
.de ceux qui ks employcient, (e. font fait une
prpfefllon de l’art de monter les dkmans * à l ’ufage
tant de s vitriers que des miroitiers. Ces hommes,
la plupart vitriers eux-mêmes 7 inventèrent des
montures d’une nouvelle forme , dont la virole de
cuivre, dans laquelle ils enchâffent le diamant
avec de la foudure d’éiain. fondu , eft enfermée
dans un fût d’acier, au travers duquel elle paffe.
Ils donnèrent à cette monture le nom de rabot.
Le côté plat qui frotte le long de la règle , fe
trouve parallèle à la coupe pu pointe du diamant,
fuivant la flexion habituelle du poignet de celui
qui doit s’en fervir, & pour lequel on a eu intention
de le monter. On tient le diamant comme
la plume pour écrire ; avec cette différence néanmoins
, qu’au lieu que la plume paffe entre le
pouce & le fécond doigt,. le manche du diamant
doit paffer entre le fécond & le troifième doigt
qui lui fert de conduéieur, pendant que le pouce
lui fert d’appui,, le. fécond, doigt qui tombe négligemment
fur le manche, fervant uniquement à
l’entretenir dans fa jufte pofition.
On juge de la bonté d’une coupe, lorfque filant
avec un cri ni trop aigre ni trop doux furie verre
qu’elle preffe, elle y forme une trace noire , fine,
qui s’ouvre lentement, & devient, lorsqu'elle eft
.ouverte , aufii claire qu’un fii d’argent, fans laiffer
fur la furface du verre aucune pouflière blanche :
xar alors le verre ne_ feroit que rayé fans, être
coupé. Il ne faut pas non plus que la coupe ouvre
trop : pour lors l’air s’introduifant trop vite dans
la première ouverture que la pointe du diamant
auroit faite dans le verre, il y auroit danger que
venant à fe caffer, il ne prit en fe fi a&urant toute
'autre route que celle qu’on vouloit lui. tracer
avec la pointe du diamant. Enfin le meilleur indice
de Ja bonté d’une coupe , c,’eft lorfqu’après
,1a defunion des deux morceaux qui ont été coupés ,
‘on fept au long de la tranche qui forme leur réparation,
que les deux furfaces de chaque divifion
font ( unies ; toute coupe raboteufe étant fujette à
îorçper des langues qui peuvent devenir tuineufes
au vitrier.
A u ' teflè^ les mêmes diamans ne mordent pas
égàîémènt "fur toutes fortes de verres. Tel diamant
eft propre à couper le verre commun ; qui ne
preffe ppijqt.le -verre blanc, celui-ci étant ordinairement
plus dur.. Il y a même dans le verre
commun du verre fec comme le grès, fur lequel
la coupe la plus vive ne fait que blanchir.
C ’eft à la. coupe que .l’pn reçonnoît la bonté
de la recuiffon du verre, ep plat, Un plat de verre
mal recuit fe coupe -difficilement. Le diamant y
prend'mal; le trait s’ouvre avec peine; fouvent
il fe caffe & fe met .en pièces ayant que le trait
foit ouvert. Là main qui fôutient le plat de verre
çn l’airpout en diriger la coupe & la faire ouvrir,
en le frappant fs-trouve alors repouffèe par !îs
morceaux qui fe détachent du plat , à peu près
comme elle le feroit p-.tr un refîort qui fe débar.,
deroit. La raifon de ce phénomène eft le re:ro;.
