» poumons , parce qu’alors les vapeurs échauffées
»» qui Se trouvent dans les véflcules les plus fu-
» perfïcielles de ce vifcère, s’élèvent 6c montent
>> à travers l’air nouveau, qui eft I plus froid 6c
» plus pur. Il s’enfuit de là, que plus nous ref-
» pirons un même air, plus au fît cet air Sera non-
» feulement chargé de vapeurs qui en affoibli-
v ront le reffort, ainfi que l’expérience nous
» l’apprerid; mais plus encore il s’échauffera &
» approchera du degré de température de l’air
» intérieur des poumons, 6c plus il perdra par con-
» féquent de ces propriétés , je veux dire le froid
» 6c l’élaflicité qui le rendent propre pour la ref-
» piration, 6c par le moyen defquelies il Se re-
» nouvelle à tout moment dans les véficules pul-
» monaires. Il doit donc y avoir un temps , lorf-
» qu’on eft expofé à un air renfermé, où l’air
» intérieur des véficules pulmonaires ne peut
» plus être changé avec fruit pour le nouvel air
» qui eft attiré dans les poumons ; parce qu’ils Se
J» trouveront l’un 6c l’autre, au bout d’un certain
» temps, à pêu-pres au même degré de tempè-
» rature, 8c également Surchargés<:de vapeurs. »
De Sorte qu’il n’y a que le renouvellement de
l ’air qui puiffe rénié dier à cet inconvénient.
Il s’enfuit de là , que les chambres chaudes 8c
bien fermées des maifons particulières que bien
dès gens recherchent avec tant d’empreffement,
né font ni auili avàntageufes pour la reSpiration,
ni aufti faines que .celles où il entre Une jufte
quantité de nouvel air , outre qu’un air chaud
6c renfermé tend beaucoup à relâcher les parties
Solides du corps. C’eft le Sentiment d’un grand
médecin de l’antiquité, Celfe , qui confeilloit de
mettre les fébricitans dans de grandes chambres ,
6c de faire même un peu de feu dans la chemin
é e , pour attirer par la le mauvais air.
J’ai remarqué que l’air frappoit désagréablement
l’odorat dans les églifes de certaines paroif-
fes bien peuplées, où il fe trouve fouvent un
grand concours de monde. Il feroit aifé de rafraîchir
l’air de ces églifes , 6c de le rendre plus J
Sain, en pratiquant à la partie Supérieure des 1
portes de debprs, une entrée libre à l’air extérieur
, par le moyen d’une grille de fer qu’on
fubftitueroit au panneau qu’on y met ordinairement :
au moyen de quoi, en ouvrant les volets en dedans,
Jorfqu’il n’y auroit perfonne dans l’églife , l’air
trouveroit une entrée libre, 8c on éviteroit les in-
convéniens qu’il y auroit à biffer les fenêtres ouvertes
en toutes fortes de temps. On corrigeroit aufti
parce moyen , la grande humidité qu’on voit dans
quelques églifes de campagnes.
Je me fuis beaucoup étendu fur la manière
dont les différens mauvais airs produifent leurs
pernicieux effets , afin de faire' fentir de quelle
importance il étoit pour nous de nous en garantir
autant qu’il eft poflible. Je ne doute point que
lorfqü’on aura effayé du Ventilateur que je pro-
pofe, on ne le trouve fi utile pour les vaiffeaux,
qu’on aura une attention particulière à le placer
commodément, 8c qu’on le regardera, non comme
un fardeau embàraffant : mais comme un infiniment
utile , propre à fournir aux gens" de l’équipage
un air frais, dans la quantité qui paroîtra
la plus convenable ; cet infiniment étant très-
fimple 8c conforme à la manière d’agir de la nature.
Quant'aux priions & aux maifons de force,
ou ceux qui y font, ne manquent pas de loifir ,
je ne douté pas que l’ëxèrcice_ 6c l’avantage de
rëfpirer un air frais, propre à les ranimer, ne
les engage à faire jouer de bon coeur ces poumons
artificiels.
