
air qui ne circule pas, gâte la poudre à canon ,
fur-tout lorfqu’il eft humide ; & quelque précaution
que l’on prenne, il le fera toujours un peu ,
quand même il ne feroit chargé d’aucune autre
humidité que.de celle qui lui vient de la fève du
bois dont la foute eit faite, principalement dans
les vaiffeaux neufs.
Ils feront encore d’un excellent ufage pour purifier
irès=:facilement & d’une manière efficace, le
mauvais air de l’archipompe du vaiffeau , lorsqu'on
fera obligé d’y defcendre , en y portant de
nouvel air par le moyen d’un tuyau qui parviendra
à environ trois pieds du fond , & cela, quelque
temps avant qu’on y entre & pendant qu’on
y refiera.
Cette méthode fera plus courte & plus fure que
celle dont on fe fert communément, qui eft d’y
jeter de l’eau & de la franchir avec la pompe :
méthode nonobftant laquelle il arrive fouvent que
plufieurs perfonnes font fuffoquées en approchant
de l’archipompe.
* En effet, l’oeil ne pouvant difcerner un air propre
à füffoquer, d’avec celui qui n’a pas cette
mauvaife qualité, plufieurs courent à unè mort
précipitée, ne Soupçonnant point de danger où
l’oeil n’en découvre aucun. Le moyen le plus fur
eft donc d’en chaffer le mauvais air, en y introduisant
un air nouveau. Pour plus grande fureté,
il fera bon d’y defcendre d’abord une chandelle
allumée; car l’air qui éteint une chandelle, eft
toujours dangereux pour les animaux.
Avant que j’euffe penfé à un moyen auffi fur
& auffi facile de prévenir un accident de cette
nature, j’avois propofè de fe Servir de l’inftru-
ment Suivant. C ’eft une pièce de bois d’aune ou
de faule, qui a un pied de long, deux pouces §i
demi d’épais & autant de large. Dans l’épaiffeur
du bois on a pratiqué un conduit qui a cinq huitièmes
de pouce de diamètre.
On y ajufte des bouts de tuyaux percés chacun
d’un trou de pareil diamètre, auxquels on ajoute
des rofeaux qu’on y attache par le moyen d’un
tuyau de cuir, ’de manière que les rofeaux Soient
mobiles à l’endroit de leur union.
Des efpaces quarrés, qui ont deux pouces de
profondeur fnr un pouce trois quarts de large ,
font couverts chacun d’un morceau de cuir d’une
feule pièce, qui eft cloué par-deffus.
Une grande valvule de cuir fe meut par le
moyen d’une charnière qui s’ouvte par la force
de l’air qui paffe par le conduit, lorsqu'on attire
l’air avec la bouche, par le tuyau qui eft élevé
de cinq huitièmes de pouce.
Une autre valvule Semblable à la première,
bouche exa&ement le conduit, tandis que l’on
attire l’air avec la bouche par le tuyau. Mais au
contraire, quand on fôuffle par ce même tuyau,
alors la valvule s’applique fur le trou, & l’autre
valvule s’ouvre pour laifîer paffer librement par
le conduit , l’air chaffé des poumons ; au moyen
de quoi la perfonne refaire toujours un air frais.
Il y a èn outre deux refforts faits d’un fil d’archal
élaftique , pour empêcher que les valvules ne
s’ouvrent au point que la force de la refpiration,
ne puiffe les refermer ; car pour, lès fermer, il
faut refpirer avec quelque efforr.
On doit attacher cet inflrument autour de la
tête, par le moyen d’un ruban de fil ou d’une
corde , de manière qu’on l’ait toujours à la bouche
; & pour que les joues Supportent une partie
dè la compreflion deüa ligature , il conviendra
de mettre des pelottes en forme d’oreiller, aux
deux extrémités.
J’ai refpiré avec cet inftrument pendant un quart
d’heure, avec beaucoup de facilité, les rofeaux
qui y étoient attachés , ayant même quatre pieds
& demi de long.
