
» lapidis, fae/n i.7 Æthiopid invertit Objîdius, nigerrimi
« coloris, aliquando 6* tranflucidi, crajjîore vifiu,
» atqu; in fp:cu.!‘is parietum pro imagine timbras redden-
» ff. » Ifidore (lib 16, c. 4 ) ns laiffe plus de doute
fur l’ufage de la pierre obfidienne en miroir,
& on en peut inférer celui du verre fait à fon imitation.
» Obfidius lapis n'tger e jl, tranflucïdus 6» vitri
î> hab-.ns finiliitudimni ; ponïtur in fpeculisparietum ,
» propter imr.glnum urnbras reddendas. » De quelle
manière ces anciens artiftes obtenoient-ils la réflexion
? ne la devoient-ils qu’à la couleur fort fom-
bre de la matière de leurs miroirs ? ou connoif-
foient-il-s quelque conduit qui fit la fonction de
notre étamage ? ce n’eft pas le féal objet fur lequel
nous ayons perdu de vue les procédés des arts
antiques*
Pline ( lib. 36 , §. 66) décrit en peu de mots
les progrès de la verrerie depuis fon «origine, &
fon récit, quelque fuccinél qu’il foit, ne permet
pas de douter, qu’il ne regardât l’art, comme déjà
ancien : car, après, avoir cité les belles manufactures
de Sidon, il ajoute, hcec fuit critiqua ratio vitri.
Il annorce enfuite que le ver^e s’eft fabriqué eh
Italie déjà avec des procédés un peu plus foignés :
il d é fg ie clairement l’opération de la fritte, la fu-c
lion q ji la fuit, & le verre blanc qui en réfuite.
La verrerie s’étend aufii dans les Gaules & en
Efpagne. Je ne fais fur quel fondement le doâeur
Merret, & après lui M, de Jaucourt difent que
Pline prétend qu’on commença feulement fous
Ttbere à faire du verre à Rome, & qu’un homme
fut mis à mort peur avoir trouvé le fecret de rendre
le verre malléable; on ne trouve pas un mot
de tout cela dans le texte de Pline, au lieu cité
par ces deux auteurr..>> Ferunt, Tiberio principe,
>» exccg.tat'um vitri temp t ramenium, ut fiexïbïle effet ;
»• & totam ojficinam mt (icis ejus abolitam, ne czris,
« argenti, anrï metcllis pretia detraherentur : eaque
« famu crebrïor diu quàm certior fuit. Sed quid référét ?
>» Ni ronis principatu repertâ vitri arte, quoe modicqs
» calices duos quos appellabant pteritos, H-S fex
* milibus vendent. . .O n dit que fous le règne de
” Tibere, on imagina une modification du verre
" qui le rendit flexible, & que l’on détruifit en
~ entier l’atelier de l’artifte, de peur que le cui-
>» vre , l’argent oc l’or ne perdiffent de leur prix :
” ce bruit a -été pendant ljng-temps plus répété .
*■ que certain. Mais qu’importe? puifque, fous le
" règne de Néron, on a trouvé une efpèce de
*• verre, dont deux coupes médiocres fe ven-
» doient 6000 fes ter ces. »* On ne peut pas, ce fem-
ble conclure de ce texte que ce foit fous Tibere,
que le premier verre ait été fabriqué à Rome; il
y étoit connu fans doute, & Pline n’annonce
qu’une perfeâion de l’art: on imagina un moyen
de rendre le verre flexible. Rien d’étonnant juf-
qu’ic i; le premier verre fabriqué, femblable à la
pie-re étîopienne d’Oofidiiis , étoit noir: on en fit
enfuite de blanc , oc encore de nos jours, le verre
noir eft moins doux , moins flexible que le verre
blanc. Aucune des expreflions de Pline ne nous
repréfente l’artifte comme puni de mort, fon ate-
I lier fut détruit, pour empêcher que les métaux
I précieux ne diminnaffent de leur valeur. Il eft pof-
fible que Tibere frappé des nouvelles qualités
qu’on avoit fu donner au verre, & furpris du
bridant de cette fubftance ait .proferir une nouvelle
branche d’induftrie dont il craigioit les ac-
croiffemens, & qui pou voit déprécier les métaux.
