
à froid, en ©bfervant cependant de mettre plus
de gomme que d’amidon. Cette colle préparée
de. cette façon peut fe conferver long-temps ;
elle devient même meilleure en vieilliffant.
En fuivant les procédés ci-deffüs , on peut faire
quelque efpèce de vafe qu’on défire. C ’eft ainfi.
que les Anglois Ont trouvé le fecret d’imiter ces
vaiffeaux également forts & légers que les Ja-
ponois ont coutume de fabriquer, tels que les
plats, jattes, ballins, cabarets & autres, dont
les uns paroiflènt être faits avec de la fciure de
bois, & d autres avec du papier bouilli.
Lorfqu’on veut donner aux tabatières un vernis
de couleur, on fe fert dès vernis ordinaires
qu’on incorpore avec la couleur qu’on juge à-
.propos ; & fi on veut enrichir cès ouvrages de
quelque peinture, on l’y applique après avoir
donné une couche de colle de gant ou de poif-
fon, & on recouvre le tout d’un vernis clair ,
ou de vernis d’ambre dont nous avons déjà
parlé..
Les tabatières de fer qu’on veut colorer en
noir, fe préparent de la manière fuivante.
On commence par les faire chauffer confidéra-
blement, & quand elles font bien chaudes, on y
applique un mélange épais de noir délayé avec
le vernis, qu’on nomme mordant d'or ,• qui eff
compofé d’huile ficcative , de thérébenthine , &
de jaune de Naples.
Ce dernier ingrédient n’entre dans le mordant
d’o r , que pour donner une forte couleur au mélange,
afin de pouvoir s’en fervir dans les diver-
fes occafions , où on l’emploie.
Dans le cas préfent, on peut omettre le jaune
de Naples, & former Amplement le vernis avec
du noir 'dé lampe, mêlée avec une quantité fuf»
fifante de thérébenthine & d’huile ficcative.
Dès qu’on a couché ce mélange avec un pin- j
ceau fur les tabatières, on reçuit ces pièces dans i
un four dont la chaleur eft un peu plus forte ,
que celle qui eft néceffaire pour durcir le papier
mâché.
Tabatières à variétés changeantes.
Ces tabatières font un petit preftige de méchàni-
que , cependant très-facile à exécuter. Lorfqu’on les
tient à la main , ou qu’on les préfente devant le feu ,
ou à la lumière d’une bougie, elles font voir des
deffins différents de ceux qu’on remarquôit d’abord
fur leur couvercle.
On fait ces tabatières d’écaille ou de toute autre
matière ; on met fur le couvercle deux verres
réunis par un chaton ; on peint un portrait
ou un payfage fur l’un de ces verres ; on le recouvre
enfuire , avec une certaine quantité de
cire compofée , & on applique deffus le fécond
verre qui eft tranfparent ; le couvercle de la tabatière
paroît alors être d’agathe , fur laquelle
on obferve quelques traits ; mais lorfqu’on tient
cette même tabatière quelque remps dans fa
main & inclinée , la chaleur fait fondre la cire
qui tombe dans la fertiffure, & on voit paroître
le portrait ou le payfage ; la tient-t-on horizontalement,
& la laiffe-t-on refroidir ; la cire s’étend
, fe fige & donne au couvercle l’apparence
d’agathe, en cachant tout-à-fait le portrait.
La cire compofée dont nous avons parlé plus
haut , fe fait avec une demi-once de cire blanche
qu’on, fait fondre à petit feu ; avec fix onces de
f ain-doux ou graiffe de porc : on y ajoute même ,
s’il eft befoin de la rendre plus fenfible à la chaleur
, une once ou plus d’huile de lin, bien claire
& bien nette.
Ce mélange étant un peu liquide on l’introduit,
& on en coule entre les deux "Verres une
demi-ligne d’épaiffeur, mais il faut que ces deux
verres foient bien maftiquées par leurs bords ,
avec de la chaux éteinte bien délaïée, & pétrie
avec du blanc d’oeuf.
Art du tabletier, piqueur & incrufteur de tabatières l
& autres ouvrages.
Le piqué.
Pour piquer un bijou ; il faut avant tout eu
former le deflin.
Le deflin fa it, il faut calquer le plus ordinai-
nairement fur une plaque d’écaille.
On fait enfuite un trou , à la main, avec l’un
des perçoirs.
On remplit auflitôt ce trou de la pointe du
fil d’or ou d’argent , que l’on coupe plus ou
moins faillant , félon les faillies que l’on veut
donner aux objets de.fon deflin.
Le trou échauffé par la*pointe qui le fait, s’ag-
grandit, & après avoir reçu le fil fe refferre fur
lu i , & le tient ferré à ne pouvoir s’échapper.
C ’eft à l’induftrie des piqueurs de faire rendre
les effets, qu’il doit attendre de fon deflin.
