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également en poudre, & rôdeur fut diminuée,
fans cependant l’être au (fi parfaitément que dans
l’expérience précédente ; ce qui nous a fait croire
que la chaux agiffoit autrement que nous l’avions
penfé.
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Pour compléter les expériences fur l'a&ion de
la chaux, fur le principe odorant des foffes d’ai-
fance, nous fîmes fecouer un fac qui contcnoit
de la chaux en poudre , dans le cabinet où l’on
travailloit, dans l’intention d’obferver fi la pouf-
fière calcaire qui fe répandroit dans l’atmofphère
du cabinet, agiroit fur les parties odorantes qu’elle
y rencontreroit.
Auflitôt que le fac fut fecoué & que la pouf-
fière fut répandue dans l’air, au point de picoter
vivement les yeux & le nez, l’odeur ne fut plus
fenfible, & elle ne rècommença à fe faire fentir
que lorfque la poudre fut diflipée.
Voilà des faits : il nous refie à favoir fi l’abfence
de l’odeur venoit de l’a&ion de la chaux fur les
organes de la refpiration, ou de fa combinaifon
avec l’ôdeur; c’eft ce que nous aurons occafion
d’examiner dans l’expérience fuivante.
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Le 7 avril 1778, ayant été avertis de la vui-
dange d’une foffe fituée au Temple, dans un local
très-favorable, nous avons répété plufieurs expériences
, & enrr’autres celle de la chaux ; pour
cet effet , nous avons fait remplir à moitié une
tinette de vanne, & nous avons jeté de la chaux
en poudre, environ demi-boifleau ; il neVeft fait
aucune effervefcence, mais il s’eft dégagé un peu
d’alkali volatil, & l ’odeur s’eft trouvée confidé-
rablement diminuée. Ne voulant pas mous en rapporter
à nos propres fenfations, nous confultâmss
des gens du peuple qui s’étoient rafiemblés pour
voir nos opérations , & ils nous aflùrèrent que
l’odeur n’étoit plus auffi défagréable ; nous remurâmes
la matière & l’odeur reparut; on projeta
de nouvelle chaux & l’odeur fe dilfipa : l’on
remua encore la matière, _qui répandit une nouvelle
odeur, mais moins forte que dans la première
opération ; enfin , pour voir s’il étoit, pof-
fible de faturer & de neutralifer le principe .odorant,
on recommença à plufieurs reprifes les projetions
de chaux , & l’on trouva qu’à la fin la
m an ère n’exhaloit plus qu’une foible odeur d’une
autre nature , & qui étoit très - fupportable. Il
paroît donc démontré que la chaux eft un moyen
de changer l’odeur des latrines ; il ne s’agit plus
que de connoître la loi qui détermine ce, phénomène.
Pour terminer ce. rapport , nous hafarde-.
rons , d’après les. faits , une théorie qui nous a
paru au moins vraifemblable.
Après avoir examiné l’a&ion de la chaux fur les
gadoues , nous délirions favoir celle des acides
lur ces mêmes matières ; pour cet effet, nous
fîmes mettre de la vanne dans une tinette dont
les deux tiers reftoient vuides ; nous verfâmes
dans cette tinette, de l’efprit-de-vitriol fait avec
quarante parties d’eau fur trois d’huiie de vitriol.
Il fe fit fur le champ une violente effervefcence;
il fe forma une moufle femblable à celle qui
s’élève de deffus la bière en fermentation, dont
le gonflement fut tel, que-la matière moufl'eufs
déborda la tinette, & en même temps il fe dégagea
une petite vapeur en forme de fumée. Nous
avons d’abord trouvé une diminution dans l’odeur
qui étoit changée de nature , au dire même du
peuple affemblè que nous confulrâmes ; nous
fîmes remuer la matière, & l’odeur recommençi
à fe faire fentir affez fortement. On a reverfé de
l’acide vitrioliquefur nouveaux frais ; mais l’odeur
s’eft foutenue, laquelle ; pour avoir changé de
nature, n’en étoit pas moins défagréable.
Il nous réftoit à examiner l’aéfion des autres
acides lur la nature des gadoues ; mais le peu
de fuccès des premières tentatives avec- l’acide
vitriolique, nous empêcha d’en faire d’autres.
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Nous examinâmes dans cette expérience , les
effets du feu fur les vapeurs qui s’élèvent des
foffes d’aifance. |
Pour cet effet, l’on pofa le fourneau dont nous
venons de parler ci-devant, fur l’orifiçe du fiége
d’aifance fupérieur , & la vapeur , en paffant à
travers les charbons enflammés , perdit entièrement
fon odeur , & en acquit une fenfiblement
fulfureufe. Enfin , cette expérience fut abfolument
conforme à celle de MM. Cadet, Parmentier &
Laborie, dont nous avons parlé.
Nous avons dit au commencement de ce rapport,
que nous rendrions compte de l’accident
4’nn vuidangeur attaqué fortement du plomb, &
tombé en afphyxie, qui a été rappelé à la vie par
le moyen du vinaigre diftillé.