A l’égard des hôpitaux , où le renouvellement
de l’air feroit aufti d’une grande importance, il
faut y apporter quelque précaution , afin que les
malades n’en foient pas incommodés.
Mais de quelque moyen qu’on fe ferve pour
renouveler l’air des vaiffeaux, des prifons , des
hôpitaux 6c des maifons de force, il eft abfolu-
ment néceffaire, pour le faire d’une manière plus
efficace, de tenir ces endroits propres en les lavant
fonvent, 8cc. Et nonobftant tomes ces précautions
, on doit toujoursientir un goût d’échaufté
dans les petits endroits où il fe trouve plufieurs
perfonnes enfemble. Ces endroits néanmoins feront
d’autant plus fains , qu’on en renouvellera
plus fouvent l’air , 6c qu’on aura plus de foin de
les tenir proprement.
Il y a tout lieu d’efpérer que cette méthode de
renouveler ainfi l’air des vaiffeaux, fera un moyen
fur de prévenir ces maladies contagieufes qui font
fouvent occafionnéés par le mauvais a ir , tant
dans les navires que dans les prifons. Lorfque cela
arrivera, on pourra avoir recours à un moyen
qui me paroît très-propre à corriger l’infeéHon du
yaiffeau ; e’eft, d’y brûler dufoufre commun, après
avoir fermé tous les. y bords & avoir étendu des
prélarts fur toutes les écoutilles, les écoutillons &
les cailiebotis du tillac. C ’eft ce qu’on peut faire
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en toute fûreté pour le vaiffeau, en plaçant fur
le left à fond de cale , une ou plufieurs marmites
de fer, félon la grandeur du bâtiment, dans
chacune desquelles on mettra un peu de cendre
ou de fable, 6c quatre ou cinq livres de foufre
commun, qu’on enflammera par le moyen d’un
boulet rouge, en ayant attention qu’il n’y ait ri&Q
de combuftible, fôit au-deffus, foit à côté du:,
fouffre enflammé, qui n’en foit éloigné de deux
aunes , ( c’eft à-dire, d’environ cinq pieds, huit
pouces, mefure de France.)
Ceux qui douteroient qu’on pût mettre" ce con-
feil en pratique fans courir rifque de mettre le
feu au vaiffeau, peuvent facilement fe convaincre
du contraire, en faifaut fur terre la même expérience,
pour connoître jufqu’où peut s’étendre
l’aéHon d une Semblable quantité de foufre enflammé.
I l n’eft pas befoin de dire que tous les
gens de l'équipage doivent être fur le tillac pendant
cette opération, parce que les vapeurs du
foufre enflammé, qui font fort âcres » s’élèveront
promptement entre les ponts, 6c y feront périr
tous les animaux vivans qui s’y trouveront, tels
que les . rats , les punaifes 6c les autres infeébs.
Lorfque la fumigation aura duré quelque temps,
on ôtera les prélarts de deffus les écoutilles, Scc.
8c on ouvrira les fabords, pour donner de l’air
au vaiffeau. Pour cet effet, il fera mieux de faire
cette opération lorfqu’il fera du v ent, que pendant
un temps calme:
Monfieur Holland, maître charpentier de navire
à ZVoolwich, m’a dit qu’il entreprit une fois
de faire des fumigations à un vaiffeau très-infeôé-, 1
dans lequel il étoit mort en peu de temps plufieurs
centaines de perfonnes , 6c que pour cet
effet il y brûla huit terrines de goudron à la fois , j
auquel il mit le feu en y préfentant de gros boulets
rouges , emmanchés d’une longue verge de
fer, qui donnèrent beaucoup de fumée. Mais comme
les vapeurs qui s’élèvent du foufre brûlant,
font beaucoup plus acides que celles du goudron,
il eft vraisemblable auffi qu’elles font plus propres
pour corriger un air peftiféré, que les médecins
ont regards par de bonnes raifons, comme un
aîr chargé de parties puiffamment alkalines.
