
1 . De diffiper les parties étrangères qu’elles
pourraient contenir.
2. De les préparer à une fufion plus facile.
3. Et de les rendre plus aifées à bo carder.
III. En mines qu’on doit griller fortement
& avec foin : telles font les mines pyriteufes
6c arfenicales.
L ’expérience a montré que les mines fufibles
s’améliorent confidérablement en les grillant trois
fois, & chaque fois à un feu plus violent. Quelques
mines hématitiques fècnes peuvent trouver
place ici.
Du grillage des mines de fer.
Leur grandeur 8c le nombre des huttes à
griller, varient fuivant la nature du minéral.
Comme on ne peut pais griller avec allez d’égalité
des mines de différente efpèce mélangéès ,
quoiqu’on tâche de lés mêler de manière que
les mines dures & fulfureufes qui demandent
un fort grillage foient plus près du feu, il eft
plus fûr de trier lès mines & de les griller dans
des huttes à part.
Les huttes à griller doivent être établies fur
des hauteurs, 8c elles doivent être munies des
foupiraux néceffaires pour pouvoir diriger le
feu convenablement.
On a coutume de faire les grillages de trois
manières" différentes.
1. Dans des fourneaux dont les murs latéraux
ont affez de hauteur pour renfermer toute la
mine qu’on y met. Us font ou quarrés ou ronds.
2. Dans des foffcs ou des fourneaux profonds
de quatre aunes, & bâtis en pierre dans la
terre. On en a deux à trois pour griller de nouveau
la mine qui n a pas été fuffifamment grillée
dans le premier.
Comme ces fourneaux n’on point de foupirâux^
ils ne font pas aufli bons, quoiqu’ufités en plu*
fieurs endroits. On les nomme en Suedç fojfes
à griller. ,
3. Sur terre. Grillage entre pieux. On frappe
quatre pieux en terre en qiiàrré ; entre ces
pieux on pofe du bois fur trois poutres , à la
hauteur de trois aunes. On fixe au-deffus deux
bois nommés kat^en, en travers du bois , pour
le mieux retenir. A chaque pieu on place des
foutiens nommes blocke , pour donner au tout
plus de folidité. Cela fa it , on charge le tas
de bois de minéral, & on conduit le grillage de
la manière fuivante :
1. Lorfque le tas de la mine à griller eft fait
convenablement, on. doit le couvrir au mieux
avec de la pouflière de charbon. 8c du branchage.
2. Si l’on n’a pas plufièurs fourneaux pour les
différentes mines, on doit avoir foin de pofer
les mines dures & fulfureufes près du bois, les
autres deffus, en obfervant de mettre les grands
morceaux de mines deffous & les'petits deffus.
3. On doit répéter ou prolonger les grillages,
félon que cela eft néceffaire 6c que la nature
de la mine l’exige.
On grille les mines lèches ou magnétiques
jufqu’à ce qu’elles acquièrent une texture approchant
de celle de l’acier, ou une couleur bleuâtre.
4. Le grillage .fini, on laiffe la mise auffi longtemps
dans le Tourneau, jufqu’à ce qu’il foit
refroidi; car quand on la brocarde trop chaud
8c qu’on la porte dans le fourneau de fufion,
elle a de la peine à fe diffoudre : cette alternative
de chaud 8c de froid rend les mines
caftantes 8c moins propres à la fonte.
La mine étant grillée 8c réfroidie, on la bo-
carde, ou à la main, en la réduifant avec le
marteau en morceaux de la groffeur d’une noix,
ou au moyen de l’eau, par où la mine eft réduite
en poudre plus fine.
On doit obferver en général, que plus on bo-
carde fin la mine, plus elle fe fond aifèment,
8c plus elle peut fe charger du phlogiftique qui
fert à la réduire.
La mine étant grillée 8c bocardée, on la
fond.
En Suede, on employé deux efpèces de fourneaux
: les uns font plus grands, les autres plus
petits. Les grands ou hauts fourneaux ont un
double mur, 8c font compofés de deux parties ,
du foyer 8c du fourneau même.
Le foyer eft l’endroit où fe raffemblent le
métal 8c les fcories. Il a une aune de large,
deux aunes de long 8c trois quarts d’aune de
hauteur. I l eft fermé fur le dedans, mais de
manière que quand on doit faire rouler les fcories
ou le métal, ou peut l’ouvrir en entier ou en
partie.
Le fourneau qui fe trouve au-deffus du foyer
a intérieurement une figure circulaire de ïj2, 13
à 15 aunes de hauteur , 8c a au milieu un ventre ,
de manière qu’il eft plus étroit en haut 8c en
bas ; 8c le rapport en eft tel , que, s’il a en
haut 9 aunes de circonférence, il a fix à fept
aunes au foy e r , 8c 12 dans le vçntre.
On nomme cette partie du fourneau entre ce
ventre 8c ce foyer; foyer fupérieur, parce que
la muraille s’incline peu à peu vers, le foyer d’en-
bas.
