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mimw quand le bois n’eft pas aufli bon , ou
quand il n’eft pas dé longueur convenable, &
encore plus quand les vignes ont gelé.
Le merrain ou doelles de long pour les pipes,
doit avoir autour de quatre pieds fix pouces de
long; pour les muids, trois pieds deux ou trois
pouces ; pour les demi-queues , deux pieds fix
à fept pouces; leur largeur, depuis quatre pouces
jufqu’à un pied , & fix ou neuf lignes d'épaif-
feur. Ces dimenfiops doivent excéder un peu les
longueurs des pièces cfu’on doit en former,
pour que le tonnelier puiffe fou Araire1 les extrémités
des planches , fi elles font cléfeftueufes. On
vend du merrain qui porte d’autres dimenfions , >
pour en conftruire des cuves, des tonneaux, ou
d’autres vaiffeaux qui font aufli, comme nous
l’avons dit, du reffort du tonnelier. . ,
Le traverfin propre à faire des mcîtrejfes pièces
, porte deux pieds de long, & depuis huit
pouces jufqu’à cinq de large.
Celui qui eft deftiné à former des chanteaux,
a ordinairement cinq pouces jufqu’à huit de lar-
geur.
Nous verrons dans la fuite que Ton fait des
pièces ou futailles avec du merrain de peu de
largeur ; que pour lors on eft obligé d’employer
un plus grand nombre de douves , pour les former.
Le tonneau en eft mieux jointV & plus ef-
timé que celui pour lequel on aurôit employé du
merrain plus large,.qui forme des pans, & qui
eft fujet à fe coffiner.
Première préparation pue lt tonnelur' donne au merrain
& au jravcrfin.
Le tonnelier muni des outils propres à fon métie
r ; & du bois dont il doit conftruire fes tonneaux,
choifit celui qu’il veut employer, & met
à part les outils qui doivent fervir au premier travail
de fon merrain & de fon traverfin. Ordinairement
il deftine le temps de l’hiver pour pré
parer fon bois , travailler fes douves & l’es fonds,
& les mettre en état d'être montées.
Cet ouvrage étant achevé , la plus grande partie
de fon travail eft faite. Il ne lui refte plus,
pendant l’été , qu’à joindre fes douves, ou , en
terme de tonnelier , monter fes tonneaux & les
relier.
Le tonnelier a befoin , pour façonner fon merrain
& fon traverfin, du rabot-, de la colombe,
de la felle à tailler ou du chevalet, du charpi
ou tronchet, de la coçhoire , de la doloire ', de
U icie à tourner, du coutre & de la mailloche.
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Ces outils préparés , & fon bois amené , il commence
ton travail«
Pour dégauchir fon merrain, il prend un tas
de fes planches qu’il pofe contre le charpi 0«
billot ; & pour en former les douves de fes tonneaux
, ils les travaille féparément. Il place une
de fes planches fur cttte efpèce de billot , formé
d’une groffe maffe de bois, foutenu & élevé de
terre par trois pieds ; < u bien il forme fon billot,.
avec un moyeu de roue de charette. ( Vùyeç
Ifs planches & leur explication).
L’ouverture qui fervoit de paffage à i’aiflieu,
eft perpendiculaire, & fert à polèr une bauffe.
Il approche le long de ce moyeu un fécond montant
de bois qui, placé aînfi perpendiculairement,
forme la fécondé hauffe, qui eit échancrée à mi-
bois. Il l’a retient à l’aiflieu par deux petites tra-
verfes. La pefanteur de ces charpis ou billots leur
donne de la folidiié,
C’eft fur les deux hauffes ou échajf.s , que l’ouvrier
place la planche qui eft deftinée à être travaillée
la première. Il la diminue d’épaiffeur avec
la-doloire, il en ôte les inégalités , & l’unit, en
coupant toujours le bois de travers. Cet outil eft
large dé lame; il eft pefant. Les juftes proportions
de la lame avec le manche , & leurs pe-
fanteurs bien balancées, rendent èet outil aifé à
manier. Il demande cependant de l’adrçffe de la
part de l’ouvrier. Le morceau de bois qui fert
de manche à la doloire, fait un angle avec la
lame, afin qu’elle puiffe plus aifé ment approcher
du merrain , & le réduire à l’épaiffeur convena-
1 ble , fans que la main de celui qui tient l’outil,
le gêne dans fon travail.
Le tonnelier dole, en appuyant l’extrémité du
manche de la doloire fur fa cuiflr. Il pofe le
pouce fur le manche de l’outil. Sa main fert principalement
à diriger la doloire ; & le mouvement
que le tonnelier donne à fa Çuiffe, qui s’accorde
avec celui de fon poignet, facilite beaucoup cette
opération.
La doloire pèfe ordinairement dix à douze livres
, & l’outil n’agit prefque que par fon poids.
Voler, eft le travail le plus rude & le plus difficile
du tonnelier. Peu d’ouvriers dolent bien &
promptement.. Aufli dans les grands ateliers , eu
l’ouvrage fe trouve diftribué à chaque ouvrier,
on fait grand cas du doleur. Cet ouyrier, quand
•H eft bon, gagne jufqu’à quatre ou cinq livres
par jour.
Comme la hauteur de la cmfle du tonneliei* eft
une donnée, il faut néceffairemept fe conformer à
s»5 î--~- ' * ' -u cette
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cette hauteur pour celle du billot deftiné à porter
la planche que doit travailler celui qui dole ,
& faire enforte qu’en opérant, il fe trouve le moins
gêné qu’il eft poflible.
