
6°. Pour-favoir fi l’odeur putride ne reparoîtroît
pas, on fépara quatre livres de la partie la plus
fluide des excrémens neutralifés , & on les verfa
dans un vaiffeau de terre degrés. Ge vaiffeau ayant
été expofé pendant vingt jours à l’aélion de l’air,
la matière qu’il çontenoit fut toujours inodore. Il
fe forma à la furface, une pellicule femblable à
la crème de chaux. Après l’évaporation, il refia
un précipité terreux, qui,.mis fur une.pelle rou-
g ie , exhala une odeur animale très-fenfible.
Ces expériences ont été faites en grand par des
particuliers de Narbonne : leurs foffes d’aifance
n’avoient point été vuidées depuis prés d’un fiècle,
& elles contenoient environ cent pieds cubes de
matière fécale , qui étoit liquide à la furface, &
jufqu’à deux pieds de profondeur.il étoit à.crain-
dre qu’en l’enlevant, il n’arrivât des accidens fâcheux.
Dans la vu.e de les: prévenir, on fit une
leffive avec du falicor pulvénfé 8c des cendrés
ordinaires , dans laquelle on éteignit de la chaux
vive réduite en poudre par l’adion de l’air, 8c
on la jeta,' à differentes reprifes., par le fiéged’air-
fance, fur la matièr^putride. Après la proje&ion
de la leffive, -cettè matière fut inodore , & ba fit
la vuidange de la folle, .qui cla renfermait, fans
que l’odorat en fût bleffé, & fans qu’on éprouvât
la plus légère incommodité.
j Ce procédé réunit plufieurs avantages; il neu-
tralife à jamais la matière putride, ainfi que le
démontrent les. expériences rapportées, & notamment
la .cinquième* Il.sft on peut le faire
en tout temps, en tout lieu, & dans toutes les
circonflances. Il efl économe, puifque 15 ou 20
fous fuffifent pour neiitralifér. quelque magalin de
corruption que ce foit.
. Pour remplir cef objet ,-)dl faut éteindre dans
environ deux quintaux demi d’eau naturelle,
à peü; prés çiftqyante livres de chaux vive on
ajoute enfuite à ce lait de chaux trois ou quatre
livres d’un alkali fixe quelconque, foit concret,
foit en liqueur. Il efl iifuiile' dé dire-que plus.;,ce
mélange aura dèïforeé 8c:d’ènergie , 8c plus l’effet
qu’il produira fera fenfible.
On range dans, la .claffe des alkalis concrets ,
la potaffe , rla lier de/yinkC-dcinée:, le.falicor, lai
^oude.,'de. yarech» le,felid,e tartre, le tartre cal-;
ciné, &c. . ;ü.io / ilsüls'h
j On comprend , dans la claffe’ desr alkalis en ^liqueur
, l’huile de tartre, la leffive de1- iavonniers,
celle des buanderies, toutes tes.;lflfives de cen.-:
dres, 8cc. ' - • ; ; »en àtfeu q 3.0 b
Comme on. trouve par-tout à> has'prix ces alkalis
& le ja.it de chaux j il efl facilerdpiaire la conjpo-
fition que je viens d’indiquer.
Dès qu’elle efl faite, on en répand une partie
proportionnée à la grandeur de la foffe à vuider
■ fur la matière putride. Cette projeétion fe fait par
la lunette de conduite.
Après qu’on l’y a jetée, il ne peut être qü’avan-
tageux de percer avec une longue perche, à diffé.
rens endroits, la matière putride. De cette façon
la compofition s’infinuera mieux dans cette matière
,:,eri pénétrera plus intimément les différentes
couches, & parviendra plus facilement jufqu’au
fond de la foffe.
Si, par un événement imprévu , il arrive qu'a-
près l’enlèvement de quelques couches de la matière
putride,' la maüvaife odeur reparoiffe dans
la foffe , la prudence exige qu’on y répande une
autre quantité de la même compofition. Comme
on l’a commodément, & pour ainfi dire fous la
main, il fera aifé de faire cette nouvelle afperfion.
