
Il eft d'autres églifes fans plates-formes, dont
on ne peut.pofer les litres, foit par-dedans, foit
par dehors, comme dans l’églife de l’abbaye de
S. Denys en France, qu’en fe fervant de la cage
ou corbeille, dans lesquelles-le vitrier, fufpendu
vis-à-vis la partie de la forme des vitres à laquelle
il doit travailler, eft monté & defcendu par des
cordages qui filent dans un ou deux mou files garnis
de leurs poulies, avec un autre cordage attaché
à ladite cage ou corbeille, qui fert au vitrier
à tirer vers lui tout ce dont il a befoin, & que
celui qui le fert pour le monter ou le defcendre
félon le befoin, attache audit cordage. Il s’en faut
de beaucoup que cette façon, de pofer les vitres
foit aufii -prompte & aufii facile que la première ;
elle ell aufii plus rifquabïe, à caufe de la sûreté
qu’elle demande de la part de la folidité desmouf-
fies & des cordages.
Les panneaux de vitres neuves en plomb fe
paient au vitrier au piecj fuperficiel de 144 pouces
en quarré, mefure de roi; car le pied de verre
eft fujet à différentes mefures dans différentës provinces.
Il y en a telle ou il n’y a ..que dix pouces
en quarré, & telle autre où il n’y en a que huit,
fùivant la plus ou moins forte qualité du plomb
& leur expofition plus ou moins facile pour les
mettre en place. Le prix n’étant pas le même pour
les panneaux attachés fur chaflis de bois, pour
.les paneaux ou vitraux de fer à chaflis de fer, &
pour les panneaux de formes d’églifes, fcellés en
plâtre, on n’en paye que moitié du prix, lorfqu’on
les remet en plomb neuf.
Dans les maifons particulières, lorfqu’onles loue
à un locataire, il eft d’ ufage de lui donner les
vitres nettes par la main du vitrier; li ce font
des panneaux, on doit les lui donner fans pièces
caffées ni fêlées, & il eft tenu de les lui rendre
en même état* à moins que le propriétaire ne
jugeât à propos d’en excepter les pièces fêlées :
alors il en conftate le nombre avec le locataire ,
qui les-lui .rend en même nombre.
Quand il s’agit de renouveller les panneaux en
plomb neuf, ce qui eft toujours à la charge du
propriétaire, lorfqu’il eft hors d’état de prouver
que c’eft par violence que le plomb en a été altéré,
.les pièces fêlées regardent le propriétaire feul ;
& lorfque les. panneaux s’étant taffés par le mauv
a is état des chaflis, ils font devenus trop courts
ou trop étroits , les pièces du bord qu’il faut ré-
.former, pour en fournir de plus longues, regardent
également le propriétaire.
/ Lorfque le locataire veut nettoyer fes vitres en
panneaux, ou pour entretenir la clarté & la propreté
dans fa maifon ; ou pour les rendre nettes
sSl en bon état en la quittant, on nomme cette
réparation racoutrage. Elle confifte d’abord, en les
ôtant de place pour la première fois, à marquer
fur le plomb des panneaux vers le haut y avec le
bout du couteau ou de la tringlette, dans le mi. 1
lieu l’ordre des croifées en chiffres romains, &
dans le coin du côté du mur, à chaque panneau I
l’ordre qu’il tient dans la croifée. Cette pr.écau- I
tion, prife la première fois , fert pour les réparations
Suivantes à les remettre en place dans le même I
ordre & fans rien déranger ; on lève les verges I
de fer j & on,arrache avec les tenailles les pointes
qui les retiennent.
Les panneaux étant apportés à la boutique, on I
pafle le couteau à racoûtrer fur toutes les ailes- du I
plomb & fur les bords du panneau. On recireffe
avec l’extrémité des doigts les liens ou attaches I
qui font en'core bons ; on arrache celles qui font I
rompues; on gratte avec le même couteau le
noeud de celles, qu’on a arrachées ; on en fait
autant à la place des foudures qui pourroient être
rompues fur les bords ou dans le corps du, panneau
, lôrfqu’elles ne font pas en trop grand I
nombre ( car en ce Cas on les remet en plomb
neuf). On refait les foudures, & on refloude
d’autres attaches neuves de la manière que nous
l’avons dit en parlant des vitres neuves ; puis on
mouille les panneaux à la broffe , pour enfuite les
fècher au fable avec, une autre broffe , & les remettre
en place avec le mêmes précautions dont
nous avons parlé pour les vitres neuves.
