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Qual'r.ème compofition.
6oo !livres Soude d’Irlande.
744 Sable.
272
3
Cendres.
-Azur. .
«019 livres;
Nous tenons ces quatre compofitions , du (leur
Dominique Epenchetenner, artifte expérimenté^,
dans ce moment directeur de la verrerie, en verre
à vitres, établie à Bournoifeau près d’Argenton
en Berri. On ne peut s’empêcher à l’infpeéïion
de ces compofitions , de reconnoître une grande
identité dans la qualité des divers fondans qui
y font employés. Nous ne pouvons pas douter
de la bonne foi de notre correfpondant ; nous
croyons cependant devoir prévenir le leéteur, que
la dofie d’azur nous paroit beaucoup trop forte;
elle eft defîinée à faire difparo:tre la couleur jaune
du verre , en la changeant en v e r t, par le mélange
du bleu que fournit l’azur , mais notre propre
expérience nous a démontré que 3 ou tout
au plus 4 onces d’azur iuffifent pour environ
1200 livres de. compofition bien frittée t nous
fommes donc fondés à imaginer que c’eft par erreur
que l'on a mis 3 livres d’azur, & qu’il faut lire
3 onces. D’ailleurs quoique nous nous fafiions
une loi de donner les compofitions que nous aurons
mêmes éprouvées , ou qui nous feront venues de
lieux fûrs , npus avons dans l’article précèdent
aflez infifté fur l’incertitude des dofes, que, la
diverfe a&ivité de la chauffe modifie de bien des
manières , pour qu’il foit prefque fuperflu d’ajou- .
ter i c i , que les compofitions ne font pas des
recettes invariables , & que l’artifte qui veut s’en
aider, doit, en les regardant comme le réfultat
des expériences déjà faites , ne pas les obferver
trop religieufemént ; qu’il doit .au contraire fe
réferver & exercer iè droit de les modifier relativement
à la qualité de fes matières , à -celle de
fon combuftible, & au degré de chaleur qu’il peut
obtenir.
Enfourner.
Lorfque les compofitions font frittées, on les
prend toutes chaudes dans l’arche cendrière, avec
des eftraquelles ou pelles à enfourner , & on les
enfourne dans chaque creuset par l’ouvreau correfpondant.
Il feroit mieux fans doute, de les
retirer auparavant de l’arche, ne fût-ce que pour
les examiner & les amener , par un épluchage
foigné, à un degré de pureté qui affureroir d’autant
plus les fuccès de la fabrication.
Un tifage v if & régulier procure la fufion , &
lorfqu’après trois ou quatre fontes les pot$ font
pleins, on procède à l’affinage , comme pour
toute efpèce de verre. Pendant tout l’enfourne-
xnçnr, & jufqu’au moment- du travail, on tient
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les ouvreaux fermés d’une tuilequiles bouchant,
en partie, s’oppole à là trop grande accefîion
de l’air extérieur, comme nous avons vu qu’on
le faifoit au four à glaces, ( art. glaces coulées)
& comme,on le pratique dans toutes les verreries.
Il faut même avoir l’attention dans la fabrication
du verre à vitres en boudiné, de boucher le
grand ouvreau avec une tarafon ou couronne pendant
la fufion, pour qu’étant réduit au diamètre
des autres ouvreaux , le tirage du fourneau foit
par-tout le même, & que là chauffe foit égale.
Ce n’eft en effet que pour le travail que l’on a
fur-tout befoin de toute l’étendue de cet ouvreau.
Il faut cependant obferver que , comme le grand
ouvreau fert à enfourner le pot du milieu de fon
fiége ( fi g. 1 pl. IV. t. 5 des gravures ; verrerie
en plats ) ainfi que celui du coin, & que d’ailleurs
il il’y a de ce côté du four, que deux ouvreaux
au lieu de rois qui exiftent de l’autre côté,
la couronne dont on diminue le diamètre du grand
ouvreau, ne do:t pas être arrêtée en fa place;
i :. convient que .l’on puiffe l’enlever ai fémenr, i°.
pour enfourner dans lé pot du milieu , 20. pour
l’ôter à volonté , fi l’on s'apercevoir que deux
ouvreaux ordinaires de ce côté du four, nefuf-
fent pas duffifans pour contrebalancer le tirage du
fou rneau par les trois ouvreaux o, pofés , & que
la fufion du pot du milieu fouffrit quelque retardement.
