
me fuis fervi. J’ai donc , en quelque forte,
exécuté en grand la meilleure manière de M*.
Libaude, mais je trouve dans ma méthode d’autres
avantages.
i ° . Le flint-glaff coulé en table fera, au moins
fenfiblement , par-tout d’une égale épaiffeur ,
( voyez l’opération de la coulée dans notre article
glaces coulées ) , 8c la recuiffon fera par con-
féquent plus Jure 6c plus parfaite. D ’ailleurs il
fera plus aifé de varier les épaiffeurs & de fatif-
faire les confommateurs-, s’ils exigeoient du flint-
glaff plus ou moins épais, pour faire des objectifs
de différente étendue.
2,9. Le verre a befoin d’être bien plus fluide,
pour être coulé , que pour être foufflé ; étant donc
moins réfroidi, dans Je four, les matières qui
le co.nftituent ont eu moins le temps d’obéir
chacune à fa pefanteur fpécifique; elles doivent
refter plus exaélement mêlées, ôt on fera moins
expofé aux flries ôc au coup-eC oeil gélatineux.
3°.. L’opération de tirer le verre à l’eau s’exécute
ordinairement, en le puifant dans le pot avec
des poches, foit de fe r , foit de cuivre, & le
portant dans un vafe plein d’eau, & l’attouchement
fréquent des métaux & fur-tout du fer ternit
plus ou moins le criflal. En fabriquant le flint-
glaff par la coulée, on le tireroit à l’eau avec
la plus grande promptitude, fans le contad d’aucun
outil : on faifit le creufet avec des tenailles
& ©n l’élève à la hauteur de la table fur laquelle
il doit être renverfé, par le moyen d’un cric fixé
à une potence; il fuffiroit de difpqfer un vafe
plein d’eau en quantité fuffifante, au pied de la
potence, 6c d’y verfer le verre, comme on le
verferoit fur la table.
Tout ce que nous venons de dire du flint-
glaff 8c de la fabrication, eft extrait d’un mémoire
fur cette matière, que je lus en 178 1, à l’affem-
blée publique de la fociété royale des fciences
de Montpellier, 6c c’eft par cette qualité importante
de criflal que fera terminée cette defcrip-
tion de la criflallerie blanche.
Verre de couleur. Imitation des pierres prècieufes.
C ’efl par l’addition de diverfes chaux métalliques
, que l’on colore le verre en diverfes couleurs
; c’efl; à la différente préparation de ces chaux
que l’on doit l’intenfité des différentes nuances :
nous avons déjà vu que la manganèfe teint le
verre en un rouge violacé, que la chaux de cobalt lui
donne un beau bleu, qu’il peut tirer des chaux '
de plomb un jaune plus ou moins foncé. Il y a
aufli des fubftances végétales qui colorent le verre,
c’efl ainfi que l’écorce intérieure du hêtre le jaunit,
que la pouflière du charbon en quantité fuf-r
fifante lui fait aufli acquérir une couleur jaune
mais outre que ces fortes de teintures végétales
n’ont pas communément une nuance agréable
elles ne font pas ordinairement aufli tenaces à
i’aélion d’un feu violent, ni d’un effet aufli conf.
tant. Ce font ces motifs qui nous engagent à ne
nous occuper ici, que des verres que l’on colore
par les chaux métalliques : nous avons cru. devoir
confondre dans le même article \ les verres
de couleurs, & les criflaux par lefquels on cherche
à imiter les diverfes pierres prècieufes , parce
que les moyens font les mêmes, 6c que la même
fubftance colorante , qui, mêlée à une compofuion
de verre commun, forme Amplement un verre
coloré, fi elle eft combinée avec une belle com*
pofition de criflal blanc bien purgée de tout prin-
c^P.e . c? l°rant gr°flter> produira un criflal coloré
qui imitera la pierre précieufe de la nature, comme
le criflal blanc artificiel lui-même étoitdeftiné
à imiter le criflal de roche.
