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T O U T E S ,
P L A N C H E R S , T O I T S E T C O U V E R T U R E S .
( Art eoneerfiant les )
t'eûtes d'un fiul j t , dont les ornemens pem'ffcn:
fculptès.
.T iORSQU’ON voit pour la première fois la richelTe
-des ornemens qui décorent la plupart des voûtes
des grands édifices en Italie, on conclut légèrement
qu’il a fallu dépenfer des fommes très--on-
Jidérables pour les faire exécuter ; on y parvient
cependant à très-peu -de frais depuis très-longtemps.
Lorsque les murs font élevés jufqu’à l’endroit
où doit être la naiiïance des voûtes, il faut 1°.
placer les cintres comme à l’ordinaire; 2°. mettre
de l’un à l’autre des planches jointes enfemble à
languette, pour former une voûte en bois, la plus
parfaite qn’il eft poffiWe , & où il ne fe trouve
aucune ouverture par où les matières liquides qui
doivent entrer dans la compofition de la voûte
d’un feul jet puiffent s’écouler ; 3°. on femera à
la ma-n fur cette charpente de la bonne terre franche
femée à la claie ; on fixera enfuite l.s mot.les
de tous les ornemens qui doivent être de relief
dans la voûte, & le relief de ce qui doit être
creux comme le champ des caillons où font les
refaife’s : ces moules peuvent être en terre glaïfe
bien cuite.
Ces opérations étant faites , on doit prendre de
la chaux mêlée avec de la pozzolane , ou tout
autre fable qui ait les mêmes propriétés, & que
l’on détrempera un peu pour, la rendre plus liquide :
on remplira tous les moules de cette matière, ob-
fervant de charger les cintres de la voûte le plus
également poflible , c’eft-à-dire, qu’un même
nombre d’ouvriers travaillera de chaque côté pour
ne point déranger les cintres. Toute la voûte de
charpente étant couvert» démette matière liquide ,
on lui laidera prendre' une' certaiae confiante,
& l’on voûtera par'cleffus en‘ brique ou en tuf,
comme à l’ordinaire : lè; tuf conviendroit mieux,
parce que le mortier ou le plâtre qui entre dans
fes pores % & dans les ticus que l’on pratique alors
dans la voûte de jet, empêche que cet enduit ne
fe détache par la fuite.
Lorfque l’ouvrage .a pris une certaine confif.l
tance, on défarme la voûte ; & on enlève les|
moules avec précaution : comme ils ont été faupou-1
drés avec de la terre franche, le plâtre ou le ftuc des I
ornemens ne s’y attache point ;—on répare enfuite
les ornemens, ce qui devient peu difpendieux,|
fur-tout fi l’on évite les frais d’un échafaud , en |
fe fervant d’une tour roulante , en charpente,I
fembîsbie à celle dont on fe fert pour émonder I
les arbres. On a fuivi les procédés que nous venons ]
de décrire dans la conilruâion des voûtes delà]
fameufe ég’ife de Saint-Pierre , & de plufieurs
autres édifices en Italie. Il faut remarquer que |
les moules de ro fa fies , de’ catiTons & compatti-
mens quelconques fervent pe»dant long-temps, &
font très-Tciles à faire.
Le ftuc nécefiaire pour les voûtes s’obtient facilement
: on pi*le dans un mortier de, pierre des
écailles de marbre blanc ; on en mêle la poud e
avec la plus belle chaux , faite avec du'marbre
oirde la pierre de Tivoli , que l’on nomme à Rome
du travertin-: on met deux tiers de chaux, & utv
tiers de marbre pilé, que l’on mêle bien enfemble
avec une fuffifanté quant’té d’eau. Lorfqn’il s’sg’.tI
de donner un certain luflre aux ouvrages de ftuc,
on les arrofe avec de l’eau dans 1;.quelle on fait!
diffoudre du favon blanc; le fiuc devient plus
duj , & par conféquent fulceptible d’un plus beau
poli.
Manié'e de cenflruire les voûtes de caves fans pierres,\
briques ni cintres en charpente „ & À ceux tiers atl
moins pour la dèper,fe', que celles en pierres.
On emploie certe méthode dans quelques endroits
de la lire fie & du Lyonnoii : on creufe les
fondations jufqidau foiide, comme pour faire un
mur. Si on veut dans la fuite élever un bâtiment
.au-deffus de ces caves, La tranchée deu être pro*
y o u
portionnée à la maffe de l’édifice. Pour une cave
finale, faites une tranchée de trente pouces d’é-
paiffeur, que l’on réduira à ving-’deux à l’endroit
deftiné à pofer la naifiance de la voûte, pour y
établir une recoupe de huit pouces.
Da la terre qui fortira des fondations, formez ,
•fur la fuperfiçie intérieure du terrein , un cintre
plus ou moins furbaiffé; c’ eft à votre choix , mais
obfervez que le moins furbaifie eft toujours le
[meilleur. Pour lui donner une forme & un niveau
égal, pofez fur chaque extrémité & dans le milieu
ides panneaux cintrés , des planchés , afin de
pouvoir paffer pardeffus une règle qui fervira à
iézalifer la terré qui doit former le cintre de la
voûte : battez légèrement cette terre pour la rendre
foiide, & laiffez les panneaux enterrés dans
les places où ils auront été, pofés ; ils vous fervironr
toujours à retrouver le cintre, dans le cas que les
pluies euffent fait affaiffer la terre nouvellement
remuée.
