
J \ %■
V I T R I O L S .
( Art ''de1; fabriquer des )
O n contioît trois efpèces différentes de vitriols,,
dont on fait iifage. C j vitriols font desfels crys-
taliifès : l’un » qui a pour bafe le fer , eft connu
fous le nom d: vitriol vert \ok coups-rofe verte ;
1’ utre '-qui a p >ûr bafe lé'cuivré, eft‘ 1 k'vitriol
ihu ; & le troisième', dont la’ bafe eft 'le zinc , fe
nomme vitriol bleu ou coupe-ro/e blanche.
Le vitriol vert des boutiques, tel qu’il fe débite
chez îcs épiciers-droguiftes, pour l’ufage des arts
& métiers, eft artificiel. On le retire , i°. par la
lotion des terres & pierres vitrioliques & fulfu-
renfes ; a°. p -r b lixiviation des pyrites vhriolico-
marriaies ; 30. par l’évaporation des eaux vitrioii-
ques ferrug.neufes & cuivreufes , naturelles ou
artificielles , qu’on nomme dans quelques ateliers ,
eahx de ciment.
Les terres & pierres qui font empreintes de
vitriol, ont une couleur , tantôt jaune , tantôt
rouge ou noire. On ne s’occupe à retirer le vitriol
de ces terres ou pierres , qu’au tant qu’elles contiennent
peu de métal, autrement pn les exploite
comme fubftances métalliques-
Pour procéder à l’opération du vitriol jvert artificiel,
on ramaffe une grande quantité de pÿriies
vitrioiico-martiaies, ou pyrites fulfureufes marfia-
les; on les amoncelé les unes fur les autres, à
la hauteur de trois ou quatre pieds, dans un ter-
rein élevé & expofé à l’air libre : ôn les laide dans
cet état, éprouver l’aâion de l’air, du foie« &
de la pluie, pendant deux ou trois années. On
a foin de les remuer de trois mois en trois mois.,
afin de leur procurer une efflorefcence égale par-
tour. On remarque qu’elles commencent par fe
gercer, 6c augmentent de volume; elles s’échauffent
confidérablement, & c’efi en cet inftanr que
le foirfre i\ déeorapofe, 6c que l’acide vitriolique
qui s’en -dégage , attaque la fub/iance martiale ,
c’eft-i-dire , le fe r , & ,fe .combine arec lui. Le
vitriol pur fe forme & commence a parpirre en
manière de ilocons blanchâtres 6c grifâtrès fur la
fuperfide des pyrites elles-mêmes , dont: le tiffu
ne celle de fe détruire de plus en plus , fur-tout a
i’ifiue des pluies.
On fait couler l’eau chargée de fel vitriolique
martial, dans des canaux qui vont fe rendre dans
des citernes que l’on a formées exprès dans les
environs : on en laiffe a ma fier une grande quantité
dans ces citernes, pour fuftire à plus d’une évapo-
; ration. Après que cette eau a fufiifamment repofé,
on en remplit de grands vaiffeaux de plomb ex-
pofés fur le feu , 8c on la fait évaporer jufqu’à
ce qu’il fe forme, à fa luperficls , une pellicule
terne. Alors on eeffe le feu , & on retire la liqueur
qu’on conduit dans des bariques de bois expolées
au frais.
Quelques jours après que la liqueur eft totalement
refroidie , oh la trouve convertie , pour
la plus grande partie , en cryftaux d’une belle
couleur verte , de figure rhomboïdale. Telle eft
la préparation du vitriol de Dantzick & du pays
‘ de Liège. Comme ce vitriol ne participe que du
' fer,•'U coaferve âifément fa couleur; celui d’Angleterre
eft en cryftaux de couleur verte brune,
d’un gôût aftriogent, approchant de celui du vitriol
blanc. Le vitriol dans lequel on remarque une fura-
. bondance de fer, eft d’un beau vert pur ; c’eft celui
dont on fe fert pour l’opération de l’huile de vitriol.