Quand il s’agit de rendre les panneaux de
vitres en état , comme réparation locative, le
locataire eft tenu des pièces de .verre caffées , des
verges de.fèr qui retiennent les panneaux de verre
en plomb, lorfqu’elles manquent ou qu’elles font
cafféçs, à moins qu’on ne reconnût que des pailles
qui étoient dans les verges de fer euffent con.ri*
bué à les faire caffer; car pour lors elles fero.ent
au compte .du -propriétaire. On fuit cette même
méthode pour la réparation des panneaux de vitres
en vitraux ou en forme de vitres; on lés ref-
- 'celle en plâtre ou en mortier au,x endroits où ils
rétoienr,. après avoir préalablement bien nettoye
les feuillures & rainures de tout l’ancien plâtre &
ciment : ce qui fe fait avec la befaï°ue, dont nous
avons déjà parié. Cet outil eft une efpèce de mai-
teau dont la tête eft d’un côté en forme de cifeau,
qui fert à-enlever le plâtre & la pierre qui pourroient
nuire dans les feuillures ou rainures : veis
la panne, il fe termine en une efpèce de coin j
pointu, qui fert à démolir le vieux plâtre, & a
-faire dans le mur ou dans la pierre des meneaux,
les trous de revêtiffement nèceffaires pour y pb*
cer. les verges de fer qui fe mettent au-devant
. des panneaux.
Il eft a fiez d’ufage de donner les vitres d’une
églife à l’entretien au'vitrier, moyennant un
prix fixe chaque année, par un bail de fix oaun nnéeeusr.
années. Le vitrier, qui reconnoît par le marché |
avoir reçu les Vitres en bon état, s’oblige de les J
rendre telles. Cet ttfage eft bon, lorfque les vitres
faites depuis peu ne demandent qu’un entretien
qui les maintienne en bon état; en y exceptant
le cas de grêle, ouragans ou vents impétueux ,
ou autres c.as imprévus. Mais à la fuite des temps
cette manière d’entretien peut devenir ruineufe
aux fabriciens & aux vitriers. Fera-t-on fuppor-
ter aux héritiers de celui-ci les frais d’une réparation
qui furviendroit par caufe de la vétufté
des plombs, qui, aufii anciens dans tous les panneaux
enfemble, pourroient périr en même tempï?
La fortune la plus forte pourroit à peine parer
de la part du vitrier une pareille révolution ;
alors : (- ce qui a toujours été plus conforme à la
loi qui charge !e propriétaire de réparer les plombs
dégradés par vétufté ) la réparation tombera toute
entière fur le compte des fabriciens. Il eft donc
mieux de conftater de part & d'autre l’état des
vitres, & d’après cet état fixer au vitrier par un
bail de fix ou neuf années la quantité de panneaux
qu'il fera tenu de lever dans l’églife pour
les nettoyer, & celle qu’il conviendra d’en remettre
en plomb neuf: l’ordre qu’il doit tenir dans
cette réparation annuelle, eft d’y mettre un prix
raifonnable, au moyen duquel le fabricien fera
sûr de la quantité d’ouvrage que le vitrier aura
fait, comme le vitrier de la jufte valeur de fon
payement. Mais ce qui eft encore le plus à propos
& moins à charge au fabricien & au vitrier,
il vaudroit mieux payer au vitrier les réparations
à l’eflimation, lorfqu’on les fait faire , ou, comme
en dit, à la pièce.
Des lanternes publiques tant de verre en plomb qu’à
- réverbere.
