
année, des pouffes très-vigoureufes, & portent
foûvent du fruit dans la fécondé ; ainfi elles ont
au moins un an d'avance fur les marcottes faites
avec le vieux bois, & elles reprennent d’ailleurs
plus facilement. Cette méthode' a été éprouvée
plufieurs fois.
Infe&es nuijîbles à la vigne;
L ’efpèce de gribouri, à laquelle on donné encore
le nom dé bêche-, eft un des infeâes les plus nui-
fibles à la vigne. Pour parvenir à le détruire , on
ne s’ eft appliqué jufqu’à prèfent qu’à rechercher
les feuilles en cornets qui renferment les oeufs, à
les ramaffer & à les brûler. Quelque avantageux
que foit ce procédé, voici un expédient propofé
dans la gazette- d’agriculture , comme plus utile
& plus prompt pour fe délivrer d’un infeâe dangereux.
Ce scarabée eft timide : à l'approche dû danger ,
11 retire fes pieds, s’arrondit & roule promptement ;
cet inftinâ de l’animal devient le moyen le plus
commode pour le détruire , & fi on ne réuffit
pas à en exterminer abfolument l’efpèce, on la
diminue fi confidérablement, qu’elle ne fait plus
beaucoup de tort. Pour y réuffir , il s’agit d’abord
de s’affùrer de cet infeâe, & de l’écrafer avant que
d’amaffer l’enveloppe de fes oeufs. On fe munit,
pour cette opération , d’une feuille de papier fort
ou d’un carton mince , dont on relève les bords de
îa hauteur d’ un pouce : on le place fucceffivement
fous chaque cep, que l’on fecoue légèrement : les
bêches ne réfiftent point à la fecouffe, elles tombent
toutes dans le récipient, & alors on les. écrafe
facilement : on ramaffe enfuite les cornets qui contiennent
& enveloppent les oeufs, & on les fait
brûler»
Un obfervateur ; membre d’une fociété d’agriculture,
a remarqué qu’une grande partie, des ravages
que les infeétes font dans certains vignobles,
font dus aux vers qui fortent des oeufs du petit
fcarabée appelé bêche. Pour délivrer les vignes de
ce fléau , il propofe de faire faire , par des enfans,
la recherche des feuille^ où ces oeüfs font dépotés.
Ces feuilles font toujours roulées, & on les dif-
tingue aifément d’avec celles qui le feroient par
une crifpation naturelle, parce que l’èndroit-où la
bêche a piqué la queue de la feuille, eft très-remarquable.
Enfaifant cette recherche vers le milieu
©u aû plus tard vers la fin de mai, elle ne feroit
pas abfolument difpeqdieufe, attendu que les feuilles
vives n’étant pas encore bien larges , elles
n’empêchent pas de voir celles qui ont été attaquées
par las infe&es on peut nettoyer alors douze
cents ceps par heures & après avoir ramaffé en
un monceau toutes les feuilles dépofitaires des
» on y met le feu»
Indépendamment du gribouri, il eft encore d’au«
très efpèces de vers qui ravagent la vigne : quel-
ques-uns fe changent en mouches de différentes
efpèces.
-On lit dans la gazette d’agriculture du mois de
juin 17 6 7 , que le moyen d’arrêter, autant qu’il eft
poffible, le mal que peuvent faire ces vers, feroit
de ne travailler les vignes que fort tard pour la
première culture : on a obfervè que ces vers, trouvant
de l’herbe à manger, n’ailoient point furies
bourgeons, & fe contentoient de cette nourriture,
Engrais»
Si le vigneron j dit M. de Saint-BIaife,. dans
les pays où le peu de qualité du vin en fait defirer
la quantité, amendoit fes vignes avec de la chaux,
je ne doute pas qu’au lieu de rendre parle fumier le
vin plus mauvais,la chaux ne donnât une vendange
abondante , & que le vin ne fût de meilleure qualité.
