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fonte une ma (Te vitrifiable de trois parties de cailloux
& d’une partie de poraff», fous !a direction
de commit a ires nommés pour cet effet , & de
comparer le charbon de terre épuré ou dépourvu
de les parties grades 6c fulfureufes , avec du
charbon de bois. Pour fatisfaire à cette demande s
on prit deux creufets de même capacité, remplis l'u n
& l’autre de la même matière vitrifcible en quantité
égale, qu’on plaça fur des fourneaux à vent conftruits
de la même manière, dont l’un fut chauffé avt c du
charbon de terre épuré , l’autre avec du charbon
de bois-de hêtre.
La maffe qui se trouvoit dans le creufet chauffé
avec le charbon de terre , fe trouva en fufion au
bout d’une demi - hecre , & s’échappa même,
quelques minutes après, par-deffus les bords du
creufet ; tandis que la maffe du creufet pouffé par
le feu de charbon de bois , fut à peine amollie
au bout de deux heures, & ne parvint jamais à
une parfaite liquéfa&ion.
On n’avoit employé pour cette opération qu’un
quart de boilTeau de charbon de terre , tandis
qu’on avoit eu befoin de deux boiffeaux , c’cft-
à-dire, de huit fois autant de charbon de bois.
Comme le charbon de terre ne montra fa plus
grande a&ivité qu’après que l’opération fut finie ,
on parvint à faire heureufement une fécondé fonte,
fms qu’il fût befoin d’y ajouter de nouveau com-
buftible ; & l’on auroit même pu paffer à une
troifième opération , fi l’on avoit encore eu à la
main de la matière vitrifiable & des creufets. En
outre, les commiffaires atteftèrent dans leur rapport
, que le charbon de terre épuré n’avoit laiifé
aucun veftige de fcories.
Cette expérience, faite avec.fant de foin & d’exactitude
, prouve donc d’une manière évidente , que
le charbon de terre épuré, en fe trouvant ainfi
privé de fes qualités nuifibles , ne perd rien de
fon aâivité.
On prétendit que , comme l’huile fe trouvoit
plus tôt liquéfiée que.le foufre , il n’étoit pas pof-
fib’.e d’enlever cette dernière matière au charbon
de terre, fans dégrader abfolument ce combuf-
tible. L’un & l’autre eft vrai ; auffi n’eft-il pas
néceffaire de dépouiller le charbon de terre du
foufre concret.
Il n’y a que Pefprit & la vapeur du foufre qui
foient nuifibles à la fanté , & préjudiciables à la
bonté‘du fer. Aufli-tôt que ces parties volatiles fe
font évaporées , le foufre n’a plus rien de mal-
faifant : on s’en fert même en pharmacie, & notamment
pour les maladies de poitrine.
Je crois pouvoir quitter cette matière, & àffurer
qu’ il eft pofftble de dépouiller le charbon de terre
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& la tourbe de leurs mauvaifes qualités naturelles,
fans priver ces deux combuftibles de 1. ur
phiogiiiique , & fans en affoiblir l’a&ivitè ; mais
que tout dépend d’une méthode convenable à la
nature de la chofe.
Je vais donc examiner fi l’on peut tirer quelque
avantage de ces mauvaifes qualités , qui font propres.
à certaines efpèces de charbon de terre &
de tourbe.
M ais avant de'pouvoir donner une réponfe fa-
tisfaifante fur cela , il eft néceffaire de favoir à
quel ufage les charbons de terre épurés font
deftinés.
Si l’on veut les employer à la fonte de la mine
de fer , il faut en exclure , comme peu propres
au fervice , ceux qui font chargés d’ardoife & de
gravier ; & ceux qui portent du cuivré, font en-
tore plus mauvais pour la fonte de ce.minérai, à
caufe que le fer 6c le cuivre nuilent réciproquement
à leur malléabilité , ‘comme cela eft connu.
Enfin , s’il s’y'trouve du fer, il faut, avant de
les mettre en oeuvre , co.nno ire , la nature de ce
fer ; & fi elle eft de la même qualité que celle
du fer qu’on veut fondre , ou bien meilleure encore,
on peut fe fervir fans crainte de ces charbons
de terre, puifque fi la maffe du fer n’en eft
pas -améliorée , elle s’en trouvera du moins augmentée^&
dans le cas que la qualité en foit
moindre que celle de la mine de Jer à fondre ,
ou d’une nature dirparate , on doit être affuré
que la maffe dp fer fe trouvera dégradée par cet
alliage.
Ces examens fcrupuleux ne font pas néceffaires
pour lès autres travaux à feu ; quoique cependant
les bons charbons de terre purs doivent, à tous
égards, être préférés à ceux qui font chargés des
matières hétérogènes.
-Si 1 en ne veut point que le prix du charbon de
terre & de la tourbe épurés augmente d’une manière
fenfible, il ne faut pas prendre pour cette
opération toutes les efpèces de ces deux cornbuf-
ribies. •
Plus le charbon de terre & la tourbe font-gras,
plus on peut en extraire de l’huile , plus ils donnent
de bons produits , & mieux on parvient à
couvrir les frais , & moins on a par conféquenr à
craindre le- hautement du prix de ces combuf-
tibies , quifqu il ne s’ag't que de foumettre à
1 epurement de bonnes efpèces de tourbe & de
charbon de terre, & qui foient propres au but
dont il s’agit.
Les bons charbons de, terre, & ceux qui font
les meilleurs pour être épurés , fondent au feu &
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s’amalgament enfemble, fe gonflent ou augmentent
de volume , jettent une vapeur ou fumée
épaiffe, & une odeur plus bitumineufe que ful-
fureufe.
