
qu’elles ne fe touchant point ; on les met dans
le four : quand elles font féches, on y met une
autre couche, & on fait de même jufqu’à fept
couches, obfervant de les taire fécher à chaque
couche, & qu’elles foient bien féches.
Après la de/nière couche, on les donne au
tourneur pour ôter ce qu’il pourroit y avoir de
graveleux , 8c les poncer en dedans & en dehors
avec de la ponce bien fine trempée dans de
l’eau ; enfuire on y met fept à huit couches de
vernis noir ; 8c fur-tout qu'elles foient bien féches
à chaque couche ; & il faut obfervèr que
le pinceau ne foit point trop chargé de vernis ,
& que les couches ne foient point épaiffes, ni
le vernis trop épais.
Quand toutes les couches font miles ; vous
les faites poncer par le tourneur en dedans , &
à la main en dehors avec de la ponce bien fine ;
& enfuite du tripoli avec de l’eau ; enfuite vous
les faites graver, ou guillocher en or plat; ou
vous en fanes pofer avec de la nacre, du bur-
gos & des feui les de cuivre très-minces; il tn
faut avoir de toute efpèces.
Pour mettre en or les gravées, ou guillochées,
il faut palier deflus très- égèrement un verniç
qu’on 'appelle mordant, & avant qu’il foit tout-
à-fait fe c , avoir de petits iivrets de feuilles d'or:
on applique une feuille d’or deflus doucement
avec la m un ; aux boitès gravées & guillochées
en or creux, on en met deux feuilles-. -
Pour les boites en couleur , il faut mettre
deux ou trois couches de couleur l’une après
l’autre , c’eft-à-dire , qu’il faut que l’une foit
féche avant que de mettre la fiivante; après
quoi on les donne au tourneur pour les polir
en dedans; enfuite on y met tr i . ou quatre
couches de vernis b'a -.ç, l'une ap ès l’autre ,
la p écédente tou'ours fé he avant celle qui fuit,
& puis on les lu lire avec du tripoli bien fin dans
de i’eau.
On fi fert du mord mt avant de pofer la nacre
, le burgos ou le cuivre.
On met toutes ces boîtes dms le four à un
feu lent, de peur que l’or ou es couleurs re
noirciffent ; il faut faire au fil atention qu’il n’y
ait point de fumeron dms- le charbon; quand
ce font d_s boîtes gravées, il ne faur mettre
de feuilles d’ >r que fur la gravure; & l’on ôtera
quand la bo te fera lèche, l o r , qui eft dan\
l’erure-d-ux de la gravure avec un petit outil
pointu.
Quand ce font des boîtes guillochées à p lat,
on ne met point de mordant , mais les couleur-
à deux ou trois couches ; après q uoi, trois 2
quatre cou hés de vernis blai.c; il îaut prendre
gar *e que le feu des fours foit bien modéré ,
de crainte que -te vernis ne gerfe.
Pour celles que l’on veut mettre en peinture,
il ne faut graver qu’autour du couvercle de la
cuvette ; la peinture fe fait au milieu ; on grave
des cartouches aux côtés, dans lefquclles on repréfente
des fleurs ; mais quand elles font peintes
, il ne faut pas les mettre au four, il faut
qu’elles fèchent d’elles-mêmes.
Autres procédés pour faire les tabatières de carton.
Les tabatières de carton , coffres, étuis, 8c
autres ouvrages verniffés, qui ont été fi fort
à la mode , lont aufli du reffort des t ibletiers ,
& fe font, comme le carton de feuilles, avec
des couches de papier collées l’une fur l’autre ;
autrefois on les faifo t avec une pâte de carton,
ou de papier macéré & pourri dans l’eau.
On ne les fait plus dans ce goût depuis que
M. Martin l'air.é, habile vernifleur, imagina en
1740, & depius lui, M. Giros, l’on fucceflèur à
fa réputation & à fes fuccès dans le travail du
vernis , de les- fabriquer de la manière fuivante.
On a plufieurs moules de bois , proportionnés
à la grandeur & à la forme qu’on veut donner
à une tabatière , tant pour la cuvette , ou partie
inférieure de la tabatière , que pour fon couvercle.
On commence par revêtir le moule d’une
Ample bande de papier mouillé, en même temps
qu’on y applique un fond de papier ; c’eft ce
qu’on appelle en terme de l’art , la couche à Veau 1
l’humidité du papier qui eft collé dans l’intérieur
& autour du moule, fuffit pour domier à cette
couche une adhérence médipere, qui n’empêche
j nas qu’on ne puuïe retirer aiféinent la tabatière
de deflus le moule. La couche à Veau doit être
puis a-ge que les autres , ■ & revêrir exaâement
le moule tout entier, pour empêcher la boite
de s’attacher fur le moule; s’il y avoit quelque
petit intervalle où la colle pût fe loger , il ne
feroit pas aifé de lever la tabatière de delfus
le moule.
Le lendemain de cette première opération, on
y colle une première couche qui eft faite de
petites ban.'.es de papier, de la hauteur' qu’on
veut donner à la boîte , & chaque bande fait
deux tours entiers fur le moule, ou un peu
ulus : on coupe enfuite des carrés de papier plus
brges que le diamètre de la boîte, on en colle
huit l’un fur l’autre, en les croifant de forte que
leur angle forme une efpèce d’étoile à plufieurs
rayons : cet affemblage, qu’on nomme le carré,
fe fait pour le fond de la tabatière comme pour
le ieffus.
Quand les carrés font formés, on étend fur
une table une bande de papier fur laquelle on
pofe de la colle ayec les doigts ; on applique
une fécondé bande fur cette première : toutes
les deux, étant bien réunies, forment une double
épaiffeur, fe plient autour du moule fur la
feuille à l’eau qu’elles environnent deux fois.
