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fible. A mefure que l’on tirera le vin de la cuve,
on le mettra dans les tonneaux, en obfervant de
les remplir de manière que l’on puiffe encore y
mettre une partie convenable du vin du preffu-
rage , qui ne. doit point être féparé de celui de
la cuve, mais mêlé exaftement par proportion.
Quand les tonneaux feront remplis, on couvrira
leur .embouchure avec des feuilles de'vignes &
des tuileaux, ou mieux encore, avec la machine
dépuratoire en fer - blanc , fort- ufitée à Metz.
Si les vins ont été bien façonnés $t déquvés, ils
ne doivent point jeter ni bouillir dans les tonneaux,
ou du moins très-peu, à caufe du vin
de preffurage.
Moyen de tirer a une cuve le vin doux & mûr > &
qu'il n y rejle que celui d’une qualité inférieure.
Ce procédé eft, dit-on, une invention de Galilée :
il a'été tranfmis par Vincent Viviani, & éprouvé
plus d’une fois. Faites emplir une cuve de raifins
lans fouler les grappes ; lâiffez-les ainfi pendant
quejque"temps , tournez enfuite le robinet & vous
verrez fortir le vin mûr, produit par lés grains
des raiftns les.. plus mûrs, exprimés par le poids
& la charge propre des grappes qui font les premières'
à crever. Quand ce vin doux fera forti,
vous ferez fouler les raifins, & vous n’obtiendrez
plus qu’un vin plus vert, quelquefois même d’un
acide très-piquant, félon que la plus grande partie
des raifins, fera plus ou moins mûre.
Man-ère de conflruire en maçonnerie des Cuves pour
faire le vin, & des réfervoirs à le conferver,
par M. Mengin,\
M. Mengin, Archite&é à Nanci, ayant lu les
Mémoires de M. de la Faye fur la manière de bâtir
des Grecs & des Romains, a imaginé, en 1780,
de faire conflruire par encaiffement trois foudres
ou refervoirs à v in , dont la réuffite a déterminé
un grand nombre de particuliers, à en faire faire
de pareils, tant dans l’intérieur que dans les dekors
de cette ville.
Les murs de ces réfervoirs qui fe' trou vent adoffés
aux gros mûrs de la mai fon, n’ont que .cinq pouces
d’épaiffeur; ceux qui font ifplés ont un pied, &
le fond n’a . que cinq pouces fur un maffif de
maçonnerie „ ordinaire.
Peux de ces réfervoirs, dèftinés à mettre du
v in , ont intérieurement cinq pieds de profondeur,
fept de largeur & fept & demi fous voûte.
L’ouverture par laquelle on -les remplit a un
pied carré, & fe ferme avec une dalle de pierre
armée d’un anneau de f e r , ou un plateau de bois
V 1 G
de chêne. Le troisième réfervoir, qui fert de cuve
pour faire le vin , a intérieurement huit pieds de
longueur, trois de largeur & fix de profondeur ; des
tampons de bois dur fervent de robinets.
Au bout de fix femaines de conftru&ion, M,
Mengin fit remplir d’eau ces-réfervoirs, & ayant
reconnu pn mois après que l’eau s’y étoit maintenue
fans aucune diminution bien fenfible, il fe
détermina à les faire, remplir de vin. La première
année cette liqueur fe décolora par l’effet de la
chaux, qui corrompt toutes les. couleurs qui proviennent
des végétaux j ce qui ne fût point arrivé,
s’il eût fait frotter lés enduits intérieurs avec du
fain-doux, comme faifoient les Romains dans leurs
citernes & aqueducs, sinfi que M. de la Faye
l’explique dans fes mémoires.
Je vais vous indiquer le procédé de conftruifïion
tel qu’il m’a été expliqué par M. Mengin. Il a fait
verfer fon fable dans des baquets où il y avoit
de l’eau; il a fait prendre une mefure,de ce fable,!
dont on a formé fur un plancher préparé un petit
baffin , comme font nos manoeuvres enfuite il a
fait plonger dans un baquet plein d’eau, une demi-
mefure feulement de pierre de chaux, & quand
les gros bouillons ont ceffé à la furface de; l’eau,,
il a fait verfer cette chaux- dans ce baffin & l’a
fait couvrir parfaitement avec le fable qui formoit
ledit baffin.