Si l’on en croit plufieurs auteurs tant anciens
que modernes, à la tête defquels un favant prélat
italien place faint Clément d’Alexandrie, l’ufage
d’éclairer les grandes villes pendant la nuit palia
1 des Egyptiens aux autres nations. Nous voyons
Tertulien fe plaindre de ce que les portes des
maifons des chrétiens étoient alors plus éclairées
que celle des payens même. Rien de plus probant
fiir cét ufage que ce que nous en apprend M. de
Valois, dans fes notes fur divers auteurs de l'an-
j tiquité. Il y cite avec éloge les dépenfes que fai-
I foit Conftantin pour éclairer les rues de Conftan-
tinople les veilles de noël & de pâqùe, avec plus
de profufion qu’on n’avoit coutume de le faire
les autres jours, & qui effaçoit celle des illuminations
des Egyptiens à la fête de Minerve. M. de
Valois nous apprend encore que ces illuminations
i étoient journalières dans plufieurs grandes villes ,
1 & l’une de leurs principales décorations ; que le
foin d’allumer ces lampes et de les entretenir
d’huile étoit confié par les magiftratsa. de pau-
vres gagne-deniers ; qiie la folie impétueufe de
fArts & Métiers. Tome VHLceux
qui » dans un excès de débauche , auroien^
coupé à coups de fabre ou d’epée les cordes aux^
quelles on les fufpendoit, étoit regardée comm.
un attentat puniffable; que l’interruption départis
de ces lumières publiques étoit d’ufage dans
les jours de trifteffe & de deuil. - Nous voyons
dans faint Bafile , qu’il en regarde la ceffation
comme une des calamités la plus dure que fa ville
épifcopale eût fupportée de la part de l’empereur.
Il la fait aller de pair avec l’interdiftion des lieux
de public exercice. Nous entendons auffi Procope
blâmer Juftinien de s’être emparé de tous les revenus
des villes , qui par-là fe voyoient hors
d’état d’entretenir les lumières publiques ; il dit
que ce prince les a privés de leur plus douce
confolation.
Qui ne croiroît, à la feule infpeftion de ce que
nous venons de rapporter en faveur de l’ancienneté
de l’ufage des lumières publiques pendant la
nuit, que nous ne foyons en état de le faire remonter
très-haut dans la France, a a moins dans
la capitale? Car, comme remarque fort bien le
commiffaire la Marre, fi tomes les nations difeï-
plinées ont pris des précautions extraordinaires
contre les périls noélurnes, dans quelle ville plus
que dans Paris, o ù , pendant que tout eft calme
pour les gens de bien, une foule de fcélérats t
favorifés par les ténèbres qui les cachent, s’efforcent
d’exécuter leurs pernicieux deffeins? dans
quelle ville, dis-je , fut-il plus néceffaire d’éçendre
ces foins qui doivent veiller à la fureté de fes ha-
bitans? Cependant l’établiffement qui y fut fait
des lanternes publiques , qu’auroit pu indiquer
l’ufage très-connu des anciens , des lanternes portatives,
ne date que du mois de feptembre 1667.
Il eft dû aux foins de M. de 1a Reynie, lieutenant
général de police.
Ces premières lanternes étoient à huit pans, &
avoient la figure d’unfeau. Elles portoient environ
dix-huit à dix-neuf pouces de haut, y compris
l’épaiffeur des plombs. Elles étoient compofées de
vingt-quatre pièces. Les liteaux pofés fur le fond
pouvoient avoir quatre pouces trois quarts de
large ; la pièce du milieu, fept pouces un quart
de haut, fur même largeur ; la pièce de cheminée,
fix pouces trois quarts, fur ladite largeur par le
bas, & trois pouces trois quarts par en-haut, à
l’endroit de la fermeture.
Le fond de chaque lanterne étoit. un panneau
oftogone, de fèpt pièces de verre plein & d’un
vide. Deux des pièces pleines étoient échancrées
en rondeur, pour que l’allumeur paffât plus aisément
la main dans le vide de la huitième pièce;
La chandelle étoit retenue au milieu par une pla- Stine de fer noir qui portoit deux bobèches, l’une
pour la groffe chandelle, l’autre pour la plus petite,
felou les temps. Les deux bobèches étoient d’un
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