
quatre pouces de diamètre, afin qu’il pût être mu
plus facilement fur la planche fur laquelle le levier
étoit appuyé* Cette planche avoit aufli des arêtes
qui retenoient le levier dans fes plus grands mou-
vemens, afin d’empêcher les Ventilateurs d’être
brifés en faifant aller & revenir le diaphragme.
Le diaphragme étant ainfi pofé de champ, n’é-
toit point porté fur des gonds, mais il entroit
dans une couliffe formée par deux morceaux de
bois cloués à chaque côté du diaphragme; & pour
empêcher que fou bord inférieur ne s’ufât par le
frottement, je l’avois fait garnir de trois lames
de fer, qui avoient chacune trois pouces de large,
& dont une étoit clouée au milieu, & les deux
autres aux deux extrémités. Ces lames portoient
fur des plaques de tôle arrêtées dans ia couliffe
d’en bas.
Il y avoit aufli de femblables lames de fer aux
deuxtôtés du diaphragme, &près de deux angles
inférieurs, lefquelles lames portoient de même,
contre des plaques de tôle, afin d’empêcher le
diaphragme de toucher par fes extrémités les planches
des deux bouts des -Ventilateurs, ce qui en
auroit rendu le mouvement plus difficile.
Les planches qui formoient le corps de la boîte,
ètoient toutes de bois de fapin , d’un pouce d’épais
, excepté celle de deffù.s, & elles étoient bien
aflémblées en couliffe. La partie fupérieure de
chaque boîte étoit faite de planches qui n’a-
voient qu’qn demi-pouce d’épais, afin de pouvoir
les ceintrer plus facilement ; forme dans laquelle
elles étoient contenues & fortifiées par des tra-
verfes de même figure, pofées en dehors.-
Toutes les jointures de*la boîte étoient collées
avec un papier gris bien fort, ainfi que toutes
celles du diaphragme , qui l’étoient des deux
côtés.
Les ouvertures qui donnoient* entrée à l’air,
étoient placées à l’oppofite l’une de l’autre , aux
parties latérales , antérieures & poflérieures dés
Ventilateurs 9 où on pouvoit les faire fort grandes •
car plus les foupapes font grandes & légères , plus il
eft facile de mettre en jeu les Ventilateurs. Elles le
feront a fiez fi oh leur donne une grandeur égale
à environ la quarantième ou la cinquantième
partie de celles du diaphragme.
Quant aux foupapes defiinées à biffer fortir l’air
des Ventilateurs, il falloir nécefiairement qu’elles
fuffent à l’extrémité, o ù , faute de pouvoir les faire
affez grandes, elles en rendoient le jeu d’autant
plus difficile. De ces foupapes l’air paffoit dans
une grande boite ou muffle, & de là dans un tuyau
grand & court qui le conduifoit dans l’étuve.
La moitié de cette .colonne de vent frappoit
f contre le côté du poêle échauffé , d’où l’air fe ré-
pandoit latéralement en arrière & en haut. L’autre
moitié étoit conduite droit en devant, tout
le long de la partie antérieure de l’étuve , d’où
l’air tournoit autour de l’autre côté du poêle,
& fe portoit également en haut. Par ce moyen,
cet air froid étoit bientôt échauffé, & il fe ré-
pandoitde tous côtés de manière qu’il paffoit affez
üniformément à travers tout le houblon.
Il y avoit aufli une autre ouverture par laquelle
l’air, chaffé hors de celui des deux Venti{ateurs
qui étoit contre la muraille, paffoit dans un tuyau
qui le conduifoit dans l’étuve par le derrière.
Quand on fuit cette méthode, il faiat arrêter l’autre
foupape par le moyen d’un bâton qui entre
dans un petit^rou pratiqué au côté de la boîte
qui lui eft oppofée. Par ce moyen on pourra conduire
l’air en partie d’un côté, & en partie d’un
autre, ainfi qu’on le jugera nécefiaire.