Pour la porte & les jours de votre cave , placez
dass les endroits convenables, de petits panneaux
furies bords, joignant les murs, en formant une
[lunette qui fe termine en pointe du côté de la
[clef. On forme cette lunette en terre, de la même
[manière & de la même forme que celle en bols,
employée dans la çonftru&ion des voûtes en
pierres.
Les matériaux, pour la conftru&ion , font du
bleuo.i, qiii eft un compofé de chaux & de gravier.
Pour le faire , on choifit de la bonne pierre
à chaux & du gravier. Il eft important que le gravier
ne foit pas terreux : dans le cas où il le fer oit,
expofez--le à une eau courante, remuez-le, &
Tea.i entraînera la terre : faites un bafiin très-vafte
avec du fable point terreux , placez la pierre à
f chaux fraîchement cuite , verfez l’eau fuffifante
pour la faire fondre, & lorfqu’ellê fera parfaite-,
ment fondue & encore chaude, jetez le fable &
le gravier, & broyez aufiitôt. La proportion de
chaux eft d’un tiers , & les deux autres tiers de
; bon gravier & fable, fans mélange de terre.
On eft le maître de conftruire en bletton les
murs de la cave ; alors on remplit également avec
| ce bletton les tranchées, & clans le même jour
s’il eft poflàble. Des hommes armés de longues
perches de bois, remuent fans ceffe le bletton
lorfqu’on le jette , afin d’*en réunir toutes les par-
ties, & ne laiffer aucun vide. Ces tranchées une
fois remplies , on les couvrira de terre , & on les
laiffera s’affermir pendant une année entière.
La fécondé année on lès découvrira, & on
travaillera au cintre de la voûte. Alors on commence
à pofer avec la truelle le bletton , lits
par lits , comme on feroit pour la maçonnerie
V O U ' fitS ■
en pierre; il n’eft pas inutile d’y larder des cailloux
, des morceaux de pierres ou des briques. On
pofe le bletton des deux côtés , pour le monter
également jufqu’à la clef que l’on mettra , en po-
fant des cailloux ou des pierres dans le bletton ,
en frappa at avec le marteau. Le tout fera recouvert
de fix pouces de terre, & on le laiffera re-
pofer encore pendant deux années. Ceux qui exigeront
plus de célérité , feront les murs de la cave
en maçonnerie ; elle fera beaucoup plus coûteufe ,
il eft vrai, mais on gagnera une année.
Paffé ce temps, on fera affuré que le bletton
aura pris toute la confiftance nécefiaire; les planches
qui figuroient l’ouverture de la voû e feront
défaites , & on enlevera par cet endroit tout le ‘
terrein qui a fervi de charpente pour les murs &
pour la vcûre. Si le fol d’une pareille cave a voit
été daris le temps recouvert de ble:ton ., on- feroit
affuré qu'elle tiendroit l’eau comme un vafe, &
que jamais l’eau extérieure ne la pénétrerait ; ce
qui eft un .grand avantage pour les caves bâties
près des rivières, près des latrines, des puirs, &c.
Plus le bletton vieillira, plus il acquerra de force
& de confiftance, & fa dureté deviendra fi forte,
que, dans moins de dix ans , les inftrumens de'
fer. n’auront aucune prifie fur lui. On peut également
faire-en bletton les fondations pour les mai-,
fons ; il.fuffit de leur donner le temps de fécher.
M . L o r iot propofe auffi de conftruire des c a v es
a v e c fon c im e n t , qui auroient les mêmes a van ta ges
que celles dont nous v enons de parler. Voyet'
l ’article C im e n t .
La manière de bâtir que nous venons d’indiquer ;
eft très-importante pour les campagnes où la pierre
n’eft pas abondante ; mais pour la plus grande
économie, on peut bâtir en pifay. Ployez l'art de
la maçonnerie , tome IV.
Maflic impénétrable à Veau.
Un négociant de Bordeaux, demeurant fur le
quai, avoit tous les jours fa cave remplie d’eau
pendant tous le temps de la marée. Il imagina de
démolir tous les murs & les voûtes de sa çave
par parties, & de les reconftruire avec le mortier
dont il s’agit. Depuis dix ans il n’a pas eu une
feule goutte d’eau dans fa cave. Voici le procédé.
U faut éteindre de la chaux vive dans du fang
de boeuf au lieu d’eau. On preoed enfuite dé la
tuile que l’on pile & tamife. On mêle enfuite
cette pouflière de tuile avec la chaux éteinte dans
le fang de boeuf jufqu’à confiftance de mortier,
dont on fe fert pour .hier les pierres eu moëlons
avec lefquels on conftruir. On enduit enfuite avec
ce même mortier; & lorfqu’il eft fec, ce qui n’eft
pas long, il devient un maflic fi dur, qu’il faut