
fuperflue de la partie qui refte en dehors, jufqu’à
ce qu’on foit arrivé au cercle.
I l faut prendre garde que le cercle refie bien
entier, fur-tout en unifiant avec le taillant du
grain d’orge , les raies qu’on auroit pu faire avec
la pointe.
Ayant achevé cette partie r vous détacherez le
total du premier fabot , & vous appliquerez la
partie tournée dans une autre boîte ou fabot, de
manière que l’ouverture que vous ferez à ce fécond
, reçoive exactement la partie du cylindre
déjà tournée que les quatre faces des coins
foient appliquées bien jufiement fur la face du bord
du fabot. Alors' vous ôterez avec la pointe du
même grain d’orge, ce qui refte de fuperflu, jufqu’à
ce que vous ayez attrapé le refte du cercle,
& vous aurez une véritable boule, bien jufte &
exactement ronde.
La boule étant ainfi achevée, on peut y tourner*
en dedans bien des galanteries curieufes., comme
boîtes, vafes .& tabatières, &c.
N. B. Nous ajouterons aux détails que nous
venons de donner de l’art du Tourneur, d’après j
le P. Plumier, quelques procédés que cet ama- !
teur induftrieuxindique encore'lui-même à la fuite
de fon traité, & qu’il nomme Secrets nécejfaires
À ceux qui fe dïvërtijfent au tour.
I. Procède pour faire & mouler des tabatières oü
boîtes, tant £écaille que de corne.
I l faut premièrement former un moule de fonte,
de la grandeur que vous jugerez à propos, félon
la grandeur de vos boîtes. Ce moule doit être f
composé de deux pièces ; favori*, d’un anneau |
ou cercle de tel diamètre qu’il vous plaira , épais j
d’environ demi-pouce, & large à proportion de
la profondeur de vos boîtes. Il faut qu’il foit
un peu en talus, afin de retirer plus facilement
l’écaille moulée:
La fécondé pièce eft une plate-forme ronde,
creufée de même talus que l’anneau, & de manière
qu’elle puiffe recevoir au jufte pour le moins
la moitié de l’anneau.
Le milieu du creux de cette plate-forme doit
être tant foit peu concave, pour pouvoir enfuite
former une convexité fur le déjîuS'-dès-boites.
Ces deux pièces étant formées , il faut arrondir
votre écaille, de telle grandeur qu’étant moulée,1
fon bord furpaffe de tant foit peu celui de l’an- j
neau , afin que la matière ne manque point.
Le moule & l’écaille ainfi difpofés, vous po-
ferez fur le traverfier de la prefife, une platine
de fe r , épaiffe d’environ deux lignes. Sur cette
platine vous y placerez l’anneau directement fous
la vis du preflbir, c’eft-à-dire que l’axe de la vis
tombe perpendiculairement dans le centre de l’an*
neau.
Vous placerez enfuite votre écaille fur l’anneau,
de manière auffi. que fon centre & celui de l’anneau
foient dans une même ligne avec l’axe de
la vis.
L’anneau & l’écaille ainfi difpofés , vous po~
ferez fur votre écaille un tampon ou noyau de
bois , arrondi un peu en talus, c’eft-à-dire, pref-
qu’en cône tronqué , & moins épais que lé diamètre
de l’anneau , de deux fois l’épaifleur de
l’écaille , & c’eft à quoi il faut bien prendre garde ;
car s’il eft plus épais qu’il ne faut, il y aura danger
que l'écaille rie crève ; & s’il l’eft aufli moins, le
bord de la boîte deviendra froncé & comme ondé ;
ce qui gâteroit la matière.
Vous mettrez enfin une petite platine de fer fur
ce tampon ou noyau, & preiïerez tout doucement
la vis ; car fi vous preffez trop fort, tout d’ un coup
les pièces fe tireront hors leur place.
Le tout étant bien affermi raifonnablement, vous
plongerez votre preffe dans une chaudière mife fur
I le feu , & pleine d’eau bouillante. Environ après
l’efpace de huit à dix minutes, l’écaille ou la corne
commençant à fe ramollir, vous preffereztant foit
peu la v is , pour que le tampon preffant l’écaille
déjà un peu ramollie , elle s’enfonce peu à peu
dans le moule ; ce que vous ferez de temps en
temps, jufqu’à ce qu’elle foit entièrement enfoncée
: après quoi vous retirerez la preffe de la chaudière
d’eau bouillante, & vous la plongerez dans
une autre pleine d’eau froide.
Après que l’écaille fera refroidie, vous la retirerez
du moule, que vous mettrez dans la plateforme
, pour refouler les bords de la boîte, dans
le fond de laquelle vous mettrez une platine
d’étain , ronde & aufii épaiffe que vous louhai-
terez que le bord de la boîte foit large.
Vous en mettrez dans le fond delà boîte, une
autre prefqüe de même épaiffeur ; & renverfant
la boîte, vous -la remettrez fur le moule : après
quoi Vous remettrez le tout fur la même platine
de fer , & par-deffus le tout la platine de fer ; &
preffant tout doucement la v is , affermifièz le tout
enfemble, que vous remettrez dans la même chaudière
d’eau bouillante ; 8c quand vous eonnoîtrez
que l’écaille fera ramollie , preffez fortement la
vis : alors la boîte prendra une forme convenable,
I 8c fon fond d’abord applati deviendra convexe,
en tirant la première platine, 8c mettant en place
une platine d’étain convexe, fur laquelle vous
mettrez un tampon de bois , que vous prefferez
par la vis de la preffe, dans la même chaudière
d’eau bouillante, lorfque l’écaille fera ramollie,
8c alors le fond de la boîte prendra la même convexité
que la platine 8c que le fond de la plateforme
fufdites.