Je plaçai aufli de la même manière, & préci-
fément vis-à-vis, une femblable paire de Ventilateurs
contre .un des côtés de l’étuve attenant, qui
étoit à huit pieds de diftance de celle dont je viens
de parler; de forte que par le mouvement du levier
placé entre les deux paires de Ventilateurs,
l’air étoit porté en même temps dans l’une & dans
l’autre étuve par le travail de deux hommes qui
dévoient fe relever mutuellement.
On peut évaluer de là manière fuivante, la quantité
d’air que fourniront ces Ventilateurs. L’un d’eux
contenant environ quarante-huit pieds cubiques
d’air, & la moitié de cette quantité étant chaffée au
dehors à chaque coup de levier, fournira, en fuppo-
fant qu’on le faffe aller foixante fois par. minute,
^trente-fix tonneaux d’air dans cet intervalle de
temps*, ce qui reviendroità deux mille cent foixante
tonneaux dans une heure, fi tout l’air contenu dans
le Ventilateur fortoit par les foupapes. Mais, comme
il y en a une partie qui s’échappe par les bords
du diaphragme, il faut y avoir égard dans l’efti-
mation. En fuppofant donc que ce qui fe perd foit
un dixième du total, il reliera encore mille neuf cent
quarante-quatre tonneaux d’air , qui feront pouf-
fés hors des Ventilateurs.
Cette quantité d’air entroit avec beaucoup d’im-
pétuofité dans l ’étuve ; de forte qu’en étendant un
mouchoir très-fin fur le houblon, le vent Pa-
gitoit fenfiblement. La même chofe peut aufli arriver
quelquefois, hors le temps que les Ventilateurs
font en jeu, lorfque le vent eft tourné de manière
à fouffler avec impétaofité dans l’étuve.
Mais indépendamment de cette grande quantité
d’air qui étoit pôuffée par les Ventilateurs, on
voyoit encore bien fenfiblement que l’air entroit
avec abondance parla perte de l’étuve , qui avoit
fept pieds de haut & deux pieds dé large ; car fi
l’on y fufpendoit un mouchoir, il étoit entraîné
en dedans par le courant de l’air : ce courant étoit
pourtant beaucoup moins fenfible lorfque les
Ventilateurs pouffoient l’air dans l’étuve.
On fèche ordinairement dans ces étuves & d'ans
d’autres femblables qui ont feize pieds en quarré,
foixante boiffeaux de houblon en douze heures
de temps. Le 7 feptembre , M. Baker de Sandwich,
très-expert dans l’art de lécher cette plante, def-
fécha eh fix heures quarante minutes,quatre-vingt
boiffeaux de houblon humide , lequel fe trouva
d’une belle couleur , flexible & bien conditionné.
Le 8 feptembre , le même en fept heures & demie
de temps, en fécha cent boiffeaux, qui fe
trouva beau & bien préparé.
Le 9 feptembre, pour effayer quel feroit l’effet
du vent réuni des. deux Ventilateurs, o;a leçon-
duifit dans une étuve par un tuyau de communication
, & on- l’empêcha de paffer dans la fécondé
étuve. Il y avoit, dans ce tuyau, des foupapes
qu’on gliffoit dans des couliffes, & par le
moyen defquélles on laiffoit ce canal de communication,
ouvert ou fermé félon le befoin. L’ouvrier
qui avoit foin de l’étuve, fécha en fix heures
de temps par ce fecours, cent boiffeaux de
houblon, mais il ne fe trouva pas d’une belle
couleur:
Le 10 du même mois, M. Baker fécha en huit
heures de temps, avec les deux. Ventilateurs, cent
vingt boiffeaux de houblon verd ( qui avoit été
cueilli le matin par un temps froid & humide),
& cet houblon fe trouva beau , bien conditionné
& parfaitement fec.
L’on voit par là , l’avantage qu’il y a de porter
une grande quantité d’air à travers le houblon,
quand on le fait fécher, principalement lorfqu’il
a été cueilli dans un temps humide & calme ( ce
qui arrive fouve'nt ) , & qu’il court rifque de perdre
fa couleur & de fe gâter s’il vient à s’échauffer,
en reftant long-temps dans fon humidité. Mais
puifque l’air entraîne les vapeurs humides, plus
il fera pouffé |en grande quantité , plus tôt aufli, ,
comme- il eft connu de tous, les corps humides
deviendront fecs, fur-tout fi cet. air eft non-feulement
fec lui-même, mais s’il eft encore chaud.