Avec le Secours d’un inftrument de cette efpèce,
un homme peut defcendre en ’ toute Sûreté dans
1 air le plus dangereux de l ’archi-pompe d’un vaiffeau
, en ayant feulement la précaution , de fe
boucher le nez avec du coton ou du linge. Mais
l’expérience m’a iait voir que les matelots, à qui
j’en ai fait voir l’ufage , aimoient mieux courir le
rifque d’être fuffoqués que de s’en fervir. Comme
néanmoins cet inftrument pourroit être utile dâlris
certaines profeffions dangereufes , & dans d’autres
cas où il feroit néceffaire d’entrer dans un air
.fuffoquant, j’ai jugé à propos d’en donner ici la
defcription.
Cet inftrument pourroit peut-être fervir dans
le cas où il y auroit quatre ou cinq pieds d’eau
dans le vaiffeau ; car avec un pareil fecours, un
homme peut s’enfoncer dans çette quantité d’eau,
& refpirer pendant un temps çonfidérable, pour
racommoder ce qui-pourroit fe trouver de dérangé
au fond de l’arcbi-pompe, ou remédier à
quelque voie d’eau dans le fond de cale.
Je ne faurois dire jufqu’à quelle profondeur un
homme pourroit vivre fous l’eau, par le moyen
de ce refpirateur ; il y a lieu de croire qu’il ne
pourroit pas y defcendre bien avant, parce que
le poids de 1 eau fut le ventre, feroit une fi forte
compreflion fur le diaphragme, qu’il auroit de
la peine a infpirer, à moins que l’expérience ne
faffe voir qu’un homme pent faire de courtes inf-
pirations & expirations,, par l’élévation & l’abaif-
fement des côtes; & alors même il faudroit que
ces jnfpirations & expirations fe fiffent avec afftz
de force pour fermer les foupapes.
Si l’on pouvoit, par le fecours de cet inftru-
mmt, refpirer à fix ou huit pieds au-deffous de
l’eau, & qu’un petit bâtiment qui auroit une voie
d’eau, put être mis en carène, de manière que
fa quille ne fût qu’à fix ou huit pieds fous la iur-
face de l’eau , un homme alors pourroit, avec ce
refpirateur & une corde paffée autour de corps,
defcendre jufqu’à la quille du bâtiment, & étancher
la voie d’eau.
Mais fi l ’expérience fait voir qu’un homme ne ,
peut defcendre auffi avant, peut-être qu’avec le
fecours d’un corfelet de cuivre , qui lui cou-
vriroit le corps jufqu’aux aiffelles, & qui lui laif-
feroit les mains libres, il pourroit defcendre affez
bas pour radouber les vaifféaux qu’ori auroit mis
en carène, autant qu’il feroit poffibïe.
En effet, moyennant cette précaution qui met
le bas-ventre' à l’abri de la compreffion de l’eau,
on a expérimenté que l’inftrument dont il s’agit ,,
produit ion effet à douze ou quinze pieds de profondeur
dans l’eau.
J’ai fait mention de toutes ces. chofes, dans
l’efpérance qu’elles pourront donner lieu à de nouvelles
réflexions fur une matière auffi importante,
& qui mérite les recherches les plus férieufes.
On peut fe fervir, fur mer , du petit Ventilateur
pour un autre ufage; favoir, pour corriger
l’eau gâtée : les expériences fuivantes prouvent
évidemment leur utilité en pareil cas. Le a i Avrilt
pendant un temps humide & tempéré, & par un
Vent à'Oueft, je pris environ une chopine d’une
eau crue de fontaine, qui avoit été gardée dans
une bouteille de pinte, jufqu’à ce qu’elle fût corrompue
, dans le deffein de diffeudre par la putré- ,
faâion de l’eau, le fédiment tartareux d’un vin
à'O-Porto ; cequ’elle fit en effet.