II. Comment il faut préparer les bois verds pour
empêcher qu'ils ne fe fendent, lorfqu*on les dejline.
pour faire des ouvrages fur le tour.
Ayant débité votre bois fuivant les pièces auxquelles
vous les deftinez, mettez-le dans un vaif-
feau plein d’une leflive légère, faite avec cendres
de bois : faites-l’y bouillir environ une heuVe ; puis
ayant ôté le chauderon de deffus le feu, laiffez
refroidir la leflive fans retirer votre bois , retirez-le
enfuite, 8c faites-le fécher à l’ombre.
III. Pour donner au bois un noir d'ébène, fur-tout aux
bois durs & fins, & non aux autres.
Ayant donné à votre bois la figure que vous
fouhaitez , frottez-le avec de l’eau forte fécondé :
il s’élèvera d’abord, en féchant, de petits fils de
bois que vous enleverez en les frottant avec une
pierre ponce ; ce que vous ferez jufqu’à deux fois,
enfuite vous le frotterez de la compofition fui-
vante.
Mettez dans un vaiffeau de terre vernifle, une
pinte de vinaigre très-fort ; deux onces limaille
de fer, de la plus fine ; demi-livre de galles con-
caffées , que ferez infufer pendant trois ou quatre
heures fur les cendres chaudes ; fur la fin, augmentant
le feu, vous y jetterez quatre onces de
vitriol ou couperofe, une chopine d’eau , dans
laquelle vous ferez auparavant diffoudre demi-
once de borax 8c autant d’indigo : faites bouillir le
tout un bouillon, frottez-en votre bois de plufieurs
couches ; 8c étant fec, poliffez-le avec un cuir où
vous aurez mis du tripoli.
IV. Pour donner au bois de prunier, la couleur de
bois de Brèfil.
Eteignez de la chaux avec de l’urine : le boîs
étant difpofé 8c tourné, faites-lui .un enduit de
cette préparation encore toute chaude, puis laiffezi-
ie fécher : étant fec , ôtez cet enduit de chaux, 8c
frottez-le avec une peau de chamois huilée.
V . Autre.
Votre bois étant préparé, faites-le tremper dans
une eau où vous aurez fait diffoudre de l ’alun ;
puis ayant fait diffoudre cinq ou fix heures du bois
de Bréfil dans l’eau, faites tremper à tiède votre
bois aluné pendant une nuit; 8c lorfqu’il fera fec,
frottez-le avec une peau de chamois huilée.
L ’eau forte fécondé , dans laquelle on a fait
diffoudre de la limaille de 'fer , donne , fuivant
chaque efpèce de bois, une affez jolie couleur.
VI. Pour faire un beau noir fur le bois.
Faites tremper votre bois dans de l’eau où vous
aurez fait fondre un peu d’alun, le tout à tiède,
pendant trois ou quatre heures ; enfuite ayez du
bois d’Inde , qu’on appelle bois de Campefche :
mettez-en une poignée coupée menu, dans une
pinte d’eau que vous' ferez bouillir jufqu’à ce que
votre eau foit décrue de plus de moitié. Si vous y
ajoutez un peu d’indigo , la couleur fera plus belle.
Paffez-en à chaud, avec un pinceau , une couche :
cela fera une couleur violette. Laiffez fécher le
toi« : étant fec , paffez-en une fécondé couche ;
laiffez-la fécher, puis une troifiême de même. Cela
fait, vous ferez bouillir du verdet à difcrétion,
avec fon vinaigre, & en pafferez une couche fur
votre bois , lequel étant fec , vous le frotterez
avec une broffe, enfuite avec une peau de chamois
huilée. Ce noir eft fort beau, & imite parfaitement
la couleur de l’ébèné.
VII. Pour dégraijfer & blanchir les os avant de les
mettre en ufage.
Ayant ôté aux os , avec la fcie, les bouts inutiles
& qui ne peuvent fervir, faites une leflive
forte de cendres & de chaux, & fur un feau de
cette leflive ajoutez quatre onces d’alun, & faites
bouillir les os dedans, l’efpace d'une heure ; enfuite
ôtez le chauderon de deffus le feu & laiffez-les y
refroidir, puis faites-les fécher à l’ombre.,
VIII. Pour fonder l’écaille.
, Nettoyez les deux cotez de l’écaille que vous
voulez joindre enfemble; puis les ayant jointes,
enveloppez-les de quelque linge double, bien
mouillé : faites chauffer enfuite deux platines de
fer un peu plus fortes , pour qu’elles puiffent
garder leur chaleur quelque temps ; & ayant mis
votre paquet où eft l’écaille, entre deux , fous
une preffe , laquelle vous fermerez fortement &
l’y laifferez jufqu’à ce que le tout foit refroidi’ , il
fera foudé. Si la chofe manque, on peut recommencer.
IX. Pour mouler l ’écaille.
Mettez fix pintes d’eau dans un chauderon,
ajoutez-y une once d’huile d’olive ou autre ; faites
bouillir l’eau & y mettez votre écaille, elle s’y
amollira : prenez-la fubtilement & promptement
mettez-la dans le moule fous la preffe , elleprer:
dra la.figure que vous fouhaiterez : je dis promptement
; ca» pour peu qu’elle fè refroidiffe , on
manque fon coup : il n’eft pas néceffaire de preffer
fortement.