Lorfque le fuin eft bien diffipé & que le verre
eft fin, le tifeur nettoie le four, avec fon rable
introduit fucceifivement par le bas de fes deux
glayes, toute la braife qu’il contient; ce débrai-
fage eft une précaution ufitée, dans tous les ateliers
de verrerie., où-l’on chauffe avec du bois,
immédiatement avant le travail. Si l’on chauffait
en charbon, au lieu de débraifer on feroit la
braife, comme, nous l’avons indiqué , en traitant
de la fabrication du verre noir à bouteilles.
Aufïitôt après le débraifage , ©n marge le four,
c’eft à dire , on en ferme toutes les ouvertures
avec des plateaux, qui les bouchent aflez exactement
, pour que le fourneau ne fe refroiffe pas
trop promptement, & l’on ceffe de tifer. Le verre
diminuant graduellement de .chaleur, prend une
confiftance qui permet de le travailler avec faci*
lité.
Travail.
Il eft aflez d’ufage, dans les verreries en verre
à vitres en plats, de defliner une place à fabriquer
des bouteilles, & c’eft ordinairement un pot de
coin que Ton emploie à cette fabrication. Le pot de
coin ( fig. I , pl. IV. tom. 5 , grande verrerie en plats )
eft le pot. à bouteilles.
Quant au travail des plateaux que l’on fabrique
avec le verre contenu dans les cinq autres pots,
l’ouvrier
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l’ouvrier avec une forte canne de cinq pieds de
! cueille & marbre.à l’ordinaire. Lorquil a ,
au bout de \nfiUe ou canne, une quantité fuffl-
fante de verte I il commence à former fa parai-
fon que l’on appelle plus communément baffe
dans ce genre de fabrication. Il porte d’abord ton
cueillage au-deflus d’une auge remplie d’eau
appuyant la canne fur une barre de fer hortlon-
tale foutenue par deux fourches ou fupports plus
élevés que le bord de l’ange, il fe fert du poids du
verre encore mou , pour alonger fon cueillage, &
il fait rouler la canne fur la barre , de peur que le;
verre ne fe .détache de la canne. On voit (pl. V I I I ,
fie. I I , tom. 5 verrerie, en plats ) un ou vrier travaillant
à alonger le verre que l’on lui voit cueillir
( fig. I , même pl. )
On porte réchauffer le cueillage à l’ouvreau , &
©n revient enfuite le marbrer en foufHant dans la
canne ; c’eft ce qu’on appelle fouffler la première
chaude. Le fouffleur tient, dans cet inftaot, fa
canne horifontalement, de forte que la paraifon
porte, dans toute fa longueur , fur le marbre
placé, à hauteur convenable, fur un fort billot
de bois (-fig. I , ph IX).
On réchauffe une fécondé fois ; mais lorfqu’il
eft quellion de fouffler la fécondé chaude, on tient
la canne inclinée fur le marbre, de forte que la |
paraifon ne touche le marbre que vers fon extrémité
la plus éloignée de la canne, & on la fait rouler ■
fur le marbre, à mefure qu’on fouffle. L’air introduit
, dilate fur-tout la partie qui ne fouffre pas
le contaft du marbre, de forte que la paraifon ,
enflée principalement dans ion milieu, & beaucoup
moins vers la partie qui tient à la canne, fe
termine en pointe du côté qui touche le marbre.
Cette forme eft une fuite néceffaire de la pofition
que l’on a donnée à la canne , en foufHant la fécondé
chaude;'il doit aufli arriver que le centaét
du marbre s’étant oppofè à la dilatation de 1 extrémité
de la paraifon , celle-ci conferve en cet
endroit une épaiffeur beaucoup plus forte que
par-tout ailleurs. La fig. I I , ( pl. IX ) fera plus ai-
fément comprendre la manoeuvre que nous tachons
d’expliquer.