On m’a affuré que e’étoit un moyen de corriger
les tonneaux gâtés , que de les remplir pendant
quelque temps d’eau corrompue ; car la
putrèfaélipn eft un diffolvant très fubtil. Je mis
cette eau corrompue dans un plat dea,terre , que
je plaçai à dix pouces au-deffous du tuyau du
Ventilateur. Après avoir foufflé deffus pendant un
quart d’heure, je m’aperçus que fa mauvaife
odeur étoit cosfidérablement diminuée, & qu’elle
étoit fenfiblement moindre que celle de l’eau qui
reftoit dans la bouteille. Et en l’examinant de
quart d’heure, en quart d’heure , je trouvai que
foi? mauyais goût & fa mauvaife. odeur fe diffi-
poient de plus en. plus ; de forte qu’au bout d’une
heure».& demi de fouffle,' elle n’avoit plus aucune
mauvaife qualité.
Il eft vrai quelle n’étoit pas auffi agréable à
l’odorat, qne l’eau fraîche, ce qui pouvoit venir
en partie du fédiment tartareux du v in , dont
elle étoit chargée. On remarque en effet que l’eau
corrompue ne devient jamais parfaitement douce
& de bon goût, dans des tonneaux où il y a eu
du vin , de la bierre ou du cidrë"7 quoiqu’elle fe
raccommode quelquefois dans ceux qui font def-
tinés à conferver Teau. C’eft ce qu’on a obfervé
au fujet de l’eau de la Thamife ,• prife auprès de
Londres , & fur d’autres eaux qui ne font pas pures.
Après la diffipation du principe putréfiant, leurs
parties hétérogènes, en fe précipitant au fond de
l’eau, entraînent avec elles toutes les impuretés ,
au moyen de quoi elles deviennent claires & de
bon goût.
La même çhofe arrive à Peau des citernes, qui
devient d’un meilleur goût & plus claire, lorfqu’il
fe trouve au fond quelque fédiment, & qui ail
contraire relie trouble & impure lorfqu’on en a
enlevé le limon. C ’eft pour cette raifon que pour
clarifier les eaux bourbeufes, il y a des gens ’qui
mettent du fable avec un peu de fel dans des citernes
ou dans les vaiffeaux deftinés à les ccn-
fervei.
Le 19 Mai, par un temps fec & chaud, j'examinai
de l’eau’ de la Thamife, qui avoit été puifée
depuis trente-quatre jours, au-deffus de l’endroit
où parvient la marée, & dont j’avois fait remplir
un tonneau à cidre , auparavant bien lavé : je la
trouvai fort puante. Je mis dans deux vafes ouverts
, & par portion égale , la plus grande partie
de cette eau corrompue , qui préferitoit à l’air
dans chaque v a fe , une furface de deux pieds &
demi de diamètre. Sa profondeur étoit de huit
pouces.
Sa mauvaife odeur fe trouva confidérablement
diminuée, après que j’eus foufflé deffus pendant
une heure. Je l’agitai fouvent pendant la première
heure, mais je ne continuai pas pins long-temps,
parce quefje remarquai par le mouvement des
corps qui flottoient dans l’eau , qu’elle étoit dans
une circulation continuelle, par la force du vent
qui y faifoît un enfoncement dans le milieu, &
qui la faifoit foulever vers les parois du vaiffeau.
La partie de l’eau qui étoit la plus élevée vers
les bords, fe précipitoit conftàmment vers le milieu
; comme on le voit évidemment par la circulation
des corpufcules qui y nageoienr.
v La même chofe arrive à l’eau des rivières ,
dont la furface formant un plan incliné , les parties
qui en font les plus proches , d'efeendent continuellement
; & c’eft la caufe pourquoi Peau des
rivières commence à fe glacer vers le fond. Le
contraire arrive aux étaugs, parce que l’eau n’y
defeend pas de même. L’eau froide qui eft à la
furface des rivières , defeendant fans ceffe vers