Cet engrais mis fur les plates-bandes qui font au pied
des efpaliers , augmente la fécondité des arbres,
& rend leurs fruits meilleurs ; fi une poire devient
plus favoureufe, le raifin n’acquerra-t-il pas plus
de goût, ne fera-t-il pas plus fpiritueux ? N’ayant
fur cet ohjet que l’expérience des arbres des jardins,
je ne puis qu’inviter les propriétaires des vignobles
à faire cet effai d’un engrais qui n’aura pas le
mauvais effet des fumiers.
Confeils fur la culture de la Vigné & ta façon des
vins, pour avoir du - vin en plus grande quantité
& de meilleure qualité, par M. de Saïnt-Pol, de
Reuilly en bas lier ri
» L’ufage dans ce pays ( Reuilly^ , eft de planter
pour le bourgeois ( l’on appelle ainfi tout propriétaire
qui ne cultive point par lui-même ) huit milliers
de ceps à l’arpent , & pour le vigneron douze
milliers. L’arpent eft de cent perches,, & la perché
de vingt pieds, ou de quarante mille pieds quarrés
pour l’arpent»'.
»En 1769 , je fis une nouvelle plantation dé
vignes, & je tranfportai mon clos près de ma
maifon..Comme bourgeois, je mis huit milliers de
plants, à l’arpent. Arrachant ma vieille vigne, j’en
confervai tout ce qu’il y avoit de ceps de vingt
ans & au-deffous. Après avoir réduit leurs racines
à fix pouces, je fis planter ces ceps, ne laifTant
fur les fouches que le bois de l’année.. Le relie
de mon clos fut planté de boutures à l’ordinaire.
La terre étoit vierge, n’àyant produit jufqu’alors
que des bruyères. Je ne fumai point en plantant
ma vigne : elle auroit pouffé avec trop de force,
& le raifih , trop couvert de feuillage, eût pourri
au lieu de mûrir
»Je me déterminai , en 1775, » arracher uns
Je vigne fur deux ; & doublant mon c lo s , f
ie replantai cette même vigne. Je fis /alors une
pépinière pour en replanter tous les ans & remplacer
les ceps qui mourroienr».
» La rangée de vigne arrachée réduifit ma
plantation à quatre milliers à l’arpent1, au lieu de
huit milliers. La vigne alors fe trouva plantée
far une plate-bande de trois, pieds & demi, &
fur une feule rangée au lieu de deux .rangées des
Jeux côtés d’ un nllon d’un pied & demi. Cette
vigne ayant un efpace quarté plus que double
de terrein pour étendre ces racines, pouffa avec
trop de force & donna peu de fruit ; je fentis
que le bois trop vigoureux emportoit ce dernier.
Les labours étoient plus pénibles & plus longs. Le
liage de la vigne aux. échalas demandoit plus de
temps, puifqu’au lieu d’un échalas' a chaque cep ,
il en falloir cinq. Au lieu de 30 livres qu’on donne
au vigneron par arpent ,jeluiendonnai quarante,
à la charge de labourer ma vigne à la bêche, au
lieu du crochet, pour le premier labour, & pour
le fécond & le troifième, au crochet, au lieu de li
marre. Je lui recommandai auffi de laiffer beaucoup
de bois en taillant, afin d/arrêter la trop grande
vigueur, & d’occuper la fève par le fruit ».
V
» J’eus deux Vignerons, l’un après l’autre , qui
préférèrent de multiplier leur javelle aux dépens
du produit : je les renvoyai. Un troifième fit ce
que je lui demandois ; alors, pour l’intereffer &
le récompenfer, faifant une année commune d-e
vingt années de récolte, & trouvant qu’elle étoit
de quatre poinçons l’arpent, je lui promis 24 fols
par poinçon que je récolterois de plus par arpent.
Depuis ce tems , je lui ai prefque tous les ans
donné la gratification promife. Ma vigne ne commence
qu’à être dans fa valeur. Les vignerons
avant celui-ci l’avoient altérée, en ne lui faifant
produire, par leur taille trop courte , que du bois
au lieu de fruit ».