La bonne efpèce de tourbe , & celle qui mérite
d’être foumife à l’opération, doit être d’un brun
noir , pefante, graffe 6c compaâe ; la tourbe légère
, fpongieufe 6c pleine de chevelus ou de racines
, fe confume trop au feu.
Ceux qui ne feront pas fatisfaits des indices que
je viens de donner, peuvent fe procurer une plus
grande certitude, moyennant une douzaine de
livres tournois ( deux dallers d’Allemagne ) de
frais, & fe convaincre fi Je charbon de terre ou la
tourbe qu’on veut employer ont les qualités re-
quifes ; fi ces combuftibles rendent, après l’épurement,
le fervice indiqué, fans jeter odeur, ni
fumée, & f i , par conséquent, la méthode que
j’indique eft bonne.
Si l’on veut faire un effai pour parvenir aux
vues dent il eft queftion , le premier & le prin- :
cîpal moyen confifte à prendre deux vaifteauxdel
terre bien cuits & bien vernis en-dedans , dont
l’orifice foit d'égale grandeur , & qui par cônfé-
quent s’ajuftent bien l’un fur l’autre. -
Avant que d’employer cette machine à épurer,
on peut la laiffer remplie d’eau pendant quelques
heures, & enduire le côté extérieur avec quelque
matière graffe : par la première opération ,
on em. êche que les produits du charbon de terre
ne s’échappent pas fi facilement au travers des
pores des vaiffeaux de terre; & par la fécondé,
on renforce ces vaiffeaux mêmes, & l’on diminue
le darger de les voir crever au feu.
Après ces préparatifs j on. remplit un de ces
vaiffeaux de charbon de terre ; & afin que ce
combuftible puiffe trouver le moyen d’occuper un
g'■ and efpace fans faire crever le vaiffeau , on place
au milieu un cornet de papier fort , tel , par
exemple , que celui dont on couvre le fucre , qui
ait environ deux pouces de diamètre , & dont la
longueur 'correfponde à la hauteur du vaiffeau.
C’eft autour de ce cornet qu’il faut entaffer
fortement le charbon dè terre. Sur le vaiffeau rempli
de cette manière, on place une plaque mince de
fer ou de cuivre , percée de plufieurs trous de la
grandeur d’un pois, & pareils à ceux d’une paf-
foire , afin de faciliter l’écou'ement des parties
fit-ides. Enfin , on adapte l’orifice du vaiffeau
vide contre celui du vaiffeau rempli de combuftible
, & l’on en enduit ou lutte bien le jo-.nr, afin
qu’il ne puiffe entrer le moindre air dans rintêrieur
des vaiffeaux. Auffi-tôt que le lut fera fec , on
peut commencer l’opération.
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Mais fi l’on veut faire cet effai avec de la tourbe,
il faut que ce foit de la meilleure efpèce, bien
purifiée des corps étrangers, & rendue fort compare
en la foulant, ’dont on remplira entièrement
le vaiffeau ,' à caufe que la tourbe ne fe gonfle
point comme le charbon de terre de la meilleure
efpèce , mais diminue au contraire de volume, 6c
que par conféquent on n’a pas à craindre de faire
crever le vaiffeau de terre.
L’opération eft, au refte, la même pour la tourbe
que pour le charbon de terre. On creufe uu trou
en terre de la profondeur 8c de la largeur du vaif-
feâu vide ; on tourne avec précaution les deux
vaiffeaux luttés enfemble fens-deffus-deffous, de
manière que le vaiffeau rempli fe trouve en haut;
après quoi l’on met le vaiffeau vide jufqu’au bord
lutté dans la terre, qu’on foule fortement autour ,
& l’on établit autour du vaiffeau qui renferme le
charbon de terre ou la tourbe , 6c qui fe trouve
hors de terre, un petit fourneau à vent de briques,
mais néanmoins fans aucun ciment ; de manière
que ce petit fourneau foit de la hauteur du vaiffeau
rempli, 6c qu’il refte entre le vaiffeau & le
fourneau un efpace vide de huit à neuf pouces,
dans léquel on jette du charbon de terre, qu’on
allume pour chauffer lentement le vaiffeau.
Après un feu fuivi de fix à neuf heures, on
peut eu retirer le charbon de terre ou la tourbe
qui fe trouveront bien cuits & dépourvus de leurs
fluides.
Du moment que le feu eft éteint, on ôte le
fourneau à vent pour laiffer refroidir le vaiffeau ,
& on l’enlève ainfi que le vaiffeau vide enfoui
dans la terre.
Si l’on n’a pas ménagé le feu, & fi par conféquent
le charbon de terre ou la tourbe font bien
cuits, ces combuftibles auront perdu à peu pi es un
quart de leur poids fpécifique , & reffembieront
à une fubftance métallique. S’ils fe trouvent dans
cet état on s’apercevra, par lts effais à faire,
que leur activité n’eft pas diminuée, mais qu'ils
font feulement bien dépourvus de leur mauvaife
odeur, & qu’il eft plus difficile de les mettre en
combuftion que dans leur état naturel. Si pendant
l’opération il ne s’eft point fait de crevaffes dans
les.vaiffeaux, ni dans le lut du joint, & fi con-
fequemment il n’y eft point entré d’air, on trouvera
au fond du vaiffeau vide une matière fluide ,
brune, graffe & fétide; & dans le cas que les
vaiffeaux ou le lut fe foient crevés, les combuftibles
ne ceffent pas pour cela , à la vérité , d’être
d'un bon ufage, mais il ne faut plus efpérer d’en
obtenir les produits.
Peut-être paroîtra-t-il étrange qu’ayant,d’abord
fait mention de plufteurs fluides , je ne parle plus
B b a