Après une troifième chauffe , on marbre encore
la boffe, en la tenant dans uae pofition horifon-
tale , pour donner à la forme de la paraifon , tpurë
la régularité dont elle eft fufceptible ( fig. I , pl. X ) ;
enfuite on s’attache à former le col de la boffe.
Pour cet effetv, on la porte au-defius d’une efpèce
d’auge, en maçonnerie appelée crenio. Le crenio.
a fur-tout Inutilité de recevoir & contenir proprement
les débris -de la fabrication, dan» le cas ou
un plat viendroit à fe détacher de la canne par
accident, ou que l’on jugeroit devoir le rejeter.
Au-deffons du crenio , & à une de fes extrémités ,
fift établie horifontalement une barre de fer ar^
Arts & Métiers. Tome VUE
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rondie, & c’eft en- roulant la paraifon fur cette
barre, & l’y paflant obliquement, avec précaution
, depuis fon milieu , jufqu au mors de la
canne, que l’on forme le col de la boffe. ( fig.
2 , pl. X ).
Auprès du crenio on place un baquet, contenant
de l’eau dont on fe fert pour mouiller le col
de la boffe , lorfque l’on veut la détacher de la
canne ; c’eft ce que l’on appelle incifer le col de la
bojfe. Une goutte d’eau fuffit pour cela. On peut
la prendre, comme dans d’autres verreries, avec
le coin de la palette ; mais on emploie ordinairement
un outil qu’on appelle bion, & dort on
peut voir la forme ( fig. 3 pl. VI ) : on difpoie
aufli, devant le crenio, un fiége, lur lequel l’ou«-
vrier puifîe s’affeoir.
Lorfque le col de la boffe eft formé, le fouffleuu
pofe l’extrémité de la paraifon fur la barre du
crenio, et roulant la boffe, appuyée avec aflez
de force fur la barre , il y forme une efpèce de
gros bouton qu’on appelle noix de .la bojfe.
( fig. I , pl. XI). Il s’afîied , & fa canne foutenue
par là barre, il fouffle avec beaucoup de force,
& fait acquérir, par-là, à la boffe , toute l’étendue
qui lui convient. ( fig. 2 , pl. XI).
On porte alors la boffe au grand ouvreau, pour
faire chauffer vivement fon fond, c ell-a-dire ,
la partie où l'on1 vient de faîte la noix ; le fond
fe ramollit, & , en faifant tourner rapidement la
paraifon devant l’ouvreau, ce même fond s ap-
platit , c’eft ce qu’on appelle foncer la boffe ;
( fig. I , ph XII ) on incife enfuite le col de la
boffe ainfi foncée , en le calcinant avec de l’eau
qu’on y applique , au moyen du bion. ( fig.a,
pl. XII ). Avant de détacher la canne de la boffe,
on pofe celle-ci fur 1 e bequet.
Le bequet eft formé de deux plans inclinés ;
foutenus par une maçonnerie d environ deux
pieds de long, fut autant de large, & de trente a
trente-fix pouces de hauteur. Les deux plans inclinés
retiennent la boffe, en lui préfentant le
creux qu’ils forment par leur réunion. Au-devant
des deux plans inclinés, eft difpofé une pièce an-
gui,ire , qui eft défignée par le nom de coin du
bequet. Les deux plans inclinés peuvent être formés
par deux plaques de fonte, St le coin peut être
un prifine triangulaire de fonte, repofant fur un
de les côtés. Le bequet doit être fitué à portée
du grand ouvreau ; on en voit le plan géométral
en ƒ ( pl- III )• & la repréfentation perfpeâtve
(fig.’ l , pl. X I I , & fig. I & II p l.X IU ).
Le col de la boffe étant incifé , on place celle-ci
fur le bequet, de manière que i’incifion repofe
I fur le tranchant du coin e ( fig. I , pl» XIIi } : alors
! un léger coup du bion fur la canne , fuffit pour
1 O oo