Alors la chaux fe diffolvaut exhaloit des vapeurs
au-dehors en fe faifant jour à travers Je fable;
mais les manoeuvres , avec leurs pèles, retrouf-
foient le fable par-deffus pour boucher les paffages
par lefquels cette vapeur s’échappoit ; enfuite après
avoir parfaitement mêléées matières, M. Mengin
y faifoit ajouter une, très-petite portion de chaux
fufée pour les rendre plus liquides.
Tel eft le mortier dont il a fait ufage pour fes
conftru&ions ; & tandis- qu’un maçon employoit
une augée, fon manoeuvre lui en préparoit une
autre, en obfervant toujours le même procédé.
Ce mortier, qui prend corps prefque auffi vite
que le plâtré , & qui conferve le falino-terreux de
la chaux, fe trouve indiqué dans les mémoires
de M. de la F'ayê^ aux articles où il traite de la
préparation de la chaux pour les conftruénons, &
de la nature des fables qui y font propres. C’eft
avec un pareil mortier compofé par tiers, de
pierres de chaux trempées, de poudres de pierre
& de fable mêlées enfemble & imbibées d'eau,
que M. de la Faye a fait faire, il y a quelques
années , chez madame de Coaffin , place de
Louis X V , cinq petites parties de terraffes qui ont
réfifté à toutes.les injures de l’air r & qui ont acquis
le coup-d’oeil & la fconftftancé de la pierre I3
plus dure.
Li»
V I G
La feule différence que je remarque, c’eft que
M de la Faye n'a point employé de chaux fufée,
comme a fait M. Mengin, ayant .éprouvé qu’en
«mpliffant de fable un feau à demi-plein d’eau,
le fable verfé fur un demi-feau de pierre de chaux
trempée, contenoit exactement le volume d’eau
V I G ' Èjès
néceffaire pour faire un mortier auffi gras qu’adhe-
rent, lorfqu’on avoit l ’attention de conferver la
vapeur humide de la chaux en rebouchant tous
les paffages par lefquels elle pouvoit s’exhaler,
& en préparant ce mortier fur un plancher non
fpongieux.
V O C A B Ü L A 1 R E.
B inage, 'c’eft une efpèce de labour qui fe fait
avec la houe avant la fleur de la vigne. Son effet
eft de farder ou-d’enfever les mauvaifes herbes.
Ch antiers , pièces de bois très-fortes qu’on
inet au preffoir fur les grappes de raifiii pour
les fouler.
Ebourgeonnement , c’eft l’opération de caffer
ou de couper,avec le tranchant de la ferpette,
les bourgeons furnumèraires de la vigne.
Echalas , morceaux de bois qu’on pique pour
y lier la vigne, avec des brins d’ofier quand la
fleur eft tombée.
Houe. Cetinftrument du vigneron eft^uie efpèce
de bêche renverfée, qui,a un fer large & plat
attaché à un manche’ de deux pieds & demi de
large. Il y a auffi des houes fenduçs en deux parts.
Hourie, c’-eft le labour des terres à vignes fait
avec la houe.
Mai (la), c’eft le plancher du preffoir où l’on
met les tas de raifin que l’on veut fouler.
Marcotter ; c’eft coucher quelques jeunes
branches de vignes & les couvrir de terre,
à la réferve de l’extrémité qui ne doit avoir qu’un
demi-pied de longueur.
Pressoir , machine inventée pour exprimer le
jus du raifin.
Ravaler la vigne ; !c’eft abaiffer & coucher
dans un foffé de deux pieds de largeur, tout le
vieux bois des vignes hautes, jufqu’à celui de la
dernière année.
R ogner la vigne , c’eft couper le bois fuperflu
qui a crû & qui eft à lextremité des branches.
S u c , Pain o u Tas : on donne ces différens
noms à l ’amas du raifin qu’on met fur le plancher
du preffoir pour le fouler.
T errer les vignes ; c’eft y apporter de nouvelles
terres pour réparer l’épûîfement des Tels -,
& donner à la vieille vigne une nouvelle nourriture.
T ier c eR ; c’eft farder avec la houe & enlever
les mauvaifes herbes, quand le fruit de la vigne
efl formé & qu’il eft en verjus.
V r i l l e s ; ce font les cornes vertes de la vigne,'
qui confument inutilemeut la fev©.
Arts & Métiers, Tome VIII. E e e e