Pour l’ordinaire, les foffes d’aifance répandent;
quelques jours après leur vuidange, une odeur
plus défagréable encore que celle qu’elles répàn-
soient avant que d’être vuidées. 'S i , durant ces
jours, des maçons y defeendoient pour lès répa*
rec, ils rifqueroient d’éprouver lés effets Anteiles
de la mofette, d’en être les vi&imes. On a remarqué
aufli que ceux qui fe préfentent dans ces
•circonflances fur le fiége d’aifance , font expofés
à la dyffenterie & à des hémorroïdes douloureufes.
Le retour de la vanne dans ces: foffes , produit
ces incommodités 8c la maüvaife odeur. On préviendra
ces foconvéniens êrvârrofant' ,a v e c la com-
pofition indiquée, les murs 8c le fond des foffes
récemment vidées.
Quand on a des foffes d’aifance à faire vuider,1
& qu’on ne craint pas la dépenfe , on peut fe fervir
d’une forte leffive alkalinè, fans y ajouter le lait
de chaux.; cette leffive rendra parfaitement inodore
la matière putride. Si au contraire on veut
ufer d’économie, on pourra neutralifer cette matière
avec le feul lait de chaux, fans addition
d’aucun alkali ; mais il faut alors employer un
peu plus de lait de chaux. L’expérience a fait voir
qu’on réuffiflbit au mieux en fuivant ce procédé,
le moins coûteux de tous , quoique tous les autres
le foient fort peu. Pour tout concilier, on a préféré
celui du lait de chaux , où l’on ajoute un alkali
fixe quelconque. Ce procédé participe des deux
autres ; il efl mixte'. Jj,e fuceès complet qu’il a eu
dans là vuidange -des foffes d’aifance où il a été
employé, a déterminé à-lui donner la préférence.
D ’après ce qui vierit d’être dit, on comprend
qu’il efl facile de fuppléer à peu de frais, dans les
maifons des particuliers , les foffes d’ailance : il
rie s’agit qüe d’avoir un baquet, au bout fupérieur
duquel on établit un fiége. Cinq ou fix livres de
chaux v ive , une petite quantité de cendres, &
deux féaux d’eau jetés dans ce baquet, empêcheront
que les déje&ions groffières qu’il recevra , ne
répandent aucune maüvaife odeur. On voit fans
peine qu’au-lieu d’un baquet, on peut employer
une chaife, un fauteuil, unfopha, & leur donner
même une forme élégante.
La matière fécale, étantneutralifée delà manière
qu’on vient de rapporter, efl un excellent engrais
pour les terres : nuifible & pernicieufe aux arts,
aux hommes & fur-tout aux malades, quand elle
eftdans fon état naturel, elle devient, après l’ avoir
perdu, utile 8c profitable à l’agriculture 8c à l’humanité.
L’importance de l’avis que je prends la liberté
de donner au public, me fait efpêrer qu’il voudra
bien me pardonner les détails que j’ai été forcé de
mettre fous fes yeux. Dans un fujet fi étroitement
lié au bien de l’humanité, j’ai cru qu’il valoit mieux
en trop dire, que d’en dire trop peu. S i, en fuivant
le procédé que j’ai indiqué pour faire fans
inconvénient & fass danger la vuidange des foffes
d’aifance, on parvient à fauver la vie d’un feul
citoyen, j’aurai obtenu de mon travail la plus douce
récompenfe qu'il foit poflïble d’ambitionner , lorf-
qu’on s’inréreffe à la confervation des hommes.
Rien de ce qui les regarde ne fauroit m’être indifférent,
& moins encore étranger :
Homo fum , humant à me nil dlientim puto.
( Térence.)
Moyen de détruire le mèphitifme des puits , publié
par M. Cadet de Vaux.
