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ouvragé étoit bien fe’c , il' prenoit ordinairement
de l’buile d’oeillet, qu’il piefêroit cônïiiie la-plus
blanche & de meilleure odèur ;"pùis la verfant
dans un godet, il y trempoit un linge bien doux,
qn’il promenoit légèrement fur toute la furface
du carreau, & même fur lé papier qui recouvre
les petits bois. Cette huile donne aux carreaux de
gapier une tranfparence plus claire que celle qui
lui efl propre , en même temps qu’elle lui. communique
plus de force & de réfîâance contre l’intempérie
de l’air.
On fe fervoit encore à cet effet , de fuif de
mouton le plus blanc, que l’on faifoit,fondre à
un feu modéré dans "une terrine, dans laquelle on
trempoit un linge doux que l’on promenoir de la
main droite fur le papier, pendant que la gauche
tenoit au-deffous du carreau , à une diflance fuffi-
fante pour échauffer le papier fans le brûler , un
réchaud de feu qui fervoit à faire fondre cc fuif
& l’étendre également.
Quelques perfonnes , à qui l’odeur de l’huile
ou du fuif devenoit incommode, voûtaient que
leurs chaflis fuffent c'ués. Au-iitu de fiiif, le
chaflijfier fe fervoit de fain-doux fondu avec de
la cire vierge , mêlés par moitié, qu’il étendoit
far le papier, de la même manière qu’il faifoit pour
le fiiif de mouton. ' . '
Il efl encore une autre façon de garnir des chaflis
de c-arieaux de papier huilé , laquelle, en la pratiquant
en faifon convenable , eft beaucoup plus
prompte. Ceux qui pratiquoient cette méthode,
commençoient par frotter d’huile, fur une toile
cirée étendue fur la table, les carreaux de papier,
en épargnant les bords qui dévoient s’appliquer
fur le bois ; ils les moùilloient enfiiite par le côté
oppofé à ceh i qu’ils avoienr frotté d’huile; ils les
appliquoient fur le chaflis, après les avoir laifles
pendant quelques heures en prcffe. Sitôt qu’ils
étoient fecs, il n’y avoit plus à y retoucher, &
l’on enpofoit les chaflis en place. '
& c’e ft, je crois , ce qui n’a pas peu contribué à
en proferire l’ufage de la part des plus ménagers.
Par rapport à d’autres moins fages , & feéhteurs
des modes , le recueil’ement que l’ufage des carreaux
de papier fembloit perpétuer , n’entrant
point dans le goût de frivolité, de diflipation ou
de luxe qui les animoit , ils les ont fait difparoître
comme ils ont fait à l’égard'des vitres peintes &
des y i très en plomb. ( Extrait du grand M-;nt de
feu M. Ltvie'd. )
Peinture fur verre.
La fécondé branche de la profeflion du vitrier
qui efl la peinture fur verre, s’éloigne du travail
du Ample artifan, & appartient plus à l’artifle qu’à
l’ouvrier.
Pour exécuter de grands ouvrages de peinture ,
on commence par choiflr des verres qui foient'
clairs, unis & doux;.par en frotter un côté avec
une éponge nette ou une broffe molle & flexible,
trempée dans de l’eau de gomme, & par tracer
le deflin général fur des cartons aflembîés de la
même grandeur que doit être l’ouvrage. Enfuite ort
partage les canons en autant de par.ies qu’il doit
y avoir de pièces de verre , & on leur donne pré-
ci fé ment la même forme. On met fur chaque partie
de carton un n u m é r o , f u r la pièce de verre qui
y répond un numéro femblajde. On applique la
pièce de verre fur la partie du deflin qu’on y veut
repréfenter ; on y trace avec le -pinceau les contours
qu’on aperçoit au travers du verre, & enfuite
on y met toutes les touches & les teintes néceflaires
pour achever la peinture. Toutes les pièces étant
ainfl terminées., il ne s’agit plus que de les taire
palier au feu pour en parrondre les couleurs & les
faire adhérer au verre d’une maniéré inaltérable.
On fe fert pour cela d’une poêle Je terre à creufet,
de forme quarrée, dans laquelle on arrange les pièces
de verre peint, en mettant alternau vement une couche
de chaux en poudre & un lit de verre.