D’ailleurs rien n’indique dans ce texte la malléabilité
du verre : fiexibile n’a jamais été traduit par
malléable, & la flexibilité fera toujours très-éloignée
de la malléabilité. Pline n’ajoute pas lui-même
beaucoup de foi à cette tradition : elle eft,
dit-il, plus répétée que certaine : c’étôit de fon
temps , comme à prèfent, une hiftoire tranfmife
fans preuve, de génération en génération. Enfin,
il paroit ne pas faire un grand cas de la découverte
fupprimée par la tirannié’ de Tibere, puifqu’il
ajoute, mais qu'importe} cette feule expreffion
d’un auteur de l’importance de Pline, 8c autant
inftruit fuffiroit pour me prouver que par flexibde,
il n’a jamais entendu la malléabilité ; car jamais
le fuperbe verre, qui fe vendoit fi cher fous Néron,
n’a pu remplacer le verre malléable dont on avoit
annéanti l’exiftence, & il faut convenir qu’alors le
quid refert feroit bien déplacé. Comment concevoir
qu’un texte aufii fimple ait fervi de bafe à Pétrone,
à Dion Caflius , à Ifidore, peur affiirer l’exiftence
d’un verre malléable découvert fous Tibere,
& annéanti par la deftruélion de fon auteur? Merret
difeute le paffage de Pline dans fa préface déjà
citée , 8c il paro.t difpofé à croire , non à la
malléabilité du verre , mais à la découverte d’un
verre plus doux , plus flexible, par un artifle fa-
vant dans fon arr.
Il fe préfente ici naturellement une queftion fur
la poüibilité d’un verre malléable. Il eft certain ,
que, fi l’on s’en rappoite à la déftnirion du verre
I déjà connu , on fe décidera pour la négative. Nous
! avons défini le verre une fubftance fragile ; donc,
fi l’on parvenoit à le rendre malléable, ce ne feroit
plus du verre, puifquM auroirperdu fa fragilité :
; alors la queftion fe réduit à favoir, s’il elt ( obible
de priver le verre de fa fragilité , ou de produire
unè fubftance- malléable femblable au verre
par toutes les autres qoa ités. M. le chevalier de
Jaucourt regardé le verre malléable , comme uns
chimère, réprouvée par la faine phyfique, mais il
ne s’explique pas davantage à cet égard. Merret,
en agitant la même queftion, dit que la malléabilité
confifte dans une union intime, & une cohé-
fion continue, jointes à une difpofition à recevoir
toutes fortes de ugures, propriétés qui ne conviennent
point, dit- il, à l’effence du verre. Il cherche
enfuite à prouver que les matériaux qui entrent
dans le verre né font pas fufceptibles , pn.r
la forme de leurs parties ; d’une femblable cohéfion.
Il eft cependant évident que le verre eft fort cohérent
dans toutes fes parties , & que l’union de celles
ci eft fort intime , puifqu’un choc produit plutôt
la rupture du corps , que la féparatiou de fes parties
il n’eft pas moins évident, que le verre,
moyennant les conditions requifes, eft difpofé à
recevoir toutes fortes de figures. Le raifonnement
du dcâeur Merret eft d’autant moins concluant,
qu’il me paroit très-difficile d’évaluer la forme
exafte des particules du fondant, & de celles du
fable, fur-tout lorfque les unes & les autres ont été
expofées à l’aétion d’un feu violent, & d’en conclure
l’efpèce de contaélqui exiftera entre les parties
conftituantes du verre. Il finit par fe tirer affez
légèrement de cette queftion épineufe, par une
plaifanterie, lôrfqu’il nous dit que l’élixir des al-
chimiftes peut feul produire cet effet, ( la malléabilité
du verre ) 8c que l’un & l’autre fecret feront
découverts en même temps.
M. Dantic fait ( t. 2 , p. 84) une objeâion plus
forte, & fondée fur une plus laine phyfique, contre
la malléabilité du verre. Il par* de la propriété
qu’ont les chaux métalliques de fe vitrifier par
elles-mêmes, à la feule aéfion du feu, 8c il dit'
dans l’endroit cité,;«» le verre malléable n’en eft
» pas moins une chimère, n’en doit pas être moins
» mis au nombre des impoflibles 9 puifque ce qui
»* éloigne les terres métalliques de la métalléïté les
»• rapproche delà nature du verre, 6* ce qui les éloi-
« gne de la nature du verre les rapproche de la mé-
» talleité. » Je ne crois pas plus qu’aucun de ces
auteurs à la malléabilité du verre , 8c je fuis
très convaincu que fa prétendue découverte fous
le règne de Tibere eft une fable ; mais je ne penfe
pas devoir prononcer fur fa pofiibilité. Ccnnoif-
l’ons-nous affez les reffources de la nature pour
fixer irrévocablement notre opinion ? pouvons»
nous fagement afligner les limites de rinduftrie humaine?
