
compofîtion de verre dans laquelle entroit un fondant
falin fi imparfait, que fept parties de fondant
n’avoient pas pu procurer la fufion de quatre parties
de fable, je parvins à une vitrification complette,
en mêlant à la compofition une allez petite quantité
de charbon de bois. On pourroit attribuer cet
effet à l’alkali contenu dans le charbon ; mais fi
l’on confidère que le mélange d’une quantité d’ab
kali fixe pur égale au charbon que j’employai, ne
m’avoit conduit à aucun fuccès, il fera difficile
de ne pas regarder le phlogiftique comme le principal
agent de la fufion que j'obtins.
M. de Morveau établit ( pages 234 & 356 des
digreffions académiques ) l’identité du feu principe
de la matière de la lumière & du phlogiftique.
En employant des fbndans à la fufion du
Verre, ou ajoute en effet des parties de feu ( le
phlogiftique contenu dans le fondant), qui, fe
trouvant dans un état de plus grande fixité par
leur combinaifon avec les autres fubftances qui
conftituent le fondant, exercent fur la terre vitri-
fiable une aâion immédiate & confiante, & ajoutent
par-là à l’aélivité du menftrue employé pour
la diffolution des terres filiceufes. Le verre fera
donc le produit de la diffolution des terres vitrifiables
par lé feu, aidé dans <bfl aâîon par <Jes
fondans appropriés, ou , fi l’on veut, par un feu
additionnel ( le phlogiftique ) , & par conféquent
l’on reconnoitra pour principes eflentiels dans la
formation du verre, la terre vitrifiable & la matière
ignée ou le phlogiftique fourni tant par les
fondans que par le feu lui-même.
Les phyfiriens confièrent le verre comme ef-
fentiellemenr idio-éleéirique, & par conféquent
lui reconnoiffent une grande affinité avec la matière
éleârique, & M. Dantic ( mém. fur l'électricité
du verre, tom. i de tes oeuvres ) prouve
l’identité du fluide éleârique avec le phlogiftique,
puifqu’il montre que le verre eft plus ou moins
éleârique, en raifon du plus ou moins de phlogiftique
qu’il contient. Comment donc ne pas re-
connoître le phlogiftique comme une des principales
parties conftituantes du verre , puifque fon
plus ou moins d’abondance augmente ou diminue
une des propriétés reconnues du verre i
En traitant de la verrerie confidérée comme
A r t , nous ferons connoître les divers fondans
q u ’o n a coutume d’y employer. ( Par M. A l l u t }.
V E R R E R I E .
( Art de la )
S o u s cette acception , le mot Verrerie exprime
cette partie de la chimie, qui s’occupe de la dis-
folution des fubftances vkrifiables par le feu , &
dont le but eft de produire les diverfes, efpèces
de verres propres à nos ufages. On en fabrique
de plus ou moins précieux, de plus ou moins
greffiers , de plus ou moins brillans & folides,
& de diverfement colorés : mais toutes les
branches de la verrerie s’accordent en ce point ,
de traiter les terres vitrifiables par l’adion du feu ,
aidé de l’addition d’un fondant ; toutes font donc
obligées de faire choix d’un fondant; toutes ont
befoin de creufet pour contenir le verre , de fourneaux
qui contiennent le feu , qui en déterminent
plus efficacement l’a&ion fur les matières à fondre,
& qui, par leur forme, en augmentent l’inten-
fité -, enfin d’outils propres à donner au verre la
forme que l’on defire. Nous allons dans cet article
traiter ainfi de l’art dans fa généralité , & il ne
nous reliera ensuite qu’à expofer les diverfes
manoeuvres employées dans les différentes fabrications.
mode , parce qu’ils fe préfentent toujours en grain
plus ou moins gros, & qu'ils n’ont befoin d’aucune
manipulation , pour être réduit à cet état. Je préférerais
Les terres vitrifiables font, comme nous l’avons
déjà dit , les quartz , les terres filiceufes , les
cailloux plus ou moins tranfparens , les grais ,
les fables foit de carrière, foit de rivière : chaque
artifte eft déterminé, par des vûes d’économie ,
à préférer celle de ces matières qui fe trouve le plus
à fa portée., Celles qui font en maffes, doivent
être pulvérifées, avant d’être exposées à la fufion :
ce n’eft que dans cet état de divifion , que les
terres vitrifiables plus intimement mêlées avec les
fondans, en éprouvent complètement l’aéfion, &
font les plus fufceptibles d’être diffoutes par le
feu. Celles qui font en maffes tendres, comme
une affez grande quantité de grais , font aifées
à piler , mais les cailloux & autres maffes dures ,
©nt befoin d’une autre préparation : on les? fait
rougir au feu , & dans cet état, on les plonge
fubitement dans l’eau froide. Les particules ignées,
dont ces fubftances s’étoient imprégnées pendant
la calèfadion , les quittant précipitamment pour
fe joindre à l’eau , rompent l’agrégation de leurs
parties, & les rendent d’autant plus capables de
céder à laflion (Es pilons, que lors de l’immer-
fion , les pierres étoient plus chaudes , & l’eau
plus froide. Les fables font d’un emploi plus com- I
le fable de carrière à celui de rivière, &. je le
crois communém-nt plus pur : les fables qui
couvrent les bords des rivières contiennent nécef-
fairemsnt des détrimens de toutes les fubftances,
foit végétales , foit minérales , que les eaux
entraînent dans leurs cours.
Le fable de carrière fe trouve dans la terre à
diverses profondeurs.en bancs plus ou moins épais.
Il y a peu de contrées , t>ii l’on n’en puiffe découvrir
, & il eft afféz ordinaire que les couches de
fable foient fupportées par des bancs d’argile.
La plupart des verreries accordent à diverfes
efpèces de fable, divers degrés de fufibilité : ledoc-
teur Merfet paroît être de cette opinion. ( Page 17 ,
article de la Verrerie) , & Kunckel, ( page 19
même ouvrage ) , eft du même avis. M. Dantic ,
dans fon mémoire fur la verrerie , qui en 1760
remporta un prix à l’académie royale desfciences ,
regarde cette opinion comme une erreur. « Cela
» n’eft v rai, dit il, qu’à raifon des matières héréro-
» gènes , ( la fubftance martiale fur-tout ) qu’elles
» » ( les fûbitances vitrifiables. ) , contiennent, c’eft
•» une erreur de croire avec Merret , que le
» criftal exige un fable tendre, & le verre commun
« un fable dur. » Il revient de fa façon de penfer ,
d’après des expériences fubféquentes, & il recon-
noît dans la notte M qu’il a jointe à fon ouvrage,
( pag. 183 , 184, 183 , T. I defes oeuvres ) , que
le quartz eft plusfufible que tout autre fable , puifqu’il
confeille d’en mettra ÿ de plus dans la com-
‘ pofition du verre. Lé quartz tranlparent du Cleuzel
, près Langeac en auvergne , lui a paru un peu
moins fufible , que le quartz laiteux du même
endroit, & beaucoup plus fufible que le criftal de
roche en aiguilles. Malgré ces nouvelles obfervarions
de M. Dantic , le principe qu’il avoit établi
en 1760 , eft , je crois , très vrai dans le fens
abfolu : fi toute terre vitrifiable étoit la terre primitive
du genre des cailloux pure, & parfaitement
homogène , il eft évident, que toutes les efpèces ,
fous quelque forme qu’elles fe préfentâffent ,
devroient jouir du même degré de fufibilité , &
à volume égal , ne pas exiger plus de fondans,