Les perfonnes les plus économes, lorfque les
carreaux de papier de leurs doubles chaflis etoient
d’une dimerfion plus étendue qu’à l’ordinaire, fai-
foient attacher dans les angles, de petits bois avec
de petits clous, d’épingle à tête , de menues ficelles
f fpuvent des cordes à boyau, qui, trayer-
fant l’étendue du carreau en fautoir; étoient en
outre retenues fur le carreau de papier, par des
bouts de bandes de papier- appliqués en lozange
fur le carreau , par une légère impreflion de colle-
forte. Cette mince garniture de chaflis -, qui , ex- '
pofée à la pluie, au foleil & au vent, né pouvoir
réfifter à leurs attaques plus d’une année, & par
cnnféquent devoit être renouvelée tous les ans
octaflonnoit plus de dépenfe que le lavage ordinaire
des carreaux de verre collés bif mafiiqués;
Le fourneau dans lequel on met la poêle de terre
ainfl chargée de verre peint, efl de brique & de
forme quarrée. 11 efl divifé dans le milieu de fa hauteur
par une grille de fer fur laquelle on place la
poêle. Sur lé devant du fourneau il y a én de flous
de. la grille une porte pour y mettre & entretenir
le feu , & au-deflus de la grille , une ouverture de
quelques pouces pour retirer les effais pendant l’opération.
Par-deflus le fourn.eau on place un dôme
, de terre cuite, percé d’un trou à chacun de Tes quatre
angles & d’un autre au milieu.
Pendant les deux premières heures , on donne
un fa i de charbon très-doux ' qiïe Ion augmenté
enfuite par degré pendant les flx ou.fe.pt -heures
fuivantes enfin pendant les" deux dernier es heures,
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on chauffe sVecdu bois fée, pdur que la fl amibe
puiffe environner entièrement 1 a1-poêlé ; mais1 pèrï-
dant cèsdeuxxlernières: heures ; faut avoir grand :
foin de'tirer de temps én temps dés effais pou1# cb-
ferver l’état des couleurs. Ces effais fe tirent & fe
remettent par une peine ouverture pratiquée à la
poêle, & qu’on a attention déplacer vis-à-vis de
celle du fourneau, qué nous avons dit ■ être déf-
tinée au même ufage. Quand on juge que les cou-'
léùrs foift fuflifamment fondues j om'éteirtt-Meffeti.
Les artiftes, convaincus par l’exipériêrice que l’émail
ne réuflit parfaitement que fur l’o r , parce que
çette matière précieufe efl la feule qui n’altère
point la vivacité des couleurs , ont d’abord cherché
à éviter l’énormité de la dépenfe, & à produire
aux yeux le même effet que l’or émaillé, en mettant
dans une tabatière de belles miniatures fous
dés glaces : mais comme il arrivoit que lorfque la
miniature étoit dans l’interieur d’ une tabatière, l’humidité
& l’odeur du tabac la faifoit jaunir, & que
lorfqu’elle étoit extérieure, le contiiét de la glace
fur la peinture n'étoit point affez intime pour que
l’iüufuîn fût abfolumen.t COmplette, ils ont imaginé,
| pour rendre utiles les objets de notre frivolité,
de peindre fur la glace même d’ une manière à in-fl;-
terl’émail, & voici comment Ils y procèdent'.
On choiflt un m or ce tu de glace bien polie,' auquel
on donne la forme de la partie fupérieure de
la tabatière qu’on veut embellir; on le place fur
le revers d’une eftampe ou d’un deflin verni
[ qui le rend tranfparent. On peint cette glace avec
les émaux ordinaires, en obfervant de laiffer le
: fond de la glace pour les grands'clairs, de fui-
[ vie à-peu-près les mêmes règles que pour le lavis.
[ des plans ; on répand enfuite fur cette peinture de
I beau cryftal de Bohême réduit en poudre impal-
[ pable, qu’on faffe à un petit tamis très-fin. Lorf-
[ qu’on a une certaine quantité de glaces peintes de
f cette manière, on les pafîe au feu de la même
j manière qué l’émail ordinaire. La peinture, fe trou-
[ vant alors tomme renfermée entre deux verres,
i ne peut plus s’effacer. Comme la fuflon des émaux
■ s’opère plus également dans les grands fourneaux
I que dans les petits, les effais qui y ont été faits
I ont eu le fuccès le plus complet. Il (eroit à defirer,
I dit M. Pingeron, que cette nouvelle branche d’in-
I duftrie fournit une reffource de plus au goût & à
I l’habileté des j sunes perfonnes qui peignent ces élé-
| gantes tabatières de carton dont le peu de folidité
afait pafler la mode; leurs talens ne leur feroiem
plus inutiles,& l’art y gagneroit des nouveaux bijoux
aufli agréables que lolides.