L’art de la verrerie de Ne ry , commenté par
Merret6c Kunckel, nous préfente plufieurs moyens
de colorèr le verre ; ces auteurs parôiffent même
s’être attachés à indiquer diverfes préparations
des chaux métalliques qu’ils ont employées , mais
il ne règne pas dans cet ouvrage une méthode,
qui aide le lecteur à raffembler & à elaffer les
lumières, qu’il pourroit y trouver éparfes. Nous
nous aiderons du travail de Nery 6c de fes commentateurs
, 6c nous tâcherons d’en extraire dans
un certain ordre, les procédés qui y font indiqués
, fans nous arrêter, à en difeuter les explications
fouvent forcées, plus fouvent encore enveloppées
des erreurs du temps où elles Jurent
produites, ôc des ténèbres miftérieufes de l’air
chimie.
Nous parcourrons d’abord l’effet, que font fur
le verre les fubftances métalliques , confédérées
comme matières colorantes.
De l ’or.
L’or extrêmement divifé, colore le yerre en un
beau rouge pourpre , approchant beaucoup de la
couleur du rubis. On opère la divifion des parties
de l’o r , en le diffolvant dans l’eau régale, 6c le
précipitant.enfuite par quelque fubftance, qui ait
plus d’affinité que lui , avec les acides. Le précipité
de l’or par l’étain, connu fous le nom de
pourpre de CaJJius, eft celui dont les verriers font
principalement ufage.
Voici en peu de mots, le procédé que M#
Macquer indique ( diélionnaire de chimie ) , pour
produire le pourpre de Caflius. On diffour de l’étain
à froid prefque jufqu’à faturation , ôc fans
le fecours d’aucune chaleur, dans une eau régale
compofée de deux parties d’efprjt de nitre,
& une partie d’efpritde fel, affoiblie par un poids
égal d’eau diftillée : on employé, d’autre part,
une eau régale compofée de trois parties'd’efprit
de nitre, & une partie d’efprit de f e l , à diffou-
dre de l’or "à vingt-quatre karats. On étend la
diffolution d’étain dans une grande quantité d’eau,
par exemple, dans cent parties : on peut effaÿer
la proportion d’eau qu’il convient de mêler à la
diffolution d’étain, en plaçant des parties de celle-
ci dans différens vafes, 6c les étendant chacune
dans d«verfes qualités d’eau; on fait tomber dans
ces diffolutions étendues , une goutte de diffolution
d’or ; elles prennent bientôt une couleur rouge
pourpre, 6c on fe décidera, pour la proportion
qui aura produit le plus beau rouge : alors on
verfe dans la diffolution d’étain étendue au point
déterminée par l’èffai, de la diffolution d’or, à-
peu-près moitié de ce qu’il y a de celle d’étain ;
on remue bien lé mélange dans un vaiffeau de
verre, avec une baguette aufli de verre. La liqueur
devient bientôt d’un beau rouge de vin ;
il fe forme peu-à-peu un dépôt de même couleur
, 6c la liqueur furnageante s’éclaircit : on jette
encore dans cette liqueur , quelques gouttes de
diffolution d’étain, pour voir fi tout l’or eft précipité.
Lôrfque la liqueur eft bien éclaircie, on
la décante & on lave le précipité à plufieurs re-
prifes avec de l’ eau diftillé.
M. Fontanieu fournit deux procédés un peu
différens pour produire le pourpre d’or; le premier
de ces procédés reffemble beaucoup à celui
que nous venons d’expofer; feulement il fait fa
diffolution d’or par une eau régale , compofée de
trois parties d’acides nitreux, ôc une d’acide mat in ,
& il compofe l’eau régale dans laquelle il diffout
l’étain , de cinq parties d’acide nitreux ôt Ame d’acide
marin. 11 étend fa diffolution d’étain d’une
certaine quantité d’eau , dans la proportion de
huit onces de diffolution fur quatre pintes d’eau;
il y verfe la diffolution d’or goutte à goutte , en
remuant le fluide avec un tube de verre, 6c lorf-
que le mélange eft fortement coloré en pourpre,
& que la précipitation fe fait, il accélère celle-
ci, en verfant dans le mélange une pinte d’urine
fraiche. Le précipité obtenu par ce procédé n’eft
pas pourpre comme celui que «fournit le procédé
de M. Macquer; mais lorfqu’on l’a bien lavé 6c
féché , après avoir décanté le fluide , il partît fous
l’apparence d’une poudre brune. Son fécond procédé,
pour lequel il n’employe pas l’étain , con
fille à dift.ller au bain de cendres dans une cornue
de verre , de l’or avec de l’eau régale compofée
de trois parties d’acide nitreux ôc une d’acide
marin. « Lorf jue l’acide a paffé 6c que l’or con-
•" tenu dans la cornue paroît à fec , la cornue étant
" réfroidie, on verfe dedans une nouvelle eau
" tégale ; on diftiih comme, ci-deffus, on remet
« encore deux fois de l’eau régale, 6c on diftillé.