S’il arrivoit qu’il fît un vent fort & confiant
pendant tout le temps de la plus grande partie
de» la récolte du houblon , on pourroit, fans le
fecours des Ventilateurs, attirer dans les étuves
ou l’on fait fécher cette plante, une fuffifante *
quantité d’air froid ; car nous avons obfervé que
lorfqu’un fort revolin de vent fouffioit dans la
porte de l’étuve, il fai foit foulever un mouchoir
étendu fur le houblon, aufli fort, que le fouleyoit
lair pouffé parles Ventilateurs J ..
Parconféquent il fêta fort avantageux pour ceux
qui fèchent le houblon & la drêche, foit qu’ils
aient des Ventilateurs ou non , de faire non-feulement
un ample foyer, mais encore de pratiquer,
cela fe peut, de grandes ouvertures à tous les
cotes de la chambre dans laquelle fe trouve l’étuve
, afin que , de quelque côté que vienne le vent,
il puiffe trouver une entrée libre, & qu’en fermant
les ouvertures des autres côtés de la chambre,
on.i empeche de fortir , moyennant quoi il
fera pouffé en grande quantité dans l'étuve ou à
travers le houblon ; & comme il. fait ordinairement
du vent dans le temps de la récolte du
houblon, cette pratique fera fort utile pour le
fécher. Mais s’il arrive que le temps/ foit calme
& humide , ces ouvertures. ne ferviront pas de
grand’cho/e ; & alors les Ventilateurs feront principalement
néceffaires. Un tuyau convenable pra-
tiqué'fur le toît de l’étuve,. pour procurer la fortie
de l’air chaud & des vapeurs, contribuera beaucoup
à faire entrer plus librement l’air au-deffous.
Mais il y a une erreur dans laquelle tombent
fouvent les ouvriers occupés à faire fécher le houblon
& la drêche. Comme ils s’aperçoivent que
plus le feu eft ramaffé dans le foy er, plus il par'oîc
v if, ils en concluent que, par ce moyen, non-
feulement le feu en devient plus aélif, mais qu’il
attire encore une plus grande quantité d’air, parce
qu’ils remarquent que l’air paffe plus rapidement
à travers & au-deflùs du feu, lorfque le foyer eft
étroit, que lorfqu’il eft large. Ce raifonnement eft
précifément aufli faux que celui que feroit quelqu’un
qui, voyant des foldats avancer à grands pas
à travers un défilé, pour aller plus vîte, en çon-
•■ cluroit que l’armée entière feroit plus de chemin
à travers un paffage étroit, qu’elle n’en fait en rafe
campagne , eh allant feulement le pas. On a remarqué
que les foyers étroits font plus propres à
fournir une chaleur ardente, que ceux qui font
plus grands. Laraifon en ell que les foyers étroits
donnent de la chaleur avec peu d’air, & que les
grands foyers échauffent avec une plus grande
quantité d’air : or certe grande quantité d’air eft
nécefiaire pour entraîner les vapeurs humides.
Quelque grande que fût la quantité d’air froid
porté dans L’étuve, foit par l’aâion des Ventilateurs
foit par le vent qui entroit par la porte, cet air
ne laiffoit pas que de paffer chaud à travers les
couches de houblon, proportionnellement aux dif-
férens degrés de chaleur de l'étuve, parce qu’on
corps aufli rare & aufli léger que Pair, s’échauffe
& fe refroidit facilement.
On voit par là combien il eft aifé d’avoir une
grande quantité d’air ch nid, pout fécher, par fon
moyen & par le fecours des Ventilateurs, toutes
fortes de marchandifes ; car fi nonobfiant la grande
quantité d’air qui parvient dans l’étuve, cet air
B b b 2