On trouve dans un recueil de ftatuts, ordonnancés
& règlernens de la communauté des maîtres de l’art
oe peinture, fculpture ; gravure & enluminure de
la ville &. faubourgs de Paris, imprimé chez Bcuil-
km en 1672, que dès l’àn 1390 nos rois avôient
V I T yoi
acéoVtlé plüflcurs privilèges à cetfé c6minunau-é;
que Fc. 3' janvier1 1430?, Charles V l étant à Chinbn
accorda des lettre^-pàténtdé aûx péinïres Ju# verre,.,
par lèfq’neltes il fés'dé'élafotj! êfle frâïiçsquittes &
éxèmpfs de toiites tailles, aides, fubîid'es, gardé
de porte , guet , àrnère-guet, & autres Subven tions
qùelçonques. Çes privilèges, côn fl rimes par Çhar*
lès IX en 1 ^63 ). l'ont été enfuite par les rois fes
fuccèffeürs.
Ces deux pè'ii^'hre^ ^ g é n f un corps très• fai'n
bon feulement de la part dé l’aftifle, mais’ encore
de ceux qui en approchent. Si la mauvaife température
de l’air nuit fl fort à *a vitrification des émaux,
quels accidens de feu préjudiciables à l’ouvrage ne
peut point occaflonner l’haleine infc&e de ceux qui
approchent d’une pièce de verre qui efl entre les
mains d’un peintre ! Aufli un artifte qui tfi jaloux
du fuccès de fes travaux , efl attentif à écarter de
fon atelier, non feulement ceux qu’il fait être attaqués
de quelque incommodité déshonnête, mais
encore ceux qui mangent de l’ail ou. des oignons
cruds.
*» J’ai vu , âu^Bernard de SaliJJy, que du temps
que les vitriers avoient grande vogue, à caufe
« qu’ils fai foient des figures es vitreaux des tem-
» pies > que ceux qui peignoieot lefditcs figures
•» n’euffent ofé manger ni aulx ni oignons, car s’ils
>y en eufient mangé, là'peinture n’eût pas tenu fur
.. » le verre. J’errai connu un nommé Jean de Ccnn et :
» parce qu’il avoit l’haleine punaife, toute la pein-
, »- ture qu’il faifoit fur le verre ne pouvoir tenir
» aucuntment, quoiqu'il fût favant en cet art. »
L’ atelier du peintre fur verre doit être placé dans
un beau jour, & dans un lieu qui ne foit ni humide
ni expofé à un air trop v if, ou à la grande
ardeur du foleil. Trop d’humidité empêcheroitJes
pièces de parvenir au degré de ficcité néceflaire
pour le s . charger dans le befoin de nouveau lavis
ou d’émaux colorans , & de conduire l’ouvrage à fa
perfection ; la trop grande ardeur du foleil, et rame
le trop grand liâle, nuiroit à tout le travail de î’ar-
tifte lors de la recuiffon. I ndépendamment des différons
mortiers & pilons de fonte, de marbre ou
de verre, des tamis de foie, des platines de cuivre
rouge , & .des pierres dures à broyer, comme porphyre,
écaillé de mer; des molettes de.caillou dur
ou de bois , garnie d’une plaque d’acier ou de fer ;
des amaffettes de cuir , de fapin ou d’ivoire ; des
godets de grès pour chaque couleur, dont fon atelier
doit être pourvu : il lui faut encore une longue
table pour y travailler defius ou y étendre l’ouvrage
qu’il veut taire fécher; un plaque fein, ou petit baf-
fln de plomb ou de cuivre un peu ovale, dans lequel
on dépofela couleur après qu’elle a été broyée ;
une drague ( cet outil, autrefois très en ufage, &
auquel on a fubfiitué le bec d’une plume ni trop
dure ni trop molle, cm la pointe d’un pinceau,