f P°ur lors, on verfe dans la cornue peu-à-peu
« de l’huile de tartre par défaillance. Il y a une
« vive effervefcence. Lorfqu’elle eft paffée, on
d diftillé le mélarg: jufqu’à ficcité ; on met de
« l’èau tiède dans la cornue 6c on verfe le tout
« dans une capfule. Il s’y dépofe un précipité,
« qui varie par fa couleur qui eft tantôt brune,
« 6c tantôt jaune. Ce précipitèlavé 6c féché donne
« Un pourpre bien fapétieur au précédent. Deux
« grains de celui-ci fuffifent par once' de fondant
« tandis que du précipité de Caflius , il faut -^du
« fondant, mais on exalte la couleur du préci-
« pité de Caflius , en y ajoutant \ de fon poids
«« de verre d’antimoine en poudre fine , Ôc de nitre
« un gros par marc de fondant. «
Orfchall, dans fon mémoire intitulé fol fine vefle ,
donne le procédé qu’il a employé pour produire
le pourpre d’o r , qui lui avoit été communiqué
par Caflius lui-même, ôc qui avec moins de détail
6c d’exaélitude, eft à-peu-près fémblable à
celui que nous avons indiqué d’après M» Macquer.
La couleur pourpre, dont le précipité d’or de
Caflius eft affeélé, paroît propre à ce métal , car
i ° . le procédé de Caflius n’eft pas le feul moyen
d’obtenir le pourpre; 2n. l'or en nature divifé
feulement par de fimple's moypns mécaniques
colore le verre en pourpre. Le même Orfchall ,
dans l’ouvrage déjà c ité, aflùre ( première expérience)
qu’il a obtenu un beau pour; re d’o r ,
en retirant, par la difliilation , l’acide d’une dif-
foliition d’or , ôt faifant enfuite rougir au feu
le réfidu .bien édulcoré mêlé avec de la fleur de
foufre. Dans fa fixième expérience, du fèt marin
ftratifié avec des feuilles d’or 6c expofé à Paétion
du feu , prit une très-belle couleur pourpre : dans
la huitième expérience, la pouflière des pierres
ponces, qui ont fervi aux orfèvres à polir l’o r,
mê ée avec une compofition vitreufe à produit un
beau verre rouge : dans la dix-fept ème expérienc
e , un morceau d’étain jeté dans Une diffolution
d’or , a précipité celui-ci en pourpre! Il paroît par
la vingt-cinquième,qu’une diffolution de mercure
dans l'eau régale , précipita l’or en beau pourpre :
enfin l'or fulminant lui-même colore le verre en
pourpre.
L ’or , dans tous les moyens employés pour en
extraire le pourpre, n’eft pas décompofé ; il n’eft
que très-divifé ; il n’a pas befoin d’être dénaturé,
pour colorer le verre, différent en ce'a des métaux
imparfaits, qui n’entrent dans la vitrification ;
qu’en état de chaux.
La poflibilité de vitrifier l’or 8c de le faire fer-
vir à colorer le verre fut contredite par que’ques
Ifivans, ôc l’on trouve un mémoire à ce fujet de
Criftophe Grummet, imprimé fous le nom de
fol non fine vefle à la fuite de l’art dè la verrerie
de Nery. Il fit fondre une quantité de verre blanc
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