les modifications qu’éprouvent au feu les
matières qui conftituent le verre, font-elles aiïez
claires,à nos yeux? jugeons-nous affez parfaitement
de la forme que les parties du verre affeâent
pendant la fufion pour évaluer avec exaâitude,
le genre de leur contaél & le degré de pofiibiiiré
de leur déplacement ? combien de fois , en phyfique
, 8c fur-tout en chimie , la même fubftance placée
dans des circonftances différentes, nVt-eiie
pas produit des phénomènes différens, 8c les moins
prévus? i’obje&ion de M. Dantic me paroîtroit,
je l’avoue , fans répliqué , fi les métaux im ">arfaits
étoient malléables, aufli-tôt que l’art les a débar-
raffés de leurs gangues; mais en prenant le fir
pour exemple , comme le plus connu , dès qu’une
première fufion a Té paré le métal de fa gangue ,
il forme une liqueur métallique, que l’on coule
dans des moules, 8c qui, après fon réfroidiffement
eft défignée par le nom de fonte. Le fer dans cet
état eft-il malléable ? les vafes de fonte font au-
contraire très-fragiles, & un gobelet que l’on for-
Arts & Métiers, Tome VIII.
mer oit de cette matière feroit brifé par le meme
choc, qui briferoit un gobelet de verre d une
épaiffeur femblable : pour remédier a cette fragilité
de la fonte , on lui fait fubir yune autre préparation
, on la réchauffe, on la conduit jufqu au
point d’une demi-fufion,. on la porte dans^ cet
état fous le marteau , & ce n’eft qu a force detre
m allée, que le fer devient malléable.
Rien ne prouve mieux que la verrerie avoit été
portée par les anciens à un point de^perfeélion
que nous ne fommes point en état d apprécier,
tant pour la qualité du verre que pour fon travail,
que la defeription donnée par M. le chevalier de
Jaucourt, d’après Pline , Clément d Alexandrie
8c Claudien , de trois monumens ou ouvrages publics
fi confidérables qu’on a peine à y ajouter foi,
tant ils étonnent l’imagination, & tant ils font
fupérieurs à ce qu’il eft poflible aux plus fameux
artiftes d’exécuter par les procédés a&uellement
coriïius.
h Scarurus, dit Pline, (lib» 36, §. 24 ,0p. 7 )
» fit faire, pendant fon èdilitè , un théâtre dont
» la fcène étoit compofée de trois ordres. Le pre-
>» mier étoit de marbre, celui du milieu eto;t de
» verre, efpèce de luxe quon na pas renouvelé
» depuis, & l’ordre le plus élevé étoit de bois
»• doré.
J» Le deuxième monument public eft cité dans
„ le feptième livre des récognitions de Clément
„ d’Alexandrie, où on lit que S. Pierre, ayant
» été prié de fe tranfporter dans un temple del île
» d’Arcadus ,pour y voir un ouvrage digne d admi-
„ ration ( c’étoit des colonnes de verre dune gran-
» deur, 8c d’une groffeur extraordinaire ) , ce
» prince des apôtres y alla, 8c admira la beaute
.» de ces colonnes , préférablement à d’exellentes
.» ftatues de Phidias.
». Le troifième ouvrage de verre , célèbre dans
»> l’antiquité éroit l’admi; able fphère ou gl.ibe c ï -
» lefte inventé par Archimède, 8c dont C'audien
»» a fait l’éloge dans la jolie épigramme fuivante,
». qui eft aufii citée par Merret dans fa préface de
»> Part de la .verrerie.
Jupiter in parvo cum cemerct oethera vitro ,
R f i t , & ad S u p iras u. lia di&a dudit.
H ucciné mort ails progr.Jf.i patent a eu. ce.?
J uni meus in fr a fili lud itur orbe lab r.
Jura p o li, rerumq .e fi ie m , h gem q iu virorum ,
E c e firacufi is tranflulu arte J nex.
Iu d u fu s v a ri.s Jd ’.u d tû r jp in tu s a firis,
£ t vivum certis motibns w get opus.
P e rc u m t prafriu/n m ent t .s fiy tu fi ar.num ,
E fin i d.:ta novo cynth a tiunje r ait.
Jamque fuum volvens a u d a x induflria m u n lu m ,
G udet et hum and filtr a m e n e ;erit.
Q uid fa lfo in fontem tonit u (a >
Æ m u U naturce p a r va ify ■