» Cette Vigne plantée ainfi en vieux plants en
partie , le refte en plants levés dans la pépinière,
contre-plantée dans ce même plant, eft garnie
par-tout & produit prefque le double de celles
plantées à huit ou douze milliers à l’arpent. Les
grappes font plus alongées, & les grains plus
gros, parce que les ceps ont plus d’efpace pour
s’étendre. Le'fruit mûrit mieux & plus promptement,
parçe que la vigne étant plus étalée, le
fruit reçoit plus aifément la chaleur du foleil, les
.rofées & la réverbération de la terre....* Je paffe
u la manipulation du vin ».
» A chaque hottée de raifins, un homme égrappe
dans un panier à claire-voie au-deffus de la cuve»
^es grains fe détachent fans être éerafés, & tombent
tans la cuve y où je les laiffe fermenter & achever
fleurir huit, quinze jows trois femainesy
fuivant le degré de chaleur de la faifon. S’il fait
froid, & fi le raifin n’eft pas à fon degré de maturité
, il faut plus de temps que s’il fait chaud,
& qu’il foit bien mûr. Le raifin entier & féparé
de la rafle eft fous un couvercle de bois qui rabat
les exhalaifons de la cuve. Lorfque je juge que
la fermentation a été affez longue, je fais fouler
& mettre le couvercle fur le moût. Le degré que
j’obferve pour entonner le vin eft celui où le
marc a baiffé d’un pouce ou deux : alors le vin
eft clair, la plus groffe lie refte au fond de la cuve, '
le vin a pris .toute fa couleur., les rofées élevées
par la fermentation jufqu’au couvercle font retombées
& ont entraîné la couleur ».
» Du vin fait de cette manière eft délicat, &
fe conferve auffi bien que celui fait avec la rafle.
Il eft potable au bout de fix mois. Les trois premiers
mois, il a un goût de pépin ; mais ce goût fe paffe ».
» On doit conclure cle mon expérience que quatre
milliers de plants produifent au moins autant que
huit & même douze milliers; que le vin en eft
plus mûr & meilleur ; que la rèeompenfe donnée
au vigneron multiplie la récolte. Si le public
vouloir adopter cette méthode, la richeffe du
royaume , en ne fuppofant que deux poinçons
de plus par arpent, & deux millions d’arpens de
vignes, augmenteroit de quatre millions de poinçons,
année commune, ce qui, à 20 livres le
poinçon , feroit quatre-vingt millions ».
» Peut-être m’objeélera-t-on une piffole de .gages
qu’il m’en coûte de plus qu’aux autres , & la
quantité d’échalas que je multiplie. Je répondrai
que la piilole de plus eft rembourfée par un
produit plus abondant & une meilleure qualité
de v in ; que donner une rèeompenfe de 24 fols
par chaque poinçon; au-delà des quatre à l’arpent
convenus, c-e n’eft pas payer cher une pièce de
vin. Quant aux échalas, examinons la différence :
huit milliers de plants demandent cent foixante
bottes d’échalas par arpent, à raifon d’un échalas
par cep, douze milliers en demandent deux cent
quarante bottes ; ainfi, pour la vigne du bourgeois ,
fix charretées & -demie d’échalas, à 20 livres chacune
, coûteront 130 livres ;. pour celle du vigneron *
dix charretées , à z o livres, 200 livres. Il faut9
félon ma culture, cinq, échalas par cep ; confé *
quemment, pour quatre milliers de ceps, quatre"
cens bottes à l’arpent, ou feize charretées, q u i,
à 20 livres, font 3-20 livres. Ces échalas font u»
fonds, & non pas une dépenfe annuelle ».
Méthode facile pour obtenir le meilleur vin des raifirii
de toute efpèce.
Cette méthode confiffe en quatre articles principaux
la préparation de la cuye y la yendapge^
reiiçuvage > & le décuvage*