diffemenr trop fubit de verre, dont les parties ont
fouffert un degré de contraélion qui en a fait comme
de petits refforts bandés , qui venant à fe débander
par la preflion de la pointe du diamant, ou par
les efforts que l’on fait peur l’ouvrir , font un
effet différent; car quelquefois le plat éclate par
morceaux quelquefois le trait que la pointe du
diamant y a.empreint, s’ouvre dans.toute fa longueur
avec une rapidité incroyable. Quede rifqr.es
en coupant de tel verre 1 car outre la perte de la
marchandife , combien y a t’il de vitriers eftropiés
ou du moins bleffés, par de tels accidensl
Cet outil, depuis fa découverte, eft devenu le
premier terme de l’induftiie du vitrier ; il eft de
l’état conftitutifde ce métier. ;Son ufage, comme
de droit, femble ne devoir être autorifé en d’autres
mains que dans celle des ouvriers dont l'état
eft de tailler le diamant , comme les lapidaires, ou
dont la profeffion fert en détaillant fur des matières
vitreufes, comme la glace, le cryftal, le verre, &c,
, On peut mettre le gréfoir entre les outils propres
à couper le verre, ou au moins à le difpofer à
la jointure qui doit s’en faire avec le plomb. Nous
avons déjà parlé de cet outil, que les Italiens
nomment grifatoio ou topo, parce qu’il ronge &
mord le verre. Il y en a de plufieurs fortes , qui
ne différent l’un de l’autre que par la, groffeur. Les
plus petits que l’on nomme cayoirs, fervent à ronger
les contours circulaires & les angles des pièces
percées & évidés de toutes figures qui entrent
dans la compofition des pièces de verre en entrelacs
ou dans les rempliffages ou fonds de ces mêmes
pièces dans les chef-d’oeuvre?,
Félibien mettoit encore au rang des outils du
vitrier une pointe d’acier propre à percer des pièces
de verre d’un feul morceau, dont on remplit en-
fuite le v id e, en les joignant avec le plomb par
un autre morceau de verre de la même configU’
ration que le vide. On a trouvé pour cet effet un
expédient plus aifé&plus fûr, en fe fervant d’une
pointe de diamant monté en foret fur un archet;
ouvrage de fantaifie, qui fuppofe dans le vitrier
beaucoup de loifir & de patience, de légèreté de
main & d’adreffe , dont la pratique étoit néanmoins
très-fréquente & plus néceffaire dans les vitres
peintes des quinzième & feizième fiècles, & te
fôutient encore dans plufieui's villes de France,
o ù , l’on donne aux afpirans, des chef-d’oeuvres
dans lefquels il fe trouve de ces pièces très-diffi'
ciles dans leur exécution. C ’eft une règle indif
penfable en matière de chef-d’oeuvre de vitrerie,
que toutes les pièces en foient terminées par h
gtoifure.
Le
Le plomb que le vitrier deftine à joindre fes
pièces de verre taillées dans l’ordre que demandent
les différentes façons- de vitres , ne doit être
ni trop aigre ni trop doux. Trop aigre, il eft plus
fiijet à avancer la ruine des rouets ou tire-plombs ;
à fe caffer, non-feulement lorfqu’on le tire pour
l’employer, maïs même après l’emploi, au collet
delà foudure. Trop doux, ou il fe pliffe en s’a-
logeant dans le tire-plomb, ou il fe coupe en
palfanr entre le» coufiinets , qu’il engorge, à moins
qu’on n’ait foin d’en retirer de temps en temps ,
les bavures qui s’y amaffent, ce qui fe fait en
faifant mouvoir les pignons à reb oursou bien il
fe chiffone en l’employant.
C’eft pour cela que les vitriers ont foin, lorf-
qu’ils/font prêts de fondrç leur vieux plomb, de
l’énouer , c’eft-à-dire, d’en féparer tous les noeuds
de foudure, qui retenoientles différentes branches
de plomb dans la jointure des vieux panneaux
qui leur font rentrés, ou pour les remettre en
plomb neufj ou pour en faire des neufs. Ils coupent,
à cet effet , avec des cifeaux tous les noeuds de
foudure, & les mettent à part. Si on les fondoit
avec le plomb pèle mêle , ils le rendroient trop
aigre. Ces noeuds ainfi mis à part, entrent dans
! la compofition de la foudure , comme nous-le
' dirons en fon temps. Le plomb étant ainfi énoue,
l’dn y ajoute, en le faifant fondre, telle partie
de plomb neuf que l’on juge à propos pour rendre
le plomb moins aigre.
On fe fert à cet effet d’une marmite de fonte
| de fer plus ou moins grande, fuivant les fontes
j que le vitrier eft dans l’habitude de faire. Les plus
I grandes marmites ne contiennent guère que fix à
[ fept cents livres pefant de plomb fondu. On pofe
cette marmite le plus de niveau qu’il eft poflible
fur un trépied plus ou moins fort, à proportion
que la capacité de la marmite eft plus ou moins
grande , de manière que la marmite ne penche pas
plus fur un côté que fur l’autre , & qu’on puiffe
| la remplir également. On entoure ordinairement
I le trépied de gros pavés de grès, qui maintiennent
la chaleur, & qui tiennent toujours le bois élevé
[ de manière que la flamme entoure & chauffe le
haut de la marmite, pendant que la br^ife en;
échauffe le fond.