Celui d’Allemagne eft en cryftaux d’un vert bleuâ-
: tre affez beau , d’un goût âcre & aftringent ; ces
cryftaùx participent, non-feulement du fer, mais
encore d'une portion de cuivre.
Le vitriol vert fe retire encore d’une autre manière.
Dans les mines où l’on exploite le cuivre,
le fond des galeries eft toujours abreuvé d’une eau
provenant de la cpndeiîfation des vapeurs' qui
régnent dans ces mines. Quelquefois même il fort,
par quelques ouvertures naturellement pratiquées
dans le bas de ces mines, une liqueur thermale
v t;è.-bleuâtre, 8c légèrement verdâtre. On adapte
à l’orifice de cetie iffue, un tuyau de bois qui conduit
la liqueur dans une citernè remplie de vieille
ferraille. La partie cuivreufe en diftolurion qui
dpnnoit au mélange une couleur bleue , fe dépoie
en forme d’ une boue, ronfiâfre fur' les morceaux
de fer, qui ont plus.d’affinité avec l’acide vitrio-
liq.tie, que n’en a le cuivre; & alors la liqueur,
•de bleuâ re qu’elle étojt, fe ch mge en une belle
couleur verte. On la décante dans une .autre citerne,
dont le niveau eft pratiqué à la bafe de h
précédente : on y plonge de-nouveau un -morceau
V I T
de fer, qui, s’il ne s’y diffout point, & ne prend
ooint à fa fin face une couleur rouge , prouve que
l’eau eft fuffifamment chargée de fer : alors on
procède à l’évaporation & à la cryftallifation.
Cette dernière opération fe fait en portant la
liqueur chaude, foit dans différens tonneaux de
bois de chêne ou de fa pin , lefquels font garnis
d’un bon nombre de branches de bois fourchues,
longues de quinze ponces 8c différemment entrecroises',
foit dans des folles ou des auges garnies de
planches h enflées de chevilles de bois. En multipliant
a in fi les f irfaces fur lefquelles le vitriol s'attache
, on accé.ère fa cryftallifation & la régularité
des cryftaux. m
On obtient auffi du vitriol martial de certaines
eaux de fources cuivreufes 6c ferrugineufes. Le
cuivre précipité n’eft point perdu : on le fait pa-
roîtrè fous fa forme métallique, par le moyen du
phlogiftique qu’on lui rend.
Le vitriol de cuivre ou vitriol bleu, tel qu’on le
trouve dans le commerce, eft une production de
l'art : on le fait par la cémentation du cuivre avec
du foufre ou des pyrites fulfureufes. Souvent il eft
le réfultat des liqueurs bleues vitrioliques, pure-
V I T g§§
ment empreintes de particules cuivreufes , & qui
fe trouvent dans des fources au-dedans des nunes
de cuivre. Quelquefois ce fel eft produit au moyen
d’une diffolution de cuivre , faite par de l’acide
vitriolique foible, qu’on fait évaporer enfuite oc
cryftallifer.
Les cryftaux de cette efpèce de vitriol font d’ un
très-beau bleu célefte, taillés en pointe de diamant
d’une figure rhomboïdale décaèdre : ils ont
une faveur âcre 6c corrofive’.
Le vitriol blanc ou couperofe blanche du commerce
eft, ainfi que les vitriols précédens , un fel artificiel
qui nous vient de Goflar & de quelques
autres lieux. Il eft en morceaux blancs, plus ou
moins nets , reffemblans à du fucre. On te retire
par l’évaporation des eaux minérales vitrioliques,
qui participent abondamment du zinc ; enfuite on
le diffout de nouveau dans de l’eau que l’on fait
évaporer prefque jufqu’à ficcité fur le feu. Ceft
pourquoi la cryftallifation de ce vitriol n’a point
de figure déterminée ; elle produit une maffe in*-
forme qu’on caffe en petits morceaux, tels que nous
les voyons dans le commerce. Voye{ tome VI y
page 7)3-, L'extrafüon des vitriols des pyrues\