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l’ambition & de Poflentation. Il n'y a de vraies richeffes que lqs produirions de Ij
terre qui Ce renouvellent, & que les travaux de l’iïiduftrie qui les font fervir à nôs
befoins & à notre ufage. Sous ce rapport, quel royaume préfente plus d’avantages
que la France, dont la lurface embraffe une étendue de 27,228 lieues carrées, toutes
productives, étant cultivées fous le régime de l’égalité , par les mains libres de vingt-
cinq millions de citoyens. Quelle plus heureufe lituation que celle de cet Empire
qui compte 270 lieues de côtes fur l’Océan & la Manche, 8c plus de 100 fur la Méditer-
rannée, fans parler des avantages que lui offrent encore à cet égard, l’île de Corfe &
fes Colonies. Combien de ports, de havres , de fleuves & de canaux ouverts à fon
commerce ! Tous les métaux , tous les minéraux & les riches foflîtes fe trouvent dans
le fein de cette terre féconde. Les animaux utiles de l’Europe fe plaifent & fe multiplient
en France , & lui fourniffent leurs précieufes dépouilles. Les végétaux de
prefqtfe tous les genres couvrent fes champs, fes prairies, fes coteaux , fes montagnes.
Nulle part les arts ne lavent façonner fous des formes plus agréables 8c plus variées,
la foie, les laines, les lins, les cotons, l’o r , l’argent, lé cuivre,, le fer, les terres,
& toutes les matières premières. Il falloit la corruption 8c l’ignorance combinées par
le defpotifme, & la fuperllition des fiècles paffés, pour empêcher ce royaume, fi_bien
doté par la nature, de s’élever au plus haut degré de fplendeur, de puiffance & de
félicité.: mais la Nation & fes fages repréfentans parviendront enfin à faire de tous
les individus une .même famille , & à conftituer un peuple de frères ,-tous animés
du même efprit & du même zèle, & intéreffés à faire valoir l’héritage rendu commun,
en quelque forte, & patrimonial ; n’ayant plus à redouter le fanatifme. qui enchaînoit
fes forces & fes penfées -, ni à gémir des- droits abufifs d’un corps qui aviliffoit fes
travaux & fon induflrie.
Qu’il me foit donc permis de dire : « Et moi auffi J’ai fervi la patrie , pouvant
» lui préfenter l’hommage d’un travail, non - interrompu de dix années , travail
» pénible, & j’ofe le croire, difficile par l’importance & la difparité des arts qu’il
» falloit traiter , & par l’exaflitude , la précilîon , & la clarté 'qu’il falloit
» mettre dans l’expolîtion de leur marche & de leurs procédés « , .C ’elî du moins
ce que j’ai tâché d’exécüter dans les huit volumes de ce diâionnaire, comprenant les arts
& métiers qui mettent en oeuvre les métaux, les terres , les pierres précieufes &
autres , les bois de toute efpèce, les charbons naturels & fàâices, les ardoifes ; certains
produits des animaux, comme le fuif, les grailles, les cires, l’écaille, les os , la corne,
l’ivoire,- ou quelques produdions végétales , comme les vins, la bierre, les farines,
les lucres, les fruits, les grains, les plantes , les réfines, les huiles ; ou des découvertes
de i’induffrie, tels que l’écriture, l’imprimerie-, l’art d’inllruire, les aveuglés & lesfourds
& muets de naiffance, la poudre à canon, les feux d’artifice, les couleurs, les vernis, les
parfums, les cofmétiques, les alimens , les liqueurs, les fels , lés chaux , les ciments,
les briques, les tuiles, les verres, les glaces, les émaux, les papiers, les cartes &
cartons , les globes fphériques célelle & terreftre , les poteries , les fayeiïces ,S les
porcelaines , les armes blanches , les armes à feu ; les conftrudions, foit des bâtimens,
iïiit de quelques machines, ullenlîles & outils propres aux opérations des ouvriers.
M. Roland de la Platière, ci-devant infpeâeur des manufaétures de France , & ,ex-
mi ni lire de l’intérieur du royaume, dont les connoiffances variées & le civifme ont
été conllamment cohlàçrés à la gloire & à la profpérité de la nation Françoife, vient
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également de terminer en trois volumes le tableau parallèle des manufadures' & arts,
comprenant en-général tout ce qui concerne l’habillement ; & il .prépare un quatrième
& dernier volume concernknt les teintures, huiles & favons. Ain fi, le grand travail
des arts mécaniques 8c des manufactures , a peine ébauche dans 1 ancienne encyclopédie,
dont ils ont. pourtant fait la principale gloire. & la fortune y ces arts plus
incomplets encore dans la voiumineufe & interminable colieâion , publiés par cahiers,
grand in-folio , fous le privilège de l’académie, fe trouvent exécutés & terminés
entièrement dans, cette double partie , formant douze volumes feulement de l’encyclopédie
méthodique.
Je n’infillerai pas davantage fur les recherches infinies qu’il a fallu faire pour inférer
chaque art tout entier dans fon cadre particulier , fans omettre aucun procédé , aucune
invention, aucuns détails effentiels : il fuffîra d’obferver que les huit volumes de ce
diélionnaire renferment quatre cent quatre^vingt-on^e arts 8c métiers^, dont cent quatre-
vingt-cinq font terminés par des vocabulaires , auxquels on a joint 1 explication exacte
& raifonnee de mille trois cens quatorze planches & d’une immenlité de figures correl-
pondantes, renfermées dans les cinq premiers volumes des gravures qui font l’ornement
& la richeffe de l’encyclopédie méthodique^
J’ai eu foin de citer mes autorités 8c les noms des artilles 8c des^ faéans qui ont
enrichi cette colieâion de leurs expériences & de leurs lumières mais je dois encore
rappeller ici mes obligations envers plufieurs hommes des plus dillingues. A in fi, M .
Defmarets, habile naturalifle & membre de l’académie des fciences a décrit le meca-
nifme de la conltruâion du métier à bas ; il a développé les arts du cartier & de Ijl
cartonnerie , il a traité l’art de conferver & de faire cuire les châtaignes , 1 art de faire
les fromages, l’art de la papeterie.
M. de Septfontaines , ci-devant procureur-fyndic de la nobleffe du Calaifis, qui
confèrve des titres bien plus honorables par l’exercice de toutes les vertus focrales, & par
l’heureux emploi de fes talens & de fes connoiffances, a voulu auffi concourir a
l’utilité de ce recueil en traitant les arts des miroirs de métal, de l'étamage des glaces
courbées, des pa/lels & crayons, du paveur , du plafonier , du plaqueur en argile ,
de la coupe des taillis & bois de fu ta ie , l'art de travailler le verre a la lampe, celui
d'amollir le verre au fourneau, de l'y courber, de l'y refondre.
M. A lu t , qui mérite toute confiance , par fes profondes connoiffances, a développé
les procédés de l'art de fabriquer les glaces & le verre.
M. Delalande , académicien & allrouome célèbre , a revu l'art de la conflruàion
des globes célejle & terreftre.
Il me relie encore à m’acquitter de mon jufie tribut de reconnoiflance envers M.
Pandioucke , rédadeur & éditeur du plan de l’encyclopédie méthodique , connu
par différens mémoires de littérature, & par des traduâions efiimées de poètes italiens ,
l’un des plus habiles commerçans en librairie , auquel la littérature , les iciences ,
& les arts doivent en partie les belles entreprifes des ouvrages les plus diltingues de
ce Cède ; ce véritable ami des gens de lettres, a prévenu mes voeux , en m admettant
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