Le coulé.
Le coulé fe fait en incruftant le fil dans iine
rainure pratiquée exprès dans l’écaille. Cette rainure
s’ouvre en s’échauffant par le travail du
• burin , & fe refferre fur le fil d’or ou d’argent,
que l’on infères dedans.
L'incruflé.
L'incruflé.
L'incruflé fe fait par plaques de différentes formes
fuivant le deflin , qu’on place dans le fond
d’un moule femblable à ceux des tabatières. Ces
plaques d’or ou d’argent s’incruftant d’elles-mêmes
par une preflion violente dans l’épaiffeur de l’écaille
échauffée, & difpofée à les recevoir.
Le brodé.
Le brodé n’eft autre chofe qu’un compolé de
piqué, de coulé , & d’incrufté, réunis & difpo-
lés avec ar t, fuivant le génie de l’Artifte ; voye{
les planches, Ie. & IIe. du piqueur & incrufteur
de tabatières, tome IV. des gravures.
Quant à l’art de préparer, &c. de travailler
I*écaille, la corne , l'ivoire , les os , la nacre, dont
les tabletiers fe fervent communément pour leurs
ouvrages, voye% ce que nous en avons dit, tome
II de ce Dictionnaire , page 330 & fuivantes ;
voyeç aufli les planches du tabletier-cornetier ,
tome IV des gravures.
Communauté des tabletiers.
Les tabletiers , font une communauté des arts
& métiers de Paris , & ils y font au nombre
''d’ environ deux cens maîtres.
Leurs ftatuts leur furent donnés ou plutôt renouvelés
par Jacques d’Eftouteville, Prévôt de
Paris en 1507; Henri I I I , les confirma par fes •
lettres-patentes du mois de Juin 1578; & Henri
IV , par celles de 1600 , dont l’enregiftre-
ment au Châtelet fut reculé jufqu’en 1604. Louis
XIV en 1691 , les confirma de nouveau par fes
lettres-patentes , y ajoutant feulement quelques
articles de difeipline pour les droits de réception
à l’apprentiffage , & à la maîtrife.
La communauté eft dirigée par des jurés dont
l’éleâion, & les vifites fe font comme dans les
autres communautés.
L’apprentiffage eft de fix ans. Chaque maître
ne peut avoir plus' d’ùn apprenti à la fois; il
n’en peut prendre un fécond , à moins que ce fécond
ne foit filë de maître.
Tout apprenti eft fujet au'chef-d’oeuvre , excepté
le fils de maître , qui n’eft pas même tenu
à la fimple expérience.
L’apprenti étranger, s’il ne juftifie de fon ap-
prentiffage , & n’a travaillé en qualité de compagnon
chez les maîtres de Paris, ne peut pas
être reçu à la maîtrife.
Toute marchandife foraine doit-être vifitée , &
Arts & Métiers. Tome VIII.
celle de Paris doit-être marquée au poinçon de
chaque maître.
Les veuves ont les mêmes droits que dans les
autres communautés.
Les tabletiers ont été réunis par l’édit du n
août 17 76 , aux luthiers & éventailliftes pour
ne faire qu’une feule communauté, te s droits
de réception ont été fixés à 400 livres.
Explication des planches pour l'intelligence de l'art
du tabletier-cornetier, & du piqueur & incrufteur
de tabatière. Tome IV des gravures.
P L A N C H E I.
La vignette de cette planche repréfente l’atelier
d’un tabletier-cornetier , où plufieurs ouvriers
font occupés l’un en a , à faire chauffer la corne
à l’établi.
Une ouvrière en b , à faire chauffer la corne
à l’âtre.
Un ouvrier en c 9 à couper la corne.
Un autre en d 9 à l’ouvrier.
Un autre en e , à la mettre en preffe à force
de coin.
Un autre en f , à la preffer avec la vis.
Un autre en g , à l’emboutir.
Un autre en h , à l’ébaucher à la ferpe pour
divers ouvrages.
Le refte de l’atelier eft occupé par divers outils
, uftenciles & matériaux propres à la profeflion
du tabletier-cornetier.
- Bas de la planche.
Fig. 1 , petite corne ; A la racine.
Fig. 2 , demi-corne ; A la racine.
Fig. 3 , corne entière ; A la racine.
Fig. 4 , pointe de la corne entière.
Fig. 5 & 6 , parties intermédiaires de la corne.
Fig. 7 , racine de la corne entière.
Fig. 8 , pointe de la demi-corne.
Fig. 9 , partie intermédiaire de la demi-corne.
Fig. 10, racine de la demi* corne.
Fig. 1 1 , pointe de la petite corneJ
Fig. 12 , racine de la petite corne.
Fig. 13 , racine de corne creufe.
Fig. 1 4 , racine de corne pleine preffée.