Le,7 avril, les ouvriers ayant commencé leurs
travaux en notre préfence & celle de M. Cadet
le jeune, dans une'foffe fituée au Temple, devant
le café de la dame Boucher, 8c après avoir rempli
fix tinettes, un des ouvriers, nommé Cholet, âgé
de,vingt-fe.pt ans ,'fort & bien Ço.nftitué, fut fortement
plombé ; il tomba fans connoiffance ; on
le transporta dehors le cabinet, on l’étendit paf
terre.; un de nous lui adminiftra , conjointement
avec M. Cadet, du vinaigre diftillé qu’il ayoit dans
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Ijin flacon: on lui ouvrit la bouche par force, &
on y introduifit le col du flacon. Cette première
opération faite , le malade ouvrit'les yeux; on
recommença , & dans l’inftant il fe releva fur
fôn féant ; on lui frotta les tempes & le nez avec
ce même vinaigre, & il fe releva tout-à-fait,
difant qu’il étoit prêt de recommencer fon travail.
L’afphixie ne dura que deux minutes.
I II réfulte de toutes les expériences qite nous
venons de citer, que les moyens de détçiiire les
vapeurs infeâes des foffes- d’aifance , & de les
rendre moins nuifibles, fe réduifent à deux.
| L’application du feu & la proje&ion de la chaux. !
Comment ces moyens agiflent-ils? C ’eft ce que
[nous allons examiner.
I Le premier, quoique le plus efficace, eft à la
[portée des perfonnes mêmes les moins inftruites.
|Î1 eft tout fimple que le feu, qui détruit tout
! confume une vapeur qui paffe à travers les charbons
ardens, & lui ôte fon odeur ; mais il n’eft
I pas auffi aifé de démontrer la manière dont la
I chaux agit fur le principe odorant des latrines ;
j & pour entendre la théorie que nous allons ha-
farder, d’après nos obfervations & nos expériences,
il faut connoîtrè au moins les' principes gé-
[riéraux de la chimie : nous allons en la'ppeler
j quelques-uns pour ceux à qui ils ne font pas fa-
| miliers.
On fait que le premier degré d’affinité eft entre
| les acides en général 8c le principe inflammable.
L’union de ces deux fubftances forme toujours
[ du foufre.
Le foufre a beaucoup d’affinité avec les alkalis..
I Et de fon union aVéc eux, il réfnlte ce qu’on
| nomme fawar-fulfuris où foie de foufre.
Le foie de foufre une fois formé., fe décompofe
j avec la plus grande facilité, parTp.&ion de l’acide
I même le plus foible ; il répand une odeur défa-
J gréable, approchant de celle des' oeufs pourris. '
j II n.oifctt tous leS métaux, il revivifie les chaux
métalliques qu’on expofe à fon aélion. Le foie.de
foufre décompofe & minéralifè les métaux parfaits ;
I il détruit les matières animales encore plus faci-
I feintent.
Il eft par conféqnent très-dangereux à refpirer
& l’un de nous a failli perdre la vie , il y a quelques
années , pour avoir été expofé à fa vapeur
I dans un lieu fermé.
Aéluellement faifons l’application de ces' vérités
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connues de tout le monde, aux phénomènes dont
il s’agit.
La matière des foffes d’aifance eft le réfultat des
végétaux & animaux qui ont fervi d’aliment elle
doit donc contenir & contient en effet du phlogif-
tique 8c de l’acide.
Cette matière inflammable eft fi abondante dans
les foffes , que fi on facilite fa volatilité en enfonçant
un bâton dans la matière, & qu’on approche
un papier allumé , elle s'enflammé , fui-
vant les expériences de M. Cadet, vérifiées par
nous.
Le principe inflammable ou phlogiftique, par
fa légéreté , cherche toujours à s’échapper & s’exhale
fansceffe. Il trouve dans la matière contenue
dans les foffes, non-feulement l’acide de l’air at-
mofphérique, mais encore l’air fixe dégagé des
corps en diffolution , & l’acide de ces mêmes
corps, d'OÙ il réfulte, du foufre fous différens états,
fuivant la volatilité ou la fixité des ingrédiens qui
le compofent.
Ce foufre fe combine avec les alkalis volatils
& autres des.matières fécales (i)., d’où il réfulte
un vrai foie de foufre.
Ce foie dé foufre une fois formé, fe décompofe
de trois manières ; parTa&ion de l’air at-
mofphérique , par celle de l’air fixe provenant des
matières végétales & animales en fermentation ,
& par l’acide contenu dans ces mêmes matières-
végétales , d’où il réfulte trois phénomènes , dont
l’un a été obfervé de tout le monde, & les deux
autres particulièrement par les vuidangeurs. Le
premier eft l’odeur infupportable que les tuyaux
, des commodités répandent dans certains temps ,
: c’eft-àrdire, lorfque les matières fermentent, &
! que l’acide fe dégage plus ou moins abondamment.
Le deuxième eft que les foffes fituées dans les
bâfles-'coufs, font les plus dangereufés à caùfe du
foin , & autres matières que les cochers y jettent.
Le troifième eft l ’odeur du foie de foufre dé-
coiiipofé qui fe fait fentir à l’ouverture des foffes ,
dont nous, com mi flaires , nous fourmes convaincus,
& qui eft fi forte, quelle a phlôgiftiqué non^-
• feulement les feuilles de papier'enduites de chaux
; de plomb qu’on y a expofées, mais encore lés
j boucles dé nos fouliers.
L ’exiftence du foie de-lfôufre dans les foffes
CO La présence des alkalis dans les matières des fosses,
est démontrée par, l’cfFerveseence étonnante que cette matière.,
fait avec l’esprit de vitriol, que nous ayons rapporté
dans Inexpérience X.