
l’augmenter en fuite, & la foutenir jufqu’à ce que
la maçonnerie n’exhale plus d’humidité.
Le même fourneau s’exécutera parfaitement
en glaife feule : mais les ouvriers qui manient
cette terre, ne fe rencontrent point par tout,
Voyez l’art du Potier, & fa IV planche, figure
3 , 5 & 6.
Des moules pour courber le verre.
De tous les moules, les meilleurs font en fer
coulé. Il n’eft queftion que d’adoucir leur furface
en la frottant fous une molette de plomb , avec
du grès en poudre & de l’eau. Les gravures du
Miroitier, fig. 2.6, pl. V I , reprèfentent un moule
en fer. On forme auffî des moules en fable , &
voici le procédé.
Tirez d’un morceau de bois dur une tranche
que vous taillerez à peu près comme une roue de
poulie : fixez-la fur le tour en-l'air ^ aplaniffez. le
bord , & donnez à la face foumife à l’outil la
convexité qui convient à vos projets. Pour plus
•'d’exa&itude'y aidez vous d’un calibre.
La pièce achevée , placez-la fur une table , le
côté lenticulaire en deffus. Ayez en tôle un cercle
qui embraffe , mais librement , la circonférence
de cette pièce, & qui monte allez pour dé-
paffer d’un doigt fon fommet. Rempliffez l’aire du
cercle avec l’efpèce de fable humide 8c terreux
qu’emploient les fondeurs : comprimez-le de manière
que par-tout il s’unifie au bois : il ne s’agit
plus que de racler ce qui excède le cercle, 8c de
contenir le refte au moyen d’un couvercle , aufii
de fe r , qui emboîtera folidement le tout.
En retournant cet appareil , on enlèvera la
demi-lentille, & le fable préfentera la concavité
*deiirée : on lui laiffera le temps de fécher. Con-
fultez l’art du Pondeur en fable > tome I I I , pag. 18
& 19.
D i quelques autres préparations relatives à la glace,
au moule y au fourneau.
Quelle que foit la matière du moule , vous
couperez circulairement la glace que vous voulez
courber : vous poferez le morceau dans le
moule , en faifant répondre un centre à l’autre ,
& fans rien déranger , vous defeendrez le mouje
dans le fourneau. Il ne faut pourtant pas qu’il
touche immédiatement les barreaux ; l’air qui s’introduit
par le cendrier refroidiront le deffous, &
nuiroit à l’opération. Un carreau de pierre abfo-
îument conforme à l’intérieur du four, mais privé
de fes quatre angles, fera placé fur la grille, &
c’eft lui qui portera le moule. La fouftra&ion de
ces angles fufjit à l’évacuation des cendres ; & l’air,
néceffaire à l’entretien du feu , plus refferré dan#
fon cours, n’en deviendra que plus aéfif.
Si le moule eft en fer, on l’enduira la veille
d’une légère couche d’ocre, ou de blanc d’Efpagne
démêlé dans de l'eau. Cette couche, qu’on étend
au pinceau, empêchera la glace de s’attacher.
Pour dernier préparatif on recouvre le moule
d’un petit dôme qui l’entoure, qui le fin monte
de plufieurs pouces, & garantit le verre de la
chute du charbon. Ces dômes , ou de tôle, ou
(impiement de terre cuite, offrent une autre utilité
: ils portent latéralement une fenêtre étroite
qu’on dirige vers l’ouverture du fourneau î; l’ai*
tifte, pourinfpeéter,fa glace, n’a que le bouchon
à déplacer.
De la conduite du feu quand le verre efl dans U
fourneau.
La manière de conduire le feu n’eft pas indifférente
: une chaleur fubite éclateroit infailli,
blement le verre. N’allumez d’abord qu’un peu
de braife dans le cendrier. Quand le four & les
objets qu’il renferme commenceront à s’échauffer,
il fera fans danger d’allumer pareillement quelques
charbons autour du dôme. En pouffant ainfi
le feu par degrés, la glace enfin-deviendra rouge.