On emploie les petits fourneaux pour les mines
de fer de marais ou limonneufes, qui ne.feraient
que fe brûler dans les hauts fourneaux.
On les bâtit, i . ou fur terre où ils reffemblent
pour lors beaucoup aux forges à fer ordinaires,
où les foufflets font mus par l’eau.
2. Ou .en foffes entourées d’une muraille 8c
d’argile battue, qui ont pour rprdinajre une figure
conique 8c une à une aune 8c demie de
haut, qui ont vers le haut le même diamètre,
qui n’ont que demi-aune vers le bas, 8c dont
les foufflets font mus à bras; cependant ces
fourneaux varient beaucoup félon les circonf-
tances.
On peut voir les différens fourneaux à fer
dépeints dans Swedenborg.
Autrefois on n’emplqyoit pas en Suede tant
de façon pour fondre le fer. On le faifoit ordinairement
en rafe campagne, 8c on allumoit le
feu avec des efpèces d’éventails.
En Sibérie, on employé une manière bien
plus fimple, puifqu’ ils fondent le fer dans leur
cabane, au bout de deux heures.
Cramer nous dit dans fa docimafie, qu’on
obtient en Angleterre le fer de fa mine fans le
fondre , en l’amolllffant ou en le rendant un
peu fluide fur une efpèce de foy er, en le malléant
auffitôt 8c en le féparant de fes fcories, en le
rougiffant 8c en le malléant à plufièurs reprifes :
mais Vallerius doute, peut-être à tort, qu’un
pareil produit puiffe porter le vrai nom de fer.
Quant à la manière de charger le fourneau,
1. on doit faire une différence entre un fourneau
froid 8c un fourneau chaud , ou qui eft
depuis quelque temps en «jeu. Un fourneau
froid doit être chauffé avant de l ’employer, par
un feu de bois ou de charbons, que l’on continue
pendanr 8 , 12 à 15 jours, en tenant le
fourneau fermé.
Le fourneau étant bien réchauffé, on l’ouvre
8c l’on y porte des charbons mêlés d’un quart de
mine à plufièurs reprifes, en attendant, pour.en
remettre, qu’ils fe foient affaifés jufqu’à la thuyère.
En même temps on augmente le,feu au moyen
des foufflets. Les jours fuivans on augmente la
quantité de mine 8c de charbons, jufqu’à ce qu’on
foit parvenu à la proportion fixée.
2. Rarement ou jatnais on ne charge la mine
feule ; mais on y ajoute, ou une pierre calcaire
pour faciliter la fufion, dont on prend une à une
pellée 8c demie pour chaque charge, fur-tout
lorfqu’on [a des mines hématites fèches à fondre ,
ou une partie contre 16 à 30 de mine , ou d’autres
pierres pour faciliter la fonte.
A quelques endroits on fe fert de roche de corne
verdâtre, qui contient en même temps un peu
de fer.
Ou l’on mêle différentes mines enfemble , fi
l’on en a l’occafion. Par-là on facilite la fonte 8c
l’on améliore le fer.
Ou l’on ajoute des fcories qui contribuent aufli
à faciliter la fonte 8c à améliorer le fer ; ce qui
a fur-tout lieu quand on ajoute, par exemple , à
des mines qui fourniffent un fer fragile à froid,
des fcories de mines de fer fulfureufes ; 8c de
plus, on retire plus de fer.
3. La charge de la mine dans le fourneau chauffé ;
doit être dans une proportion convenable avec les
charbons 8c la grandeur du fourneau.
Si l’on charge plus de mine que la proportion des
charbons ne le permet, la mine ne peut pas bien
fe fondre, ni être bien réduite eh métal, 8c une
portion confidérable de métal qui n’a pas été réduit,
fe feorifie par la fonte trop, tardive, 8c refte.dans
les fcories. De plus, il eft hors de doute que la
fonte qu’on en obtient, contient aufli du métal,
fous forme de chaux, mêlé aux autres parties
métalliques.
Ç ’eft de là que vient le fer impur qu’on nomme
en Suède fer volontaire, ainfi nommé parce qu’il
contient des parties, qui n’ont pas été fuffifamment
fondues , -8c qui ayant été précipitées trop tô t ,
font reftées impures.
Ce fer eft d’une couleur blanchâtre ; il a des
parties grifes brillantes, 8c les fcories qu’il renferme
le rendent dur & caffant ; c’eft par cette
raifon qu’il fond plus aifèment, 8c qu’il perd beaucoup
de fon poids en le refondant, le rougiffant
8c le malléant fouvent.
La fonte eft blanche, mêlée de points gris d’un
grain groffier, dont la fraéiure eft ttès-dure.
Plus on met de mine dans le fourneau, plus le
fer devient dur 8c caffant, 8c plus les fcories font
noires.
Mais fi l’on met moins de mine que la propor