Quelques-uns élèvent autour de la marmite &
jufquesvers le bord un mur de brique, en laiffant
[ un efpace de trois pouces entre l’un & l’autre
pour mettfe le bois. Ils pratiquent vers le bas ,
I furie devant, une ouverture d’environ huit pouces
en quarré, pour laiffer écouler le plomb qui peut
| tomber dans le foyer en rempliffant la marmite,
& pour donner au feu plus d’aâivité. Le bois qu’on
emploie pour fondre, doit être fec , & de nature
à donner plus de flamme que de braife. On remplit
continuellement la marmite à fur & à mefure que
Arts 6* Métiers, Tome V l l l ,
le premier plomb qu’on y a mis eft fondu. Lorfque
la marmite eft pleine, c’eft-à-dire, à deux ou trois
doigts au-deffous du bord, on agita avec une bûche
de moyenne groffeur les cendrées & le fable qui
furmonte le plomb fondu. Alors on jette fur ces cendrées
petit à petit des morceaux de vieux fuif qui venant
à fe fondre avec elles , prennent aifément feu,
& les brûlant, en détachent vers le fond de la mar
mite le plomb qui s’y trouvoit encore mélangé, &
fervent à l’adoucir.
Lorfque les cendres commencent à rougir, on
en diminue peu à peu le volume : en les retirant
de la marmite avec une petite poêle percee en
forme d’écumoire à manche de bois arrondi, qu’on
agite au-deffus de la marmite, afin que le plomb
fondu , qui pourroits’y trouver mêlé , y retombe.
Le plus gros de ces cendrées , qu’on jette à part
dans un des coins da la cheminée, ou dans quelque
vaiffeau qu’on y difpofe à cet effet, afin que
la fumée qui s’y évapore - incommode moins les
fondeurs, étant ainfi enlevé , on continue de remplir
là marmite jufqu’à ce qu’elle fe trouve pleine
de plomb fondu; on recommmce à écumer en détachant
du fond de la marmite la cendrée qut
auroit pu s’y attacher. Alors le plomb paroiffant
bien net fur fa furface, & feulement couvert d’une
efpèce de crème qui s’y formelorfqu’il bouillonne,
on fe met en devoir de le verfer dans les moules
deftinés à cette opération.
Ces moules qui fe nomment lingotieres, font
compofés de deux bandes de fer plat, de dix-huit
à vingt lignes de large, environ fix lignes d’épaif-,
feur, fur feize à dix-huit pouces de longueur,
avant d’être façonnées. Ces deux bandes de fer
s’enclavant vers le bas , entrent l’une dans l’autre ;
percées vis-à-vis l’ une de l’autre, elles fe joignent
enfemble par une rivure qui les traverfe, üc en
fait une charnière qui les fait mouvoir en rond
fans fe fépnrer, & tourner fur un même centre.
Chacune de ces bandes de fer oppofées entr’elles
doit être eftampée fur la largeur en trois creux
de la forme des trois lingots, dont chaque bande
doit former la moitié, fuivant l’épaiffeur que l’on
j veut donner aux ailerons de chaque côte du lingot
; l’efpace qui dans le milieu de chaque creux
fepare les ailerons, reftant plein fur environ une
ligne de face. Ces deux bandes de fer, ainfi creu*
fées 8c refouillées par la lime , ferrées l’une contre
l’autre, forment en rempliffant leurs creux de
plomb fondu , les trois lingots entiers, dont les
ailerons font pleins & le milieu creux fur l’un &
l’autre fens, en y confervant néanmoins une certaine
épaiffeur qui refte folide , pour en former ,
lorfque le lingot paffera au rouet ou tire-plomb,
ce qu’on appelle le coeur de la verge de plomb tirée,
comme le vide avec fes ailerons de chaque côté
deflùs & deffous doit y former la chambrée
de ladite verge de plomb, dans laquelle feront
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