Dans cet état elle ne court plus de rifque , & l’on
peut -, à l’exception de la petite fenêtre, envelopper
tout le dôme 'de charbons.
Pour exciter dans le four autant de chaleur qu’il
eft poflible, on en bouchera la porte , & l’on couvrira
prefqu’en entier la grande ouverture d’en haut,
Je dis prefquen entier, & non totalement : car il
eft effeutiel que l’air afpiré . par le cendrier , circule'
toujours entre les charbons , 6c trouve en-
fuite à s’échapper.
C ’eft avec le bouchon qu’on condamne la porte :
c’eft avec une plaque de fer qu’on mafque plus ou
moins l’ouverture fupérieure. Si le. quarré du four,
pris en dedans , eft de feize pouces, . comme je
1 ai fuppofé, les côtés- de la plaque en auront dix-
huit pouces. D ’après ces proportions en plaçant
la plaque de biais, les quatre angles du four ref-
teront découverts, 6c l’air ne fera point arrêté.-Plus
tard, la même piaque, affîfe quarrément, étouffera
le feu ; & telle eft auffî fa dtftination , comme
je l’expliquerai bientôt.
Une. glace mince n’eft pas long-temps à s’amollir
: à peine faut il renouveler le charbon. On
aura grand foin de veiller l’inftânt de fa courbure
dans le moule; & rien ne, fera plu »facile au moyen
du bouchon qu’on retire à volonté. L’attention eft
d’autant plus à recommander, qu’un verre qu’on
chauffe encore avec violence après fon affairement
complet, perd fon poli, & que pour le lui
rendre, on eft forcé de recourir à de très-lents procédés
,\aux bajjins, aux formes &c. ; c’eft décupler
la befogne. Voyez l’art du lunetier.
On évitera tout ce travail étranger, en bouchant
à propos les deux portes 8c le haut du fourneau.
Une clpt.ure générale éteint le charbon , 8c la glace
n’éprouve plus de changement qui altère fa tran^
parence. Les murs fortement échauffés ne perdront
d’ailleurs leur chaleur qu’infenfiblement ; il en fera
de même du verre , oc le lendemain on le trouvera
intaft, & précifément ce qu’il étoit au moment
de fon affàiffement.
U’ eft aifé de courber à la fois piufieurs glaces,
pourvu qu’elles ifoient d’une épaiffeur & d’un diamètre
femblables ;--mais alors on ne peut guère
faire ufag-e que des moules en fer: ceux en fable
feroient trop matériels. On arrange les moules les
uns au-deffus des autres entre trois montans garnis
de tablettes fixes. Sur chaque tablette on place
un moule , & fur chaque moule, une glace. Pour
donner aux moules plus d’affiette , on évide les
• tablettes dans le milieu.
La courbure dont un verre circulaire eft fuf-
ceptible a cependant fes limites. Si l’artifte les per-
doit.de vue , les pièces , & fpécialement les pièces
épaiffes , enffe pliant trop ne manqueroient pas de
fe rider, 8c feroient à rejeter.
Dudrejfement des, bords apres la courbpfe.
En fuppofant que la glace tirée du four foit
exempte de défauts, on n’aura plus que fes bords
à dreffer. Pour cet effet, répandez fur une plaque'
de fer bien plane & i)ien unie, du fablon
fin & de l’eau. Promenez y la circonférence du
verre. En arrofant de temps en temps, en renouvelant
le fablon quand il ceffe de mordre, les bords
prendront le niveau convenable. , ,
: Obfervations,
liquide , fes parties perdant leur liaifon admet-
I troient des bulles d’air , & la pièce refroidie feroit
! remplie d’yeux & de filandres : elle n’offriroit
• qu’une maffe défeéhteufe. D’un autre côté , le fim-
I pie amolliffement qui fait plier une glace ne fuffit
pas. : il faut plus ; il faut aller jufqu’au point
qui précède la fufior*. Le verre alors acquiert les
qualités d’uné pâte fcuple ; il obéit à fon poids.,
s’affaiffe 8c prend la forme du moule fans que l’air
puiffe pénétrer entre fes partie r.