L’ouvrier qui dégauchit le merrain pour en
former les douves, diminue de leur épaiffeur dans
certaines parties ; & dans celles-là, elles fe trouvent
réduites à deux & trois lignes d’épaiffeur ,
tandis que d’autres endroits de la douve confer-
vent les fix ou neuf lignes quelle devroit avoir
fur toute fa longueur.
Une des furfaces de chaque douve doit nécef-
fairement former une portion circulaire. Aufli le
tonnelier s’étudie^-t-il à donner cette forme, feulement
à celle des furfaces qui doit former
l’extérieur du tonneau. A l’égard de l’autre
furface de la douve qui fe trouvera dans le tonneau,
comme il importe peu que dans cette
partie, la futaille tienne de la forme d’un polygone,
on fe contente de la dreffer et de l’unir.
Le tonnelier taille donc en dos-d’âne une des
furfaces de fon merrain, en abattant de chaque
côté fur toute la longueur de fa douve, un peu
de fon épaiffeur , & lui laiffant du renflement
dans le milieu : c’eft une préparation qu’on appelle
tailler en roue.
La planche étant bien drefféé fur la furface
intérieure du tonneau, & arrondie fur l’extérieure,
il s’agit de préparer fes côtés. Il y a deux remarques
à faire fur la forme du tonneau, qui pref-
crivent le travail du tonnelier. i ° . On fait que
le tonneau eft plus renflé vers fa partie moyenne ,
ou ce qu’on appelle le ventre de la puce ou le
bouge, que vers fes extrémités.
Pour fe repréfenter la forme d’un tonneau ,
& pour prendre l’idée la plus jufte qu’il eft poflible
d’en donner, nous avons dit qu’on pouvoit
le regarder comme formé par deux cônes tronqués
, dont les bafes feroient réunies à l’endroit
du plus grand diamètre de la futaille, furie bouge
& au lieu où fe place ordinairement l’ouverture
du bondon. Ainfl chaque douve ou doelle ( car nou5
nommerons toujours ainfl le merrain travaillé) ,
doit aufli avoir plus de largeur dans cette partie
que vers fes extrémités.
2°. Le tonneau étant formé par plufieurs douves
arrangées circulairement les unes à côté des
autres, pour que les côtés de ces douves fe touchent
fans laiffer d’intervalle , il faut que les
douves , dans leur épaiffeur , faffent une efpèce
de bifeaUy ou aient une certaine pente; c’eft-à-
dire, qu’en regardant la douve comme formée
de deux faces, celle qui doit être l'intérieure
du^ tonneau , doit être moins large que celle
qui doit former la furface extérieure de la
pièce.
Arts & Métiers. Tome VIII.
I 4 S
Pour rendre ceci encore plus fenfible, & régler
la direction de ce bifeau, il faut imaginer
les douves arrangées circulairement les unes à
côté des autres, & le tonneau monté. Pour que
les douves prennent la forme qu’elles donnent
au tonneau, il faudroit que ce bifeau fût taillé
fuivant un rayon qui, de la furface extérieure
de la douve, iroit fe rendre au centre du tonneau.
Cependant ce n’eft pas abfolument fur cette
direéKon que le tonnelier fe règle en le formant.
•Il fait bien enforte que les douves fe touchent
par leur furface intérieure, mais il donne au
bifeau de chaque douve une obliquité moins
confidérable, qui éloigne les deux furfaces extérieures,
& qui laifle fur la partie viiible du tonneau
un efpace entre une douve & fa voifine.
Les ouvriers appellent cet efpace la ferre.
Elle eft néceffaire pour engager le bois à fe ref-
ferrer, à fe comprimer ; & on l’y oblige enfuite
par le moyen des cercles que le tonnelier ajoute
pour retenir fes douves. Pour lors les rayons
imaginés , partant de la furface extérieure de la
douve, deviennent convergens au centre ; & nous
avons dit qu’il le falloit ainfl, pour que les douves
ne laiflàffent aucun intervalle entre elles.
Le tonnelier appelle le clain de la douve, le
bifeau ou l’inclinaifon dont-nous parlons, que
l’on pratique fur fon épaiffeur.
Pour faire fon fût plus renflé vers fa partie
moyenne que vers fes extrémités, il commence
donc par diminuer chaque douve de largeur vers fes
deux bouts, & laifle le milieu de la planche de
toute fa largeur. C’eft l’oeil qui lui indique la
quantité de cette diminution. D ’ailleurs, elle n’eft
point fixe. Elle doit être plus ou moins forte,
fuivant que le merrain qu’il travaille eft plus large.
La feule infpeâion de fa douve pofée de champ,
& vue fur fa largeur , lui indique fi le fommet
de l’angle eft bien pris fur la partie moyenne
de fa planche. Il n’a point d’autre règle plus fûre
ni plus exaéte. Cependant on voit peu de tonneaux
varier par la forme. Ils fe reffemblent tous.
Il eft vrai qu’il lui refte une reffource pour rectifier
la forme de la futaille ; mais nous ne pouvons
en faire mention que dans l’article où nous
traiterons des moyens qu’emploie le tonnelier
pour la monter.
Ces premières opérations que l’on fait aux
douves, fe commencent, comme nous l’avons
d it, fur le charpi.
Après avoir dreffé la douve & avenir taillé fes
furfaces , un peu bombé l’une fur fa largeur , ou ,
comme ils s’expriment, l’avoir taillée eu roue ,
avoir aplani l’autre furface de la douve , l’ou