J’ai vu plufieurs fois qu’a près la guérifon de
certaines perfonnes -qui avoient eu la petite v érole,
on faifoit des fumigations dans, les maifons,
après avoir auparavant étendu les,lits de plume
fur des chaifcs renversées; cloué quelques-unes
des couvertures devant les cheminées pour empêcher
la diffipation des fumées ; tendu les autres
contre les murailles, 8c ouvert tous les tiroirs 6c
armoires. Tout étant ainfi difpofé , on mettroit
quatre livres ou plus de foufre commun, dans
une ou plufieurs marmites de fer, félon la grandeur
de la maifon , après avoir nus au fond de ces mar-
Arts & Métiers. Tome VIH.
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mites, de la cendre ( qui ne donne aucune mau-
vaife odeur. ) On plaçoit enfuite, ces marmites fur
du fable ou de la terre, au milieu du plancher le
plus bas , 6c On mettoit le feu au foufre par le
moyen d’un boulet rouge eu d’un autre gros morceau
de fer qu’on y jetoit. Lorfque les maifons
avoient été ainfi parfumées, les perfonnes que la
crainte du mauvais air en avoit chaffées, y reve-
noient en toute fureté.
Les vapeurs acides ou l’efprit qui s’élève du
foufre brûlant, font donc efficaces pour corriger
les levains contagieux qui s’éioient nichés dans
les meubles, contre les murailles, Sec.- des maifons
, & qù’on n’auroit pu chaffer qu’après un
long temps , par le renouvellement de l’air.
Mais pour éviter l’odeur défagréable qui refte
dans les appartemens lorfqu’on fait des fumigations
de la manière que je viens de le dire, on
peut brûler dans un poêle convenable , placé hors
de la maifon , du charbon & du foufre , dont on
conduira les fumées en dedans par le moyen d’un
tuyau de tôle, de cinq ou fix pouces de diamètre.
C ’eft de cette manière qu’on a parfumé à Londres
& à la campagne , plufieurs maifons pour en faire
mourir les punaifes. Cette méthode eft exempte
de danger, par rapport au feu.
Comme les exhalaifons pefiiférées font d’une
nature alkaline, il eft vraifemblable qu’il pourroit
être utile de commencer par parfumer un vaiffeau ,
& les marchandifes pefiiférées qu’il contient, avec
la vapeur du foufre enflammé : après quoi oit
étendroit les balles 8c les autres marchandifes qu’on
en auroit retirées, dans de grands magafins où
on pût les déplier & les tenir fufpendues dans
toute leur longueur, pour les expofer à la fumée
du foufre enflammé dont on rempliroit le maga-
fin , pendant tout le temps qu’elles y refteroi rnt,
jufqu’au point que les hommes employés à cet
ouvrage pourroient fupporter.
Cette odeur fulfureufe pourroit vraifemblable-
ment prévenir les mauvais effets de l’air contagieux
qui fe troiiveroit dans les plis des marchandifes,
& qui n’auroit pu être entièrement chaffé
lorfqu’on les auroit parfumées dans le vaiffeau.
Si le magafin fe trouvoit plein des marchandifes
qu’on y auroit étendues, il feroit à propos de
leur donner une fumigation beaucoup plus forte ,
afin de remédier plus fûrement à l’infeâion. C ’eft,
ainfi qu’on me l’a affuré , ce qu’on pratique à
l ’égard de ceux à qui l’on a fait faire quarantaine.
On les fait coucher par terré fur le ventre, dau»
une chambre où l’on brûle du fouffre commun.
Il feroit aifé de détruire certains animaux lorfi*
qujils infeâeiu jgos campagnes, tels que les blaireaux
, 6cc. partie moyen d’une grande quantité
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