On courbe des glaces de toute grandeur fuivsnt
le befoin des arts. L’horlogerie les applique aux
pendules, aux cadrans des montres; la'cafopmqùe
1 encompofedes miroirs ou concaves ou convexes; la
| dioptrique des lentilles qu’on remplit d’efprit-de-v'in,
& qui forment d’excellents verres arderis. Voyez
dans l’âfticle du miroitier, metteur putain la manière
d’étamer les furfaçes bombées; & dans le diélion-
n aire de pbyfique, ce: qui concerne les verres ardens.
L’Angleterre a long-temps poffédé feule le fe-
cret de côurber les g'aees : tout le monde aujourd’hui
le connoît , 6c l’encyclopédie doit le perpétuer.
•
De la refonte du verre.
Le mot réfonte n’eft pas à prendre ici pour une
! liquéfaâicn complette ; mais pour un degré d’a-
molliffement qui force la matière à s’étendre entre
| tes parois qui la contiennent. Si le verre devenoit
Tout cela s’explique fans peine : cependant
avant que le fuccès eût couronné les tentatives de
M. Paris, des gens d’un mérite iupérieur dou-
toient hautement de la réuff.te. Le célèbre abbé
Nollet convient qu’il n’attendoit de cette refonte
que des blocs pàrfemés de bouillons, & dont jamais
on ne tireroit parti. Heureufement que l’artifte,
plein de fes propres idées, né fe rendit point aux
objectons du phyficien : il confu'.ta l’expérience,
& l’expérience prouva qu’il avoit raifon.
On refond les glaces dans le même fourneau
quifert à les courber, & l’on conduit le feu de même,
c’eft-à-dire , qu’on le modère en commençant.
Quand, tout eft chjud , on n’a plus de ménagement
à garder; la refonte fera d’autant plus prompte que
! le brafier fera plus v if & plus foutenu : ainfi jufqu’à
ce que la matière s’épande, on alimente le
feu. Lorsqu’on le ralentit, on ufe des ptécautions
: recommandées ci-devant à l’égard de la courbure.
Je fuppofe aéhiellement qu’on veuille métamor-
phofer une glace ordinaire en une lentille plan con-
vexe : il n’eft queftion que d’arrondir le morceau,
6c de l’expofer dans un moitié concave à l’ardeur
du four. Les premiers degrés d’amolliffement en
■ feront un verre courbe : mais pouffant i’amolUf-
fement plus loin, le deffus bientôt fe mettra de
niveau & deviendra plan ; tandis que le deffous,
maîtrifé par le moule , en adoptera néceffairement
là fphéricité. On devine bien que le poli de la
glace fera détruit par cetté opération : ce qu’on a
lu plus haut l’annonce affez. Malgré ce facrifice on
s’épargnera beaucoup de peine encore; l’ouvrage à
l’extérieur fera raboteux fans doute ; mais du moins
il fera contourné, 8c il ne reliera qu’à le finir. Voyez
de nouveau l’art du lunetier.
Ces prifmes , à l’aide defquels' on décompofe fa
lumière , 8c dont les moindres faces ont en largeur
jufqu’à cinq quarts de pouce, 8c même au delà ,
font formés, ainfi qu’on l’a dit, d’une bande de
glace brute, fouvent des deux tiers plus mince.
Pour fe munir d’un moitié durable, on prend
une plaque de fer doux, longue.de dix pouces, &
large de fept & demi. Par une trace au burin, on
divife la largeur de manière qu’il fe trouve d’un
côté cinq pouces , 8c deux 8c demi de l’autre. On
plie la plaque tout le long de la trace, 8c l’on