On fe fert, dit M. de V aux , de l’appareil pneumatique,
qui cônfifte, dit-il , dans un fourneau de
réverbère furmomé de fon dôme, fur lequel on
ajufle cinq ou fix pieds de tuyaux. Ce fourneau
afpire par fon cendrier, au moyen d’un corps de
tuyau qui fe prolonge d;.nsda profondeur du puits ,
à cinq ou fix pieds au-deffus du fond. J’ai obtenu
du corps mu-riicipal, un appareil qui fera dépofé
dans l’hôtel de-ville ( de Paris) : les habitans auront
le droit de l’envoyer chercher dans les occafions
qui en exigent l’emploi. C’ell un corps de tuyaux
en cuivre, emboîtés dans une gorge à l’aide d’anneaux
& d’une chaîne qui les foutient. On le place
dans le puits’ fans être obligé d’y defeendre ; ce
qui Amplifie l’opération , en ce que les ouvriers
frayant point à pofer ces tuyaux, il efl inutile
déméphitifer ^le puits par la vapeur de l’acide
marin.
Si les ouvriers font obligés" d’entrer dans le
puits pour arranger & emboîter les tuyaux, &c.
«eft neceffaire auparavant de déméphitifer le puits
Par la yapeur de l’acide marin ; ce qui fera inutile
s’ils n’y defeendent pas pour cet objet, 8c fur-tout
fi on fe fert de l’appareil décrit ci-deffus.
Lorfque l’on eft forcé de recourir aux tuyaux
de tôle , il faut recourir à la déméphitifation , fur-
tout il faut avoir foin d’employer des tuyaux neufs ,
8c de les bien emboîter. J’ai va , rue de Seine,
près le jardin du ro i, dans la maifon où eft le
bureau des meffageries, un ouvrier qui a manqué
de périr, parce qu’un meollon défemboîta dans
fon milieu le corps de tuyau. Ii jeta un cri : on
le retira ; il étoit afphixié. Il y avoit une minuté
au plus que la direâion de l’air étoit changée , 8c
cette minute avoit fuffi pour donner lieu à cet
accident.
On conçoit que le feu du fourneau eft entretenu
par l’air qu’il déplace au fond du puirs, 8c
que remplace un volume confidérable de l’air de
l’atmofphère, q u i, preffant l’air méphùique 8c s’y
confondant, finit par le rendre fans effet. On écartera
le fourneau de l’orifice du puits , en raifon de
l’air qu’il raréfie quand il eft trop près. Dans le
cas où il y auroit, au fond d'un puits, des vannes
infeâes ou méphitiques, on y verferoit plufieurs
féaux de lait de chaux vive pour les décompofer ;
car c’eft une vérité portée jufqu’à l’évidence , que
la chaux vive eft le feul moyen de décompofer
les vannes méphitiques.
Tels font les moyens tout-à-la fois fi efficaces
8c fi fimples d’annihiler le mèphitifme , 8c de
commander en quelque forte à la vie 8c à la mort.
S’ils ne font, je le répète, que l’application des
effets déjà connus du feu , de la propriété qu’a
cet élément de ramener tous les autres à leur état
de pureté 8c d’homogénéité, je n’ai pas beaucoup
à me glorifier de cette heureul’e application ; mais
il eft des jouiffances plus flatteufes que celles que
procure l’amour-propre ; c’eft de pouvoir fe dire :
la vie, la confervation de mes femblables a été l’unique
but 'de mes travaux. J’ai fixé l’attention du gouvernement
fur ces objets importans*, 8c pas un feul
accident de mort ne démentit, 8c jamais un feul
ne démentira l’efficacité du procédé que j’indique,
lorfqu’on fera fidèle à l’exécution.
Pompe à foujjlet, foulante & afpirante, pour fervir
aux vuidanges des foffei d.’a:fance , inventée par
M. Gilbert, architecte.
Deux foufiîets, dont l’un foulant 8c l’autre af-
pirant , mis en jeu par le moyen d’un balancier
fort fi m pie, compofent cette machine. Les tuyaux
cylindriques qui s’y adaptent, prennent les formes
8c les direâiôns qu’on veut leur donner; la
clef des foffes n’eft ouverte que pendant le temps
néceffaire pour l’introdu&ion de ces tuyaux, qui
fervent à puifer les vuidanges 8c à les porter dans
les tonneaux, auxquels ils font fcellés herméti