Dès qu’on a rabattu tout autour avec la main
les angles du carré , on le met- au fond du moule ,
& on l’y contient avec une nouvelle bande qui
déborde & qui règne tout autour pour le forti
fier, davantage. «
On porte enfuite les moules dans une étuve ,
qui eft. une grande armoire de huit pieds de haut,
fur autant de largeur, & trois pieds de profon
deur : le bas de cette armoire eft revêtu dç briques
, fur lesquelles on met dès charbons allumés
, dont la vapeur s’étend tout le long de
cette étuve , ce qui lia rend q jelquefois très-mal-
faisante. Au-deffus il y a plufieurs grilles de fil
de fe r , fur lefquelies ©n laide les moules , jufqu’à
ce que la couche foit parfaitement féche.
Le lendemain de cette opération, on met fur
ch.que moule une couche de quatre bandes ;
qu’on continue jufqu’à la cinquième couche qui
»’eft que de trois.
Lorfque tout eft bien fec & bien pris , on
déchauffe les moules, en ôtant les boîtes de def-
fus.
Toutes les couches ne contiennent ordinairement
que quinze à feize bandes, & on obferve à
chaque fois qu’on fait féch.r une couche dans
l’étuve, d’en ôter les angles avec une râpe.
On emploie pour les tabatières le papier le
plus fin, nommé le carre de Caen, ou le Champy
8c la colle la plus belle.
Les tourneurs mettent la dernière main au
corps de la tabatière , en enlevant les bords , ou
les endroits défeélueux , & les ajustant de façon
qu’elles ferment bien,
Lorfqu’on leur remet les boîtes de carton , elles
font fi fermes qu’ils les coupent aufli net que du
bois , 8c qu’elles pourroient fervir fans y mettre
aucun vernis.
Tabatières de carton vernies.
Les tabatières de carton que le vernis de Martin
a fait rechercher pendant quelque temps, font
composées de papier mâché ; pour cet effet on
prend des rognures de papier blanc ou gris , bouillies
dans de l’eau & pilées dans un mortier, juf--
qu a ce qu elles foient réduites en pâte.
Pour donner à cette pâte une ténacité fuffi-
Jante a la .fabrique de différents bijoux, on le
tait oouilhr avec une folution de gomme arabique
& de colle ; & lorlqu’elle eft parvenue au
point que lartifte le délire, il la met dans des
moules, ou morceaux de bois très-dur travaillés
au tour, & conformes aux deflins qu’il fe pro-
pofe d’exécuter.
Ces moules , qui font faits de manière que
leur partie extérieure s’emboîte dans l’intérieure,
étant pleins de p âte, on prefle infenfiblement le
rnople de deflus, afin que la partie aqueufe pa-
roiffs s’en écouler peu-à-peu par les trous qui
font dans le moule inférieur.
Avant de fe fervir de ces moules on les frotte
d’huile jufqu’a ce qu’elle en découle ; on les pofe
à plat fur une table foiide ; on y étend la pâte
le plus également qu’il eft poffible, en obfervant
cependant de n’en mettre jamais au-delà de l’é-
paifieur de trois lignes ; on frotte enfuite d’huile
la partie du moule qui doit s’emboîter ; on la
pôle bien exaéfeme/it fur la pâte qui eft dans le
moue inférieur, ou appuie deflus, 8c, après
y avoir mis un poids fuflifant, on la laifle en cet
état pendant vingt-quatre heures.
Cette pâte étant féche & devenue aufli dure
que du bois, on y applique le fond, c’eil-a-dire
une couleur noire qui eft faite avec de la colle &
du noir de lampe , qu’on laifle fécher à l’air ; on
y met enfuite un vernis proportionné au tond
noir qu’en veut donner à l’ouvrage.
Pour faire ce vernis on met fondre dans un
vaiffeau de terre verniffée, un peu de colophane
ou de térébenthine , qu’on fait bouillir jufqu’à ce
que l’une'& l’autre deviennent noire & friable ;
on y jette enfuite par degré trois fois autant d’ambre
réduit en poudre fine, 8c on y ajoute de
temps en temps un peu ü’efprit ou d’huile de térébenthine.
Quand l’ambre eft fondu, on y fau-
poudre la même quantité de farcocolle , & en ne
ceffant de remuer ce mélange, on y ajoute de
l’efprit de térébenthine jufqu’à ce que le tout
devienne fluide ; pour lors on le pafle dans une
chauffe de crin fort claire, & on le prefle doucement
entre deux planches chaudes.
Quand on veutfe fervir. de ce vernis, on le mêle
avec du noir d’ivoire réduit en poudre fine, &
l’applique dans un lieu chaud fur la pâte de papier
broyé , qu’on met tout de fuite dans un
four doucement échauffé, le lendemain dans un
four un peu plus chaud, & le troisième jour dans
un four très-chaud. Chaque fois qu’on met cette
pâte dans le four, on l’y laifle jufqu’à ce qu’il
foit devenu froid. La pâte, qui eft vernie de
cette manière , eft brillante, durable, & fupporte
toutes fortes de liqueurs chaudes ou froides.
La colle dont on fe fert pour donner au papier
mâché une certaine confiftance, fe fait de
la manière fuivante. On commence par faire fondre
de la gomme arabique dans de i’eau, jufqu’à
ce que celle-ci foit afîez épaiffe pour filer; on
détrempe enfuite de l’amidon dans un autre vaiffeau
julqu’à ce qu’il foit venu au point de la
gomme arabique ; après quoi on mêle le tout